lundi 31 décembre 2007

新年好 !






Que la nouvelle année déborde de bonheur et de prospérité et que tous les voeux formulés deviennent réalité ! Meilleurs Souhaits pour Le Nouvel An !

Baixue

Rétrospective 2007 complète







dimanche 30 décembre 2007

Prochaine séance de film - Riding alone, pour un fils



Salut,

Prochain rdv de film au local Chinafi: 19 janvier 2008 à 16H30 au bureau de CHINAFI.

Le film: Riding alone, pour un fils. Un autre ouvrage de Zhangyimou, avec Ken Takakura (高仓健 gao1 cang1 jian4).

Alors que son fils Kenichi est mourant et qu'il refuse de le voir, Takata, son père, va parcourir des milliers de kilomètres et tout mettre en oeuvre pour exaucer le rêve de ce dernier...

P.S.: Le tournage est fait principalement à Lijiang (丽江).

东坡肉



星期天下午,我们在你可乐家试烧 东坡肉

samedi 29 décembre 2007

Shitao : Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère


En complément aux articles sur la peinture, voici des extraits de : Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère de Shitao avec les commentaires de Pierre Ryckmans.
(Le texte de Shitao est en caractères gras)
Le traité de Shitao se présente extérieurement comme un manuel de peinture, divisé en chapitres analytiques. Mais à la lecture, il révèle aussitôt une double originalité essentielle qui ne trouve de répondant dans aucune branche de la littérature esthétique : il s'agit en effet d'un ouvrage exclusivement philosophique, dont la pensée est organisée en un système synthétique.
Shitao fonde sa pensée hors du temps, au-delà des oeuvres et des écoles ; il ne s'occupe ni des peintres ni des peintures, mais du Peintre et de la Peinture ou, plus exactement de l'Acte du Peintre.
Il incarne de manière exemplaire l'attitude du peintre chinois, épurée jusqu'en ce qu'elle représente de plus universel, c'est-à-dire, la vision de l'homme agissant en communion avec l'Univers.

Chapitre I - L'Unique Trait de Pinceau
Dans la plus haute Antiquité (Etat de Nature, antérieur à l’Histoire), il n'y avait pas de règles ; la Suprême Simplicité ne s'était pas encore divisée.
Dès que la Suprême Simplicité
(expression taoïste. Le sens originel du mot est celui d'un bloc de bois brut, non taillé) se divise, la règle s'établit.
Sur quoi se fonde la règle ? La règle se fonde sur l'Unique Trait de Pinceau.
L'Unique Trait de Pinceau est l'origine de toutes choses, la racine de tous les phénomènes ; sa fonction est manifeste pour l'esprit, et cachée en l'homme, mais le vulgaire l'ignore.
Par le moyen de l'Unique Trait de Pinceau, l'homme peut restituer en miniature une entité plus grande sans rien en perdre : du moment que l'esprit s'en forme d'abord une vision claire, le pinceau ira jusqu'à la racine des choses.
S'abandonnant au gré de la main, d'un geste, on saisira l'apparence formelle aussi bien que l'élan intérieur des monts et des fleuves, des personnages et des objets inanimés, des oiseaux et des bêtes, des herbes et des arbres, des viviers et des pavillons, des bâtiments et des esplanades, on les peindra d'après nature ou l'on en sondera la signification, on en exprimera le caractère ou l'on en reproduira l'atmosphère, on les révèlera dans leur totalité ou on les suggérera elliptiquement.

Ce sont juste quelques citations dont je ne sais si elles pourront présenter un intérêt dans la publication à venir mais que j'ai plaisir à faire partager.
A l'année prochaine!
Françoise

vendredi 28 décembre 2007

Shanshui


Shanshui : Montagnes et Eaux
C’est une des expressions utilisées en Chine pour désigner le paysage et plus particulièrement le paysage littéraire et pictural.
Les citations de cet article sont extraites du livre de Yolaine Escande « Montagnes et Eaux, la culture du shanshui » paru aux éditions Hermann.
Elles vont nous permettre de retrouver de nombreuses notions déjà abordées, par exemple, dans l’article de Françoise sur le Tai Ji Quan.

Le Yin et Yang :
« Les deux éléments de la montagne et de l’eau incarnent le principe universel de vie et correspondent par analogie aux pôles cosmologiques à l’œuvre dans l’univers en constante mutation des Chinois, l’eau relevant du principe yin (l’ubac, l’ombre, la lune, la terre, la féminité, la souplesse, etc.) et la montagne du yang (l’adret, la lumière, le soleil, le ciel, la masculinité, la rigidité, etc.). De même, l’association entre corps humain et corps cosmique ne peut se concevoir que dans la montagne : les rochers composent son squelette, les rivières, son sang, les arbres et les plantes, ses cheveux, les brumes et les vapeurs, sa respiration etc. Inversement, il est courant que le corps humain soit représenté sous la forme d’une montagne. »
Et l’on se souvient que Baoyu, avant de s’incarner dans le jeune garçon, héros du Rêve dans le Pavillon Rouge, fut d’abord un Roc doté de la parole et de la faculté de se promener le long de la rive du Fleuve des Eaux transcendantes, qui baigne les contrées d’Occident.

L’importance de l’écrit :
« C’est l’inscription calligraphiée qui transforme un site géographique en paysage, que ce soit dans la nature ou dans un jardin …ce qui caractérise le paysage chinois c’est qu’il porte systématiquement des inscriptions calligraphiées …qui indiquent ce que le promeneur doit ou peut ressentir ou percevoir, et non simplement ce qu’il doit voir. Ainsi, un paysage géographique non inscrit ne peut se reconnaître et demeure dans l’indifférencié ; un jardin sans tablette calligraphiée ne peut pas exprimer tout son charme. Il revient à l’homme d’établir une relation ordonnée entre terre et ciel, par le truchement de la trace inscrite à même les rochers et les falaises, ou sur des enseignes. »

Les inscriptions transforment le paysage en lieu de mémoire.
Anne Kerlan-Stephens nous a montré, dans l’article précédent que les commentaires rédigés sur les peintures transformaient celles-ci en lieu de mémoire. Il en va de même des inscriptions laissées par les visiteurs des générations successives.
« Le dicton populaire qui affirme que « voyager dans les montagnes revient à lire l’histoire » ne peut se comprendre sans le rôle des inscriptions. Leur accumulation sur un site contribue à instaurer une continuité historique, poétique, philosophique, qui permet au promeneur de dépasser ses limites temporelles. C’est pourquoi les paysages chinois sont vécus comme des voyages culturels, rituels et spirituels.»

L’année prochaine nous essayerons de poursuivre ce voyage dans la culture chinoise.
Nous visiterons, par exemple, les jardins chinois en compagnie de Yolaine Escande qui nous fera découvrir une notion particulièrement intéressante de la culture chinoise nous permettant de retrouver les thèmes évoqués par Françoise : "combat contre nous même, tracer notre voie" et qui nous invitera à réfléchir sur notre propre culture.

Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année et comme l’on dit en Provence : bon bout d’an …
A l’année prochaine…
Jean-Louis

jeudi 27 décembre 2007

Tai Ji Quan

Tai
























Ji



















Quan

















Tai Ji Quan : Que nous disent ces trois caractères sur cet art martial qui est lui-même une calligraphie tracée dans l’espace par notre corps dans un jeu de courbes et de lignes, dans une alternance yin / yang ?
Anne Cheng (Histoire de la pensée chinoise) nous rapporte cette définition : « Le faîte suprême est tout simplement le principe du Ciel, de la Terre et des dix mille êtres (…) Le faîte suprême n’est qu’un autre mot pour Principe »
Jean Gortais in Tai Ji Quan définit ainsi ces termes : « Tai exprime l’ultime, l’extrême, le suprême. Ji exprime la limite, le faîte. Quan exprime le poing, le combat, l’action….Tai Ji est le principe premier, universel, omniprésent, le grand jeu où s’unissent Yin et Yang, la Terre et le Ciel, le féminin et le masculin, le repos et l’activité. »
Le Tai Ji Quan est l’« action du faîte suprême, il est aussi appelé combat contre l’ombre, il puise sa signification profonde là où l’action et la méditation s’unissent ».
Et Catherine Despeux in Tai Ji Quan, art martial, technique de longue vie : « Ji signifie en premier lieu la poutre faîtière d’une maison. Mais il y a aussi dans ce terme la notion de pivot, d’axe autour duquel s’ordonnent les dix mille transformations, à partir de l’évolution du Yin et du Yang ».

Tai Ji Quan, poing (ou action) du faîte suprême regroupe donc deux principes : le principe universel du jeu du Yin et du Yang et celui du combat ou de l’action, nous aurons sans doute l’occasion de revenir sur l’importance de ce lien : pensée, intention, action, éclairant la notion trop banalisée ou mal comprise de pragmatisme chinois et mettant l’accent sur la nécessité de la pratique. Mais ce combat est simulé, l’ « adversaire » est une ombre (ou nous-mêmes) et c’est notre voie que nous traçons.
Voici ma tardive et modeste contribution. Merci à Jean-Louis de m'avoir transmis ces superbes calligraphies.
Bonne fin d'année à tous.
Françoise

lundi 24 décembre 2007

圣诞节快乐


un bon réveillon et une joyeuse journée de Noël à tous !

dimanche 23 décembre 2007

Zhu Shi


Zhu Shi : les commentaires.

Le caractère Jing (Classique), nous a montré l’importance des commentaires qui, comme la navette d’un métier à tisser, vont constituer progressivement la tapisserie de la Tradition.
Anne Kerlan-Stephens écrit que le Yijing (Classique des mutations)où chaque hexagramme est accompagné de commentaires écrits, repris eux même par d’autres commentaires, constitue le modèle le plus remarquable de ce type d’agencement.

La littérature romanesque, essentiellement symbolique laisse une large place à l’interprétation des lecteurs et à leurs commentaires. Ils peuvent même donner lieu à la naissance d’une école comme avec le Hong Xue, destiné à étudier et à commenter le Rêve dans le Pavillon Rouge.

Dans un article intitulé « Peinture et mémoire », Anne Kerlan-Stephens décrit la fonction des commentaires, des inscriptions apposés sur les rouleaux de peinture. Le spectateur devient « un acteur qui tend à transformer et à réitérer la valeur artistique de l’objet considéré. Il est de ce point de vue, mis sur le même plan que l’artiste.»
Anne Kerlan-Stephens prend pour exemple une peinture de Fang Xun (173-1799) intitulée « la bibliothèque aux fleurs éclatantes ». Trois inscriptions écrites à des périodes et par des auteurs différents vont faire de cette peinture un lieu de mémoire et une œuvre où l’émotion esthétique naît de la jonction entre le visible et le lisible.
Les inscriptions « commentent cette image. Mais elles se commentent l’une et l’autre également et permettent de faire revivre trois moments de réunions amicales et de composition poétique…les inscriptions des spectateurs ont pour conséquence d’ouvrir celle-ci sur un temps de réitération. L’image n’est plus la représentation limitée d’un monde clos, d’un moment donné du temps, elle devient un fragment que les spectateurs se sont appropriés, le réinscrivant dans le présent de leur texte, et le transmettant à d’autres spectateurs…Alors même que les textes évoquent la fuite du temps, ils rendent possible la réitération du passé, conférant à ce qui n’était que la représentation particulière d’un moment un caractère d’universalité. …La peinture ne deviendrait pas ce lieu de mémoire sans les textes. Ceux-ci arrachent le spectateur à la stricte contemplation d’une représentation, l’incitent à regarder la peinture comme du lisible, à lire celle-ci. Le passage du visible au lisible, qui est aussi passage de l’espace au temps, s’opère sans violence, tant il semble que l’un et l’autre sont les deux faces d’une même chose…Il n’est pas indifférent, à ce titre, de rappeler que « regarder une peinture » se dit parfois en chinois avec un verbe qui signifie lire (du) ».

Sheng dan kuai le à tous.
A suivre,
Jean-Louis

Zhong Guo Hua 2ème partie




Dans le premier article consacré à la peinture, Anne Kerlan-Stephens nous a montré comment le rouleau, support de la peinture chinoise, permettait une découverte progressive de l’œuvre d’art et réservait au spectateur, maître du déroulement, un rôle actif.
Nous retrouverons cette prédilection pour une découverte progressive, pour un champ laissé à la curiosité, à l’interprétation du spectateur dans la composition des jardins chinois, dans l’expression des sentiments, dans la littérature et même dans la langue.

La composition des jardins.
Dans un récit plein d’humour contenu dans le chapitre XVII du Rêve dans le Pavillon Rouge, le père du héros, Jia le Politique, et ses conseillers visitent le jardin qui vient d’être aménagé pour accueillir la première des demoiselles Printemps devenue compagne impériale. Ils veulent s’assurer que tout est conforme aux canons de la beauté chinoise. Les promeneurs se trouvent d’abord « devant une chaîne de buttes de roches verdies, formant écran …Sans elles, dit Jia le Politique, on découvrirait d’un seul coup d’œil, après être rentré, l’ensemble des paysages. Qu’y aurait-il dès lors d’intéressant ? »

L’expression des sentiments.
On sait que les chinois apprécient peu la démonstration des sentiments. Ils préfèrent la réserve, le demi-mot.
Les rapports amoureux de Lin Daiyu et de Jia Baoyu, les deux héros du Rêve dans le Pavillon Rouge sont tout entiers contenus dans cette phrase : « De sorte que chacun cachait à l’autre ses secrètes pensées et ses véritables sentiments, et ne recourait qu’à des feintes pour essayer de deviner ceux de l’autre ».

