mardi 29 avril 2008

Pour une journée chinafienne au milieu de la lavande



J'attends fébrilement vos propositions pour enfin programmer une journée ayant pour thème la lavande.
Je dis enfin car voici maintenant 3 ans que Xiao YANG souhaite une telle escapade car comme la plupart de nos chers amis chinois la lavande symbolise pour elle l'image de la Provence.
Je cherche un lieu propice à une jolie ballade au milieu des champs odorants de lavande.
Je pense que fin juin début juillet est la période idéale pour la lavande en fleur.
Merci
Nicole

dimanche 20 avril 2008

Su Dongpo Exil


Su Dongpo : Exil
Su Dongpo : Exil

Vendredi, 18h00 au café de la Banque où se tient d’ordinaire notre petit comité de rédaction.
La pluie crépite sur la verrière juste au dessus de l’endroit où nous sommes assis.
Nous regardons les livres emmenés par Françoise : « La peinture chinoise » de Michel Courtois et un recueil de poésies commentées par Anne Kerlan-Stephens « Poèmes sans paroles ».
Je tire de mon sac la précieuse calligraphie d’un poème de Su Dongpo que Weiyi vient tout juste de terminer. Le thème en est l’exil, la souffrance de la séparation. Un thème apparemment fréquent dans la poésie chinoise et cher aux étudiants en terre étrangère.

Yan m’avait dit que c’était un de ses poèmes favoris. Voici la traduction qu’elle a bien voulu faire :

« La lune incomplète accrochée sur le sterculiacée (l'arbre dont je t'ai parlé, celui qui est grand, qu'on trouve pas mal dans les concessions françaises en chine, les chinois l'appellent " l'arbre français)
Les gens endormis à l'approche de minuit
Sauf celui esseulé
Accompagné par l'ombre d'un oiseau de nuit

Surpris, il se tourne
Avec les regrets que personne ne comprenne
Ne voulant choisir aucune branche présente pour y installer
Il sent la solitude et le froid »

La pluie tombe maintenant à flot sur la verrière.
Nous examinons la calligraphie. Le premier caractère de la colonne de droite signifie incomplet, séparé. Sa graphie a fait l’objet d’un choix minutieux. La calligraphie d’un poème commence toujours par un long travail consistant à choisir la graphie la plus adaptée pour chaque caractère de manière à donner le meilleur résultat d’ensemble. Ce premier caractère est très curieux. Dans certaines graphies, il se compose de deux parties semblables, séparées par un trait, mais encore attachées. Il me fait penser à ces cellules qui se scindent pour former deux corps séparés qui vont mener une vie indépendante, scission qui est peut-être à l’origine du premier manque. On voit que dans la graphie ici choisie, la séparation est consommée : les deux parties du caractère s’éloignent l’une de l’autre.

Puis vient la lune, la lune incomplète. J’avais pensé que l’on pourrait traduire par croissant de lune. Mais Weiyi m’a fait remarquer que cela ne rend pas tout à fait l’idée. On sait que la pleine lune symbolise la réunion des familles. La lune incomplète symbolise donc, au contraire, la séparation, le manque. Et sans doute faut-il préférer cette traduction à celle de croissant de lune.
Le cinquième caractère est celui de ce fameux sterculiacée. Ainsi dans cette rédaction où l’on écrit de haut en bas, le caractère de la lune se trouve au dessus de l’arbre comme dans le paysage qu’elle éclaire.
Et je pense à la ballade de Musset : « C’était dans la nuit brune, sur le clocher jauni, la lune comme un point sur un i »

Weiyi vient de terminer la tasse de décaféiné qu’elle avait commandé, attirée sans doute par ce mot bizarre et pour découvrir une de ces nouvelles choses incroyables que l’on voit en France. Comme quoi la fréquentation de la culture chinoise classique n’empêche pas le désir d’ouverture et de nouveautés.
Il est temps de nous séparer. Voilà. Cette calligraphie pouvait paraître semblable à celle déjà présentées. Et pourtant quand on prend le temps on voit toutes les différences, toutes les histoires que ces caractères peuvent nous raconter. Encore n’en avons-nous examiné que trois.

Aujourd'hui nous avons pris le temps de nous promener dans ce jardin chinois que voudrait être notre livre. Et je pense à la fin du beau livre de Jacques Pimpaneau « Dans un jardin de Chine » : « Il faut conserver dans sa tête l’image du jardin chinois comme un beau rêve…Mais sans de tels rêves, de tels désirs, pourrait-on créer d’autres espaces de vie ? Pourrait-on encore chercher désespérément à changer la grisaille qui nous assaille. Pourrait-on encore avoir le courage de lutter pour que la vie devienne vraiment un songe ? »

Nous sortons du café…La pluie a cessé. Nous nous disons au revoir…à une prochaine fois…

