vendredi 26 décembre 2008

BONNE ANNEE 2009

PROGRAMME RENCONTRES CHINAFI
1er Semestre 2009

sous réserves de modifications

Dimanche 25 Janvier : LE COLORADO DE RUSTREL
L’homme et l’érosion ont créé un paysage bizarre aux couleurs somptueuses qui enthousiasme tous les photographes.

Samedi 07 Février : NOUVEL AN CHINOIS.
N’oubliez pas de vous inscrire car le spectacle et la fête seront au rendez-vous.

Samedi 21 Février : CALLELONGUE.
Notre guide sera notre ami Marc Armelin qui saura nous faire partager son amour de nos magnifique calanques qu’il faut avant tout préserver.
Voici son conseil : « Il faudra bien préciser qu'il ne faut pas avoir trop le vertige... Et être capable de marcher 4-5 heures... »



Dimanche 29 Mars : FONTBLANCHE
C’est en compagnie de Jean Marc Galiano que nous découvrirons ce site avec à la clé la visite d’une cave.
Les habitués de nos randos vous diront combien les commentaires de cet amoureux de la nature sont enrichissants.


Dimanche 19 Avril : LA CAMARGUE
Notre visite du 21 décembre dernier ayant été un enchantement nous avons décidé de retourner en Camargue pour cette fois faire toute la rando de la digue à la mer avec visite de l’écomusée du sel.

Dimanche 17 Mai : LE MONT SAINT CYR
A 610 m d'altitude, le mont Saint-Cyr domine la ville de Marseille et les collines environnantes. Très beau panorama. Une vue splendide dans un site sauvage
Notre guide sera Muriel Roure.


Samedi 06 Juin : VISITE DE NUIT.
Notre guide sera à nouveau Jean Marc Galiano qui va nous faire découvrir la nature …de nuit !!!
Il nous a assuré que cette visite serait émaillé de nombreuses surprises.


Enfin Dimanche 28 Juin : visite du château de Picasso à Vauvenargues.
Merci de vous inscrire au plus tôt car je vais réserver les places dès le 12 janvier prochain.


je me tiens à votre disposition pour des renseignements supplémentaires

VIVE CHINAFI ET PERPETUONS ENSEMBLE L'AMITIE QUI NOUS LIE

Nicole

mercredi 24 décembre 2008

诞节快乐 !




Joyeux Noël à tous les membres de Chinafi !
Je vous souhaite de passer de très belles fêtes de fin d'année !

Gwénaëlle

dimanche 21 décembre 2008

Il y avait du vent

Mais ce fut quand même une magnifique découverte de la Camargue que Nicole nous a proposé aujourd'hui :le bac de barcarin, les montagnes de sel, les flamands roses, les chevaux, l'étang de Vacares, nous avons terminé par un pique nique à Méjanes bien à l'abri du vent.
Une pensée pour Annie qui s'est fait mal au genou. Donne nous vite de tes nouvelles.


Jean-Louis

dimanche 14 décembre 2008

Bon anniversaire



Les conditions climatiques ne nous ayant pas permis d'aller en Camargue, c'est chez Fleur et Guy que nous nous sommes retrouvés pour fêter l'anniversaire de Dan.
Alors que la pluie faisait rage à l'extérieur régnait à l'intérieur, près du feu de cheminée une chaude ambiance d'amitié dont nous avons tant besoin.
Merci à Dan d'avoir créé Chinafi et cette possibilité d'échanges entre personnes venues de tous les horizons.
Merci à nos hôtes Fleur et Guy qui nous ont reçus à l'improviste. Merci à Nicole pour ses talents d'organisatrice et son énergie communicative.
Une autre vedette de la soirée, ce fut la petite Angela que tout le monde voulait porter.
Encore un mot, la sortie en Camarge est remise à dimanche prochain.
Jean-Louis

jeudi 11 décembre 2008

Décès de Françoise Grenot Wang



C'est avec stupeur et une très grande tristesse que nous apprenons le décès de Françoise Grenot Wang.

Francoise était venue le 26 janvier dernier faire pour l'association Chinafi, une conférence passionnante sur l'action de son association "Couleur de Chine" dans le pays Miao.

Lien sur un article de P. Haski à propos du décès de Françoise

Toutes nos pensées à sa famille et à "Couleur de Chine"

lundi 8 décembre 2008

Amitié franco-chinoise


Au moment même où nos gouvernements se provoquent, s'invectivent, se donnent des leçons, se mettent en garde, se répliquent et s'insultent, à Marseille, des chinois et des français étaient réunis samedi dans la bonne humeur pour travailler à la préparation du nouvel an qu'ils veulent fêter ensemble avec le plus grand nombre possible de membres des deux communautés. Déjà des groupes franco chinois préparent des productions communes. La séance fut productive et d'ores et déjà je pense que la fête sera réussie.

Décidément les peuples chinois et français sont plus sages que leurs représentants et ces derniers devraient être davantage à leur écoute.

Dès l'annonce de l'ouverture des inscriptions, n'oubliez pas de vous inscrire.

Olivier

mardi 2 décembre 2008

Exceptionnel

Du 25 mai au 27 septembre 2009 -
Visite du château de Pablo Picasso à Vauvenargues
A l'occasion de la grande exposition Picasso - Cézanne,
le château de Vauvenargues, propriété privée,
ouvre pour la première fois ses portes au public.
C'est là que le peintre Pablo Picasso et son épouse Jacqueline vécurent entre 1959 et 1965.
C'est là qu'ils reposent, depuis leurs décès en 1973 et 1986.

Les pièces les plus significatives de la vie de Pablo et de Jacqueline Picasso seront accessibles au public par petits groupes de 19 personnes : la salle à manger, la chambre à coucher, la salle de bain où Picasso peignit à même le mur, au dessus de la baignoire, une figure de faune et l’atelier où il réalisa quelques uns de ses chefs-d'œuvre.
Prix d’entrée : 7€70

Si cela vous intéresse merci de me le dire et nous déciderons ensemble de la date.

Nicole

vendredi 28 novembre 2008

Les rêves de l'enfance


La vie et l’œuvre de Claude Lévi-Strauss sont un long plaidoyer en faveur du respect de la diversité des cultures, un cri d’alarme contre les dangers de l’uniformisation. Il partage avec Jean-Marie Gustave Le Clézio une tendresse particulière pour les populations les plus humbles, les plus défavorisées, mais dont la culture recèle, recelait des trésors inestimables.

En nous décrivant les masques, les sculptures, les œuvres d’art, les coutumes, les mythes de ces populations, il nous invite à retrouver ces lieux magiques « où les rêves de l’enfance se sont donné rendez vous ; où des troncs séculaires chantent et parlent ; où des objets indéfinissables guettent le visiteur avec l’anxieuse fixité des visages ; où des animaux d’une gentillesse surhumaine joignent comme des mains leurs petites pattes, priant pour le privilège de construire à l’élu le palais du castor, de lui servir de guide au royaume des phoques, ou de lui enseigner dans un baiser mystique le langage de la grenouille ou du martin pécheur. »



Fillette Nambikwara
Lorsque les petits singes parlaient encore aux enfants

Je ne sais si Claude Lévi-Strauss est connu en Chine. Peut-être nos amis chinois pourront-ils nous le dire ?

Il serait, bien sûr, hasardeux de faire des rapprochements entre la culture des peuples amérindiens et la culture chinoise. Pourtant j’ai noté avec amusement que le caractère magique, tabou des noms existait chez les uns comme chez les autres.

Claude Lévi-Strauss raconte dans « Tristes Tropiques » l’anecdote suivante :
« Un jour que je jouais avec un groupe d’enfants, une des fillettes fut frappée par une camarade ; elle vint se réfugier auprès de moi, et se mis, en grand mystère, à me chuchoter quelque chose à l’oreille, que je ne compris pas et que je fus obligé de faire répéter à plusieurs reprises, si bien que l’adversaire découvrit le manège, et, manifestement furieuse, arriva à son tour pour livrer ce qui parut être un secret solennel : après quelques hésitations et questions, l’interprétation de l’incident ne laissa plus de doute. La première fillette était venue, par vengeance, me donner le nom de son ennemie, et celle-ci quand elle s’en aperçut, elle communiqua le nom de l’autre en guise de représailles. »

Partageant ce tabou attaché aux noms, la soeurette Lin, héroïne du Rêve dans le Pavillon Rouge, ne prononce jamais le mot « Diligence » qui est le nom de sa mère.
Village Sous La Pluie, précepteur de Lin, raconte : « je me suis toujours étonné …de constater que chaque fois que ma petite élève rencontre, en lisant sur un texte à haute voix, le caractère d’écriture signifiant min « diligence », elle le prononce comme doit se prononcer le caractère mi signifiant « secret » ; et quand il lui arrive de devoir écrire ce caractère, elle ne manque jamais d’en retrancher un ou deux traits ».
Confirmant l’actualité de ce tabou, notre professeur de culture chinoise, nous disait lundi soir que, lorsqu’elle était à l’école, si un de ses petits camarades prononçaient devant elle le nom et le prénom de ses parents cela était considéré comme une insulte car trop direct, trop personnel.