La langue.
Dans la formulation de la pensée également les Chinois préfèrent laisser le champ libre à l’interprétation du récepteur. Emmanuel Cornet dans son livre « A la découverte du Chinois, éditions EK » fait remarquer que le mot définition a été introduit récemment dans la langue chinoise. Il précise « Pour les Chinois, il est beaucoup plus intéressant, savoureux , de laisser certaines choses cachées, ambiguës, seulement à moitié expliquées…si tous les mots de la langue ont leur signification, définie de façon indiscutable dans un dictionnaire, avec une rigueur scientifique, si les sentiments et les émotions de chaque individu sont connus de tous et qu’il n’y a aucune gêne à les nommer clairement, devant n’importe qui, alors c’est comme un problème dont on a déjà trouvé toutes les solutions : tout est dévoilé, défini et réglé, il ne reste plus rien à découvrir…Les Chinois utilisent d’ailleurs un mot inattendu pour désigner des émotions trop facilement dévoilées, criées sur tous les toits : en pinyin : rou ma qui signifie d’habitude « dégoûtant ». On pourrait presque dire qu’un mot qui annonce trop clairement sa signification, c’est comme un amoureux qui avoue sa flamme trop directement, ou un roman dont l’auteur scande le message profond sans subtilité : c’est rou ma (le premier de ces deux caractères signifie « viande », « chair »). Les Chinois préfèrent laisser des zones d’ombre, c’est beaucoup plus intéressant. »

C’est le propre d’une pensée symbolique de rechercher le sens moins dans des définitions que dans des rapprochements, des correspondances, des images.
Tout ne doit pas être dévoilé de prime abord. Il faut laisser une place à l’imagination, à l’interprétation, à la curiosité.
Ce rôle actif du spectateur nous le retrouverons dans l’importance accordée aux commentaires.
A suivre,
Jean-Louis


vendredi 21 décembre 2007

Thème de la conférence de Françoise Grenot-Wang







Thème de la conférence qui sera donnée le 26 janvier à l'espace culture sur la Canebière à Marseille à compter de 15h30

mercredi 19 décembre 2007

Zhong Guo Hua

Zhong Guo Hua, la peinture chinoise

Nous abordons avec cette calligraphie le domaine passionnant de la peinture chinoise.

Je propose de commencer par une citation d’Anne Kerlan-Stephens extraite du recueil « Du visible au lisible » Editions Philippe Picquier. L’auteur s’intéresse au support de la peinture et montre comment celui-ci va conditionner l’attitude du spectateur.

« La nature d’un objet d’art tient autant à l’objet lui-même qu’aux usages qui en sont faits. Ainsi une peinture est en Chine un objet bien différent de cette surface unidimensionnelle, de bois, de papier ou de toile que l’on connaît en Occident, d’une part parce qu’elle est présentée sur des supports différents, rouleaux, éventail ou feuilles d’album, d’autre part parce qu’elle appelle des pratiques de contemplations autres. Les peintures n’étaient pas toujours accrochées, et lorsqu’elles l’étaient, c’était pour de courtes périodes. Les rouleaux horizontaux n’étaient pas vu dans leur entier d’un seul coup d’œil, on les examinait progressivement sur des tables réservées à cet usage ; quant aux rouleaux verticaux, ils étaient aussi souvent déroulés devant le spectateur, qui soit les tenait entre ses deux mains soit les regardait en se tenant assez près. Ce spectateur, pour qui regarder une peinture signifiait aussi la manipuler, intervenait très souvent en portant des inscriptions soit directement dans l’espace pictural, comme les peintres, soit en d’autres endroits du rouleau…..
Une telle pratique tend à effacer la distinction faite entre auteur et spectateur et amène à poser la question de la définition de tels termes selon la culture chinoise traditionnelle : le spectateur est aussi un acteur, qui tend à transformer et à réitérer la valeur artistique de l’objet considéré. »

Nous pouvons retenir deux grands traits dans cette présentation :
- une préférence chinoise pour une découverte progressive de l’œuvre d’art : peinture, jardin, roman…Nous verrons que cette préférence pour la découverte progressive s’étend aussi à l’expression des sentiments.
- la place accordée aux commentaires du récepteur

Ces deux caractéristiques ont un même résultat : rééquilibrer les rôles respectifs de l’auteur et du spectateur en accordant un rôle plus actif à celui-ci.

Nous le verrons dans les prochains articles.
A suivre…
Jean-Louis

lundi 17 décembre 2007

Lanting Tu, 2 ème partie



Lanting Tu. La préface du Pavillon des Orchidées.
Dans cette nouvelle version le texte est calligraphié avec les caractères que l’on trouve sur les lamelles de bambou.
En écrivant Song Weiyi m’expliquait les caractères. Elle me montrait la barbe clairsemée si difficile à réaliser qui sert à désigner les vénérables lettrés. Dimanche soir, en buvant le thé chez Joël et Marie-Claude, bien au chaud, après notre mémorable ascension de la Sainte Baume sous la neige, nous regardions avec Olivier un livre sur la Chine. Et j’ai retrouvé, sur le beau portrait d’un vieil homme, cette barbe effectivement peu fournie et taillée en pointe.
Elle me désignait un caractère représentant un arbre avec des oiseaux rassemblés sur les branches qui signifiait la réunion des érudits en cette journée de l’an 353. Puis une table avec des livres empilés représentant la somme des textes produits lors de cette rencontre. Il y a même une salière. Et là, je n’ai pas très bien compris s’il s’agissait d’un élément phonétique ou d’une représentation de la saveur. Voilà quelques unes des merveilles de ce texte. Saurez vous retrouver les caractères ainsi décrits ?
Les deux dernières lignes sur la gauche du deuxième cadre sont la dédicace. Remarquez en bas, le sceau de Song Weiyi. Pour me conformer à la Tradition, j’aurai dû apposer mes commentaires à la suite de l’œuvre. Peut-être en serai-je capable dans quelques années et après maints redoublements.
Dans un prochain article, nous verrons l’importance des dédicaces et surtout des commentaires qui entourent calligraphies et peintures et qui conduisent à rééquilibrer les rôles respectifs des auteurs et des récepteurs d’une oeuvre artistique.
Et maintenant, vénérables lettrés chinafiens, un petit devoir de vacance : traduire la dédicace. Une indication. Elle se lit bien sûr, comme le reste du texte, de haut en bas et de droite à gauche. A suivre…
Jean-Louis

dimanche 16 décembre 2007

La Sainte Baume sous la neige




Malgré la neige l'ambiance fut très chaleureuse ...

RIRE


La famille BAO respire la joie de vivre, le ciel est bleu, le partage est de mise.
La journée a été radieuse, merci à tous de votre participation.

samedi 15 décembre 2007

Lanting Tu

Lanting Tu, le Pavillon des Orchidées.