A suivre,
Jean-Louis

François Jullien à Cassis



Rencontre ce dimanche après midi avec François Jullien à Cassis, dans le cadre du « Printemps du livre ». Merci à Françoise de nous avoir signalé ce rendez vous.
François Jullien a développé sa méthode de travail sur la Chine et les lecteurs de « Chemin faisant » l’ont parfaitement reconnu. Il a par ailleurs parlé de son nouveau livre « De l'universel, de l'uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures Fayard, 2008, 262 pages » et notamment sur la question des droits de l’homme.
Lui ayant dit que je trouvais regrettable que de grands philosophes se laissent aller à se traiter de noms d’oiseaux il a répondu que ce n’était pas lui qui avait commencé et que si on l’attaque, il se défend. (La sagesse philosophique est encore loin !!)
Sur le fait que la notion d’altérité ne peut porter en fait que sur des pensées classiques chinoise ou occidentale, il a répondu que c’était malgré tout une source de richesse (J’en suis parfaitement d’accord).
Sur la question des droits de l’homme, concept occidental qui est effectivement passé dans la Chine moderne, il n’a pas répondu.
François Jullien est un grand érudit et un grand penseur et j’ai eu beaucoup de plaisir (le même plaisir que j’ai eu à lire « Chemin faisant ») à l’écouter développer sa pensée. Plusieurs fois il fait mention du travail qu’il faut faire pour cela et il a, à plusieurs reprises demandé du temps de cheminement de pensée avant de répondre à une question. Parfois il s’est perdu dans ce cheminement et n’a pas répondu à la question initiale (sur le Tibet notamment).
J’ai le sentiment que sa pensée n’est pas toujours bien comprise mais qu’il ne fait pas tout pour clarifier les choses, ce qui accroît encore les malentendus. Par ailleurs ses engagements (j’apprécie qu’un philosophe s’engage) aux côtés des politiques et des chefs d’entreprise l’enferment dans u n rôle dont il a peut être du mal à sortir.
Questionné sur le sens de son voyage à Pékin ce jeudi 24 avril aux côtés de J.P. Raffarin, il a dit qu’il dirait (en chinois) aux dirigeants chinois, la même chose qu’il nous dit à nous. Comprendront ils sa pensée et qu’en feront ils ?

Olivier

lundi 14 avril 2008

Le débat sur l'altérité

5. Sur le régime impérial

On peut trouver désolant de penser que la pensée chinoise ne soit que le résultat d’une politique impériale (position de Billeter) mais le problème mérite quand même d’être posé, surtout de nos jours.
Quand on pense à tous les interdits (interdiction de figuration du caractère représentant l’empereur) et les répressions terribles (massacre du fautif mais aussi de sa famille et descendance, élimination de toute trace) cela en a refroidi plus d’un de commentaires trop directs ou de pensées originales (voir le cas de Li Zhi).

Jullien d’ailleurs n’élude pas le problème quand il rend le régime impérial responsable de « frontalité de la remontrance émoussée, légitimité de la plainte érodée, critique de plus en plus allusive et cryptée ».
Billeter a donc raison de poser ce problème, mais en même temps il doit faire la démonstration de ce qu’il avance, ce qu’il n’a pas fait, ni dans ses travaux, ni dans son pamphlet.
Jullien ne fait pas non plus de démonstration convaincante du contraire. Que la Chine, avant le régime impérial, n’ai jamais conçu d’autre système que le monarchique n’empêche pas que ce dernier ait pu exercer une pression étouffante sur la pensée chinoise. Sa question du « comment croire cela ? » n’a pas non plus valeur de démonstration.

Au-delà de leur conflit intellectuel, les deux auteurs se rejoignent sur la nécessaire et déjà commencée évolution, oh combien chaotique ! de la Chine au regard de la question de la démocratie et des droits de l’homme.


Conclusion

Avec cette dernière réflexion personnelle se termine cette petite étude sur le débat sur l’altérité.
A l’heure où j’écris ces lignes, la Chine fait la une de l’actualité et la question de l’altérité est au cœur des débats et des controverses. Jamais les sinologues n’ont été autant sollicités par les politiques pour en savoir davantage sur ce thème. L’éditorial du « nouvel Observateur » de cette semaine est en partie consacrée à cette question de l’altérité chinoise.

D’avoir travaillé sur ce thème, d’avoir les idées en place sur les limites des travaux des deux protagonistes avant les importants événements actuels (quelle anticipation !), m’a permis, je pense, de jouir davantage de liberté de jugement par rapport aux arguments développés par les uns et les autres en France ou en Chine sur la question chinoise, devenue centrale dans le monde d’aujourd’hui.

Fin



Olivier.

dimanche 13 avril 2008

Lettre à une tante : Yimutie de Wang Xizhi


« Lettre à une tante » (Yimutie) de Wang Xizhi

Il y a quelques jours, Marius et M. Galiano nous faisaient découvrir les merveilles du parc de Saint Pons qui sans leurs commentaires nous seraient passées inaperçues.
Pour moi, il en va du parc de Saint Pons comme de toutes choses. J’ai besoins d’explications pour découvrir la richesse d’une œuvre, d’un lieu. Et rien ne me fait plus plaisir que lorsque je peux croiser, rapprocher le point de vue de plusieurs personnes.

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir la richesse d’une calligraphie de Wang Xizhi (321 -379) qui est considéré comme un des plus grands calligraphes.
Cette calligraphie se nomme « Lettre à une tante » : Yimutie. Ci-dessous vous trouverez une reproduction de la lettre originale et ci-dessus une interprétation par Weiyi.



