mardi 30 décembre 2014

La relève est assurée

C'est avec un grand plaisir que nous avons pu revoir notre ex chef de chorale et toute sa petite famille.
A cette occasion on a apprécié de revoir des "anciens" avec également des enfants présents ou à venir.
Et puis voilà comme quoi une joie peut en cacher une autre, nous avons appris l'arrivée de Mathilde petite soeur de Diane.
Sachons d'ores et déjà que 2015 sera une excellente année puisque nous fêterons l'arrivée de l'année de la chèvre de bois entourés de nombreux pitchouns.
Bises et bon bout d'an à tous
Nicole

dimanche 21 décembre 2014

Gestuelle chinoise



Comme vous avez pu le lire dans le précédant article, dimanche dernier nous étions à la Sainte Baume. Une photo du diaporama a peut-être attiré votre attention. En voici l’explication.

Je venais de verser un peu de vin à ma voisine. Elle me montra comment on pouvait remercier, en Chine, la personne qui vous a servi à boire. Vous pliez l’index et le majeur de la main droite une fois ou deux. 
Utile  pour ceux qui auraient oublié 谢谢

Jean-Louis

dimanche 14 décembre 2014

Saint Expédit




Lorsque j’arrive sur le grand parking au point de départ du chemin qui conduit à la grotte de la Sainte Baume je suis seul. Pas d’autres voitures. Il pleut. Le sol n’arrive plus à absorber l’eau. De grandes flaques bordent les chemins. Le massif montagneux disparait à moitié sous les nuages et la brume. Qu’allons-nous faire ? Irons nous jusqu’à la grotte ?

Les autres participants arrivent peu à peu et finalement Cécile, Nicole et Olivier emportent la décision : on se lance. En fait, la pluie tombe par averses intermittentes et nous ouvrons et refermons les parapluies. Le mien s'est trompé de saison. Fleuri aux couleurs de printemps, il remporte un certain succès et je crois qu’il va atterrir sur Facebook. Nicole n’est pas mal non plus emmitouflée sous 15 couches de pulls et un bonnet péruvien.

Au fur et à mesure que nous montons la brume se fait plus épaisse. Et je vois que ces paysages noyés dans la brume sont toujours en accord avec la sensibilité chinoise. Plusieurs de nos amis me disent aimer ces paysages qui leur rappellent leur pays, leurs peintures. La végétation est bien sûr moins luxuriante qu’au printemps. C’est une végétation d’hiver mais qui a son charme. Les feuilles jonchent le sol. Quelques boules rouges ornent les branches de houx et Olivier nous fait remarquer sur des bûches des champignons que l’on appelle en chinois mu er (oreille du bois). Le nom est bien trouvé. Nous arrivons à hauteur de la source de Nans qui sort cette année avec une vigueur particulière. Parfois la pluie tombe avec plus de force, occasion de faire des photos insolites. Un peu essoufflés nous arrivons aux escaliers qui mènent à la grotte, décidément on se croirait en Chine. Mais ce n’est pas fini. Nous sommes accueillis par un caractère chinois qui nous invite au silence. Des esprits mal tournés disent qu’il fut écrit après le passage d’un groupe Chinafi. Nous voici sur l’esplanade. Nous allons vite au refuge pour « marquer » notre territoire, c'est-à-dire déposer quelques sacs pour retenir nos tables. Nous ressortons et rencontrons un très sympathique Père dominicain originaire d’Haïti qui vient tout juste d’arriver en France. Evidemment c’est pour lui un choc culturel et …thermique. Il y a sept Pères à la Sainte Baume. Un est de permanence à la grotte les six autres sont dans le lieu de culte qui se trouve près de l’hostellerie. Je pénètre une nouvelle fois dans la grotte que je connais bien mais dont on ne se lasse pas. J’admire les vitraux, les statues de Sainte Marie-Madeleine et une petite crèche, ma foi, fort jolie.