J’ai demandé à Song Weiyi de calligraphier un texte pour servir de préface à « la petite introduction à la culture chinoise ». Je lui ai expliqué le projet qui consistait à rassembler des articles écrits par quelques amis.
Comme les personnages du Rêve dans le Pavillon Rouge, elle s’est référée aux Anciens et a proposé de calligraphier un texte extrait de la préface au Pavillon des Orchidées.
Je vais vous raconter l’histoire merveilleuse et pleine de mystères de ce texte en citant Cédric Laurent (in du visible au lisible) et en me basant sur une note de Jean-François Billeter (in L’art chinois de l’écriture).
Le Pavillon des Orchidées fut le lieu d’une très célèbre réunion de lettrés tenue par Wang Xizhi (321-379) en l’an 353. Il avait invité quarante et une personnalités pour une joute littéraire. Des coupes de vins flottaient sur un ruisseau au bord duquel les participants étaient assis ; lorsqu’une coupe s’arrêtait devant une personne, celle-ci devait composer un poème selon un code précis, faute de quoi elle devait boire. Les poèmes ainsi composés ont été compilés. Wang Xizhi écrivit la préface du recueil et c’est ce dernier texte qui servit de sujet à de nombreuses peintures et calligraphies. L’original a mystérieusement disparu au VIIème siècle. Il nous est connu par des copies du début des Tang. C’est certainement le plus célèbre des modèles de calligraphies.

La référence est bien choisie, même si nous avons remplacé les coupes de vins par des calligraphies et si nous ne prétendons pas comparer nos articles aux poèmes composés lors de la réunion organisée par Wang Xizhi.
Restez fidèle au blog, je vous proposerai bientôt une version de ce texte calligraphiée dans un autre style et recelant plein de beautés.
A suivre,
Jean-Louis





Xiang Zheng 2ème partie


Xiang Zheng, en cursive : symbole

Il est intéressant de noter l’étymologie du mot symbole. Le mot symbole dérive du grec sumbalein qui signifie joindre, se rencontrer. Le symbole est au sens propre et originel en Grèce antique un tesson de poterie cassé en deux morceaux partagés entre deux contractants. Pour liquider le contrat, il fallait faire la preuve de sa qualité de contractant (ou d'ayant droit) en rapprochant les deux morceaux qui devaient s'emboîter parfaitement L’antonyme du symbolique, c’est le diabolique : ce qui divise. Le diabolique est au sens propre pour les Grecs le bâton qui semble rompu lorsqu’il est plongé dans l’eau ; au sens figuré, c’est l’apparence trompeuse. Ce qui est trompeur, fait croire à la cassure et relève de l’illusion des sens est de l’ordre du diabolique ; ce qui rapproche, reconstitue l’unité ou la totalité originelle en dévoilant du sens est de l’ordre du symbolique.

Comme l’exprime la belle image des tessons de poterie qui se rejoignent, dans la pensée symbolique, le sens naît de la mise en relation, de la mise en correspondance, de la complémentarité des éléments.
Cela me fait penser à un beau texte que François Cheng consacre au peintre Chu Ta.
« Il n’est pas de sujet majeur qu’il n’ait traité…Arbres et Rochers, Fleurs et Oiseaux, etc… Cette division traditionnelle des sujets, fondée sur la notion de complémentarité entre les différents règnes de la nature, ne pouvait que combler un esprit profondément blessé par les dissonances du monde et visiblement soucieux de retrouver, jusque dans les plus humbles choses, cette harmonie paisible que la vie lui avait si souvent refusée. Le bestiaire et l’herbier de Chu Ta, où cohabitent sans heurt visions iréniques et violentes, ne sont au fond que l’expression d’un désir éperdu de réconciliation. »
A suivre,
Jean-Louis

la sainte baume sous la neige !


En direct de la Sainte Baume :
prévoyez les gants pour faire les batailles de boules de neige comme au Tholonet!
Marie-Claude

vendredi 14 décembre 2007

Xiang Zheng

Xiang zheng : Symbole

Dans la plupart des messages précédents nous avons vu le caractère symbolique de l’écriture chinoise. Le symbolisme imprègne toute la pensée chinoise.
Dans son introduction au livre de Marcel Granet "la pensée chinoise", Léon Vandermeersch écrit :
« Connaître l’univers, c’est répertorier les innombrables correspondances des cycles, des structures, des formes, des nombres, par lesquelles les phénomènes s’expliquent les uns par les autres…ainsi fonctionne une pensée purement symbolique… »

Marcel Granet souligne l’importance de cette notion :
« Dominée toute entière par l’idée d’efficacité, la pensée chinoise se meut dans un monde de symboles fait de correspondances et d’oppositions qu’il suffit, quand on veut agir ou comprendre, de faire jouer. »
Le symbolisme bien entendu n’est pas propre à la pensée chinoise. Mais celle-ci est allée très loin dans cette voie. Le Rêve dans le Pavillon Rouge, par exemple, fourmille de symboles dont l’interprétation a donné naissance à une école le Hong Xue.
Avec la notion de symbole nous pouvons mettre en évidence deux idées sur lesquelles nous reviendrons avec de nouvelles calligraphies:
- une souci de mise en correspondance, de réunion, de cohérence des éléments qui composent l’univers,
- une large place laissée à l’interprétation, à l’imagination du récepteur (lecteur, spectateur).

A suivre…
Jean-Louis

PS : Nous allons en avoir des choses à fêter dimanche...

mercredi 12 décembre 2007

Yi


Avec le caractère Shi nous avons abordé le caractère magique et agissant de l’écriture et de la langue. Le caractère "Yi" qui signifie "intention" va nous permettre de développer cette idée.

De nombreux auteurs ont signalé ce caractère agissant de la langue et de l’écriture chinoise.
Jean-François Billeter :
"Il est caractéristique qu’on ne dise pas en chinois qu’une forme, une figure ou un signe ont une signification, mais qu’ils ont une intention (yi) : forme, figure et signe sont, par essence, des passages à l’acte."

Marcel Granet :
"Le langage, vise avant tout, à agir. Il prétend moins à informer clairement qu’à diriger la conduite."

Anne Cheng :
"Le principal critère de sacralisation reste lié à l’écriture qui participe du passage d’une pratique divinatoire à une pensée cosmologique. Les signes écrits, dans leur lien originel avec la divination (rappelons que le même mot shi désigne le scribe et le devin) sont investis d’un pouvoir magique, incantatoire qui leur restera associé à travers toutes les formes ultérieures de l’expression écrite, poésie et calligraphie tout particulièrement ".
Les noms donnés aux enfants illustrent ce caractère magique et agissant.
On attend des noms qu’ils puissent agir sur la personnalité, sur le destin des enfants.

"Nommer une chose a une incidence sur sa réalité effective. " nous dit Anne Cheng.