J’ai demandé à Weiyi, Jean-François Billeter, Su Dongpo et François Jullien de nous servir de guide dans notre exploration de la forêt des caractères de cette œuvre.

Mais avant d’aborder les commentaires sur la lettre, je voudrais vous décrire comment s’y prend Weiyi pour écrire.
Il y a en premier lieu la composition de l’espace qui va servir de support à l’écriture. Cette organisation de l’espace se nomme « Zhangfa » : « art de la composition ».
La feuille est pliée de manière à identifier autant de colonnes verticales (comme des lamelles de bambous) que nécessaire pour écrire les caractères.
Une marge est laissée sur les quatre côtés de la feuille. Celle du haut se nomme « tian », le ciel; celle du bas se nomme « di », la terre.
Commence ensuite la calligraphie. En principe une dizaine de brouillons sont nécessaire pour parvenir à une composition satisfaisante. Mais, en général nous nous contentons d’un ou deux essais.
Weyi me montre l’équilibre des traits au sein des caractères et comment ceux-ci s’inscrivent dans des figure géométriques : carré, cercle, losange, triangle …
Elle me fait découvrir l’équilibre des caractères entre eux. A l’aide d’une règle posée au milieu de la première colonne sur la droite (reproduction de l’original) nous voyons que les caractères sont légèrement décalés sur la droite. Pour rétablir l’équilibre le 2ème caractère en partant du haut (yi) et surtout le troisième trait du 5ème caractère (san) sont décalés sur la gauche.
De la même manière, pour compenser le vide de la dernière colonne où ne figure qu’un caractère a incurvé légèrement sur la gauche la dernière colonne, tandis que Weiyi a profité de la place libre pour mettre une dédicace.

Pour qu’une calligraphie soit harmonieuse, il convient ensuite d’éviter les répétitions qui engendreraient la monotonie.
Mais laissons la parole à Jean-François Billeter. « Un calligraphe exercé trouve dans le retour d’éléments semblables l’occasion de variations qui lui serviront à enrichir la composition tout en lui donnant une cohésion plus forte ».
Le prénom du calligraphe Xizhi figure deux fois dans la composition. 7 et 8 ème caractères de la première colonne et 5 et 6 ème de la 5 ème colonne. Ils sont reproduits dans l’image ci-dessous qui permet d’apprécier les variations.





Mais écoutons JF Billeter : « Le 7ème caractère de la première colonne est dense. Il a l’allure d’une matrone curieusement attifée et pleine d’aplomb malgré son petit pied. » pour compenser cette densité le Xi est suivi d’un Zhi éthéré.
Dans la 5ème colonne, le prénom est écrit d’une autre manière. Le Xi (5ème caractère) « s’élance vers la gauche comme la patineuse de Bonnard. Le Zhi qui suit rattrape et inverse l’élan comme cela se fait quand on valse sur la glace ».

Nous retrouvons ce souci de l’équilibre que nous avions découvert dans l’analyse du poème « l’enclos aux cerfs » : un thème (le silence de la montagne) est à peine esquissé qu’il est compensé par un autre (l’écho de la voix des hommes).

Dans son livre « L’éloge de la fadeur », François Jullien reproduit également le prénom de Wang Xizhi tel que calligraphié dans « la lettre à une tante ».
Il cite Su Dongpo qui compare les maîtres de la calligraphie de IV ème siècle (époque où vécut Wang Xizhi) et ceux des Tangs. Par leur virtuosité poussée à l’extrême, par la magnificence de leur talent les maîtres des Tang « surpassent toutes les générations. Mais cet air d’élévation d’au-delà le monde de la poussière qui caractérisait la tradition des Wei et des Jin (III et IVème siècle) s’est trouvée du même coup légèrement perdu. »

Et François Jullien nous invite à méditer sur ce thème : « l’art le plus parfait n’est pas nécessairement celui dont l’effet est le plus réussi; car il est déficient en raison de cette perfection. Evoquant les calligraphies de Wang Xi Zhi, Su Dongpo les qualifient de « traces désolées – éparses – simples – lointaines et leur merveilleuse réussite réside au-delà du trait et du pinceau. » Malgré une technique très aboutie (comme on a pu le voir), les calligraphies de Wang Xizhi conservent une simplicité qui leur permet « de contenir la saveur la plus extrême. » On reconnaît ce thème déjà évoqué : la simplicité (ou le vide) « accueille en lui tous les mondes possibles » Su Dongpo.

Voilà la visite est terminée. Il nous reste à remercier nos guides. Ils avaient encore beaucoup à nous dire. Car comme l’écrit JF Billeter à propos de la culture chinoise, mais cela pourrait, bien sûr, s’appliquer à toutes les cultures : « la culture multiplie le plaisir. La lecture détachée à laquelle il (l’amateur) revient après de multiples allers et retours est une lecture enrichie, une synthèse des observations qu’il a faites sur l’œuvre même, des associations qu’elle a éveillées en lui, des émotions qu’il a éprouvées à son contact. Dans les grandes œuvres, cette synthèse peut être indéfiniment reprise et approfondie. »

A suivre,
Jean-Louis

rencontre au sommet...sous terre !