Claude Lévi-Strauss est un de ceux qui nous invitent à requestionner des notions qui paraissaient évidentes dans sa jeunesse : le caractère univoque du progrès, la supériorité des civilisations dominantes et notamment de la civilisation occidentale. Il nous invite à réfléchir sur une des questions importantes de notre temps : comment maintenir ou réinventer la diversité et la richesse des cultures ? Son message de tolérance et de respect des autres continue à nous faire penser.

Jean-Louis

dimanche 23 novembre 2008

DIMANCHE 14 DECEMBRE 2008 : CAMARGUE

Bonjour,

un peu plus de photos, c'est vraiment special le paysage.
这里完全脱离了城市的喧嚣,甚至人类的痕迹都变得难得的朴实,完全不是普罗旺斯的景致。
沼泽地,芦苇荡。
这里有白色的马和黑色的牛,让我们去找大红鸛。
12月14日早上9点La Rose 集合.






RENDEZ VOUS AU METRO LA ROSE A 9HEURES

Aujourd'hui nous avons parcouru la Camargue pour nous concocter un programme varié à la découverte d'une nature restée très sauvage et ce à 2 pas de Marseille.

Nous avons pu voir de splendides flamants roses et bien sûr des chevaux et des taureaux.

Le programme sera ludique, culturel et varié ... et promis ça sera pas fatiguant...une fois n'est pas coutume, je vous en prie, croyez moi!

Nicole

mercredi 19 novembre 2008

La lune par Su Dongpo - (Partie III)



Dans cette troisième partie de notre article consacré à la comparaison du poème de Su Dongpo dédié à son frère et du poème de Li Bai « Buvant seul sous la lune » nous continuerons à aborder quelques thèmes communs aux deux poèmes et à de nombreux poèmes chinois :
- l’ivresse
- la danse et les jeux avec l’ombre
Nous ferons un petit détour par Verlaine, l’Abbaye de Saint Victor et nous terminerons en mettant en ligne une chanson écrite sur le poème de Su Dongpo et interprétée par Wong Fei.


L’ivresse

L’ivresse que Su Dongpo célèbre est une ivresse légère. L’ivrognerie ne lui plait pas

« Je lève ma coupe de vin à sa caresse
Je bois à la santé du vent qui va
Sans se soucier de nous beau vent qui vole de la vallée aux nuages
Le long de l’eau qui brille dans la nuit. »

« Combien de coupes de vin ai-je bues aujourd’hui ?
Assez pour dénouer les chaînes de la mort.
Je jette au vent ma canne et je marche.
J’oublie les soucis, les tourments, les angoisses.
Je bondis avec les daims vers les sommets,
Je rejoins les singes qui sautent sur les falaises.
Je plonge dans l’écume de l’océan des nuages ;
Je flotte dans le tumulte silencieux du ciel »

Sans doute pour souligner la convivialité sans façon d’une réunion entre amis, le vin est parfois qualifié de « trouble », « de modeste » : « zhuo jiu ». Ainsi en va-t-il dans un poème qui fait l’objet d’une chanson très célèbre en Chine : « avec une carafe de vin trouble on se réjouit du reste du bonheur de la nuit … ».


La danse et les jeux avec l’ombre

« Me mettant à danser, je joue avec mon ombre… »

« Avec mon ombre nous sommes trois…
C’est en vain que l’ombre me suit …
Je danse et mon ombre s’ébat… »

L’ombre est bien un personnage important de ces poèmes et c’est un terme qui donne accès à une symbolique importante.

En consultant un dictionnaire, on trouve le caractère « ying » ou « yin ying » qui signifie aussi reflet, image, cinéma, ce qui nous rappelle le très ancien théâtre d’ombres chinoises, sortes de marionnettes.
On retrouve aussi le paradigme de base de la pensée chinoise : le couple yin/yang puisque yin renvoie au versant à l’ombre d’une montagne (cf. un précédent article du blog), cette dimension yin crée un lien fort entre ombre et lune, les deux étant yin par rapport au soleil yang. Et surtout, dans un seul vers, nous est donné l’essentiel de la pensée taoïste : la vie apparaît avec le « trois » : « avec mon ombre, nous sommes trois… », c’est le trois qui permet de dépasser l’aspect binaire et statique de l’opposition et de créer le mouvement, la danse, la vie.

"Le Tao d'origine engendre l'Un,
L'Un engendre le Deux,
Le Deux engendre le Trois,
Le Trois produit les Dix Mille êtres"
Tao-Te King

François Cheng, dans son livre consacré à Chu Ta, commente : "Le Trois dans l'optique taoïste, représente la combinaison des souffles vitaux Yin et Yang ...Il est nécessaire au fonctionnement harmonieux du couple Yin-Yang : c'est lui qui attire et entraine les deux souffles vitaux dans un processus de devenir réciproque. Sans lui, le Yin et le Yang se trouveraient dans une relation d'opposition figée; ils seraient réduits à l'état de substances statiques et comme amorphes."

Alors la transition avec le Taijiquan ou boxe de l’ombre s’impose (surtout quand on vient d’y consacrer une journée de stage, au lieu de crapahuter avec son mari et les amis de Chinafi sur les pierriers de Gémenos !).
Le Tai Ji Quan est donc aussi appelé « boxe de l’ombre », référence à sa dimension martiale mais dans la perspective d’un combat qui n’est pas une lutte ; il s’agit de combattre avec son ombre, avec son double (autre côté de soi-même), son adversaire intérieur, sa part d’ombre. C’est une forme vivante, en mouvement et en mouvements d’une tradition philosophique.


La lune comme un berceau sur Saint Victor
Dans les calligraphies de Weiyi, nous avons vu le caractère « yue » : lune, écrit de multiples façons. Dans celle illustrant l’article d’aujourd’hui (2ème caractère de la première colonne), la lune est représentée, dans son premier quartier, penchée, un peu comme un berceau. J’avais rarement vu la lune ainsi dans le ciel. Or, ce 6 novembre, en rentrant de la chorale chinafienne un choc : elle était exactement dans cette position, sur les tours de Saint Victor.
Du coup, j’ai pris cette photo. C’est vrai, il aurait fallu un zoom…




L’art poétique
Puisque nous parlons de poésie, je ne résiste pas au plaisir de citer (à la suite de Florent Courau) un magnifique poème de Verlaine où l’on s’aperçoit que l’on pourrait faire un rapprochement entre les préconisations du poète et certaines caractéristiques de la culture chinoise : éloge de la chanson grise, éloge de la fadeur …

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise :
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,
C'est le grand jour tremblant de midi,
C'est, par un ciel d'automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor !




La chanson sur le poème
Le poème de Su Dong Po a été mis en musique et a fait l’objet de nombreuses interprétations. Parmi les plus célèbres citons celles d’Olivier, de Térésa Teng. Aujourd’hui nous vous proposons celle de Wong Fei :


A suivre,
Françoise,
Jingping,
Weiyi,
Jean-Louis

dimanche 16 novembre 2008

Les deux jumeaux ...

pour les célibataires ...

Une des mille et une anecdotes racontées par Jean-Marc
Jean-Louis

Pour une surprise ...

Ce fut une belle surprise...
Nous avons transpiré dans la dure montée. Mais vraiment le panorama, les couleurs de l'autome et les explications de M. Galiano en valaient le coup.
Merci Nicole, Merci M. Galiano...


Jean-Louis

ST Pons : Grotte de la chèvre qui vole



voilà les photos toutes fraîches de la "promenade" jusqu'à la Grotte de la chèvre qui vole...

Gwen,Marie-claude,Joël

mercredi 12 novembre 2008

La lune par Su Dongpo - (Partie II)



La comparaison des deux traductions françaises du poème de Su Dongpo, la mise en relation des poèmes de Su Dongpo et de Li Bai et l’évocation de la lune vont nous permettre d’aborder, dans cette deuxième partie, trois thèmes étroitement liés :
- l’ambiguïté du sujet dans le chinois classique
- l’effacement de la notion d’auteur
- une pensée privilégiant l’idée de cycles et de processus par rapport à celle de création


- 1°) La comparaison des deux traductions françaises du poème de Su Dongpo ou l’ambiguïté de la notion de sujet.

