samedi 26 décembre 2015

Les voyages du Père Noël



Le Père Noël a beaucoup voyagé à travers les âges, à travers les continents et a connu beaucoup de métamorphoses. Des Saturnales romaines au bonhomme vêtu de rouge à la barbe blanche, de l’Amérique à l’Europe le voilà maintenant arrivé en Chine.

Effet de la mondialisation peut-être. Je pense aussi qu’en me transmettant ces photos, ma filleule Shi Moyan de "Couleurs de Chine", voulait me faire un signe d’amitié et rendre hommage à nos traditions comme réciproquement nous le faisons lorsque, nous Français, nous célébrons la Fête du nouvel an chinois ou la Fête des Lanternes. Mais Français ou Chinois nous avons, le plus souvent, oublié la richesse et l’origine de nos fêtes qui ne se réduisent pas à l’aspect commercial qu’elles ont prises aujourd’hui. Ainsi la fête de Noël nous conduit du prototype archaïque de Saturne, dieu de la germination, aux traditions chrétiennes, de l’élection des évêques enfants à Saint Nicolas, des rites de passage de l’enfance à l’âge adulte aux rapports entre les vivants et les morts. Les fêtes chinoises sont certainement aussi riches. Le détour des fêtes par d’autres continents et d’autres cultures ne sont-elles pas l’occasion réciproque de les découvrir ou de les redécouvrir ?
Bonnes fêtes à tous.
Jean-Louis

samedi 19 décembre 2015

L'art de préserver sa santé : la conférence



Nathalie et Shengping ont présenté, ce vendredi, les grands aspects de la médecine traditionnelle chinoise. Un sujet qui manifestement intéresse puisque les participants étaient venus nombreux remplissant pratiquement la grande salle de la bibliothèque de l’Alcazar.

Les conférenciers nous ont rappelé que la médecine chinoise s’inscrivait dans une longue histoire et s’inspirait des principes du taoïsme. Or, si le confucianisme c’est l’homme attentif aux problèmes de la société, le taoïsme c’est l’homme attentif à la nature. C’est donc tout naturellement dans celle-ci que la médecine chinoise va puiser les enseignements pour nous aider à préserver notre santé. En effet, la médecine chinoise avant d’être curative est avant tout préventive. La médecine chinoise n'a rien de magique. C'est au contraire l'exemple d'une science concrète fondée sur l'observation de la nature. Quelles sont les « leçons » que nous pouvons tirer de la nature ? Respecter un certain équilibre, se comporter avec modération, en un mot agir en accord avec le cours naturel des choses (notion de wu wei).  

La médecine chinoise puise dans la nature non seulement ses principes mais aussi ses outils thérapeutiques et en premier lieu la phytothérapie. Nous avons vu qu’un des principes de la médecine chinoise était de rétablir l’équilibre corporel qui à un moment donné peut être perturbé. Ainsi si un organe possède un excès de yang, il s’agira de trouver la plante qui lui apportera du yin.

Respecter le cours naturel des choses, agir en harmonie avec la nature, un grand merci aux deux conférenciers de nous avoir rappelé ces principes. Ils sont d'une grande actualité. La médecine chinoise les exprime avec une force particulière dans un vocabulaire spécifique qui peut renouveler et renforcer l'intérêt que nous leur portons. C’est le grand mérite de cette conférence de nous l’avoir montré.

A côté de la phytothérapie, un autre outil de la médecine chinoise est la diététique. C’est donc dans le prolongement de cette conférence que Joël Bellassen viendra nous parler de la cuisine chinoise le 4 février. A vos agendas.

Jean-Louis

samedi 12 décembre 2015

养 生 法 Yang Sheng Fa




L’Art de préserver et conserver sa santé
avec la Médecine Traditionnelle Chinoise.
dans le cadre de "Fenêtre sur Shanghaï" : partenariat Chinafi / Bibliothèque municipale 

Conférence Chinafi par Nathalie Guérin et Shengping Luo

Marseille, Bibliothèque de l'Alcazar
Vendredi 18 décembre 2015 à 17 h


Après nous avoir exposé l’historique de cette médecine plusieurs fois millénaire et si actuelle, puis  les grands principes qui la fondent  (Tao, YinYang, 3 trésors, 5 mouvements), ces deux praticiens nous présenteront leurs outils thérapeutiques : outre l’acupuncture bien connue, la phytothérapie, la diététique, le qi gong…

vendredi 4 décembre 2015

Un prof doit employer plusieurs synonymes

Je vois qu’en bon pédagogue Olivier use (et il a raison) de la répétition pour présenter le concert de Jiang Nan.