Une journée très sympathique à St Emilion en compagnie de deux membres éminents de Chinafi ! le village est ravissant, avec des styles architecturaux variés qui ont fait l’objet de débats acharnés (!). La visite des caves met l’eau à la bouche...
Un grand merci à la famille de l’amie de Nicole pour son accueil très chaleureux et un repas délicieux !

PS : Peut être que Nicole était en repérage pour une prochaine randonnée marseille-bordeaux …après tout les chinafiens ne craignent ni le vent, ni la neige pour leur sortie, alors 600 km c’est « hands in the pocket » ;-) que les marathoniens se rassurent, je m’engage à assurer le ravitaillement final à Bordeaux ! ouverture des inscriptions pour cette sortie directement sur le blog dans les commentaires.

Gwen

mercredi 9 avril 2008

Le débat sur l'altérité

4. Sur l'altérité

Je crois que la traduction de Zhuangzi a été le point de départ de la démarche de Billeter. Ayant « découvert » une traduction lumineuse de Zhuangzi, Billeter semble nous dire « regardez ce Zhuangzi comme il est lumineux, comme il est clair, comme il est proche au-delà de la distance, du temps, du langage et au-delà des commentateurs qui nous séparent. N’y a-t-il pas une communauté de vue entre lui et nous ? Entre les chinois et nous ? Ne parlons nous pas le même langage ? Ne vit-on pas les mêmes expériences humaines ? Est-ce que cela ne met pas à bas toutes ces idées sur l’altérité de la Chine ? ». Cet enthousiasme l’a conduit sans doute trop loin à prendre Jullien en grippe dans son pamphlet et à remettre en cause son travail sans prendre le soin de bien étudier sa démarche.

Car de fait Jullien ne pose pas au départ l'altérité. Il critique ceux qui posent un principe de départ. Il met dans le même panier ceux qui postulent l’altérité (« les inepties de la séduction exotique de P. Ryckmans alias S.Leys », « différence culturelle hypostasiée devenant illusoire », « notions trop commodes et idéologiquement suspectes de tradition chinoise, de mentalité chinoise ou d’esprit chinois ») et ceux qui postulent la non altérité (le fonds commun) comme Billeter. Pour lui, ces deux démarches se rejoignent dans l'erreur. Jullien commence par constater l'extériorité de la Chine et à partir de là, construit son altérité. Il me semble que cette méthode de travail est davantage constructive car elle impose davantage de travail que la simple pose d’un postulat de départ.

Je trouve par contre dommage que Jullien ne dise pas ce qu’il pense du travail de Billeter sur Zhuangzi. Il pose des questions sur ses méthodes de traduction mais pas sur le résultat de cette traduction. «Je le laisse aller son chemin» dit il. Cela aurait été intéressant et cela aurait peut être amené Jullien à reconnaître une certaine valeur au travail de Billeter. Je relève dans la critique de Jullien des points où il me semble qu'il n'a pas bien compris le propos de Billeter.
Par exemple, lorsque Billeter développe l'idée intéressante comme quoi nous vivons une époque qui nous permet mieux de comprendre Zhuangzi. Jullien réduit l'argumentaire de Billeter au fait que comme Zhuangzi, nous vivrions une époque dangereuse et incertaine. Mais, ce que Billeter a voulu dire, sauf erreur, c'est que nous vivons une époque où les thèmes chers à Zhuangzi ont déjà été abordés par des auteurs comme Proust, Michaux et d'autres et nous sommes donc mieux à même de les comprendre. Peut être Zhuangzi était trop en avance et du coup n'a-t-il pas été compris, y compris par son principal commentateur.

Un second exemple en est la nature du discours de Zhuangzi, et aussi de celui de Billeter (par mimétisme ?) qui dérange Jullien. En effet ce discours n’est pas explicatif, il est descriptif puisqu’il parle de l’expérience immédiate et en cela il n’est pas un discours sur la pensée. Il y a donc en germe dans le discours de Zhuangzi (selon la traduction Billeter) une opposition avec la philosophie qui se sert principalement du langage.
Et en ce sens, quand Jullien dit à propos de Billeter que «la sinologie désapprend à penser» (cette remarque a dû beaucoup plaire aux sinologues !), est ce que ce n’est pas en fait Zhuangzi qui veut en fait nous désapprendre à penser, à nous délivrer de la conscience pour atteindre des états plus «élevés» selon lui ?

Est-ce que le « fonds commun » que Billeter pense avoir avec Zhuangzi (et qu’il pense que les occidentaux ont avec les chinois) n’a-t-il pas à voir avec ce que Zhuangzi décrit de ces états « au-delà de la conscience » et donc au-delà de la pensée ? Est-ce que ce n’est pas pour cela qu’un philosophe comme Jullien qui travaille essentiellement sur la pensée a peut être du mal à comprendre ?