A deux reprises Florent Courau choisit la forme impersonnelle :
- Eclairant celui qui ne dort pas
- Oh lune ! il n’y a pas de haine entre nous

par contre le traducteur du site Labyrinthes interprète la phrase comme si le poète parlait de lui-même et était actif :
- m’illumine les nuits sans sommeil
- En retour je ne lui vouerai pas de haine

Florent souligne qu’une des grandes difficultés du chinois classique est l’identification du sujet de la phrase : « absence, ambiguïté du sujet de la phrase, dissolution du sujet dans la pénombre. On voit le mouvement, les éléments, le mouvement des éléments plus que le sujet agir. »

Nous avions déjà remarqué cette difficulté dans l’analyse du poème de Wang Wei « l’enclos aux cerfs » par Nicolas Zufferey :

« Montagne vide – personne en vue
On n’entend que des bruits de voix
Un reflet de lumière dans la forêt profonde
Brille une dernière fois sur la mousse verte »
Wang Wei, « l’enclos aux cerfs »

« Ce poème, nous dit Nicolas Zufferey, illustre probablement des thèmes chers au bouddhisme, par exemple le refus du « je » ou de la conscience individuelle. Qui est le narrateur ? Qui est le témoin du spectacle ? Le poème ne le dit pas –en chinois classique, le sujet de la phrase peut naturellement tomber – seule reste l’observation en tant que telle, coupée en quelque sorte de tout sujet humain : personne ne voit, personne n’entend, ne demeurent que les sensations elles mêmes. »

Peut-on penser que cette ambiguïté de la langue est révélatrice d’un autre rapport au Sujet, à l’individualité ? Ce thème pourrait faire l’objet d’échanges lors d’une réunion de Chinafi.


- 2°)La mise en relation du poème de Su Dongpo et de celui de Li Bai ou l’effacement de la notion d’auteur
L’imprécision du sujet que l’on observe parfois dans la langue chinoise, Anne Cheng nous explique qu’on la retrouve dans la formation de la pensée chinoise qui s’est constituée à partir de l’évolution de « notions qui, étant la plupart du temps, véhiculées par la tradition, ne sont pas propre à un auteur ». On se souvient de la phrase de Confucius : « Je transmets, je ne crée pas ».

Anne Cheng poursuit : « la pensée chinoise s’est constituée par le tissage au cours du temps d’une tapisserie de dialogues internes qui finissent par laisser apparaître des motifs en relief…
Les textes chinois s’éclairent dès lors que l’on sait à qui ils répondent. Ils ne peuvent donc constituer des systèmes clos puisque leur sens s’élabore dans le réseau des relations qui les constituent. Au lieu de se construire en concept, les idées se développent dans ce grand jeu de renvois qui n’est autre que la tradition et qui en fait un processus vivant. »

C’est le même caractère jing (Ricci, 979) qui signifie à la fois la chaîne d’un tissu, les méridiens (géographie ou acupuncture) et les livres canoniques (ji jing)

Cette tapisserie de dialogues internes on peut l’observer également dans les oeuvres d’art.
Les peintures chinoises, par exemple, sont fréquemment ornées de poèmes ou de commentaires qui complètent et augmentent la beauté de la peinture et qui permettent à des artistes de dialoguer parfois à des siècles de distance.
« Pour rendre les peintures encore plus intéressantes, j’ai recopié des poèmes. Si on chante les rimes, l’esprit de ces paysages devient tout naturellement vivant.»
Su Dongpo

Ivan Kamenarovic dans son livre « La Chine Classique » signale que les allusions, les citations suggérées, les renvois à des sources culturelles communes à l’auteur et à ses lecteurs sont systématiques dans la poésie chinoise.
Il est intéressant de voir comment Su Dongpo dialogue avec Li Bai, sans crainte d’être accusé de plagiat, et brode une tapisserie autour des mêmes thèmes:
- la lune
- l’ivresse
- la danse
- les jeux d’ombre

Dans le même ordre d’esprit Florent Courau indique que le mot étudier 学, xue signifie aussi "imiter, copier, recopier".

- 3°) La lune, le thème de la séparation, le caractère cyclique du temps, de la vie ou l’effacement de la notion de création
La lune a inspiré les poètes de tous les pays. En France notamment :
Lumière de lune « V oie lactée oh ! sœur lumineuse des blancs ruisseaux de Chanaan… » (Apollinaire)
On ne saurait les citer tous.

En Chine, le thème de la lune occupe une place particulière car il est fréquemment associé à celui de la séparation et au caractère cyclique du temps, des sociétés humaines comme de la vie des personnes. On sait que la lune, lorsqu’elle est dans sa plénitude représente la réunion des familles. La nuit de la fête de la mi-automne les parents, les amants, les amis séparés se retrouvent en regardant la lune.

Cycles de la lune, cycles des saisons dont l’observation fut peut-être à l’origine d’une pensée privilégiant le modèle organique d’engendrement, de processus bien plus que la notion de création qui suppose un début et une fin.

Le dialogue de Su Dongpo avec la lune est émouvant à la fois empreint de familiarité et d’amitié mais aussi d’un léger reproche face à l’insensibilité de la lune devant la souffrance humaine. Nous avions déjà noté cette indifférence dans le poème de Victor Hugo : « Clair de lune » (voir article « Pensée dans une nuit tranquille »).

Claude Roy raconte qu’il est entré dans l’amitié de Su Dongpo grâce à la lune :

« Suspendue aux tiges grande araignée qui danse
la lune est accrochée aux branches d’un saule pleureur
La vie passe si vite Son charroi de tristesse et de deuil
Nuit Lune Lac instant si beau qui n’êtes qu’un instant
Un coq chante Une cloche sonne
Un vol d’oiseau s’enfuit
On entend les tambours à l’avant des bateaux
Et résonner sur l’eau les voix des bateliers »
Su Dongpo

Dans la troisième partie de notre article nous aborderons les autres thèmes communs aux deux poèmes et à de nombreux poèmes chinois : l’ivresse, la danse, les jeux d’ombre et nous terminerons par une petite surprise.

A suivre,
Françoise
Jingping
Weiyi
Jean-Louis

mardi 11 novembre 2008

la Lune - par Su Dongpo (partie I)



Le poème présenté aujourd’hui est un poème de Su Dongpo (1037-1101).
J’en ai trouvé le texte chinois ainsi que trois traductions (une en anglais, deux en français) sur le blog de Florent Courau qui se nomme « Pérégrinations vers l’Est » .

Le poème en chinois et sa traduction en anglais


Les deux traductions françaises :

Lune, depuis quand brilles-tu ? Et jusqu'à quand ?
Un verre de vin à la main, je le demande au ciel pur.
Et en quelle année sont-ils là-haut, au palais des dieux ?
Je voudrais bien chevaucher le vent pour y aller,
mais la peur d'être seul au froid palais de jade me retient.
Me mettant à danser, je joue avec mon ombre.
Ne suis-je pas ici-bas aussi bien qu'au ciel ?
Le clair de lune se ballade le long des murs du pavillon orné de rouge,
caressant la fenêtre décorée, éclairant celui qui ne dort pas.
Oh lune ! il n'y a pas de haine entre nous ;
alors pourquoi es-tu si ronde et belle juste au moment de nos adieux ?
Les hommes alternent peines et joies, séparations et retrouvailles ;
La lune se montre tour à tour claire et obscure, ronde et incomplète.
Il en a toujours été ainsi.
Ah ! Si seulement nous pouvions rester unis pour toujours,
Partageant à mille lieues l'un de l'autre la beauté de dame lune !
Traduction Florent Courau

Clair de lune, depuis quand parais-tu ?
Verre en main, j'interroge le ciel noir.
Qui saurait aux tours de ce palais céleste
En cette nuit combien d'années compter ?
J'aimerais chevaucher le vent qui rentre, partir,
Mais redoute qu'en cette rotonde de rubis et de jade
Si haut perchée, le froid ne l'emporte sur moi.
Je me mets à danser, jouant de mon ombre claire,
Qu'est-il de comparable au milieu des humains ?
Elle se tourne vers les édifices vermeils,
S'incline sur les fenêtres ouvragées,
M'illumine les nuits sans sommeil.
En retour je ne lui vouerai pas de haine,
Par quelle infortune toujours aux moments des adieux se montre le globe rond ?
Aux hommes affliction ou joie, départ ou retrouvailles,
À la lune, voile ou clarté, plénitude ou éclipse,
Ceci depuis toujours ne se concilie pas.
Pourtant ceux qui pour un long temps s'espèrent
À cent lieux de distance partagent la grâce lunaire.
Traduction site Labyrinthe

Les circonstances du poème : les deux frères.

