jeudi 21 février 2008

Chuan Tong



Chuan tong, Tradition

On oppose souvent modernité et tradition.
On se doute que la pensée classique chinoise qui, aux termes qui s’excluent, préfère les opposés complémentaires n’a pas cette conception.
François Cheng nous dit à propos de Shitao : «L’antique tradition du Tao rejoint la pointe extrême de toute modernité. Si l’on veut bien admettre ce paradoxe, qui fonde peut-être l’art de Shitao : que la tradition authentique contient, elle-même, toutes les modernités possibles. »

Jean-François Billeter nous décrit la circularité de l’apprentissage du calligraphe. L’apprenti calligraphe commence par copier les maîtres, s’en imprègne pour éprouver ce qu’ils ont pu ressentir. Il s’en affranchit par la suite pour de livrer à la plus extrême hardiesse comme, par exemple avec la Huaisu, maître de la cursive folle. Mais le calligraphe, nous dit Sun Guoting, « lorsqu’il aura fait l’expérience de toutes les audaces, reviendra à l’équilibre et à la régularité…l’homme et son écriture auront vieilli de concert. » Ils auront atteint l’ultime noblesse. Et Billeter de poursuivre : « Beaucoup de calligraphes, comme beaucoup de peintres chinois ont donné tard le meilleur d’eux même, lorsque leur audace fut non point diminuée mais intériorisée et transfigurée. »

Au niveau de la pensée Anne Cheng précise que les idées, au lieu de se construire en concepts, se développent dans un grand jeu de renvois, de dialogues internes entre les générations qui ne sont autres que la tradition. La pensée chinoise « ne procède pas tant de manière linéaire ou dialectique qu’en spirale. Elle cerne son propos, non pas une fois pour toutes par un ensemble de définitions, mais en décrivant autour de lui des cercles de plus en plus serrés. Il n’y a pas là le signe d’une pensée indécise ou imprécise, mais bien plutôt d’une volonté d’approfondir un sens plutôt que de clarifier un concept ou un objet de pensée. Approfondir, c'est-à-dire laisser descendre toujours plus profond en soi, dans son existence, le sens d’une leçon (tirée de la fréquentation assidue des Classiques), d’un enseignement (prodigué par un maître), d’une expérience (du vécu personnel). »

Dans les conceptions exposées par les différents auteurs, je trouve intéressant cette notion de dialogues internes entre générations qui assurent un lien entre celles-ci et la réflexion menée sur le paradoxe de ces opposés complémentaires que sont tradition et modernité, réflexion que l’on pourrait étendre aux termes contrainte et liberté, vérité et erreur…

A suivre,
Jean-Louis

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai republié mon message pour enlever le commentaire suspect d'Ivan ouvrant sur une page contenant certainement des virus.
jean-Louis

Anonyme a dit…

tu as bien fait
c'est embêtant tous ces petits messages vérolés (toujours en langue anglaise)

aujourd'hui 78 visites sur le blog, c'est incroyable !
VRAIMENT QUEL SUCCES !!!