La répétition et l’écart de formulations sont certainement une des bases de la pédagogie. C’est ce que me rappelait hier mon prof. de guitare en me disant : « un enseignant doit employer plusieurs synonymes ». C’est en effet, me semble t-il, dans l’écart des formulations d'une même idée que jaillit souvent la joie, le plaisir de la compréhension. (voir article sur le bouddhisme et l'ethnologie). Cette joie qui est le plus solide rempart, sur le plan personnel contre la dépression, sur le plan politique contre l’obscurantisme. Pour paraphraser Confucius, je dirais volontiers « une journée sans apprendre, une journée sans comprendre est une journée perdue ».

Cela me rappelle une conférence sur Matteo Ricci qui fut lui aussi un formidable passeur de savoirs et de la joie de comprendre. Passionné par les échanges, il déclara : « je crois que nous n’ouvrirons plus d’église, mais une maison à prêcher et nous dirons la messe en privé dans une autre chapelle …car on prêche davantage par des conversations que par des sermons. »

Cela me rappelle aussi l’enthousiasme avec lequel une de nos amies peintres évoquait « L’éloge de la fadeur » de François Jullien qui a influencé sa manière de peindre ou encore le même enthousiasme avec lequel fut évoqué sur ce blog l’œuvre de René Girard.

Un beau sujet de conférence ne serait-il pas : "En quoi peuvent nous concerner, que peuvent nous apporter les trois enseignements : le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme ?"

Jean-Louis

jeudi 3 décembre 2015

Concert de Guzheng par Jiang Nan à Manosque le 11 décembre 2015 à 19h30


Le guzheng joué par une virtuose professionnelle : à découvrir ou à revoir absolument.
Ambiance chinoise chaleureuse garantie dans la galerie Fred K à Manosque.
Olivier

mardi 1 décembre 2015

Semaine chinoise à Manosque du 2 au 12 décembre 2015


Expo, conférence, concert...il y a tout pour plaire.
Jiang Nan est une joueuse de GuZheng (cithare chinoise) virtuose.
Voir le lien "Jiang Nan-cithare" ci contre.
A très bientôt
Olivier

lundi 30 novembre 2015

Bouddhisme, ethnologie et sérénité

Bouddha assis, dynastie Tang

Fillette Caduveo au visage peint


La phrase d’Arthur Rimbaud : « Je est un autre » est bien connue. Personnellement, je n’en ai compris toute la portée qu’en la retrouvant sous d’autres formes dans des textes consacrés au bouddhisme ou à l’ethnologie.

Emmanuelle Loyer vient de publier une biographie de Claude Lévi-Strauss qui a reçu le prix Femina de l’essai.  Ce livre se lit comme un roman d’aventures, une aventure de l’esprit. Que peut-on apprendre en suivant cette aventure ? Entre autres choses à réfléchir sur la notion de décentrement. L’ethnologie suppose le décentrement par rapport à sa propre société, il faut quitter le proche, le familier. Elle suppose également de la part de l’ethnologue un décentrement par rapport à son propre moi. C’est en s’éprouvant comme étranger à soi même, comme un « il » que l’ethnologue peut comprendre l’autre comme un « je ».(Emmanuelle  Loyer P. 423). Une caractéristique de la personnalité de Claude Lévi-Strauss a certainement favorisé sa vocation d’ethnologue. Il a souvent indiqué ne pas avoir le sentiment de l’identité personnelle, du moi. Ainsi déclare t-il dans une interview : Je n’arrive pas ou très difficilement à me percevoir comme un individu, comme une personne, comme un moi, mais bien plutôt comme un lieu où de façon transitoire se passent certaines choses.

Cette disposition n’est pas sans rappeler le bouddhisme. Dans son Histoire de la pensée chinoise Anne Cheng écrit Notre plus grande illusion – et c’est l’intuition centrale du bouddhisme – est la conviction que nous avons de constituer chacun un « moi » permanent : là réside l’obstacle majeur à l’atteinte de l’Absolu. Et l’on pourrait ajouter concernant l’ethnologie : là réside l’obstacle majeur à la connaissance de l’autre, là réside l’obstacle majeur à la sérénité.

