mercredi 27 février 2008

"Chemin faisant" de F. Jullien

4. Du droit au concept

Selon Jullien, un texte est philosophique dans la mesure où il est capable d'élaborer des questions d'une part et de produire des concepts d'autre part. Après avoir analysé la traduction en chinois de mots importants en philosophie : vie, nature, monde, matière, temps, Jullien dit qu'il ne faut pas en rester au niveau du «mot» mais utiliser le «concept» qui est à la fois l'outil et le produit de la philosophie. Sa vocation est d'unifier et clarifier sous une même «unité d'intellection» un «divers d'expériences». Par exemple Jullien précise qu'il a traduit le mot «势 shi» par plusieurs termes ou expressions comme potentiel de situation, position, tension, lignes de forces, tendance, cours des choses, mais que toutes ces traductions relèvent d'un même concept qu'il appelle «propension». De même pour «淡 dan» qu'il a traduit par clairsemé, épars, pâle, dilué, terne, subtil relevant selon lui du concept qu'il appelle «fadeur». De même encore pour le mot «道 dao».

Jullien répond à la critique de Billeter selon laquelle il ne donne pas d'éléments biographiques des auteurs chinois qu'il cite. La vocation de la philosophie, dit Jullien est bien d'abstraire l'intellectuel de l'individuel. Il relève d'autre part la contradiction qu'il y aurait entre s'abstraire des commentaires et en même temps donner un contexte biographique. Par ailleurs, se demande Jullien, pourquoi peut on se dispenser de le faire pour les auteurs occidentaux et pourquoi doit on le faire pour les auteurs chinois ? Billeter n'introduit il pas «par la bande» une altérité de principe ?

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