Si, par exemple, il manque l’élément du bois dans le thème astrologique d’un enfant, ses parents lui donneront un nom, "Lin" qui signifie « forêt » et, en chinois, « Lin » s’écrit avec un caractère qui contient deux arbres. Ce caractère d’écriture contenant du bois va pouvoir se substituer à l’élément manquant dans le thème astrologique.

A suivre,
Jean-Louis

lundi 10 décembre 2007

La Ste Baume, c'est dimanche prochain !

Ne vous inquiétez pas, nous pourrons parler...
Après une promenade pendant laquelle nous pourrons admirer une forêt exceptionnelle, nous prendrons notre repas (une surprise vous attend....)
puis visite de la grotte et enfin les glacières
RV 9 heures métro La Rose ou 10 heures à la Sainte BAUME
à dimanche donc pour une journée NATURE

Shi


Anne Cheng nous signale que ce caractère qui se prononce Shi signifie à la fois scribe et devin.
Que nous apprend ce caractère ?

Aux temps mythiques où Huangdi, l’Empereur jaune, régnait sur la Terre. Les Sages qui gouvernaient le monde avec lui s’inspirèrent des empreintes d’animaux, des traces de pattes d’oiseaux sur le sable, des diagrammes, des signes que la nature leur révéla pour former l’écriture et la peinture.

Un texte d’époque Tang cité par Jean-François Billeter relate le mythe ainsi :
"L’écriture la plus ancienne est l’invention de Cang Jie, le devin de l’Empereur Jaune. Il avait quatre yeux, de sorte qu’il était voyant et pénétrait tout de son regard. Il observa au dessus de lui les méandres de la constellation Kui et devant lui les signes de la tortue et les traces des oiseaux. Il recueillit tous les motifs qui avaient une vertu expressive et, les combinant, créa les caractères d’écriture."

Jean-François Billeter poursuit :

"Deux de ses yeux lui servait à observer le Ciel, et les deux autres à observer la Terre, ce qui lui permit d’en avoir une vision unifiée. Puisque Ciel et Terre symbolise dans la cosmologie chinoise les principes de l’action (yang) et de la réaction (yin) dont les combinaisons produisent toutes choses, cela signifie que Cang Jie saisit tous les phénomènes dans leur totalités mouvantes et capta leur figures pour les représenter par l’écriture, comme les calligraphes le font dans leur art."

Ainsi l’inventeur mythique de l’écriture n’est pas présenté comme une figure prométhéenne, mais comme un devin.

La proximité entre la Nature et l’écriture va entraîner plusieurs conséquences importantes.
- le caractère sacré de l’écriture
- le pouvoir magique et agissant de l’écriture et de la langue.

Il est également amusant de constater que le lien entre écriture et divination se retrouve dans le fait que les Chinois se servent encore aujourd’hui de leur écriture pour faire des devinettes ou pour dire la bonne aventure.
Nous développerons ces thèmes plus tard. Contentons nous, dans cet article de parler du caractère sacré de l’écriture.

Ivan Kamenarovic raconte une anecdote relatant cette particularité. Encore au début du siècle passé, des personnes étaient chargées de ramasser, dans la rue, les papiers contenant des caractères d’écriture pour qu’ils ne soient pas foulés au pied.
Le signe écrit peut aussi parfois tenir lieu de représentation de la divinité. Ainsi, Jean-François Billeter dans son livre « l’art chinois de l’écriture » nous montre une femme en prière devant le caractère « fo » qui signifie « Bouddha », caractère gravé dans un bloc de rocher derrière le Nan Putuosi d’Amoy, l’un des principaux sanctuaires bouddhiques de la Chine du Sud.

A suivre …
Jean-Louis

dimanche 9 décembre 2007

Tao Tö King, chapitre 8



"La grande perfection est comme l'eau. Comme elle, elle dispense ses bienfaits aux dix mille êtres et ignore les luttes. Comme elle, elle se détourne des obstacles et les évite, descend vers la vallée et demeure là où les hommes ne veulent pas habiter.

C'est pourquoi elle est proche du Tao.

Dans tout et pour tout, la perfection commande l'humilité. Elle demande au coeur d'être profond comme un puit.

Dans les rapports avec les autres, elle réclame des trésors de patience.

De la parole elle attend la vérité.

Quand il faut gouverner, elle impose la loyauté et l'ordre.

Quand il faut agir elle exige la compétence.

Elle s'exerce au moment opportun et ne lutte jamais. Ainsi, elle ne peut s'égarer."

Tao Tö King, chapitre 8.

Il y a beaucoup de sagesse, plus ou moins accessible, dans les différents chapitres du Tao Tö King, ma contribution aux "éditions chinafi sur la culture chinoise" se limitera à vous faire partager ce chapitre 8 que j'apprécie; pour le reste, je préfère lire vos délicieux articles.

Baixue

Conférence de Françoise Grenot-Wang



Invitée par Chinafi, Françoise Grenot-Wang donnera une conférence à Marseille le 26 janvier 2008 à l'espace culture sur la Canebière à Marseille.

Qi, 2ème partie

Qi, le souffle en caractère simplifié.
Effectivement, Nicole a raison, l'élément du riz a disparu.

Grâce aux belles calligraphies de Song Weiyi, nous voyons apparaître peu à peu quelques un des motifs de cette tapisserie qui constitue la pensée chinoise (pour reprendre l’image proposée par le caractère Jing).

Ces motifs pourraient se nommer : unité, continuité, cohérence.
Unité, continuité (voir les caractères Yin et Yang) des éléments qui composent le monde conçu comme une globalité ou tout est en relation avec tout (voir caractères Wang et Ren).

« il en résulte une vision du monde, non pas comme un ensemble d’entités discrètes et indépendantes dont chacune constitue en elle-même une essence, mais comme un réseau de relations entre le tout et les parties sans que l’un transcende les autres. »
« à la fois esprit et matière, le souffle assure la cohérence organique de l’ordre des vivants à tous les niveaux. ». Anne Cheng.

Lorsque nous aborderons la calligraphie, la littérature, la peinture, la médecine, la conception du temps…nous retrouverons ces notions à l’œuvre dans tous ces domaines et elles nous permettront de mieux les comprendre.