Comment cette notion de décentrement peut conduire à la sérénité et justifier ainsi le titre de cet article ? Il peut arriver que l’on soit en délicatesse avec son propre moi. Si l’on parvient par un exercice de décentrement à prendre du recul par rapport à soi,  à se voir regardant, à se voir comme un autre, à se connaitre soi-même comme objet, à se savoir objet, on parviendra par cette objectivation de la subjectivité à gagner en lucidité et en sérénité (Voir Yves-Jean Harder, les cahiers de l’Herne). Et peut-être aussi à gagner en humour : Heureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes, ils n’ont pas fini de s’amuser.
Jean-Louis

dimanche 22 novembre 2015

Les bonnes surprises d'un dimanche à Marseille



Nous avons rendez-vous à 10h00 sous l’ombrière du Vieux-Port pour la désormais traditionnelle visite de Marseille qui a pour but de faire découvrir la cité phocéenne aux étudiants chinois nouvellement arrivés.
Comme je suis un peu en avance je vais voir le nouveau ferry-boat. Danielle nous dira tout à l’heure qu’il devrait, à terme, relier le Vieux-Port au Mucem ce qui me semble une très bonne idée. La grande roue est installée ainsi que les baraques d’un petit marché de Noël et un petit circuit pour les enfants. Le vent souffle fort et il fait bigrement froid. Je suis bientôt rejoint par Anne et la petite Aïda. Peu à peu les participants arrivent : Danielle qui sera notre guide, Sangni, Françoise et Jacques, Chantal, Wenji et un de ses amis et deux étudiantes de Kedge qui nous l’espérons rejoindront notre chorale lorsque leur emploi du temps le leur permettra. Wenji en bonne ethnographe de la vie marseillaise se dirige vers les étals de poissons pour essayer de recueillir les derniers échos de l'accent marseillais.

Danielle a composé un programme qui recoupe en partie l’itinéraire classique mais qui va nous permettre de découvrir de nouveaux lieux forts intéressants. Je pense au musée des docks romains que je ne connaissais pas (comme je crois la plupart des participants) et qui est un lieu vraiment merveilleux que je vous invite à aller visiter si ce n’est déjà fait (sauf erreur de ma part, il est ouvert tous les jours sauf le lundi). Comme le souligne Danielle ce qui fait notamment l’intérêt de ces docks c’est que la plupart des vestiges ont conservé leur emplacement d’origine. C’est le cas des impressionnantes dolia qui sont de vastes récipients en céramique servant à stocker le vin et l’huile. Ce sont les ancêtres de nos silos et containers. Parmi les autres vestiges des amphores, des ancres, des balances mais surtout les fragments d’une émouvante statue féminine dite la nymphe à la coquille.

Par la montée des Accoules nous rejoignons le Panier, la place des moulins, la Vieille Charité. Nos amis chinois écoutent avec beaucoup d’intérêt les explications de Danielle. De temps à autres ils s’arrêtent pour prendre des photos, visiter une boutique ou des ateliers d’artistes qui bordent les ruelles du Panier. Je pense, par exemple, à une exposition de petites figurines faites en papier recyclé ou encore à la maison de la boule où Wenji et Aïda s’essayent à la pétanque. C’est un plaisir de voir tous lieux qui renferment, entre parenthèses, de nombreuses idées de petits cadeaux originaux par exemple des boules de pétanque en chocolat ou encore de très jolis dessins sur Marseille en format cartes postales et qui peuvent être encadrées (voir une des photos). Un autre intérêt de ce quartier ce sont les fresques qui ornent les murs. Devant l’une d’elles nous posons pour la photo de groupe.

Nous sommes très heureux d’arriver bientôt devant le restaurant libano-arménien où nous allons déjeuner et nous …réchauffer. En dégustant les spécialités nous faisons mieux connaissance. La conversation roule sur les études, la cuisine, les chansons, Le Rêve dans le Pavillon Rouge et …Cui Dian (merveilleux ami) qui continue à faire de la publicité pour Chinafi.