Le Père nous a ouvert la petite boutique qui se trouve près du refuge. Claude me montre une médaille de Saint Expedit et me raconte son histoire. C’est le patron de la jeunesse et des causes perdues. Je trouve le rapprochement un peu curieux. Mais "patron des causes perdues" c’est assez extraordinaire. Il doit avoir de quoi faire et je me trouve pris immédiatement d’une sympathie pour ce saint. Le saint patron de notre chorale ???

Nous pénétrons dans le refuge pour déjeuner. Xiaojing ouvre sa première bouteille de vin et sautent les bouchons. Il faut bien ça pour nous réchauffer. Jean-Mi nous montre que de la buée sort de nos bouches. Heureusement c’est un amoncellement de victuailles. Je remarque que les Chinois aiment bien les crêpes car ce plat nous est proposé plusieurs fois, Olivier fait circuler sa délicieuse pâte de coing et comme d’hab. Nous mélangeons allègrement le sucré et le salé. Bien sûr, il ne peut pas y avoir de sorties Chinafi sans chansons. Nous enchaînons les morceaux et, période l’année oblige, nous chantons des chants de Noël. Olivier sort un flageolet et joue un morceau d’inspiration irlandaise. Nicole entraîne quelques une de nos amies dans une danse endiablée. Quelle ambiance ! J’ai souvent remarqué que l’ambiance à l’intérieur était d’autant plus chaleureuse qu’il faisait mauvais à l’extérieur.

Mais l’heure tourne. La météo a annoncé un renforcement de la pluie vers 15h00. Il nous faut repartir. La brume est encore plus épaisse et nous n'apercevons plus le haut de la falaise qui surplombe l'esplanade. Michel monte sur un banc pour nous parler de Marie-Madeleine. J’aime bien l’histoire de cette sainte, ancienne prostituée, qui montre une certaine ouverture d’esprit dans les textes fondateurs du christianisme.

Nous sommes montés par le chemin des rois. Nous redescendons par le chemin du canapé qui, comme son nom ne l’indique pas, n’est pas de tout repos. N'ayant pas oser user des commodités du bon Père, je cherche un endroit un peu discret. Mais j’entends soudain la voix de stentor de Michel qui crie « niao, niao » accompagnée de nombreux rires. C’est râpé pour la discrétion !

Nous faisons quelques pas avec un jeune dominicain en soutane et sandales. Nous lui expliquons le fonctionnement de Chinafi. Il trouve ça très bien.

Voici une main qui sort d’un arbre. C’est la main de Nicole, puis celle de Marie-Claude. La pluie se renforce. La météo ne s’était pas trompée. Heureusement nous arrivons aux voitures.

A mardi les amis pour une super chorale. Nous chanterons Noël.
Jean-Louis.

samedi 13 décembre 2014

Le Dragon chez Edmond

C'était samedi dernier au Café Edmond. J'ai eu l'opportunité de présenter le service du thé traditionnel avec du Pu er particulièrement recommandé en cette saison.




Un salon de thé accueillant, des participants attentifs




du thé de Taiwan de qualité exceptionnelle



Et l'ébauche de projets pour l'année prochaine à cette adresse : club de mah jong, cercle de poésie...

Qu'en pensez-vous?

Françoise

mardi 9 décembre 2014

Comment les différents noms donnés au colchique éclairent le poème

   
   
                                 Médée, peinture romaine


Le poème « Les colchiques » de Guillaume Apollinaire a donné lieu à de nombreuses études parfois fort érudites je pense notamment à celle de Jean-Claude Coquet (in Sémiotique littéraire), à celle de Claude Lévi-Strauss (in Le regard éloigné) ou encore  à celle de Bernard Mirgain : http://bmirgain.skyrock.com/1416015969-COMMENTAIRE-LES-COLCHIQUES-APOLLINAIRE.html . Le lecteur curieux pourra s’y reporter.

Dans le cadre de cet article, je me contenterai de puiser dans ces études les informations concernant les différents noms donnés au colchique au fil des siècles et dans différents pays. Outre le charme des mots, nous verrons que ces noms éclairent le poème et permettent de résoudre la petite énigme posée par la locution « Mères filles de leurs filles ».