Claude Roy a écrit un bel et émouvant essai , L’Ami qui venait de l’an mil (édition Gallimard) sur Su Shi qui choisit le surnom de Su Dongpo (l’exilé de la pente de l’Est)

Il nous parle d’un personnage attachant ne craignant pas de faire des remontrances à l’empereur lorsque sa politique écrase le peuple :
« Lorsque votre Majesté parle d’enrichir le pays, je ne comprends pas si elle entend par là l’enrichissement du peuple ou le sien… »

A l’origine d’un mouvement pour sauver les nouveaux-nés que les parents pauvres ne pouvaient pas prendre en charge

Grand ingénieur, ayant notamment aménagé le lac de L’Ouest

Fidèle au souvenir de sa femme morte jeune :
« A qui parler de mes pensées ?
Si nous nous retrouvions vous ne me reconnaîtriez pas
Poussières sur mon visage
Gelée blanche su mes cheveux.
Cette nuit, j’ai rêvé de vous. Je suis à la maison,
Vous êtes près de la fenêtre de la petite chambre.
Vous brossez vos cheveux
Les larmes coulent sur vos joues.
Est-ce que mon cœur aura souffrance
Ainsi année après année. »

Ses prises de positions lui valurent de nombreux exils et même la prison.
Claude Roy nous décrit le poète parcourant des milliers de lis, d’honneurs en disgrâces, à peu près constamment éloigné de son frère Tseyu pour lequel il nourrit une profonde affection.
La correspondance des deux frères est belle comme celle de Vincent Van Gogh avec Théo :

Su Dongpo :
« Pourquoi suis-je ivre sans avoir bu ? Quand son cheval tourna le dos au mien, mon cœur l’a suivi. J’ai jeté un regard en arrière, et j’ai vu son chapeau noir qui montait et descendait le long du chemin au rythme du cheval…Je sais bien que la vie est faite de séparations et j’ai peur que les années passent bien trop vite entre nous… »


Le poème que nous vous présentons aujourd’hui a été écrit par Su Dongpo pour son frère Tseyu à l’occasion d’une de leurs nombreuses séparations.
« Premier chant mélodique sur l'eau »- L'année du troisième tronc et du cinquième rameau, à la mi-automne, j'ai pris plaisir à boire jusqu'à l'aurore et en grande ivresse ai composé ce texte en pensant à Tseyu.

Su Dongpo et Li Bai

Le poème dédié par Su Dongpo à son frère est manifestement une variation sur un poème de Li Bai comme nous le dit le poète lui-même :

« Avec qui pourrais-je danser ?
le grand Li Po dansait à trois
la lune et lui son ombre et elle
mais je suis seul au fond du sud
perdu dans un pays malsain »


La comparaison des deux poèmes nous conduira à paraphraser Anne Cheng pour parler de thèmes poétiques véhiculés par la tradition qui ne sont pas propres à un auteur. Certes, la tradition existe dans toutes les civilisations. Il semble pourtant qu’elle ait occupée (occupe ?) en Chine une place particulière et que les Chinois plutôt que de rechercher l’originalité des thèmes aient préféré des variations subtiles sur des thèmes puisés dans un fonds commun.
La mise en relation des deux poèmes va permettre de dégager quelques uns des grands thèmes de la poésie chinoise.

Voici le poème de Li Bai (traduit par F Cheng éd Albin Michel)


« Buvant seul sous la lune
Pichet de vin, au milieu des fleurs,
Seul à boire, sans un compagnon.
Levant ma coupe, je salue la lune :
Avec mon ombre nous sommes trois.
La lune pourtant ne sait point boire.
C’est en vain que l’ombre me suit
Honorons cependant ombre et lune :
La vraie joie ne dure qu’un printemps !
Je chante et la lune musarde
Je danse et mon ombre s’ébat
Eveillés, nous jouissons l’un de l’autre;
Et ivres, chacun va son chemin…
Retrouvailles sur la voie lactée :
A jamais randonnées sans attaches ! »

Ceci n'était qu'un premier épisode. L'examen de ces deux poèmes va nous servir de fil conducteur pour traiter quelques thèmes: la lune, l'ivresse, l'ombre, la notion de sujet... En attendant, n'hésitez pas à intervenir!

Françoise
Jingping
Weiyi
Jean-Louis

mercredi 5 novembre 2008

Cine Chinafi - Royal de Luxe

Un samedi après-midi comme toujours, c'était la rentrée de Ciné Chinafi samedi le 25 oct. Pour la première fois, un documentaire est choisi pour la ciné de Chinafi. Mais une histoire encore plus "faramineuse" qu'une fiction.

Synopis: L'hisoire se passe à fin fond de Chine, Guan Cun, petit village de 750 habitants, au nord de la province du Shaanxi, épargné encore de la modernité. Un groupe de théatre de la rue, Royal de Luxe, s'est installé avec des membres français et africains, à la recherche d'inspiration, de nouvelles idées et talents. Répétitions, ateliers, marionnettes, improvisations, recherches, musiques africaines et chinoises... ont rythmé, pendant ces trois mois la vie quotidienne de la troupe et des villageois.

Pas très long, mais je crois que le film a rempli la salle de plein de bonne humeur et de douceur, malgré le paysage rude et sec.

C'est une région réputée pour sa terre jaune et sableuse, ne guère capable de faire pousser des graines. C'était une des raisons pour laquelle la Longue Marche de Mao s'arrêta à côté: les seigneurs de Kuo Ming Tang s'en foutaient de cette terre et avaient des flemmes de venir jusque là. Mais les habitants (陕北人 shan bei ren / les gens du nord de Shaanxi) ont incroyablement un don de mélodie et de bonheur. Ils ont accueilli avec bienveillance les artistes français et africains de Royal de Luxe, peu importe leur couleur de peau et niveau de chinois, et surtout adoré les pièces "originales" qu'ils ont fait. On les voient tout au long du film, à travers les sourires ridés, les gens qui racontent, etc. etc.

Le Royal de Luxe est un groupe de théatre de rue nantais (d'origine d'Aix en Provence on peut dire pour les écoles léchées par ses créateurs), impressionnant par leur capacité de se débrouiller et créer des miracles à partir de rien. *Les "blanches et noirs" étaient là vraiment mélangés avec les "jaunes", non sans peine, mais avec bp de assituduité et d'ouverture, à apprendre à se comprendre et travailler avec. On s'apprécie, s'échange des idées, se découvre. Les marionnettes ont plus de caractères et de vie, les chansons ont plus d'énergies. ces «Petits Contes chinois revus et corrigés par les nègres» ont eu un grand succès devant les villageois dont une fille a vu et revu pour 6 fois.

L'histoire s'arrête aux sourires des spectateurs français quand la pièce est revenue à Nantes. Les mêmes sourires et regards curieux que 8000 km plus loin.

Dans la continuité de cette conte réelle, on va voir à la prochaine séance, toujours un samedi après-midi en novembre, leur expérience en fin fond d'Afrique (Cameroun),. (Pas sur la Chine pour une fois, mais )pour finir l'histoire et continuer jusqu'au bout notre discussion, sur tout qui sort de nos yeux. Bien sûr on va revoir un peu d'extrait de l'épisode en Chine. Espère votre présence et partage de toutes vos avis. La date exacte sera communiquée après planning de Chinafi.

*Ne soyez pas choqué par ce descrptif, qui n'a aucun préjugement raciste. ça vient d'une chanson "française" très mignonne, chantée par un musicien chinois. Je vous laisse découvrir dans le film.

DIMANCHE 16 NOVEMBRE 2008

Comme promis quelques précisions sur notre rencontre, notre rendez vous est fixé à 10heures avec M Galiano au Pont des Tompines - vallée de saint Pons à GEMENOS.

Nous allons nous rendre tous ensemble à la grotte de la chèvre qui vole,
durée : 1 heure 30 avec de nombreuses haltes pendant lesquelles nous boirons les paroles de notre guide, à ce propos une traduction simultanée en chinois serait souhaitable (qu'en pensez-vous?)

précision : randonnée facile néanmoins passage dans une pierrière, de ce fait M Galiano m'a dit et répété que des bonnes chaussures sont indispensables

donc rendez vous au métro LA ROSE A 9 HEURES OU AU PONT DES TOMPINES A 10 HEURES

PREVOIR PIQUE NIQUE

COMME DIT JEAN PIERRE : "il fera beau"

VIVE CHINAFI ET A DIMANCHE POUR UNE BELLE JOURNEE AUTOMNALE

Nicole

mardi 28 octobre 2008

Notre rencontre du 16 novembre


C'est en compagnie de Jean Marc GALIANO que nous aurons le plaisir de découvrir la grotte de la chèvre qui vole située près de Gèmenos dans la vallée de St Pons.
Je vous tiendrai au courant quant à l'heure du rendez vous.
Toutefois n'oubliez pas de réserver votre journée car elle sera riche grâce à M GALIANO qui sait si bien nous faire partager son amour de la Provence.
Il nous avait conseillé une journée de la mi novembre après le mistral de manière à ce que les couleurs de l'automne soient les plus extraordinaires possibles, gageons qu'il en sera ainsi!!!


Nicole

vendredi 24 octobre 2008

Pékin en Paca


Certains d'entre vous désiraient des infos sur "Image de Ville".
Toute l'info sur cette manifestation qui aura lieu du 14 au 18 novembre à Aix en Provence est ici.
Ce lien renvoie à l'excellent site de Pierre Kaser de la faculté d'Aix (voir lien ci contre).