Nous rejoignons ensuite tranquillement notre point de départ. Le vent s’est calmé et il fait meilleur. Danielle nous fait remarquer les petits bateaux traditionnels à l’attache. Sous l’ombrière une petite mosaïque en glaçons entourée de vélos pour attirer l’attention sur les dangers du réchauffement climatique. Notre Directrice de la communication est interviewée par France 3.

Voilà. Une journée bien sympathique. Un grand merci à Danielle pour ses explications et pour nous avoir fait découvrir de nouveaux lieux. Comme quoi Marseille possède bien des richesses et cette journée me conforte dans l’idée que nous pouvons découvrir ou redécouvrir notre patrimoine en le faisant connaître à nos amis. Bien sûr nous n’étions pas très nombreux. Mais voyons-le comme un commencement. Nos nouveaux amis sont manifestement très désireux de mieux connaître notre culture. C’est cette curiosité réciproque qui fait le charme des rencontres Chinafi. Et c’est Aïda, notre benjamine, qui donne l’exemple avec son souhait rencontrer, de connaître des Chinois. Nous en ferons une anthropologue ! Quant à l’avenir de nos rencontres, espérons que le bouche à oreille fera son effet et que nous retrouverons bientôt nos effectifs d’antan.
Jean-Louis

PS. Encore un mot cher lecteur. Pressé de voir comment James Bond allait venger son amoureuse dans le film Quantum of solace diffusé sur France 2, j’ai oublié de mettre à l’endroit certaines photos. Veuillez m’en excuser.

lundi 16 novembre 2015

Le Hulusi : tout petit déjà !!


Luis (1 mois et demi) et Jules (1 mois)  : nos deux petits amateurs de hulusi.
;-)
Olivier

Exposition des peintures des élèves de Chinafi

Les élèves de la classe de peinture de Chinafi exposent leurs œuvres du mardi 24 au jeudi 26 novembre

à l’enseigne 36 DONGXI
Antiquités et livres d’extrême Orient
36 rue Edmond Rostand 13006 MARSEILLE


Vernissage le mardi 24 novembre à 18h00. Le magasin est ouvert l’après-midi.

Nous souhaitons un grand succès à cette exposition.
Jean-Louis

lundi 9 novembre 2015

Exposition photo à Céreste

Corinne Nouvel nous invite à venir,  ce samedi 14 Novembre à 20 hpercevoir des Echos de la si proche et si lointaine Chine dans ce lieu convivial qu'est l'Espace Cinabre à Céreste. (Route d'Apt)

Pour accompagner quelques unes de ses images exposées, 
Olivier Guédon  jouera du hulusi, flûte-calebasse 
et Daly proposera ses succulents grignotages. 
Alma et Marilyn Viard exposent aussi dessins et gravures



Espace CINABRE , Crs A. Briand, 04280 CERESTE tél: 06 07 72 24 84

Merci à Olivier pour  cette information

mardi 20 octobre 2015

Après les soutenances ....la fête



Nos amis étudiants de la chorale soutenaient aujourd'hui leur mémoire de fin d'études.
Aussi, ce soir les soutenances terminées, quel soulagement  ! Nous avons dignement fêté cet événement autour du verre de l'amitié et nous avons chanté quelques unes des chansons qui ont marqué cette année

Ce fut aussi l'occasion de dire au revoir à ceux qui vont rentrer en Chine. Une équipe bien sympathique !

A tous nos meilleurs vœux de réussite et de bonheur.
Jean-Louis

samedi 17 octobre 2015

Pensée mythique et pensée chinoise



Lorsque Claude Lévi-Strauss était en poste à New-York comme attaché culturel, il fréquenta beaucoup les milieux surréalistes. Il leur emprunta certainement le goût des rapprochements insolites, innattendus. Ainsi il disait redécouvrir Florence en visitant New-York. Un peu de cette manière, je vous propose, aujourd'hui d'aborder certains aspects de la pensée chinoise en "visitant" les mythes des indiens d'Amérique. Cela peut sembler, à première vue, paradoxal. En effet, selon Anne Cheng, on constate  "la pauvreté des mythes de la Chine ancienne, du moins tels qu’ils nous sont parvenus »  Histoire de la pensée chinoise P.55

Pourtant, il me semble que, malgré leurs évidentes différences, on peut relever des points de convergence entre la pensée mythique amérindienne et la pensée chinoise classique.

