dimanche 20 octobre 2013

La Sainte Baume 2013



Samedi, la météo n’était pas optimiste. Dans la nuit je crois entendre la pluie et des rafales de vent. Je suis saisi par le stress des organisateurs. J’ouvre les volets. La lune roule entre de gros nuages noirs. A 8 heures, je téléphone à Nicole. Il n’y a eu aucun désistement. Nous décidons de maintenir la sortie.

J’arrive le premier au parking du métro La Rose en pleins travaux pour accueillir les « grands autobus ».
Petit à petit les participants arrivent. Pratiquement tout le monde a répondu présent malgré les menaces de mauvais temps. Avec nos amis partis de Dromel nous formons un joli groupe de 31 personnes. Aujourd’hui nous partons visiter la Sainte Baume avec sa forêt et la grotte de Sainte Marie Madeleine. Marie de Magdala, Marie de Béthanie, Marie-Madeleine dont les différents noms s’égrènent comme les vers d’un poème. Une des plus belles histoires que nous raconte la tradition chrétienne. Ancienne prostituée elle est devenue une des disciples les plus proches du Christ.

Nous voici au parking de l’hostellerie. Nicole nous rassemble en faisant sonner ses cymbales. Un épais manteau de nuages recouvre la montagne jusqu’à mi-hauteur. Nous décidons d’aller au moins jusqu’à la grotte. Nos amis nous distribuent de jolis petits cadeaux.

Mahmoud nous donne de précieuses informations sur la forêt qui contient des essences que l’on rencontre exceptionnellement en Provence : comme le hêtre, l’if et l’érable. Deux facteurs expliquent ce caractère :
- Nichée sur le flanc nord de la chaîne montagneuse calcaire et blottie au pied d’une falaise abrupte d’une centaine de mètres, la forêt domaniale bénéficie de conditions écologiques exceptionnelles. Ombre et fraîcheur. Précipitations atteignant presque le double (1000mm/an) de celles enregistrées à Marseille.
- La forêt est sur le lieu de passage d’un des plus importants pèlerinages de la Chrétienté. De nombreux rois, plusieurs papes, des milliers de pèlerins ont accordé leur protection à cette forêt.

Nous rencontrons un poirier aux fruits minuscules. Quelques audacieux veulent en croquer. Attention à l’acidité et au mal de ventre. Nous voici maintenant dans la forêt. On a beau y être venu plusieurs fois on est toujours émerveillés par les hautes futaies particulièrement belles en cette saison. Cui Dian s’assoit sur le fauteuil du roi, tandis que Nicole lui fait une couronne de ses mains. Chemin faisant nous apprenons à mieux connaître nos nouveaux camarades. C’est, en effet, la première sortie avec la nouvelle promotion. Nous arrivons bientôt à la source de Nans. Séance photos. Michel joue des airs de bourrée à l’harmonica. J’échange mes impressions avec Béatrice. Il nous semble que la montée est plus rude que les années précédentes. Est-ce le poids des ans ou sommes-nous un peu « rouillés » par le manque d’exercice ?

Nous arrivons bientôt sur l’esplanade de la grotte où nous pouvons contempler une descente de la croix, œuvre du sculpteur Marthe Spitzer. Nous pénétrons dans la grotte. Voici le rocher où selon la tradition dormait Marie-Madeleine, voici son reliquaire. Un peu en contrebas la source de Saint Sidoine dont l’eau pure est censée guérir de la cécité. Les beaux vitraux du compagnon Pierre Petit.