Olivier

mardi 21 octobre 2008

LA CHINE AVEC DES AMIS C'est TROP BON !!!





Etre acceuillies à l'aéroport par le bô Jacques, puis être reçues tour à tour chez Xiao Xia et chez Xu Yin Jun à Bei Jing, ça tient du rêve.
Quant au séjour à Shang Hai grâce à Jade et aux parents de Wen Jing ce fut tout simplement paradisiaque!!!


MERCI

Nicole

dimanche 19 octobre 2008

Chinafi à l'assaut de la saint Victoire



Ce fut dur ...mais ce fut une belle randonnée avec la joie de retrouver d'anciennes connaissances et le plaisir d'en faire de nouvelle...
Jean-Louis

jeudi 16 octobre 2008

Jing Ye Si, Pensée dans une nuit tranquille ...suite

Après des nuits harassantes de recherche notre chef de chorale, notre chère Jing ping a trouvé une chanson sur le poème de Li Bai "Jing Ye Si".
Pour l'écouter, il vous suffit de copier le lien ci-dessous dans la ligne de commande d'explorer. (attendre, le site est un peu lent)

http://www.7yin.com/play_ok/95daf68791599c61.htm

Enfin, une grande nouvelle : notre petite chorale "l'appel à la pluie" a fait sa réunion de rentrée. Nous avons choisi trois magnifiques chansons ...et peut-être une quatrième... Mais je ne vous en dit pas plus...
Venez nombreux nous écouter pour la fête du nouvel an chinois...
Jean-Louis

mardi 14 octobre 2008

Séminaire sur la traduction



Vendredi 17 et samedi 18 octobre aura lieu à Aix en Provence, le séminaire "Traduire : langues et réalités. Un art de la contrainte" avec des interventions de plusieurs professeurs de chinois de la faculté (Kaser, Dutrait, Iseki, Che).

Plus d'infos

Olivier

dimanche 12 octobre 2008

DIMANCHE 19 : SAINTE VICTOIRE


黄山CE SERA POUR UNE AUTRE FOIS
En attendant dimanche on vous propose une belle excursion au sommet de la SAINTE VICTOIRE fleuron de notre belle Provence.
Alors RENDEZ VOUS SOIT A 8H30 AU METRO LA ROSE
SOIT A 9H30 AU PARKING DU BARRAGE de Bimont
Comme d’habitude bien se chausser, ici c’est impératif (merci de ne pas venir en chaussures de ville)

Nicole

dimanche 5 octobre 2008

Une belle conférence



Yang Zhi Hong a donné une belle conférence ce 4 Octobre sur le thème du dernier empereur.
Un exposé bien documenté, bien que réalisé en peu de temps, avec de nombreuses photos d’époque qui nous a fait revivre, à travers la vie de Pu Yi, ce tournant qu’a connu la Chine avec la chute du régime impérial.

La première diapositive était éloquente à cet égard. On voyait Pu Yi, âgé de 2 ans, en costume de petit prince impérial et sur une autre photo, le même homme, âgé de 60 ans, en costume « Mao ».

De nombreuses anecdotes. Celle-ci, par exemple, Chu En Lai aurait consolé Pu Yi qui comme lui n’a pas eu d’enfant, en lui disant « le fait de ne pas avoir d’enfants n’empêche pas d’être utile au peuple. »

A voir certaines photos on a l’impression d’un autre âge et pourtant Pu Yi est né 5 ans après mon grand père…

Encore bravo et merci,
Jean-Louis

Jing Ye Si, Pensée dans une nuit tranquille

Olivier en avait suggéré l'idée. Pour apprécier "la musique du poème de Li Bai, voici deux petits enregistrements effectués à l'espace culture à Marseille par un jour de grand vent ...



mercredi 1 octobre 2008

Deux articles



Deux articles intéressants à lire :

1.Finir une traduction de Noël Dutrait.

N.Dutrait qui est en train de terminer la traduction en français du roman de Mo Yan "Quarante et un coups de canons" explique sa méthode de travail avec Liliane Dutrait.



2.Un dissident chinois contre les anti Robert Menard.

Pour prolonger les nombreux débats initiés depuis le 14 mars dernier.


Bonne lecture

Olivier

dimanche 28 septembre 2008

Conférence et journée portes ouvertes Chinafi



Chinafi organise un après midi portes ouvertes le 4 Octobre de 14 à 16h00 à l'Espace Culture à Marseille 42 La Canebière.
De 16 à 18h00 notre amie Yang Zhi Hong donnera une conférence sur le dernier empereur.
Venez nombreux.
Jean-Louis

mardi 23 septembre 2008

Jing Ye Si, Pensée dans une nuit tranquille



Le poème que nous vous présentons aujourd’hui est de Li Bai (701-762 après Jésus-Christ).
Il est connu de pratiquement tous les Chinois. Une amie à qui je demandais s’il avait été mis en musique me répondit : « Désolée à ma connaissance pas de chanson sur Jingyesi, au moins pas populaire. Peut être tellement beau est ce poème, personne n’ose faire la mélodie par peur de ne pas être à la hauteur. »

La calligraphie de Weiyi

Regardons la calligraphie qui est fort belle.
Les caractères répétés sont calligraphiés avec des graphies différentes pour éviter la monotonie.
Ainsi, « tou», la tête, dernier caractère de la 2ème colonne et 5ème caractère de la troisième colonne.
Ou encore, «yue », la lune, 4ème caractère de la première colonne et 3ème caractère de la troisième colonne. Notez comme ce dernier caractère est relié à / engendré par le « yue » du caractère « ming » qui le précède.

Les caractères shuang (givre) « ju » (lever) sont particulièrement beaux.


Ce poème est un quatrain qui appartient au style wu yan jue qui signifie qu’il y a cinq caractères par vers.

Les rimes :
Notons la rime des derniers caractères des premier (guang), second (shuang), et dernier vers (xiang).


Le mot à mot à présent :


chuang : lit
qiang : devant
ming : clair, clarté
yue : lune
guang : lumière

yi : mystère, doute, supposer
shi : être
di : terre
shang : au dessus
shuang : givre, gelée blanche

ju : lever
tou : tête
wang : regarder au loin
ming : clarté
yue : lune

di : bas, baisser
tou : tête
si : penser
gu : vieux
xiang : maison l’expression gu xiang signifie pays natal

Une première traduction, proche du mot à mot :
Pensées dans le calme de la nuit.
Devant mon lit, la lumière de la lune brillante
Serait ce du givre sur la terre ?
Levant la tête je vois au loin la lune claire
Baissant la tête, je pense à mon pays natal.

Une deuxième traduction :
Réveil d’un voyageur,
Un lac de lueur devant mon lit
Est-ce du givre sur la terre ?
Voyant en haut la lune claire,
Je me noie dans un lac de nostalgie.

Une troisième proposée par François Cheng :
Devant mon lit clarté lunaire
Est-ce du givre couvrant la terre ?
Levant la tête, je vois la lune ;
Les yeux baissés : le sol natal


Une quatrième sans doute la plus fidèle au sens du texte :
Pensée dans une nuit tranquille
Devant mon lit, la lune jette une clarté très vive;
Je doute un moment si ce n'est point la gelée blanche qui brille sur le sol.
Je lève la tête, je contemple la lune brillante;
Je baisse la tête et je pense à mon pays.

Ces quatre propositions de traductions rendent bien compte des difficultés inhérentes à toute traduction et sans doute encore plus quand il s’agit de poésie… et de langue chinoise ! Car l’important – me semble-t-il – est de recréer des images, des impressions similaires. La langue chinoise est elle-même assez elliptique, laissant au lecteur le soin d’établir ses propres liaisons. Et il me semblerait dommage de trop combler ce vide essentiel dans le poème comme dans la calligraphie, c’est pourquoi la traduction de François Cheng me plait bien, elle est dans la ligne de ses réflexions sur le vide : « Car le vide médian qui réside au sein du couple Yin-Yang réside également au cœur e toutes choses ; y insufflant souffles et vie, il maintient toutes choses en relation avec le Vide suprême, leur permettant d’accéder à la transformation et à l’unité. »

La thématique :
Nous retrouvons des thèmes chers à la sensibilité chinoise. : La lune, la nostalgie du pays natal qui étreint le voyageur ou l’exilé. Ces thèmes apparaissent si souvent dans la poésie chinoise qu’ils nous paraissent au premier abord manquer d’originalité. Qu’est ce qui fait qu’il n’en va pas de même pour le lecteur chinois ?
Pour le comprendre, il est intéressant de lire l’article, trouvé sur internet (www.afpc.asso.fr/wengu/Tang/Li_Bai), que nous reproduisons ci-dessous.