Ces points de convergence trouvent, sans doute, leur origine dans la recherche ou dans la nostalgie de l’unité du monde.

Dans la pensée mythique, cette nostalgie de l’unité du monde trouve son expression dans la définition même du mythe : « une histoire du temps où les hommes et les animaux n’étaient pas encore distincts ». Claude Lévi-Strauss, De près et de loin
Pour la pensée chinoise « l’unité recherchée …tout au long de son histoire est celle même du souffle (qi), influx ou énergie vitale qui anime l’univers entier….A la fois esprit et matière, le souffle assure la cohérence organique de l’ordre des vivants à tous les niveaux. » Anne Cheng ibidem.

Cette recherche ou cette nostalgie de l’unité du monde entraine, me semble t-il, des points de convergence entre la pensée mythique et la pensée chinoise à trois niveaux :
-          Une tendance à des explications englobant la totalité des phénomènes
-          Une tentative pour dépasser l’opposition entre le sensible et l’intelligible
-          La primauté accordée à la relation.

-          Une tendance à des explications englobant la totalité des phénomènes
Pour Claude Lévi-Strauss l’esprit des mythes consiste « à l’opposé de la méthode cartésienne, par un refus de diviser la difficulté, ne jamais accepter de réponse partielle, aspirer à des explications englobant la totalité des phénomènes. Le propre du mythe, c’est confronté à un problème, de le penser comme l’homologue d’autres problèmes qui se posent sur d’autres plans : cosmologique, physique, morale, juridique et social …Et de rendre compte de tous ensemble. » De près et de loin, Editions Odile Jacob. Ainsi, par exemple, un mythe expliquera pourquoi le soleil ne doit pas se trouver trop près de la terre car alors la chaleur serait excessive ni trop loin car les hommes périraient de froid. Cette bonne distance doit se retrouver dans les règles du mariage. Un homme ne doit pas chercher une femme trop loin de son clan car il risquerait d’épouser une ennemie, voire une sorcière, ni trop près car il commettrait un inceste.
De la même manière dans la pensée chinoise « L’harmonie qui prévaut dans le cours naturel des choses est à maintenir dans l’existence et les relations humaines » Anne Cheng, ibidem P. 38

-          Une tentative pour dépasser l’opposition entre le sensible et l’intelligible
« Si la science moderne a pu se constituer, c’est au prix d’une rupture entre les deux ordres, entre ce qu’au XVII° siècle on appelait les qualités secondes – c’est à dire les données de la sensibilité : couleurs, saveurs, bruits, textures – et les qualités premières non tributaires des sens, qui constituent la vraie réalité. Or, il me semblait que la pensée des peuples dits « sauvages », restée rebelle à cette distinction, menait toute sa réflexion au niveau des qualités sensibles et parvenait néanmoins à construire sur cette seule base une vision du monde non dépourvue de cohérence ni de logique. Et aussi, plus efficace qu’on n’a coutume de le croire ». CLS, ibidem P. 155.
La pensée chinoise est restée elle aussi « rebelle » à la distinction entre l’ordre sensible et l’ordre intelligible. Des notions comme le yin (l'humide, le principe féminin ....) et le yang (le sec, le principe masculin ...) ou encore le souffle appartiennent autant à l’ordre sensible qu’à l’ordre intelligible.

-          La primauté accordée à la relation.
Pour Lévi-Strauss un mythe, un masque indien, d’une manière générale un phénomène quelconque ne peuvent jamais s'interpréter en eux-mêmes et par eux-mêmes, comme des objets séparés. Ils ne peuvent se comprendre, ils n’existent que dans les relations qu’ils entretiennent avec d’autres mythes, d’autres masques, d’autres phénomènes de même nature.
Anne Cheng dit sensiblement la même chose quand elle évoque la réflexion chinoise sur la relation : « celle-ci n’est pas comprise comme un simple lien venant s’établir entre des entités préalablement distinctes, elle est constitutive des êtres dans leur existence et leur devenir ». Ibidem P. 41

On pourrait évoquer encore d’autres points de convergence entre la pensée chinoise et cette fois le structuralisme, par exemple l’effacement de la notion de sujet.