Ainsi dans le domaine artistique François Cheng, commentant l’œuvre du peintre Chu Ta, écrit : « Entre Ciel et Terre, entre Yin et Yang, l’Esprit établit un jeu subtil d’équilibres qui dynamise et unifie tout ce qui sans cela demeurerait figé ou dispersé – le mouvement créateur de l’Esprit renvoyant toujours à l’unité ce que Lao-Tseu exprime par ces mots :
Le Ciel atteint l’unité et devient clair,
La Terre atteint l’unité et devient stable,
Les esprits atteignent l’unité d’où leur pouvoir divin,
La vallée atteint l’unité et se remplit d’eau,
Les êtres atteignent l’unité et se multiplient,
Le prince atteint l’unité et règne sur le monde. »

Cette cohérence est sans doute porteuse de sens mais elle pose aussi des questions difficiles, presque douloureuses déjà évoquées dans le forum ou sur le blog. Nous y reviendrons plus tard …
A suivre …
Jean-Louis

Hulusi, BigBang et Tao



Voici ci-dessus une photographie d’un « hulusi » ou « flûte gourde ». La partie supérieure est constituée d’une calebasse formée de 2 cavités pas complètement identiques mais pas complètement différentes non plus. On dirait que ces deux cavités sont en train de se séparer. J’y vois là une illustration d’une transformation en cours. La forme de cette gourde me fait penser à une division cellulaire, processus fondamental du monde vivant. La biologie illustre à merveille ce thème cher aux chinois, de la vie qui naît d’un processus de transformation. De plus, comme l’a fait remarquer J.F. Billeter, le mot « hulu » lui-même qui signifie « gourde », illustre ce phénomène de la même manière puisque ce mot est constitué aussi des deux syllabes « hu » et « lu » ni complètement identiques ni complètement semblables et en train de se séparer. La langue chinoise possède encore quelques autres mots dissyllabiques illustrant ce propos.

Je voudrais revenir au texte sur le Tao que je trouve intéressant et beau, dont je sais qu’il influence la pensée chinoise mais que j’avoue ne pas comprendre, même avec les explications de François Cheng. Quel est le statut de ce texte ? Une théorie ? Une croyance ? Ce texte me gêne car il y a des concepts que je connais mal (le yin, le yang, le souffle) et il y a des mots que je connais bien (force, énergie, interaction, vide) et qui entrent en conflit avec mes connaissances.
Ceci dit, ce texte a l’air effectivement de décrire un processus de transformation et me fait penser à une conférence du physicien Edgard Gunzig et ce qu’il disait présente une analogie avec le texte sur le Tao.

Que disait E.Gunzig ? Tout le monde connaît la théorie du big bang, cette immense explosion à l’origine de l’univers il y a 15 milliards d’années. L’esprit humain ne peut s’arrêter à ce phénomène sans y chercher une explication. C’est sur ce sujet qu’a travaillé E.Gunzig et si sa théorie n’est pas finalisée elle propose un scénario de naissance du big bang un peu à la manière du texte sur le Tao. Et bien entendu tout part du vide. La mécanique quantique, qui a maintenant un siècle, nous appris à voir le vide d’une manière toute différente de la vision classique. De ce vide, et grâce au principe d’incertitude de Heisenberg, il est physiquement possible d’y voir émerger une particule à condition que la durée de vie de celle-ci soit très courte (temps de Planck). Comment faire pour qu’une telle particule, dite virtuelle, ne retourne pas au vide et prenne vie ? Expérimentalement on peut donner vie à ces particules en leur fournissant de l'énergie. Quel est donc le mécanisme qui peut donner cette énergie ? L’agent qui peut donner de l’énergie à une particule virtuelle, c’est l’espace lui-même (espace-temps plus exactement). La théorie de la relativité générale montre que l’espace-temps possède une source d’énergie cachée dans sa géométrie. Plus il se courbe (géométriquement et dynamiquement) plus il peut donner de l'énergie. Or une particule virtuelle a les propriétés de courber cet espace temps. C’est le scénario proposé par Gunzig pour la création de l’univers et que l’on peut résumer de la manière suivante, en faisant l’analogie avec le texte du Tao :

Le vide quantique (Tao) engendre de la matière (Un)
Cette matière engendre de la courbure d’espace temps (Deux)
La courbure de l’espace temps produit de l’énergie (Trois)
Par ce processus en boucle, il y a création de l’univers (les dix mille êtres)

N’y a-t-il pas là une analogie frappante ?
C’est le sens de la démarche du « Tao de la physique » de faire apparaître des similitudes entre science moderne et pensée orientale.

Il est à noter que ce très beau scénario, qu’on aimerait tant être vrai, n’est pas encore validé scientifiquement (on n’est pas là dans le cadre d’une croyance) car la mise en équation de ce scénario valide qualitativement ce processus mais pas encore quantitativement et il s’en faut encore de beaucoup.

Olivier.

samedi 8 décembre 2007

Sympathique réunion de travail

Qi

Qi, le Souffe.
Dans son ancienne graphie on reconnaît l’élément du riz (mi). Song Weiyi, à qui nous devons ces belles calligraphies (merci à elle), m’a dit que le riz pouvait être considéré comme le symbole de la nourriture entretenant le souffle vital.
Cette explication est intéressante. Je ne sais si elle est exacte. Toujours est-il que cette notion de Souffle que nous avons vu apparaître dans l’article sur le Yin et le Yang occupe une place centrale dans la pensée chinoise.
Les caractères Wang et Ren nous ont appris l’importance de la relation. Le monde est conçu comme une totalité dont la cohérence est assurée par le souffle vital.

« Tout ce qui apparaît (en Occident) comme tranché, séparé, défini, est regardé en Chine comme éternellement en rapport avec la totalité des autres éléments du monde, dont il ne saurait être question de distraire tel ou tel pour l’isoler du reste. Tout est sans cesse en rapport avec tout, et un mouvement perpétuel anime la totalité des choses. Là où (le regard occidental) s’efforce d’isoler ce qu’il voudrait comprendre, le regard chinois tente de replacer chaque élément dans son contexte au sein de la vibration incessante des souffles en circulation à travers l’univers.» Yvan Kamenarovic.

Lors de notre sympathique réunion de jeudi soir (qui m’a permis de revoir les anciens amis et et de rencontrer de nouvelles personnes qui, je l’espère, deviendront de nouveaux amis), Olivier a suggéré de rassembler quelques uns des articles parus sur le forum ou le blog. L’idée me semble excellente.

J’en ai trouvé un, sous sa signature, qui établit un lien entre le Tao, les notions de relation, de souffle et les sciences modernes. Je cite : « ces nouvelles sciences n'auraient sans doute pas pu voir le jour sans l'apport des pensées orientales (J. Needham) à tel point qu'il est parfois difficile de faire la différence entre elles Je lui suggère pour cela l'ouvrage « Le Tao de la physique » de F. Capra dans lequel l'auteur dit : «Le but de ce livre est de réhabiliter l'image de la science en montrant qu'il existe une nécessaire harmonie entre l'esprit de la sagesse orientale et la science occidentale. Il suggère que la physique va bien au delà de la technologie, que la voie (ou Tao) de la physique peut être un chemin avec un coeur, menant à une connaissance spirituelle et à une réalisation personnelle. »
Pour illustrer cette proximité entre sciences modernes et sagesse orientales, Olivier cite deux phrases :
«c'est un fait de pure expérience, il n'existe pas d'espace sans temps, pas de temps sans espace, il s'interpénètrent » D.T. Suzuki , préface au Bouddhisme Mahayana.« désormais, l'espace en soi et le temps en soi sont contraints à s 'évanouir comme des ombres, et seule une sorte d'union entre les deux gardera une réalité indépendante. » A. Einstein, Principe de relativité.
Mais le caractère Qi a encore beaucoup à nous apprendre.
A suivre donc …
Jean-Louis

jeudi 6 décembre 2007

Yin, Yang deuxième partie















Les caractères Yin et Yang calligraphiés en cursive. Le Yin est à gauche, le Yang à droite.