« Cette petite pièce appartient au genre que les Chinois nomment vers coupés, c'est-à-dire où, sans préambule, l'on entre tout droit dans le sujet. Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt de voir comment l'analyse un commentateur chinois :
« Li-taï-pé, dit-il, trouve moyen d'être ici tout à la fois d'une concision, d'une clarté et d'un naturel extrêmes, et c'est précisément parce qu'il est naturel, qu'il fait toujours entendre infiniment plus qu'il ne dit. La lune jette une clarté brillante devant son lit ; il doute un moment si ce n'est point de la gelée blanche ; nous jugeons, sans qu'il nous le dise, qu'il dormait, qu'il s'est éveillé et qu'il est d'abord dans ce premier instant du réveil où les idées sont confuses. Il pense aussitôt à la gelée blanche, c'est-à-dire au point du jour, à l'heure où l'on se met en route. N'est-ce pas la première pensée d'un voyageur qui se réveille ?
« Il a levé la tête ; il aperçoit la lune, il la contemple ; puis il baisse la tête et pense à son pays. C'était bien un voyageur ou un exilé. Ce dernier mot ne laisse plus de doute. En voyant cette brillante lumière, il a songé naturellement qu'elle éclairait aussi des lieux qui lui sont chers, il regrette avec amertume de passer une nuit si belle loin de chez lui.
« Le poète nous a fait suivre jusqu'ici la marche de ses pensées par une route si droite que nous n'avons pu nous en écarter. En terminant par ces seuls mots : Je pense à mon pays, il laisse chacun imaginer les pensées tristes qui l'assailleraient lui-même s'il était absent, et après avoir lu sa pièce, chacun se prend à rêver. »

Voici un autre commentaire que nous devons à Jaques Dars (Notes du roman Au bord de l’eau ). « …Sous les Tang, le vers de quatre pieds est remplacé par le vers de cinq pieds avec une forte césure après le deuxième pied, et la prosodie tient désormais compte de la polytonie de la langue chinoise (à l’intérieur de chaque distique, les tons plans et obliques s’opposent régulièrement d’un vers à l’autre). Ces poèmes réguliers …affectent la forme de quatrains. Ils conviennent particulièrement à des notations impressionnistes (jue-ju, « vers interrompus », mais «dont l’idée se propage à l’infini quand la parole s’arrête»).

Il est particulièrement émouvant de rapprocher ce poème des premières pages de La Recherche du Temps Perdu lorsque le Narrateur décrit la confusion que nous connaissons au réveil :
«chambres d’été où l’on aime être uni à la nuit tiède, où le clair de lune appuyé aux volets entrouverts, jette jusqu’au pied du lit son échelle enchantée, où on dort presque en plein air, comme la mésange balancée par la brise à la pointe d’un rayon… »

Je pense aussi à ce poème de Victor Hugo, bien sûr très différent, beaucoup plus long, avec un scénario, l’évocation d’un drame humain, politique…
Mais on y trouve aussi un aspect elliptique, le rapprochement de la lune et de l’eau (2 éléments Yin) et ce calme, cette immuabilité de la lune, toujours présente à la fenêtre, indifférente au drame qui se joue (comme à la tristesse du voyageur), particulièrement bien rendue dans ce poème par la reprise du 1er vers au dernier vers, créant ainsi cette impression de temps cyclique.

Clair de lune
La lune était sereine et jouait sur les flots. -
La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.
Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
Battant l'archipel grec de sa rame tartare ?

Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ?
Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle,
Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?

Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -
Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
La lune était sereine et jouait sur les flots.

Victor Hugo (1802-1885) - Les Orientales

Poésie, calligraphie et peinture
En Chine, ces trois arts sont intimement liés et on les retrouve fréquemment, comme ici, sur le même support. Leur juxtaposition renforce l’émotion esthétique. Calligraphie et peinture naissent toutes deux de « l’Unique Trait du Pinceau ». Et tracer c’est déjà dire. Le même artiste sera souvent calligraphe, peintre et poète mettant « en écho les « images » de la poésie et celle qu’offre la contemplation d’un motif ». « Je parle avec ma main, tu écoutes avec tes yeux ; et nous nous comprenons, n’est ce pas d’un seul sourire. »

Dans son livre consacré à Shitao intitulé « La saveur du monde » (Edition Phébus), François Cheng nous présente une peinture où l’on peut voir une calligraphie du poème de Li Bai.


Shitao, Clair de lune sous la falaise

Il est intéressant de comparer la calligraphie de Weiyi en style Xingshu et celle de Shitao en style Lishu. Notons que la version calligraphiée par Shitao est légèrement différente de celle que nous vous présentons. Weiyi nous indique que cette dernière serait, d’après les recherches actuelles, plus proche du texte original.

Commentant la peinture et la poésie, François Cheng nous rappelle que Li Bai fut surnommé de son vivant « l’immortel banni du Ciel ». Pour lui, l’exil auquel font allusion le poème et la peinture ne sont pas seulement la séparation déjà si cruelle d’avec les siens, c’est aussi la conscience que nous ne sommes pas d’ici, qu’un lieu d’harmonie existe par delà la médiocrité des apparences. C’est la souffrance ressentie devant les misères du monde, la déchirure devant la perte de l’unité originelle et la recherche parfois désespérée d’une réconciliation, au moins pour quelques instants, avec nous même et avec le monde. Est-ce là folie ? « Non point chuchote la lune dissoute en brume lumineuse, familière des affaires terrestres…Que l’exilé daigne jeter un œil par-dessus la balustrade : le pays désiré est là, à portée de regard. Il peut même fermer les yeux : un cœur pur ne contient-il pas tous les mondes ?»

Françoise,
Weiyi,
Jean-Louis

A suivre…

vendredi 19 septembre 2008

Rencontre "Pensée chinoise et pensée occidentale"


Pensée chinoise et pensée occidentale
Rencontre « PhiloFnac » avec Laurence Vanin-Verna, Docteur en philosophie
mercredi 24 septembre à 16h30
Fnac Centre Bourse
Entrée libre

Olivier

mercredi 17 septembre 2008

Au sujet de 宋江 (Song Jiang) et du roman 水浒传 (Au bord de l'eau)


1. Résumé du roman水浒传"Au bord de l'eau"
宋江 Song Jiang est le personnage principal du roman "Au bord de l'eau". Celui ci est victime de grosses injustices de la part de potentats locaux et il ne voit pas d'autres issues que de se réfugier dans la clandestinité et devenir un rebelle. L'auteur du roman lui donnant d'indéniables qualités relationnelles, il va attirer à lui tous les personnages victimes comme lui d'injustices de la part du régime impérial. Sa troupe de rebelles finira par compter jusqu'à cent huit membres émérites. Réfugiés dans leur repaire inexpugnable des marais des Monts Liang 梁山泊dans le Shandong 山东ils recréent une société parallèle parfaitement organisée, véritable empire dans l'empire. L'empereur décide alors de les amnistier et les fait revenir à la capitale avec tous les honneurs. Connaissant la valeur guerrière de cette armée, il décide alors de nommer Song Jiang commandant en chef des troupes chargées de s'opposer aux invasions barbares. Dans les nombreuses batailles contre les barbares au Sud du pays, l'armée de Song Jiang est progressivement décimée. Song Jiang lui même finit empoisonné par des intrigants de la cour, mécontents que l'empereur ait amnistié des rebelles.

2. Les critiques de 宋江 Song Jiang
A. Des amis chinois
Ayant plusieurs fois discuté du roman "Au Bord de l'eau" avec des amis chinois, j'ai observé que beaucoup d'entre eux étaient très critiques vis-à-vis de "Song Jiang", le héros du roman. Certains soulignent son caractère hypocrite et lâche. Pour d'autres il a trahi la bande de rebelles qu'il avait si bien réunie. Pour d'autres encore, il a tué l'un se ses meilleurs compagnons Li Kui, le Tourbillon-noir. Bref, pour eux, c'est un personnage négatif. Nous allons voir que ces amis chinois se situent dans une lignée de critiques qui remonte au 17ème siècle.

B. Mao Zedong 毛泽东
Mao qui, avant d'être président a vécu une expérience un peu similaire à celle de Song Jiang a paraît il lu et relu le roman. Et bien sûr, ayant été jusqu'au bout de sa lutte en prenant le pouvoir en Chine, il a largement critiqué la fin du roman, en faisant porter la responsabilité de la déroute au personnage principal Song Jiang, qui lui n'a pas été jusqu'au bout. On imagine facilement que le pouvoir chinois, par fidélité à Mao, a continué jusqu'à nos jours à entretenir et diffuser cette critique du personnage.