Il semble intéressant de constater que la recherche de l’unité du monde transposée dans des contextes et des modes de pensées très différents produit des ensembles présentant la même cohérence.

Jean-Louis

jeudi 8 octobre 2015

Brassens et Confucius

Lundi dernier France3 diffusait, dans le cadre de la série Lundi en histoires, une émission consacrée à Georges Brassens. Cette émission ne nous apprenait pas grand-chose sur le chanteur, elle contenait néanmoins quelques images d’archives intéressantes, l’interprétation originale de Putain de toi par Olivia Ruiz et une interview de Maxime Le Forestier qui citait une phrase de Pierre Desproges « les chansons de Brassens sont un vaccin contre la connerie, mais il faut pas mal de rappels ».

Sans cesse Brassens nous rappelle que la vie est complexe, contradictoire, parfois paradoxale. Il nous apprend à nous méfier des simplifications hâtives et des jugements à l’emporte-pièce. Celui qui a écrit « Il y a les emmerdantes…les emmerdeuses …et les emmerderesses » a aussi chanté Le blason et Quatre vingt quinze fois sur cent. Le chanteur qui n’a pas cessé de crier « mort aux vaches » confie à un « flic bien singulier » le soin de recouvrir de sa pèlerine l’ivrogne tombé à terre (L’épave). « L’anticlérical fanatique » comptait parmi ses amis un bon nombre d’ecclésiastiques. Pour lui les « Évangiles n’étaient pas de l’hébreu » puisqu' il les connaissait sur le bout des doigts et il met dans la bouche d’un curé une de ses convictions les plus viscérales :

« Mort à toute peine de mort », La messe au Pendu  

A un de ses amis, le Père André Sève, il confie son désaccord sur la réforme de Vatican II :
« Vous ne semblez pas penser aux êtres à qui on a pas donné assez de force pour juger par eux-mêmes, pour affronter la foie nue, sans revêtements de mystères, de rites. Vous parlez beaucoup de pauvres, mais vous ne semblez pas penser à cette pauvreté : les gens pauvres en pouvoir de réflexion et d’expression. Ils disaient tout ce qu’ils pouvaient dire en mettant un cierge. Ils avaient une idée du prêtre rien qu’en voyant sa soutane, ils sentaient un mystère en entendant le latin ».

Brassens reprend ces thèmes dans la chanson Tempête dans un bénitierMême si cette chanson a été écrite « pour rigoler », elle peut nous conduire à nous interroger sur la signification des rites. Bien sûr, la lecture de Confucius et d’Anne Cheng (Histoire de la pensée chinoise P. 73 et suivantes) enrichira notre réflexion. Les rites ont, non seulement une dimension magique et esthétique, mais ils nous relient également aux générations qui nous ont précédés, à notre culture. Ils humanisent les comportements en société et en cela sont, paradoxalement peut-être, un rempart contre le fanatisme et l’intégrisme. Comme le montrent aussi bien Brassens que Confucius, les rites et la tradition ne sont pas incompatibles avec une pensée non pas moderne, ce qui ne veut pas dire grand-chose, mais intemporelle qui nous concerne quelque soit les époques.

Voici une chanson qui aurait peut-être amusé Confucius.



Jean-Louis

jeudi 3 septembre 2015

C'est la rentrée!

CHINAFI aura un stand lors de plusieurs rencontres associatives :

Dimanche 6 septembre Vivacité à Marseille, parc Borély ;

Dimanche 13 septembre Assogora à Aix en Provence, cours Mirabeau ;

Samedi 19 septembre de nouveau à Marseille au Parc Bagatelle pour présenter ses activités ....

Des occasions de nous rencontrer en attendant de reprendre nos activités

dimanche 26 juillet 2015

Se pacser une occasion de faire la fête



Caroline, merci de nous avoir invité à cette très belle fête, une occasion de se retrouver et la joie de faire la connaissance de tes charmants amis.
A très bientôt
Bisous
Nicole

vendredi 24 juillet 2015

Quelle joie de se retrouver




Natalia en vacances dans le sud de la France a eu la bonne idée de contacter Marie Claude grâce à qui nous avons eu le plaisir de passer une très bonne soirée
Nous avons évoqué des souvenirs vieux de 8 ans
C'est aussi cela Chinafi
Bel été à tous
Nicole

dimanche 19 juillet 2015

Surprise

                                                                         Li Po

Voici un poème de Li Po extrait de l’anthologie  Trésor de la poésie chinoise de Claude Roy.