En sortant la pluie commence à tomber ce qui nous pousse à trouver refuge dans l’abri du pèlerin que nous allons partager avec un groupe de Japonais rencontré en chemin. Certes, nous sommes un peu serrés. Mais quelle ambiance ! Nous nous installons sur la table restante ou à même le sol sur des couvertures ou des sacs poubelles. Un peu rustique. Pourtant le roi n’est pas mon cousin. Les bouchons des bouteilles amenées par Francis, Michel et Philippe sautent à qui mieux-mieux. Nous partageons nos provisions. C’est un vrai festin de roi. Voici l’heure du café arménien et de l’alcool du même pays. Je ne sais pas ce qu’il y a dans cet alcool, mais il y en a ! Un alcool d’homme qui m’a donné le hoquet pendant 10 minutes. Nicole va demander aux Pères dominicains l’autorisation de chanter qui lui est gentiment accordée. Jamais les murs du petit refuge n’ont entendu un si beau concert. Anne prend les photos. Un grand merci à elle.

Mais les meilleures choses ont une fin. Nous pointons le nez dehors. La pluie a été remplacée par un épais brouillard. Que c’est romantique ! Sur les marches qui mènent à la grotte nous faisons la photo de groupe.

Nous descendons doucement. Mais le chemin est très glissant et je m’affale. Mahmoud nous donne encore des explications. Il nous montre le lierre qui contrairement à une idée répandue n’est pas un parasite. S’il grimpe aux arbres c’est pour aller vers la lumière. Voici du houx qui déjà porte des boules rouges. Il est vrai que nous ne sommes pas si loin de Noël. Plus loin une souche d’arbre est couverte de champignons. En bas de la descente, Michel me fait remarquer une belle allée voilée par la brume et bordée d’arbres centenaires que l’on croirait sortie d’un roman de Nerval pour nous conduire vers des fêtes étranges.

Il est encore tôt et nous décidons d’aller boire un café à l’hostellerie. Nous nous installons prés de la cheminée où se consument quelques bûches. Nos nouveaux amis semblent ravis de la journée et nous aussi. Nous voilà partis pour une année de rencontres et de chants.

Un grand merci à Nicole pour nous avoir été notre guide. Un grand merci à Mahmoud pour ses explications. Un grand merci à tous pour votre bonne humeur qui ensoleilla cette journée malgré la brume et les nuages.

Je voudrais terminer ce compte rendu par une jolie histoire qui montre la fraîcheur et la vivacité des sentiments d’un enfant et l'importance du lien familial en Chine. C'est le récit d'une adoption. Au cours de cette randonnée la petite Aïda a trouvé une "grande sœur" en la personne de Mengjie. Pendant la descente, elles ne se quittaient plus se tenant par la main. Alors bien sûr la séparation fut un peu difficile. Retrouve le sourire Aïda. Tu reverras bientôt Mengjie. C’est promis !
Jean-Louis

lundi 14 octobre 2013

une conférencière avertie,
Le jardin permet l'évasion, la sérénité, il est omniprésent .
C'est un paradis, symbole de l'immortalité.

Comment fabrique t'on un jardin ?
Il faut creuser une pièce d'eau, avec la terre récupérée on crée des îles montagnes;
l'eau représente le sang  de l'être cosmique, quant aux montagnes elles représentent le squelette de ce même être cosmique. Il existe au Japon des jardins secs avec du gravier blanc qui représente l'eau.
Autre élément essentiel : les rochers (+ travaillés en Chine) qui transportent l'énergie vitale (force tellurique)
Les rochers sont des êtres vivants, des catalyseurs d'énergie.
Remarquons qu'on trouvera toujours une cabane à thé dans le jardin japonais.
Les arbres sont symboles d'immortalité.
L'homme est toujours relativisé dans les jardins.

lundi 7 octobre 2013

Les Jardins de sagesse en Chine et au Japon

                                                        Jardin japonais à Kyoto

                    Jardin chinois à .....?
 
conférence de

Yolaine Escande

présentation et signature de son ouvrage paru aux éditions du Seuil

LUNDI 14 OCTOBRE 2013 à 18h

Espaces de recueillement, de culture de soi autant que d’ouverture au monde, les jardins chinois et japonais
sont par excellence le lieu de la sagesse. De même que la sagesse est décrite comme un cheminement, le jardin, en un parcours à la fois physique, sensoriel et spirituel, guide l’homme vers un état de disponibilité intérieure et de non-attachement. Comme le montre l’iconographie inédite de ce livre, tous les éléments de l’esthétique des jardins chinois et japonais intègrent l’homme au sein du tout et le conduisent sur le chemin de la sagesse.