C. Jin Sheng Tan 金圣叹
Il faut encore remonter plus loin encore dans le temps pour trouver l'origine de la critique du héros du roman. Et cette origine vient de l'un des auteurs du roman. On attribue en effet la rédaction de "Au bord de l'eau" à l'auteur 施耐庵, Shi Nai An, et son édition à 罗贯中, Luo Guan Zhong, au 14ème siècle. Luo Guan Zhong, celui là même qui a écrit "Le roman des trois royaumes", 三國演義, semble aussi avoir pris part à la rédaction du roman. Ce sont les auteurs de la version longue, celle là même qui est publiée dans la bibliothèque de la Pléiade. Au 17ème siècle, 金圣叹 Jin Sheng Tan, un écrivain à forte personnalité et passionné du roman "Au bord de l'eau", entreprend de le rééditer en lui adjoignant de nombreux commentaires mais aussi en révisant le style du roman. Mais il ne se borne pas à réviser le style. "Il bannit du titre le qualificatif "de loyauté et de justice" qu'il estime incompatible avec les agissements d'une bande de brigands et surtout il ampute l'œuvre de plusieurs dizaines de chapitres qui ne cadrent pas avec sa conception du livre. Car son dessein est de cristalliser sur le seul Song Jiang, sa bête noire, le coupable majeur en qui il voit le félon type et l'incarnation parfaite de la déloyauté et de l'injustice, la détestation universelle. On voit ici la complexité paradoxale de Jin Sheng Tan : penseur hétérodoxe, il va à rebours des opinions et des usages reçus en mettant sur un piédestal le roman "Au bord de l'eau" mais en vouant aux gémonies Song Jiang, coupable de trahison envers son souverain, il se fait le défenseur de l'orthodoxie morale confucéenne" (extrait de l'introduction au roman de J.Dars).
Cette complexité paradoxale, que décrit Jacques Dars à propos de Jin Sheng Tan, c'est exactement la même que je ressens vis-à-vis de mes amis chinois.

En fait ce qui s'oppose peut être ici ce sont deux points de vue.
Le premier point de vue que je qualifierais de "politique" (Jin Sheng Tan, Mao, mes amis chinois ?) veulent arrêter l'histoire à la victoire des bons sur les méchants. L'important est d'arriver au sommet (et d'y rester !). Et, comme souvent lorsque on est trop obnubilé par l'ennemi à abattre, on finit par l'imiter (théorie du modèle-obstacle).
Le second point de vue que je qualifierais de "humain" (Shi Nai An, Luo Guan Zhong) laisse entendre que derrière les combats et les luttes politiques, il y a aussi des êtres humains qui cherchent le bonheur, l'amour, l'harmonie, la sagesse. La dernière partie d'Au Bord de l'eau montre tous ces valeureux combattants à la recherche de sagesse soit dans une vie simple, soit dans la spiritualité. L'histoire ne s'arrête donc pas lorsque le méchant est à terre, elle continue, c'est peut être même là qu'elle commence vraiment.

3. La mort de 宋江 Song Jiang et de 李逵 Li Kui
Il me semble qu'une bonne illustration de ce qui a été dit ci dessus est le passage de la mort de Song Jiang et de Li Kui, son fidèle compagnon. Alors que la force de Song Jiang réside dans ses qualités relationnelles, celle de Li Kui est essentiellement physique. En bref, c'est une grosse brute mais il est d'une fidélité indéfectible envers Song Jiang. Ils forment un couple inséparable où Song Jiang est la tête et Li Kui les muscles. Combien de fois, Li Kui se retrouvant seul est amené à faire d'innombrables bêtises que toute la bande mettra beaucoup de temps et d'énergie à réparer. Li Kui demande pardon, Song Jiang le boude et lui fait la leçon mais au bout du compte, le couple se reforme.
A la fin du roman, se sachant empoisonné par des intrigants de la cour impériale, mais se refusant à accuser l'empereur, Song Jiang se demande comment va réagir Li Kui. Il le fait venir et il demande à Li Kui, qui ne sait pas encore que Song Jiang est empoisonné, comment il réagirait si il venait à apprendre que la cour avait empoisonné son grand frère. Li Kui immédiatement lui dit qu'il se révolterait contre la cour de l'empereur. Alors Song Jiang lui offre une coupe de vin. Aussitôt la coupe bue, Song Jiang, en versant une pluie de larmes, lui avoue qu'il vient de l'empoisonner. La réponse de Li Kui, à cette terrible nouvelle est la suivante : « C'est bon ! C'est bon ! De mon vivant, je me suis dévoué à votre service, grand frère. Eh bien ! Dans la mort, je continuerai à être un petit fantôme aux ordres de mon frère aîné ! ». Rentré chez lui, il donne ses instructions à ses suivants : « Lorsque je serai mort, dit il, ne manquez surtout pas de transporter mon cercueil au delà de la porte Sud de Chu-zhou, près de l'étang-aux-Persicaires, et de m'ensevelir à côté de mon grand frère ».
Ce passage, lorsque l'on a côtoyé les héros durant quelques deux mille pages, est d'une grande tristesse, d'une grande émotion mais aussi d'une grande beauté. Si, dans l'absolu, il s'agit bien d'un meurtre, je n'y vois pas là d'assassinat crapuleux. La tristesse de Song Jiang, l'acceptation par Li Kui du sort qui l'attend, la fidélité de Li Kui rend la situation beaucoup plus complexe et intéressante. C'est ce qu'a voulu nous communiquer l'auteur du roman, me semble-t-il.

4. Remarques
•La version de Jin Sheng Tan est celle qui est publiée chez Folio. Il y manque toute la fin du roman à partir de la reddition de Song Jiang. Il y manque aussi les très beaux passages de l'illumination de Lu Zhi Shen et de la mort de Song Jiang.
•La célèbre série TV reprend la version longue du roman. Elle prend toutefois des libertés par rapport au roman (notamment sur la mort de Song Jiang et Li Kui).
•Quelques soient les versions du roman, elles ont toutes été écrites en langage "vulgaire", langage méprisé par les mandarins, mais facilement compréhensible par le peuple et donc tout à fait approprié au thème de la révolte.

Olivier.

dimanche 14 septembre 2008

Chinafi à la journée des associations à Aix




Une journée riche en contact avec des personnes venues de tous les horizons : des Fançais, bien sûr, mais aussi des Américains, des Coréens, des Vietnamiens désireux de connaître la culture chinoise.
Nous avons, notamment, pris contact avec une association : Images de Ville qui organisera en novembre une manifestation à Aix consacrée à l'architecture urbaine chinoise et qui invitera pour l'occasion outre des architectes, des cinéastes, des écrivains, des chanteurs ...
A suivre donc ...
Jean-Louis


mardi 9 septembre 2008

VIVE LES RANDOS DE CHINAFI

Sainte Victoire
Le dimanche 16 octobre 2008
Croix de Provence par le sentier Imoucha (946m)
D’Aix-en-Provence, prendre la RD10 direction Vauvenargues;
Peu après St-Marc-Jaumegarde, prendre à droite la petite route goudronnée qui conduit au barrage de Bimont ;
Se garer au parking du barrage

Traverser le barrage de Bimont. Immédiatement après, tourner à gauche et suivre dès lors les marques de peinture bleue. Le tracé emprunte tour à tour des chemins forestiers puis des sentiers de plus en plus escarpés, mais le balisage est très régulier et permet de ne pas se perdre. La vue sur la face ouest de la Sainte Victoire est magnifique pendant la première moitié de l ascension. Vers la cote 860 m environ, le sentier rejoint le GR 9 en provenance de Vauvenargues : on accède alors très vite au site du prieuré : chapelle ouverte certains jours, abri-refuge ... jeter un coup d’oeil prudent à la brèche des moines! Il reste alors 50 m à grimper, toujours sur le GR , pour atteindre la Croix de Provence (946 m) d' où la vue est extraordinaire sur tous les massifs Provençaux, l' Etang de Berre par temps clair, le massif des Ecrins .
Il existe plus facile (le GR 9) , plus rapide (les sentiers rouges au sud), mais le sentier Imoucha reste le plus varié, le plus progressif et celui qui permet de jouir des points de vue les plus élégants sur la grande dame de Provence . Retour par le même chemin, après un pique nique bien arrosé de thé ou de… !!

RENDEZ VOUS SOIT A 8H30 AU METRO LA ROSE
SOIT A 9H30 AU PARKING DU BARRAGE
Comme d’habitude bien se chausser, ici c’est impératif (merci de ne pas venir en chaussures de ville)

lundi 8 septembre 2008

Ji Zu, Le Culte des Ancêtres

On pourrait, sans doute, à partir de n’importe que sujet, aborder la plupart des aspects de la culture chinoise.
En croisant différents textes consacrés au Culte des Ancêtres, on s’aperçoit que cette pratique religieuse nous permet de mieux comprendre :
- l’importance de la piété filiale et de la structure familiale qui va servir de modèle d’organisation à la société et à la vie politique.
- la perméabilité entre la sphère du monde naturel et le surnaturel, mais aussi entre le religieux et le politique.
- les raisons de l’absence de véritable mythologie dans la culture chinoise
- pourquoi la notion de création qui tient une place si importante dans la pensée occidentale est remplacée par celle de processus dans la culture chinoise
- l’importance des rites et les différences d’interprétation que l’on peut en avoir qui fut à l’origine de la fameuse querelle des rites entre les jésuites et la papauté.