S’éveillant de l’ivresse un matin de printemps
Puisque vivre en ce monde est le songe d’un songe
Ni souci, ni travail ne me le gâcheront.
Et du matin au soir je bois et je m’enivre
Endormi, allongé sur le pas de ma porte.

Lorsque je me réveille, il y a le jardin,
Un seul oiseau qui chante au milieu des fleurs
Je ne sais plus le jour, la saison, ni le temps.
Un loriot sans repos bavarde dans le vent.

Tant me touche son chant que je pousse un soupir.
Le vin est devant moi. Je m’en verse une coupe,
Puis j’attends en chantant que la lune se lève,
Et ma chanson finie je retourne à l’oubli.
Li Po

Ce  poème est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord car il contient les principaux thèmes de la poésie chinoise ensuite car sa « traduction » est proposée par Claude Roy qui ne savait pas le chinois.

Les thèmes du poème :
-       -      La vie est « le songe d’un songe ». Il s’agit bien évidemment d’une allusion au « songe du papillon » de Zhuangzi. Li Po en tire une conclusion optimiste. Si la vie est le songe d’un songe, il ne faut pas prendre les choses trop au sérieux.
-        -              le jardin, la lune et surtout :
-     -        le vin et l’ivresse « Pour le poète de jadis, le vin est aussi important que l’encre ou le pinceau. L’ivresse qu’il procure permet de s’accorder au cours naturel des choses (tao), d’entrer en communion avec les circonstances, d’être en phase avec les flux de l’instant éternellement présent » (In l’art de vivre du Tao, Albin Michel).

La « traduction » de Claude Roy
Claude Roy était un passionné de culture chinoise. Il a écrit un beau livre sur Su Dongpo dont j’ai souvent parlé Cet ami qui nous vient de l’an Mi. Ce fut aussi comme le dit Serge Koster « un pilleur d’épaves lointaines », c'est-à-dire de poésies chinoises réunies et traduites par lui dans Trésor de la poésie chinoise (1967)
Poésies traduites ou plutôt interprétées par Claude Roy car il ne savait pas le chinois. Peut-on interpréter une poésie chinoise sans connaître le chinois ? Ecoutons l’avis d’un sinologue : Jacques Dars dans les Carnets secrets de  Li Yu .  Je cite de mémoire « l’interprétation des poésies chinoises par Claude Roy est bien meilleure que celle de certains sinologues car si Claude Roy ne savait pas le chinois, il savait la poésie alors que les seconds connaissent le chinois mais ne savent pas la poésie ».

L’entreprise de Claude Roy pose le problème de la traduction et particulièrement de la traduction des poésies chinoises. Il me semble qu’il faudrait toujours proposer une traduction mot à mot (pour permettre au lecteur de se faire un avis) et une interprétation. Je ne sais pas si l’interprétation de Claude Roy s’éloigne du mot à mot du poème chinois, mais je rejoins l’avis de Jacques Dars : elle est très élégante.

Jean-Louis

jeudi 2 juillet 2015

Les vacances



C’est la fin de l’année scolaire. Le tempo de la rue Falque ferme ses portes. C’est le moment de profiter des plaisirs de la mer. Aujourd’hui nous allons à L’Estaque. Une amie de Danielle, greeter comme elle, nous attend au débarcadère de la navette de la RTM pour nous faire découvrir l’Estaque sous un jour nouveau. Nous n’emprunterons pas le sentier des peintres avec ses hauts lieux : la villa Fallet, le « viaduc de Braque » …Mais ce n’est pas grave nous connaissions déjà. Par contre, nous plongerons dans L’Estaque populaire, celui des travailleurs immigrés qui firent vivre les usines du Rio Tinto, les tuileries ou encore le port de pêche. Nous découvrirons ses légendes, son habitat, ses modes de vie. Une visite qui complète à merveille celles que nous avions l’habitude de faire

Dés le début de la présentation, j’apprends que L’Estaque est l’un des 111 quartiers de Marseille. J’ignorais que la cité phocéenne comportait autant de quartiers. Je serais bien en peine de les citer. Nous longeons l’ancien hôtel Mistral. A l’époque où Georges Braque y séjourna une galerie aérienne traversait la rue pour desservir le restaurant de l’hôtel situé sur le port. Ce devait être sympa.