Par ailleurs, n'y a-t-il pas une dynamique dans l'appréciation que l'on peut avoir d'un monde que l'on découvre ? Au premier regard, on a une tendance naturelle à amplifier les différences. Et puis, nos yeux s'habituent et petit à petit les différences s'atténuent. Est-ce que ce n’est pas ce qui arrive aux plus grands sinologues ? Ainsi les premiers ouvrages de A. Cheng et de J.F. Billeter exaltaient les caractéristiques de la pensée chinoise pour l'une, de l'écriture chinoise pour l'autre. Et puis le temps passant, n'a-t-on pas vu ces auteurs évoluer vers des positions très engagées dans leur refus de l'altérité chinoise (voir « La pensée en Chine aujourd'hui » sous la direction d'Anne Cheng) ? Il en va de même pour Noël Dutrait dans son "Petit précis à l'usage de l'amateur de littérature chinoise contemporaine" lorsqu'il écrit : "quand à la prétendue différence de mentalité, si elle est réelle sur des détails, la littérature montre précisément que les grands sentiments et comportements humains sont étonnamment proches, à condition de tenir compte des contextes historiques et sociaux". Même si Jullien semble échapper à cette dynamique, ne dit-il pas quand même qu’il ne renonce pas à une exigence d’universalité ? Il note que les deux pensées ne sont pas monolithiques, qu’il y a des occidentaux qui ont des approches « à la chinoise » et de même des chinois qui ont des approches « à l’occidentale », il y a donc une altérité interne à l’Europe comme il y a une altérité interne à la Chine.

Pour résumer ce point, j'irais dans le sens de Jullien lorsqu'il dit que, en dépit du fait que Chine et Occident aient eu leurs propres altérités en matière de pensée, certaines pensées (voir le lexique euro chinois) ont été davantage développées là ou là. Mais, si l'on aborde l'au-delà de la pensée comme par exemple la maîtrise du geste, l'apprentissage, les régimes de l'activité, les divers états de la conscience je suivrais Billeter sur l'idée du fonds que tous les hommes ont en commun. Alors, si comme le dit Zhuangzi « la forme accomplie du voyage est de tout trouver en soi » pourquoi voyager ?

Olivier

mardi 8 avril 2008

L'INDIGNATION D'UNE CHINOISE

Le mot "indignation" est souvent entendu dans la radio, ça me paraît un peu trop fréquent. Mais pour une fois, ce mot peut me servir aussi, vis-à-vis des "manifestants" qui ont perturbé le passage de la flamme à Paris! C'est la honte à la France, une tâche sur Paris!

Depuis lundi matin, les infos sur ce qui se passe à Londres commence à me donner un peu d'inquiétude. Mais j'imagine toujours qu'à Paris ça va mieux se passer. Pourquoi? Parce qu'il y a moins de dissidents et les Français m'ont l'air plus compréhensifs que les Anglais. Mais finalement non, ils n'ont rien compris, tout mélangé. Ce qu'ils ont fait à Paris c'est "quelque chose d'incorrect, d'une mainière incorrecte, au moment incorrect et à l'endroit incorrect, surtout pour une cause incorrecte"! En tant qu'une chinoise ordinaire, je n'accepte pas, pas du tout!

Comment peuvent ces monsieurs être si confidents et se croient avoir le droit de décider pour le monde entier et dire "non" au passage de la flamme! Le JO n'est pas seulement attribué au gouvernement chinois, mais il est un événement pour le peuple chinois, sans parler du monde entier. Avez-vous vu la déception totale en 1994 quand CIO ont prononcé Sydney au lieu de Beijing pour les JO 2000? Les gens ont pleuré à la gare, devant le grand écran. J'étais au lycée, j'ai attendu cette annonce toute la nuit (raison de décalage d'horaire entre Monaco et Beijing), et je n'oublirai jamais les visages pleurant qui disaient:"Nous allons le faire, un jour!" Peut être 1994 est un peu trop loin pour ces homes pressés d'aller chercher, regardez 2002 la joie nationale quand "Beijing" est prononcés! Une fête nationale, sans être dépassé par la nuit où la France a gagné le coupe de monde !! Il n'y a pas que le gouvernement!!! Vous n'avez sûrement pas rencontré le papi de 80 ans qui se mettait à l'anglais, pour "bien accueillir les amis étrangers et parler avec eux"! Tout cet enthousiasme et accueillance des petits Chinois ont été baffoués par les Grands Seigneurs des droits de l'homme!! Mais vous ne comprenez rien du tout.

Déjà, j'ai assisté un peu la manifestation "xxxx" à Marseille un samedi après-midi mars. J'ai préféré mettre "xxxx" car au final, je n'ai pas compris la cause ultime de cette manif: on voit les drapeaux tibétains, la manifestation s'est terminé par une messe tibétaine, mais certains participants ont dit qu'ils ne supportaient pas les Tibétains mais ils manifestaient "contre la massacre en Chine". Et encore d'autres n'étaient même pas sûr qu'il y aie des répressions à ce moment au Tibet mais ils manifestaient pour la transparence des information en Chine. ça fait déjà 3 causes complètement différents pour une manif (ça fait un peu trop, non) mais c'est pas grave, on se mélange. De toute façon, plus qu'on est nombreux, mieux on rigole. Les Français aiment beaucoup la manif! Finalement ceux qui ont crié le plus fort ont parlé pour ses opposants peut être majoritaires qui ont restés au calme, même on ne sait pas ce qu'ils crient exactement.