Yolaine Escande est sinologue, directrice de recherche au CNRS et présidente de la Société internationale de philosophie chinoise.

Présentation Jean-Noël Bret

Proposition AEPHAE association euroméditerranéenne

pour l’histoire de l’art et l’esthétique acc.marseille@free.fr

LECLERE
Maison de vente aux enchères
5, rue Vincent Courdouan 13006 Marseille
à hauteur du 132 rue Paradis, métro Estrangin
parking : impasse Montevidéo, 129 rue Breteuil
04 91 50 00 00 www.leclere-mdv.com Entrée libre

samedi 5 octobre 2013

Si proche et si distante...






Joël Bellassen donnait hier soir, dans l’auditorium de la bibliothèque de l’Alcazar,  une conférence présentant la langue et l’écriture chinoises : "Le chinois tel qu'il est, le chinois tel qu'il va".
Ce fut une conférence véritablement passionnante, par son sujet bien sûr et surtout par le talent du conférencier qui a su nous rendre proche la langue chinoise tout en en respectant la distance.
Rendre compte de cette conférence est donc un exercice difficile et qui serait vite présomptueux. Aussi, nous avons décidé (Françoise et Jean-louis) de le faire en commun en évoquant quelques points choisis subjectivement.
Pour ma part (Françoise), j'ai retenu cette 1ère diapositive nous montrant un Chinois traçant dans la rue des caractères avec un pinceau trempé dans l'eau, c'est une scène qui n'est pas rare en Chine et que l'on appelle une "calligraphie serpillère", il me semble que l'on a là une image très parlante : la calligraphie comme art à part entière mais aussi comme art de rue, le travail de l'énergie comme la pratique du Taijiquan, de la danse, du chant... dans les parcs et j'ajouterai la dimension d'impermanence de la réalisation.

barque = (zhou,1)

Voici maintenant une peinture nous donnant à voir la dimension esthétique d'un caractère chinois (désolée, je n'ai pas noté le nom du peintre)

Jean-Louis :
Cette conférence m’a touché car elle rejoignait mes principaux centres d’intérêt : l’ethnologie, les voyages, l’Histoire. Le vocabulaire employé par Joël Bellassen à propos de la langue chinoise est le même que celui employé par l’ethnologue, le voyageur, l’historien : dépaysement, distance. Pourquoi apprendre le chinois ? pourquoi voyager ? pourquoi s’intéresser à l’ethnologie, à l’Histoire ?  Pour apprendre des choses nouvelles, découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles civilisations et au bout du compte pour mieux comprendre sa propre culture, pour mieux se comprendre. C’est ce que disait Fernand Braudel : « Face à l’actuel, le passé, lui aussi est dépaysement…La surprise, le dépaysement, l’éloignement – ces grands moyens de connaissance – ne sont pas moins nécessaires pour comprendre ce qui vous entoure…une semaine à Londres pour un Français ne lui fera peut-être pas mieux comprendre l’Angleterre, mais il ne verra plus la France de la même manière » (Ecrits sur l’histoire). 

Alors que devient le dépaysement, la distance dans une période de mondialisation ? Joël Bellassen a laissé cette question ouverte...Il faudra qu’il revienne ! Il est intéressant de noter que Claude Lévi-Strauss s’est posé la même question notamment dans la conférence Race et culture.