C’est probablement le style que je préfère car c’est avec lui que l’on perçoit le mieux le mouvement, le souffle, le caractère en train de se former, de se transformer. Et l’on comprend en les contemplant que Zhang Xu ait pu saisir les secrets de son art en voyant évoluer une danseuse, en regardant une scène de rue ou le dandinement du cou des oies. En observant, comme le dit Sun Guoting « le jeu, les effets, les mouvements, les allures, les figures, les formes, les masses de la nature entière. »

Avec la notion de transformation, nous retrouvons une notion importante que nous avons abordée dans le message précédant avec la transformation du Yin dans le Yang.
Voici un passage célèbre du chapitre 42 du livre de la Voie et de sa Vertu (bravo Marie-Claude) où est somptueusement décrit le processus de transformation :

« Le Tao d’origine engendre l’Un,
L’Un engendre le Deux,
Le Deux engendre le Trois,
Le Trois produit les Dix milles êtres,
Les Dix mille êtres s’adossent au Yin
Et embrasse le Yang
L’harmonie naît au souffle du vide médian. »

François Chenga nous fournit une explication de ce texte dans son livre sur le peintre Chu Ta.

« Le Tao d’origine est conçu comme Vide suprême d’où émane l’Un – qui n’est autre que le Souffle primordial celui-ci engendre le Deux incarné par les Souffles vitaux que sont le Yin et le Yang. Le Yang en tant que force active et le Yin en tant que douceur accueillante, par leur interaction, régissent à leur tour les multiples Souffles vitaux dont les Dix milles êtres du monde sont animés. Toutefois, entre le Deux et les Dix Mille êtres prend place le Trois …
Le Trois, dans l’optique taoïste, représente la combinaison des Souffles vitaux Yin et Yang et de ce Vide médian qu’évoque la dernière ligne du texte … c’est lui qui attire et entraîne les deux Souffles vitaux dans un processus de devenir réciproque. »

Cette notion de mutation de transformation influence toute la culture chinoise. Nous y reviendrons quand nous aborderons la peinture. Contentons nous aujourd'hui de citer un passage du Nu impossible de François Jullien :
« Que nous dit la théorie chinoise de la peinture ? La montagne sous la pluie ou la montagne par beau temps clair sont faciles à figurer. Mais, que du beau temps on tende vers la pluie, ou que de la pluie on tende au retour du beau temps ; s’héberger un soir au sein des brouillards…quand tout le paysage se perd dans la confusion …voilà ce qui est difficile à figurer. Non pas un état défini et tranché des choses, mais le passage d’un état à un autre…la peinture chinoise peint la trans-formation. Elle peint l’effet de vague et de flou…qui va de pair avec la mutation. Or tout est toujours en mutation. Tandis que la pensée grecque valorise le formé et le distinct, d’où son culte de la Forme définitive qu’exemplifie le Nu, la Chine pense –figure- le transitionnel. Car la pensée grecque …accordant tout le crédit à la clarté nous a laissés étrangement démunis à cet égard : penser (figurer) l’indistinct de la transition. C’est pourquoi la Chine a privilégié la figuration des bambous et des rochers, des vagues et des brouillards, et non pas du nu ».
Il y aurait encore beaucoup à dire,
A suivre donc …
Jean-Louis

mercredi 5 décembre 2007

Yin, Yang première partie












Yin, vieille graphie ...........................Yang, vieille graphie














..........Yin, nouvelle graphie ..................Yang, nouvelle graphie

Le Yin et le Yang. En haut dans l'ancienne graphie, en bas dans la nouvelle graphie.

On remarquera que le Yin comporte l'élément du nuage dans l'ancienne graphie qui a été remplacé par la lune dans la nouvelle. Le Yang comporte toujours l'élément du soleil. Mais il a perdu ses rayons dans la nouvelle graphie.


Avec le Yin et le Yang nous avons le modèle des contraires complémentaires.

Aux notions contraires qui s'excluent tels que être/néant, sujet/objet, réalité/apparence, les Chinois "ont préféré mettre en avant la polarité du Yin et du Yang qui préserve le courant alternatif de la vie ...il en résulte une vision du monde, non pas comme un ensemble d'entités discrètes et indépendantes dont chacune constitue en elle-même une essence, mais comme un réseau continu de relations entre le tout et les parties, sans que l'un transcende les autres."
"On passe du Yin au Yang par transitions insensibles. " Anne Cheng
Cette notion de contraires qu'il faut accepter dans leur complémentarité est illustrée de manière amusante par Yang Liu

Dans le cadre bleu, la vision occidentale où la tête sourit quand il fait soleil et fait la grimace quand il pleut. Dans le cadre rouge, la vision orientale : la tête sourit qu'il fasse soleil ou qu'il pleuve. Nos amis chinois nous dirons si cela correspond à la réalité ...
Dans le prochain message nous continuerons à parler du Yin et du Yang et nous citerons un passage fameux du Tao-te-king.
A suivre donc ...
Jean-Louis

Course en sac

Course en sac (cousus par Nicole et décousus par les coureurs !)

Olivier

mardi 4 décembre 2007

shu


Ce caractère signifie mansuétude, réciprocité, pardonner. Il s'agit d'une autre notion clef utilisée par Confucius en relation avec le ren.
Cf Anne Cheng "A ses disciples qui lui demandent s'il est un mot qui puisse guider l'action toute une vie durant, le Maître répond : Mansuétude, n'est ce pas le maître mot ? Ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse, ne l'inflige pas aux autres.
Ce mot dont la graphie introduit une relation analogique entre les coeurs, se comprend comme le fait de considérer autrui tel que l'on se considère soi-même".

J'aime beaucoup ce caractère. Pour l'idée qu'il représente mais aussi parce qu'il exprime cette idée avec l'élément de la femme et celui du coeur.

A suivre...
Jean-Louis

lundi 3 décembre 2007

ren


Nous retrouvons la notion d’union, de relation dans le caractère « ren » qui permet de noter la grande idée neuve de Confucius, la cristallisation de son pari sur l’homme : " le sens de l’humain"
Anne Cheng nous décrit ce caractère :
"Le caractère ren est composé du radical « homme » (qui se prononce également ren) et du signe « deux » : on peut y voir l’homme qui ne devient humain que dans sa relation à autrui. Dans le champ relationnel ouvert par la graphie même de ce terme, le moi ne saurait se concevoir comme une entité isolée des autres, retirée dans son intériorité, mais bien plutôt comme un point de convergence d’échanges interpersonnels."
Anne Cheng développe longuement cette notion, une des plus importante de Confucius. nous essayerons d'en donner un résumé dans la version écrite de cette petite introduction.