C'est toujours facile de critiquer les autres. Mais un pays avec une croissance annuelle soutenu de 2 chiffres, surtout avec une stabilité interne pendant au moins 20 ans ne mérite pas l'organisation des JO? Vous hurlez partout le droit de l'homme, mais qui a fait nourrir 1.6 milliards des hommes, sans faire la guerre ni aller cambrioler les autres? C'est vrai qu'on a encore beaucoup de progrès à faire, mais la Chine n'est sûrement pas le pire élève sur le droit de l'homme! Mais maintenant, en profitant des JO, vous crieez comme si c'est un enfer en Chine avec que de répression et torture, c'est idiot et pas du tout acceptable!

Depuis les émeutes de Tibet, il est vrai que la Chine manque encore d'expérience sur la gestion des événement crise et il en manque la transparence d'information. Mais il ne faut pas les mélanger avec la répression et "massacre"!! Ces braves monsieurs sont en train de faire une équation:
Présence militaire + interdiction aux journalistes étrangers = massacre + répression! Par conséquent, on crie le loup comme des malades! Mais non, il suffit de regarder un peu en arrière pour comprendre que cette équation ne marche pas. Depuis 1949 sa création, le gouvernement communiste n'a pas beaucoup bénéficié des analyses objectives des médias étrangers. Chaque fois quand il y a un événement politique, la façon de faire habituelle est de remercier les journalistes étrangers (aussi pour avoir moins de souci sur leur propre sécurité) et l'on se concentre à l'intérieur. Je ne vais pas, pour le moment, entrer à juger c'est bien ou non cette façon de faire. Mais les fonctionnaires chinois, conventionnels comme ils sont, n'ont surtout pas envie de faire "innovation" à ce moment critique en se risquant d'être attaqué par son supérieur. C'est peut être trop mou, mais on "nettoie" encore une fois les journalistes "qui risque de mal-interpréter" pour une simple raison d'administration et habitude. C'est peut-être une façon de faire obsolète, le gouvernement doit évoluer leur méthodes. Mais ça ne veut pas dire que d'emblée que c'est la massacre. On ne peut pas mélanger la transparence d'information et modernisation de gouvernance avec la massacre et répression.

J'ai du travail et je n'ai pas de temps d'aller faire une manifestation "anti-RSF". Et ce n'est pas dans ma nature d'aller crier tous les 15 jours dans la rue. Mais je prends un peu de temps à réfléchir tranquillement. le JO est considéré par le gouvernement Chinois une occasion de montrer l'image positive et prospers de la Chine actuelle. C'est le moment de se faire belle et confiant et zen et tout ce qu'on veut. Les Tibétains sont toujours une éthnique courageuse, qui n'accepte pas la violence car ils peuvent être encore plus violents. Qui est aussi idiot de s'amuser d'aller perturber / massacrer les Tibétains et se créer des objets pour les autres à pointer du doigt? Un tel événement qui est organisé partout spontanément, c'est sûrement bien plannifié par certaines personnes, un "beau cadeau pour la JO de Beijing". Quand ils niaient un "otage" de JO, pourquoi ils ont choisi ce moment? De plus, il est prouvé que certains journalistes ont biaisé la situation, même trafiqué certains photos (CNN par exemple). ça aurait dû être une scandale avec l'habitude de France Info, mais bizarrement, juste un petit titre de passage et puis c'est fini.

Nous les Chinois, on est jugé "trop nationaliste" (tout est relatif, c'est peut être bien vrai et on s'est fait déjà critiqué par la presse étrangère d'être "aveugles", mais c'est comme ça!). Dans cette chaîne d'événements, le gouvernement Chinois a fait aussi des bêtises plus ou moins graves. Le gouvernement n'est pas encore assez mature de faire face à beaucoup de problèmes. Mais différente à la France, la force de Chine n'est pas critiquer les autres, mais "auto-critique". On évolue sans fanfare, on progresse avec les événements, on apprend par les fautes, erreurs et bêtises, malgré que la vitesse des progrès n'aie apparemment pas satisfait aux Seigneurs de RSF. On va continuer à faire des conneries, mais on avance à notre pas. Les gentils monsieurs de RSFs et tous les autres, laissez-nous choisir notre régime, laissez-nous décider notre affaires, laisser-nous avancer à notre pas, laisser-nous construire notre démocratie, et à priori laissez-nous faire la fête tranquillement et vous êtes aussi bienvenus si vous restez sages. Les conseils, critiques, contestations, tout tout tout, on les écoutent quand ils sont bien réfléchies, peut-être on les adoptent quand c'est constructifs. Mais les emmerdements ne seront jamais acceptés!

Encore un dicton chinois : 走自己的路,让别人说去吧 (continue mon chemin et laisse les autres parlent.) Les petits Chinois ont toujours des inquiétudes sur la "différence culturelle" et ne pas être compris par les étrangers avec notre histoire hyper longue (=lourde parfois) et un système social de caractère communiste (c'est aussi une des raisons pour faire le JO, mais à un certains dégré, on a raison quand même). Mais ce n'est pas une raison de se bloquer ou fermer la porte. Je supporterai la flamme de JO 2008 tout le long de son chemin jusqu'à Bejing!

Jingping

PS: Et après, si jamais je m'ennuie dans la vie (par example n'aura rien à faire à part attendre une CAF qui tombe chaque mois), je vais peut-être organiser une organisation "anti- RSF" ou "Pro-corse" et on va faire des manif partout, à la française.