La langue et l’écriture chinoises offrent donc un dépaysement linguistique. Selon l’expression du conférencier, le chinois est une langue distante. En quoi consiste ce dépaysement, cette distance ? L’écriture chinoise est une écriture non alphabétique et non phonétique. Un caractère chinois ne renvoie pas à un phonème mais à une unité de sens. Joël Bellassen a précisé, et cela m’a paru particulièrement intéressant, que le sens d’un caractère est le plus souvent flou. Plutôt qu’un sens précis un caractère évoque une idée. Il demande à être précisé par un contexte. Ainsi le caractère  évoque l’idée du soleil. Il peut signifier « soleil » mais aussi, selon le contexte, il peut signifier « jour ». Le caractère     peut signifier  « lune », mais aussi  « mois ».
Autre élément de dépaysement : l’écriture chinoise est selon l’expression de Léon Vandermeersch une écriture graphique que l’on peut rapprocher de la peinture. Pour illustrer cette caractéristique Joël Bellassen nous a montré le caractère évoquant l’idée de « barque » avec au dessous un beau tableau de facture impressionniste où le caractère était devenu une barque. L’écriture chinoise revêt parfois un caractère magique. Ainsi le caractère   peut non seulement évoquer l’idée du bonheur mais peut constituer un talisman apportant le bonheur. La langue chinoise ne se contente pas de nommer les choses, dans une certaine mesure elle les fait exister.
L’écriture chinoise possède une proximité avec la peinture. De la même manière on peut dire que la langue chinoise possède une proximité avec la musique. En effet, la langue chinoise est une langue tonale. Et certainement une des plus grandes difficultés pour les apprenants du chinois c’est de prononcer un caractère avec le bon ton surtout s’ils n’ont pas l’oreille musicale. En réponse à une question d’Olivier, Joël Bellassen nous a raconté une anecdote. Il enseignait le chinois dans le secondaire. Pendant son cours, il voit une jeune fille regarder à travers la fenêtre. Loin d’être inattentive cette  élève écoutait la musique du chinois comme elle écoutait la musique d’un violoncelle dont elle savait jouer.
Une autre particularité de la langue chinoise c’est qu’elle est, dans une certaine mesure une langue sans sujet. J’aurais bien voulu voir développer ce point surprenant au premier abord. Joël Bellassen a souligné que la pensée était structurée par la langue. Cette absence du sujet dans la langue a-t-elle freiné l’émergence du couple sujet/objet sur lequel repose la démarche analytique ? Voir Anne Cheng Histoire de la pensée chinoise. De la même manière la peinture lettrée chinoise suppose une fusion du peintre et de son modèle (Voir Su Shi : le peintre doit intérioriser les bambous et les paysages avant de les peindre). Elle n’a pas souhaité constituer le peintre en sujet séparé de son modèle, comme l'ont fait, le plus souvent les artistes occidentaux.


 Françoise : 
Voici maintenant l'illustration de la dimension "magique" du caractère : ici, le caractère du bonheur que l'on offre et affiche pour que ce souhait de bonheur se réalise.

C'est l'écriture la plus transparente au niveau du sens, où l'étymologie apparait le plus clairement, d'où l'importance d'un apprentissage raisonné des caractères en fonction de leur fréquence et de leur potentiel combinatoire. Trouverez-vous le mot "psychologie"?

Quelques médiateurs chinois, à partir du règne de Louis XIV pour le premier.

Actuellement les langues distantes se rapprochent, le chinois est devenu la 5ème langue en effectif d'apprenants






et ouvre de multiples voies...



Ce que nous pouvons dire pour terminer ce long et néanmoins très partiel compte rendu, c'est que nous sommes vraiment désolés que de nombreuses personnes n'aient pas pu rentrer faute de places : le lieu avait été proposé par la Bibliothèque de Marseille dans le cadre du jumelage Marseille / Shanghaï et  il est vrai qu'un tel succès était difficile à prévoir
M. Bellassen, il faudra que vous reveniez pour développer ces points ou d’autres, nous aurons une plus grande salle ! Encore un grand merci à vous. Nous attendons avec impatience votre prochaine conférence.