Nous montons les petites ruelles pour aller vers l’Eglise. Sur le pas des portes les chats allongés de tout leur long prennent le frais. Parfois un assortiment de pots de fleurs forme comme de petits jardins suspendus. Nous voici sur la place Malaterre où se trouvent la maison où séjourna Paul Cézanne et l’Eglise de Saint Pierre-es-liens, une église en briques rouges construite au milieu du XIXème siècle. Mais pourquoi Saint Pierre-es-liens ? Notre guide nous raconte l’origine de cette appellation dans une version toute méridionale. Dieu voyant que Marseille avait un grand besoin de protection décida d’attribuer un Saint à chaque quartier de Marseille. Il mit 111 Saints dans un grand sac et au fur et à mesure qu’il passait sur un quartier il en prenait un dans le sac et lui donnait pour mission de protéger le quartier. Arrivé sur l’Estaque, il ne restait plus que Saint Pierre qui s’était pris les pieds dans les liens du sac. D’où le nom de l’église. Marie-Claude, à qui rien n’échappe, nous fait observer la croix camarguaise qui surplombe l’église. Pourquoi une croix camarguaise à l’Estaque ? La question reste sans réponse. Devant la façade, je remarque deux petits bateaux en pierre remplis de fleurs.

Nous empruntons les petites ruelles. Notre guide nous fait observer les balcons des maisons. Ils sont agrémentés d’une petite construction qui tenait lieu de toilettes. Ce sont les « patis ».
Je ne suis pas sûr de bien l’écrire. Ami lecteur, n’hésite à me corriger ! Nicole nous rappelle des expressions proverbiales liées à cette construction. Je crois, par exemple, « mettre les mains dans le patis ». Chère Nicole, un petit commentaire pour compléter ma mémoire défaillante.

Bientôt nous arrivons à « la montée de la sardine ». Au temps où le port de pêche était en pleine activité, une charrette remplie de sardines empruntait cette voie pour conduire son chargement à la gare, direction Marseille. Les gamins suivaient la charrette guettant les sardines qui en tomberaient pour améliorer l’ordinaire.

Nous redescendons doucement vers le port. Notre guide veut nous montrer les courées. La courée s'organise autour d'un espace commun : la cour. Les bâtiments forment clôture tout autour. Il existe une proximité visuelle et sonore entre les voisins et il se développe donc un art de vivre spécifique : échange de services entre voisins, surveillance des enfants en cas d'absence, arrosage des fleurs …Comme le dit quelqu’un du groupe, ce mode de vie traditionnel nous fait un peu penser aux hutongs de Pékin.

Nous voici maintenant sur le port où nous faisons provisions de chichis, de panisses et de chips artisanales que nous allons déguster dans un bar devant une excellente « goudale » bien fraiche que nous apprécions d’autant plus que la chaleur est grande en ce début d’été. Jacques nous apprend qu’il s’agit d’une bière brassée à Douai qui titre à plus de 7 degrés !!!

Nous repartons par la navette de 21h30. A l’initiative de Michel, nous montons à l’étage que nous occupons entièrement. Il fait moins chaud qu’à l’aller. La traversée est très agréable et se prête aux chansons. C’est très sympathique. C’est la détente après une année riche en activités.  Un peu moins de monde à notre chorale et lors de nos sorties (Jizhe me disait avoir les mêmes problèmes de recrutement pour son équipe de foot) mais une petite équipe toujours sympathique qui, je crois, a un peu progressé sur le plan choral. Ce fut aussi le parrainage des étudiants de Kedge, l’opération « Une fenêtre sur Shanghai » …Tout peut-être ne s’est pas déroulé comme nous le pensions au départ. Mais qu’importe ! Ainsi vont les projets. Ils prennent parfois des chemins détournés. Ainsi un projet ambitieux autour du jardin chinois du parc Borely s’est transformé en une conférence à l’Alcazar.

Au total une belle année qui se termine en chansons à bord de la Marilou. Un grand merci à Danielle et à son amie pour cette découverte originale de l’Estaque.

Bonnes vacances à tous,

Jean-Louis