Wang Wei : L'enclos aux cerfs


Françoise nous a montré qu’en dégustant une tasse de thé on pouvait retrouver certains grands traits de la culture chinoise.

De la même manière on pourrait découvrir la culture chinoise en lisant ses poèmes.
Prenons aujourd’hui l’exemple du poème de Wang Wei (701-769) intitulé : « L’enclos aux cerfs » dont vous pouvez voir une belle calligraphie ci-dessus et qui nous permettra de retrouver, mais sous un nouveau jour, de nombreux aspects déjà évoqués.

Voici la traduction du poème :
« Montagne vide – personne en vue
On n’entend que des bruits de voix
Un reflet de lumière dans la forêt profonde
Brille une dernière fois sur la mousse verte. »

Ce poème a fait l’objet de nombreux commentaires. J’en ai trouvé deux en français qu’il est intéressant de croiser. Le premier est de François Jullien dans son livre : « Eloge de la fadeur ». Le second est de Nicolas Zufferey dans le livre qu’il vient de faire paraître aux éditions Marabout : « Introduction à la pensée chinoise ». Les citations sont extraites de ces deux livres, leurs auteurs sont signalés par leurs initiales.

Les deux auteurs sont d’accord pour considérer qu’une des caractéristiques du poème est de « laisser le texte ouvert » (NZ). La concision du texte est une des manières d’y parvenir : «Le déploiement du sens est d’autant plus riche que cette matière verbale est réduite » (FJ). De fait le poème est réduit à un quatrain.
Jaques Dars annotant « Au bord de l’eau » signalait déjà : « Ces poèmes réguliers …affectent la forme de quatrains ; ils conviennent particulièrement à des notations impressionnistes (jue-ju, vers interrompus) mais dont l’idée se propage à l’infini quand la parole s’arrête. » On retrouve la notion d’écho, de résonance qui commence quand la parole s’arrête ou quand la musique s’éteint.

François Jullien cite de nombreux poèmes où l’on retrouve cette idée :

« Dian a laissé mourir le son de sa cithare
Zhao s’abstient de jouer du luth :
Il y a dans tout cela une mélodie
Qu’on peut chanter, qu’on peut danser »
Su Dongpo « Chants en l’honneur des dix-huit Ahrats ».

Ou encore :
« Le son se prolonge – tous les mouvements cessenr ;
La mélodie s’achève : la nuit d’automne s’approfondit. »
Bo Juyi « Le luth à cinq cordes. »

Mais revenons à notre poème et au sentiment de vide, de solitude qui se dégage du premier vers.
« Ce poème illustre probablement des thèmes chers au bouddhisme, par exemple le refus du « je » ou de la conscience individuelle. Qui est le narrateur ? Qui est le témoin du spectacle …personne ne voit, personne n’entend. Ne demeurent que les sensations elles-mêmes.
D’après le titre, il devrait y avoir des cerfs, mais il n’y a rien, comme si ces animaux avaient été dérangés par les voix ou par le poète lui-même : à son tour celui-ci se perd, perd son moi ; ne demeure que la nature mystérieuse, un peu inquiétante et étrangère aux humains. » (NZ)

Mais ce sentiment de la solitude est à peine esquissé. Il est compensé par le bruit des voix évoqué dans le second vers : « Un thème est esquissé mais il reste contenu ; une distance est prise mais elle demeure relative. Car c’est en restant au seuil de la solitude (comme au bord du thème) qu’on en éprouve le plus profondément l’attrait. La montagne – les hommes : la conscience reste ouverte aux deux possibilités, elle jouit de l’une à travers l’autre. » (FJ)

J’aime beaucoup cette expression « la conscience reste ouverte aux deux possibilités, elle jouit de l’une à travers l’autre. » On retrouve ici le thème de la mise en perspective qui permet de jouir d’une chose en la considérant du point de vue d’une autre.

Pour moi cela correspond à une expérience personnelle. Chemin faisant, à Saint Pons, nous avons reparlé avec Olivier de mon futur départ à la retraite. Et je lui redisais combien ma vie professionnelle me devenait plus chère dans la perspective de ma cessation de fonction.

Mais revenons à notre poème. Cet art de l’équilibrage amorcé par la solitude compensée par le bruit des voix, nous le retrouvons dans le reste du quatrain. « Il est aussi présent à travers les renversements thématiques : le rayon éclaire l’obscurité (au troisième vers) et cette pénombre renvoie la lumière ou encore le mouvement de pénétration (dans les profondeurs de la forêt) est compensé par celui du reflet à la surface mousse au dessus

Le sens ici n’appuie jamais. Rien n’accapare l’attention, n’obnubile par sa présence, tout se retire et se transforme selon une belle expression du bouddhisme la conscience ni ne s’attache ni ne quitte.
Cette exhalaison sans fin du sens, cette émanation d’une saveur non pas insistante mais harmonieusement diffuse et d’autant plus présente à la conscience nous est rendu par une belle image : « le langage des poètes est semblable à ce qui se produit quand –aux Champs bleus sous la tiédeur du soleil – du jade enfoui naît une buée : on la contemple mais on ne peut la fixer précisément du regard ». Telles sont la représentation d’au-delà la représentation, le paysage d’au-delà le paysage. » (FJ).