Le colchique était parfois appelé veillote parce que sa floraison a lieu à l’époque où commencent les longues veillées. Les anciens botanistes le nommaient Filius ante patrem (le fils avant le père) car l’apparition des fleurs précède de plusieurs mois celle des feuilles : la première se produit à l’automne, la seconde au printemps de l’année suivante. Cette particularité suffirait pour éclairer l’épithète « mère fille de leurs filles ». Apollinaire était assez érudit pour avoir choisi de remployer ces vieux termes. Il connaissait probablement aussi leur lointaine origine mystique qui leur donne plus de saveur et les rend éminemment  propres à remplir une fonction poétique. On retrouve, par exemple, l’expression chez Chrétien de Troyes parlant de la Vierge Marie : « Puisse vous l’accorder le glorieux père qui fit de sa fille sa mère ! »

Venons en maintenant à l’étymologie du mot colchique. Ce nom est dérivé de Colchide, une région d’Asie mineure, actuelle Georgie. C’est là que vivait Médée. L’histoire de Médée,  particulièrement sombre, est ponctuée de meurtres et de fuites. Médée, était la fille d'Æétès, roi de Colchide. Très tôt, Médée, comme sa tante Circé, devint une magicienne habile et une prêtresse d'Hécate. Quand les Argonautes débarquèrent en Colchide, pour conquérir la Toison d'or, ils se heurtèrent à l'hostilité d'Æétès, gardien du trésor. Cependant ils reçurent l'appui de Médée qui s'était éprise de Jason. Experte en magie, elle donna à son amant un onguent dont il devait s'enduire le corps pour se protéger des flammes du dragon qui veillait sur la Toison d'or. Elle lui fit aussi présent d'une pierre, qu'il jeta au milieu des hommes armés, nés des dents du dragon: aussitôt, les guerriers s'entre-tuèrent et le héros put s'emparer de la Toison Pour remercier Médée, Jason lui proposa de l'épouser. La magicienne s'enfuit alors avec lui, et, afin d'empêcher Æétès de les poursuivre, elle tua son frère Absyrtos, dont elle sema les membres sur sa route pour retarder les poursuivants Selon la légende les  colchiques seraient nés d’une goutte de poison détenu par Médée et tombée au sol. D’Euripide à Anouilh, de Charpentier à Darius Milhaud, de Pasolini à Lars von Trier le mythe de Médée a donné naissance à un nombre impressionnant de tragédies, d’opéras et de films.

Guillaume Apollinaire grand connaisseur de la mythologie a certainement pensé à cette légende en écrivant son poème. Sans doute savait-il également que les Anglais désignent le colchique par le mot "meadow saffran" (le safran des prés, aux vertus aphrodisiaques) et le surnomment "naked lady »" (femme nue). Les Allemands le nomment couramment "Herbstzeitlos" (ce qui signifie automne éternel). Dans certains parlers dialectaux ou régionaux, le colchique se dit "nakte Jungfer" (la vierge nue) ou bien « Nackte Hur » (la prostituée nue). La notion de nudité associée au colchique que l’on retrouve en Angleterre et en Allemagne s’expliquant par l'absence de feuilles vertes autour de la fleur puisque comme on l’a vu plus haut les feuilles apparaissent après les fleurs.

J’ai maintenant une question pour nos amis chinois : comment dit-on colchique en chinois ? Y a-t-il des légendes attachées à cette fleur ?

Ce poème est peut-être un peu dérangeant car l’amour y rime avec souffrance, Eros avec Thanatos. Cela s’explique par des éléments biographiques :  placé juste après “La chanson du mal aimé”, il appartient au « Cycle d’Annie » en souvenir de son amour malheureux pour Annie Playden. Mais maintenant, toutes choses apaisées et sublimées et pour reprendre les mots de Marguerite Yourcenar et d’Aragon peut-être peut-on pardonner aux colchiques et à Médée comme « on pardonne à l’amour qui fait tant souffrir » car « la souffrance engendre les songes comme une ruche ses abeilles » : un poème, un air de guitare, un opéra.