Cet article trouve ses sources dans :
- Introduction à la pensée chinoise de Nicolas Zufferey
- L’article de C.J.D. Javary dans le monde des religions
- Histoire de la pensée chinoise d’Anne Cheng
- Procès et création de François Jullien
- Le Rêve dans le Pavillon Rouge

Le Culte des Ancêtres : un prolongement de la piété filiale.
Il est intéressant de constater que l’on assiste, au cours des âges, à un renversement complet dans la conception des rapports entre les vivants et les défunts.
Dans la Haute Antiquité, les défunts sont perçus comme des « esprits » de nature analogue aux divinités animistes qui président aux différents phénomènes naturels. Les hommes sont à leur merci.
Plus tard, la civilisation chinoise s’organise selon une structure familiale et féodale. Le Culte des Ancêtres devient un prolongement de la piété filiale et le fondement spirituel de la morale d’Etat. Désormais ce sont les défunts qui dépendent des vivants et non le contraire. Le devoir premier de la piété filiale consiste à nourrir et entretenir ses parents devenus trop vieux pour y pourvoir par eux-mêmes. Et cette obligation se poursuit au-delà de leur vivant. Il faut d’abord leur donner au moins un descendant qui va poursuivre à son tour le rituel, mais aussi contribuer à assurer leur bien être dans le monde invisible où ils demeurent après la mort.
Dans cette optique, le Culte des Ancêtres se fait sous forme d’offrandes dont ils ne goûtent que la part subtile (la part matérielle est ensuite dégustée en famille) et de substituts en papier d’objets et d’argents factices que l’on fait brûler, puisque le feu a le pouvoir de traverser les mondes sans altérer la substance des choses.

L’absence de frontière entre le monde naturel et le surnaturel.
Les Ancêtres maintiennent onc un lien organique avec leur descendance vivante.
En tant que membre d’une communauté familiale et par delà la frontière entre la vie et la mort, ils continuent à jouer un rôle au sein de cette communauté, et leur statut dans la parenté garde toute son importance.
Comme la divination, le Culte des Ancêtres présuppose qu’il n’existe pas de coupure essentielle entre le monde des vivants et le monde surnaturel : les Ancêtres servent de lien entre les deux ordres, par exemple en intervenant pour les vivants auprès des forces surnaturelles.

L’autel ancestral et les tablettes ne symbolisent pas seulement les Ancêtres, ils signalent également que ces derniers appartiennent encore à la famille.
On retrouve ici, la défiance de la pensée chinoise envers les oppositions tranchées, défiance qui est un corollaire de la conception des contraires complémentaires.

L’importance de la structure familiale.
Le culte n’est pas dirigé par un prêtre mais par le chef de famille qui exprime ainsi son pouvoir et sa légitimité.
En temps même que phénomène religieux, le Culte des Ancêtres manifeste le groupe de parenté comme paradigme de l’organisation sociale, et c’est sans doute pour cette raison que, au-delà, de sa fonction proprement religieuse, il a contribué à l’laboration de l’ordre sociopolitique en Chine.
On se souvient qu’en chinois, pays se dit « guo jia », pays famille et que, même si l’n a pas de lien de parenté, on se salue par « oncle », « petit frère », « grande sœur ».

Pas de véritable mythologie.
Plus qu’un esprit de l’au-delà, l’Ancêtre représente d’abord un statut, un rôle familial dans lequel il se fond presque au point de perdre toute histoire personnelle, tout destin individuel. Il se trouve donc doté d’un potentiel mythique assez réduit, et la relative pauvreté des mythes dans la culture chinoise pourrait bien s’expliquer par la nature même du culte ancestral.

La place centrale de l’harmonie.
Au lieu d’être doués d’une volonté arbitraire, voire capricieuse, l’Ancêtre est donc d’emblé perçu à travers son statut et intégré dans la vision d’un ordre familial fondé sur l’harmonie.
On se souvient que la notion d’harmonie, dans la culture chinoise, tient la place centrale occupée par la liberté dans la notre, au moins depuis le siècle des Lumières.
Les Chinois, peuples de cultivateurs et non d’éleveurs auraient été plus attentifs à l’influence diffuse qui émane du cycle des saisons. L’intervention de l’homme - commandement et contrainte – serait au contraire indispensable dans le rapport de l’homme avec l’animal, tel que l’on vécu les anciennes civilisations pastorales. Comme le rappelle Jacques Gernet en résumant la thèse d’Haudricourt : le Dieu des Juifs et des Chrétiens est un Dieu de pasteurs qui parle, commande, exige. Le Ciel des Chinois ne parle pas. Il se contente de produire les saisons et d’agir de façon continue par ses influx saisonniers.

Procès et Création.
La prédominance du Culte des Ancêtres dans la Chine antique a donné lieu à une représentation cosmogonique fondée sur un modèle organique d’engendrement bien plus que sur celui d’une création ex nihilo par une puissance transcendante. L’Ancêtre n’apparaît pas comme une toute puissance créatrice mais comme une instance d’ordre jouant un rôle axial entre le monde cosmique constitué d’énergies en interaction harmonieuse et le monde sociopolitique humain régit par des relations de type familial et par des codes de comportement rituel.

L’importance des rites, le religieux au service du politique.
En tant que cérémonial, le Culte des Ancêtres obéit à une organisation, une distribution des rôles. Bien effectué, le rite possède une harmonie et une efficace considérée comme fondamentale pour ses effets positifs. Le rite contribue à l’harmonie de la famille, de la société et du monde. (Voir article sur les deux homophones Li).

La querelle des rites.
Elle traduit un des malentendus les plus flagrants entre chrétiens européens et lettrés chinois.
Il s’agit de savoir si les rites sont d’ordre religieux ou non. Si oui, ils ne peuvent être aux yeux de la papauté que superstitions et partant incompatibles avec le christianisme ; dans le cas contraire, ils sont compatibles avec la foi chrétienne.
Pour les Chinois la question n’a pas grand sens du fait de l’absence de distinction dans la tradition chinoise entre religieux et civil, sacré et profane, spirituel et temporel.
Au XVIII° la papauté estimera le Culte des Ancêtres incompatible avec le catholicisme, les jésuites au contraire conseilleront de le tolérer. Cette intransigeance de la papauté fut sans doute un frein à l’expansion du christianisme en Chine.

Le Rêve dans le Pavillon Rouge nous fournit un bel exemple de l’ordonnancement des rites lors d’une cérémonie consacrée au Culte des Ancêtres. Je ne peux en citer qu’un court extrait. Je renvoie le lecteur qui souhaiterait lire ce très beau texte à l’édition de la Pléiade, pages 1241 à 1245.
« Le rôle du maître officiant était tenu par Jia le Déférent. Jia le Clément l’assistait. Jia Joyau de Jade présentait les coupes. Jia Vase de Jade et Jia Jade d’Oblation présentaient les rouleaux de soie. Le frérot Jade présentait les faisceaux de baguettes d’encens. Jia l’Acore et Jia la Corniole étendaient les tapis de prière et veillaient sur le brasier. Soudain, les musiciens vêtus de robes vertes commencèrent à jouer. Trois fois fut faite l’offrande des coupes, trois fois suivies des salutations rituelles. Les rouleaux de soie furent consumés, et les libations offertes. Les rites ainsi dûment accomplis, la musique cessa, toute l’assemblée se retira et fit cortège à l’Aïeule jusqu’à la salle de cérémonie du logis principal, pour la présentation des offrandes aux portraits des Ancêtres. »

A suivre,

Jean-Louis

jeudi 4 septembre 2008

lotus à perte de vue

Voilà les lotus de ma province, dans la ville de "Hong Hu" , l'endroit le plus réputé pour ses lotus.
Les fruits de lotus étaient délicieux, dommage qu'on ne peut pas en trouver en France.....


mardi 2 septembre 2008

Comédies et proverbes (suite)



Soleil, marche, baignade et les bonnes glaces que nous avons dégustées au retour...
La bonne humeur était de rigueur, à tel point qu'elle s'est communiquée à la conductrice de notre car (que nous avons emprunté sur le chemin du retour seulement..)qui nous a pris en photo. Nous avons entonné notre grand succès : "wo shi yii ge zhong guo ren..." au grand ébahissement des autres passagers.
Merci Nicole, merci Chinafi pour ces bons souvenirs...
Le photographe en chef

dimanche 31 août 2008

CHINAFI A LA PLAGE



voici ma maigre contribution en attendant le diaporama de notre photographe en chef !
encore une belle journée d'échange où prime la générosité.
ne rater pas le 19 octobre la Sainte Victoire.
VIVE CHINAFI
Nicole