J'ai trouvé amusant de mettre en relation ce caractère avec une image de Yang Liu qui a composé une série de dessins pour illustrer les différences entre l'Orient et l'Occident :


Dans la partie bleue, la vision occidentale. Dans la partie rouge, la vision chinoise.
Yang Liu est un jeune artiste chinois que nous avait fait découvrir Jin Ping.
Je vous invite à découvrir cet artiste en allant sur les divers sites qui lui sont consacrés (taper Yang Liu sur google).
A suivre...
Jean-Louis









Chorégraphie

Belle, surprenante et émouvante chorégraphie.
Qui peut nous dire le sens de la belle calligraphie au fond de la scène ?

Cécile et Olivier

dimanche 2 décembre 2007

wang



Pour aller plus loin dans notre découverte de la culture chinoise nous allons nous rendre au Japon à la rencontre du moine Kûkai, surnommé « Océan de Vacuité », né en 774. Le détour par le Japon n’est pas étonnant dans la mesure où la diffusion de l’écriture chinoise dans les pays limitrophes, Corée, Japon, Vietnam a fondé une communauté, non seulement de communication, mais aussi d’esthétique.

Le moine Kukai demeure aujourd’hui encore d’une popularité tout à fait exceptionnelle. De nombreux épisodes plus ou moins légendaires relatent les pouvoirs de sa calligraphie sur les hommes et les choses. Dans sa jeunesse, Kûkai parcourut longuement son pays afin de se livrer à l’ascèse, et la tradition rapporte qu’un soir, il découvrit une pauvre cabane où il demanda l’hospitalité pour la nuit à une vieille femme. La vieille femme lui fait don d’un bol en fer contenant du riz.

Voici la suite du récit raconté par Claire Akiko Brisset (in "Du visible au lisible") :
"Avant de repartir, le Grand Maître écrivit …sur un des piliers de la cabane les trois caractères « ciel », « terre », « union », et ces signes imprégnèrent si profondément le bois qu’on avait beau gratter l’inscription, elle demeurait toujours. Les malades qui souffrant de fièvres chroniques, buvaient de l’eau versée sur ces caractères se voyaient sans coup férir délivrés de tout mal."


On peut retenir de cette courte citation trois indications :
- la pénétration profonde de l’écriture dans le bois. Jean-François Billeter revient souvent sur cette notion de force en calligraphie qui est l'un des premiers critères d'appréciation de l'écriture. Comme le veut l'adage, il faut que la pointe du pinceau "pénètre d'un tiers de pouce dans le bois de la table", ru mu san fen.
- le caractère magique, miraculeux de l’écriture que l’on retrouve ici dans le fait qu’elle guérit les malades,
- l’union du Ciel et de la Terre, c'est-à-dire du yin et du yang et plus généralement de tous les éléments de l’univers.

Cette union du Ciel et de la Terre, de tous les éléments de l’univers est symbolisée par le caractère wang. Il est composé de trois traits parallèles dont le premier représente le Ciel, le second, les hommes, et le troisième la Terre. Le trait vertical représente le souverain qui réunit ces trois éléments.

Remarquez comme la calligraphe a varié les trois yi du caractère pour éviter la monotonie.

A suivre ...
Jean-Louis

Jing



Comme promis voici quelques extraits de la "Petite introduction à la culture chinoise à partir de quelques calligraphies."
Ce caractère se prononce Jing et signifie : "ouvrage classique" qui forme la tradition. Voir "Yi Jing" "le livre des mutations".
On reconnait à gauche la clef de la soie et à droite la trame d'un tissu.
Mais pourquoi Les Classiques, la tradition sont-ils représentés par la trame d'un tissu ?

Anne Cheng nous en fournit l'explication. La Tradition s'est formée par des dialogues entre les générations qui ont progressivement constitués la pensée chinoise. Ces dialogues sont symbolisés par le va et vient d’une navette tissant peu à peu une tapisserie (la Tradition) qui révèle au sens photographique du terme les motifs de l’univers.

"Le tissage au cours du temps d’une tapisserie de « dialogues internes » qui finissent par laisser apparaître des motifs en relief.

…Le plus souvent, le texte constitue au sens propre un tissu qui suppose chez le lecteur une familiarité avec les motifs récurrents. Alors qu’il donne l’impression de ressasser des énoncés traditionnels, à la manière d’une navette qui passe et repasse inlassablement sur la même chaîne, c’est au motif qui se dessine peu à peu qu’il faut être attentif, car c’est lui qui est porteur de sens.


Le texte, comme texture, se contente de faire apparaître les motifs fondamentaux de l’univers, il ne s’y superpose pas comme un discours sur l’univers…
Dans ce sens, les Classiques représente la trame de l’univers lui-même transcrite, mise en signes : au lieu de démarquer l’homme par rapport au monde, elle noue entre eux un lien intime…Les Classiques constituent un vaste réservoir de la sagesse des hommes accumulés tout au long des siècles, un trésor d’exempla qui peuvent s’appliquer en toute occasion…il s’agit en grande partie d’une littérature de commentaires

Cette notion de Tradition, de fonds commun occupe une place importante dans la pensée chinoise.
Par exemple les personnages du "Rêve dans le Pavillon Rouge" se réfèrent aux Classiques qu'il s'agissent pour eux de nommer les lieux d'un jardin, de composer un poème ou de règler leur conduite.
Dans la vie quotidienne on sait le goût des chinois pour les adages, les proverbes, les chengyu qui forment un fonds commun auquel on aime à se référer.

Voilà ...à suivre.

PS On a pu retrouver le nom de l'auteur des belles calligraphies qui servent de support à cette petite introduction. Il s'agit de Song Weiyi.

samedi 1 décembre 2007

Petite introduction à la culture chinoise




Les éditions Chinafi sont heureuses de vous annoncer la parution prochaine d'un ouvrage intitulé "Petite introduction à la culture chinoise à partir de quelques calligraphies."

Tous ceux qui souhaitent participer à cet ouvrage sont les bienvenus pour écrire des articles, par exemple, sur le Tai Ji Quan, le Shanshui, la peinture, la musique, les fêtes chinoises...

Les fidèles lecteurs du blog auront le privilège de pouvoir lire dans ces colonnes quelques extraits du livre au fur et à mesure de sa rédaction.

Les deux caractères ci-dessus calligraphiés en "cursive folle" ou "écriture de l'herbe" signifient "Tolérance". Puissent toutes les cultures évoluer vers cette vertu.
Anonymous

Voyage au Sri Lanka