Pour terminer cet article revenons à notre question : faut-il expliquer un poème ? Les différents noms donnés au colchique nous ont conduits à ouvrir les livres des anciens botanistes, à rencontrer les Argonautes à la recherche de la Toison d’or, à nous promener dans les prairies d’Angleterre et d’Allemagne. Dans son étude sur le poème d'Apollinaire, Claude Lévi-Strauss écrit : « Si une figure mythique, poétique ou plus généralement artistique nous émeut, c’est parce qu’elle offre à chaque niveau une signification spécifique qui reste néanmoins parallèle aux autres significations, et parce que, de façon plus ou moins obscure, nous les appréhendons toutes en même temps ». C’est pourquoi personnellement j’aime les commentaires, les notes qui nous aident à mieux comprendre un poème et d’une manière plus générale une œuvre d’art.

Cela est vrai pour les poèmes français, cela l’est encore plus pour les poèmes chinois pour lesquels il faut non seulement expliquer le contexte culturel mais où l’on se heurte également à des problèmes de traduction. Ce soir, Marie-Claude et Michel m’ont prêté une anthologie de poèmes chinois. J’y ai retrouvé un poème de Tao Yuanming que j’avais déjà lu dans une autre anthologie. Mais entre les deux anthologies la traduction est sensiblement différentes. C’est ce que nous verrons dans un prochain article en espérant qu’un membre de notre chère chorale pourra nous aider à mieux comprendre  le poète chinois.

Jean-Louis

jeudi 4 décembre 2014

Faut-il expliquer les poèmes ?

Temps pluvieux, brumeux. Pas de doute c’est bien l’automne. A chaque saison ses traditions et ses plaisirs.  C’est aujourd’hui la Sainte Barbe. N’oubliez pas de planter votre blé dans trois coupelles en rappel de la trinité.

                                        Le blé de la Sainte Barbe

A chaque saison ses traditions mais aussi ses poèmes. Les éditions Moudarren ont eu l’excellente idée de publier un recueil de poèmes chinois pour chaque saison (On peut les trouver à l’Alcazar). Ces poèmes sont illustrés de belles calligraphies. Le poème chinois que je vous présente aujourd’hui est de Yang Wan Li, un poète de la dynaste des Song. Comme poème français j’ai choisi Les colchiques de Guillaume Apollinaire car il contient une petite énigme qui nous conduira à nous poser cette question : faut-il expliquer un poème ?

Le poème chinois



Le bananier de Yang Wan Li
Quand le bananier rencontre la pluie aussitôt il se réjouit
Toute la nuit il produit un son clair, joli de surcroît
Les notes aigües imitent ingénieusement les mouches heurtant le papier
Les notes graves résonnent comme une source descendant la montagne
Trois gouttes, cinq gouttes, je les entends toutes distinctement
Les dix mille bruits se sont tus, cette nuit d’automne est tranquille
Le bananier seul se réjouit, l’homme seul s’attriste
Je préférerai que le vent d’ouest cesse et que la pluie cesse aussi
Traduit par Cheng Wing fun et Hervé Collet


Le poème français

On pourrait surnommer Guillaume Apollinaire "le poète de l’automne".
Dans Signe, il déclare être soumis au signe de cette saison :

Mon Automne éternelle ô ma saison mentale

Dans Automne malade il écrit :

Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille.

Aujourd’hui  pour illustrer l'automne, j’ai choisi Les colchiques un poème très connu qui contient dans ses vers 10 et 11 une petite énigme mythico-littéraire :


Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement

Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne

Guillaume Apollinaire « Alcools » 1913

Apollinaire déclare que les colchiques sont comme des « mères filles de leurs filles ». Que signifie cette expression ? S’agit-il d’une licence poétique ? Ou peut-on l’expliquer par des considérations botaniques, historiques, mystiques ou mythologiques. Si oui ces explications renforcent-elles l’émotion esthétique que nous ressentons en lisant ce poème ?
Je vous propose d'aborder ces questions dans un prochain article.

Jean-Louis