« Saveur non pas insistante mais harmonieusement diffuse ». Je pense à ce que nous a dit Françoise de la saveur du thé. Je pense également à un débat que nous avions eu, il y a longtemps dans le forum, sur le toffu.

« Le sens n’appuie jamais…exhalaison sans fin du sens ». Ce qui passe presque inaperçu « est de plus en plus prenant et devient inoubliable. » Je pense à cette belle scène du film « In the mood for love » où le frôlement de deux mains dans un taxi à Hong-Kong, dans les années soixante, va, comme le thème musical, se répercuter dans le film 2046 d’âge en âge.
A suivre,
Jean-Louis

lundi 7 avril 2008

St Pons - Encore des photos

Une petite sélection des photos prises pendant la balade :)



Un grand merci à Marius et à notre garde chevalier
JM

dimanche 6 avril 2008

La photo de groupe de Saint Pons



Encore merci à Nicole pour cette belle journée.
Une pensée pour Dan et Jean Mi ainsi que ceux qui n'ont pas pu nous rejoindre.

Olivier

Une belle randonnée à Saint Pons



Merci à Nicole pour avoir organisée cette belle randonnée une fois de plus très réussie et merci à Marius et à M. GALIANO pour leurx explications.
Si j'ai bien compris rendez vous en Novembre pour une excursion à la grotte de la chèvre volante.
Comme le dit si bien Nicole : Vive Chinafi, Vive nous
Jean-Louis

M. Galiano, passionné par son sujet a su nous captiver en nous racontant de nombreuses anectotes. Ici une bien curieuse histoire au sujet d'une des fontaines du parc. Savez vous ce qu'il arrive lorsque les filles s'y baignent au clair de lune ???




Et voici Guy dans son inoubliable succès...la sardinade

ST PONS


Merci à Marius et à M Galiano qui nous ont bien fait découvrir ou redécouvrir la vallée de St Pons

Une belle journée, les 1ères couleurs estivales enfin!

Nicole

samedi 5 avril 2008

Péregrination vers l'Est

Weiyi m' a indiqué le lien d'un blog qui semble très intéressant et qui se nomme "Pérégrination vers l'Est".

En voici le lien : http://florent.blog.com/2007/9/

Voici un des articles que l'on peut y trouver dans la rubrique Etymologie.

油Parlons aujourd'hui de ce caractère chinois.

Comme souvent le champ sémantique du caractère chinois est extrêmement large ; il recouvre beaucoup de sens différents, qu'il convient de regrouper sous la même ombrelle pour l'étudiant qui veut bien retenir le caractère.

L'huile huile 油油 c'est quelquechose de brillant, qui coule naturellement, quelquechose de luxuriant ou dense aussi.
L'huile de pierre 石油 c'est le pétrole.
L'huile de vache 牛油 c'est le beurre.
L'huile gâteau 油饼 c'est le beignet.
L'huile pour les chaussures 鞋油 c'est le cirage
L'huile de crevette 虾油 c'est la sauce à la crevette.
L'artisan-huile 油匠 c'est le peintre
L'huile-poire 油梨 c'est l'avocat.
L'huile de fumée 烟油 c'est le goudron, et le "jus de pipe", ce liquide noirâtre qui s'y accumule, c'est 烟袋油子
Mais reprenons quelques couleurs : 玫瑰油 c'est l'eau de rose.
"Jeter de l'huile sur le feu" existe en chinois dans une version très littérale : 烈火烹油
Le diction 肉肥汤油 nous dit que "quand le cochon est bien gras, même le bouillon est savoureux".
Plusieurs expressions figurées avec l'huile me semblent mystérieuses.
Le "soldat-huile" 兵油子 c'est un ancien combattant.
流油 signifie transpirer beaucoup mais n'est pas à prendre de manière négative.
滚瓜流油 associe l'idée de sinueux à celle d'élégant ; comme ces jardins chinois qui s'ouvrent petit à petit au regard.
老油子 c'est quelqu'un qui a de la classe (surprenant pour un francais ! quoiqu'on puisse parler des "huiles" aussi pour les grands patrons ou les grands fonctionnaires. Les huiles sont-elles ces gouttes qui flottent au dessus de l'eau, comme le "gratin" ?)
蜜里调油 , littéralement "mielleux-huileux", désigne un attachement mutuel tendre et profond (indélébile comme une tache d'huile?).
省油的灯 c'est en argot une lampe à faible consommation d'huile, et au sens figuré quelqu'un qui passe inaperçu, ne cause pas de soucis.
Une expression joue sur l'homonymie de 游 (voyager) avec 油 ;ainsi 打游飞 peut aussi s'écrire 打油飞 pour dire "errer"
Et finissons par une expression signalée par Olive, et dont je n'arrive pas à déchiffrer la logique, peut être que des visiteurs avisés le sauront ?
拖油瓶 (tuō yóu píng) , "tirer la bouteille d'huile",désigne les enfants d'un mariage précédent(qui vivent avec la seconde femme du père)D'où vient cette expression ? Comment l'expliquer ?

Consultez le. Je ne l'ai pas complétement exploré mais il semble très intéressant.
Jean-Louis

Cha Dao = Voie du Thé



La modeste démonstration de cérémonie du thé a soulevé beaucoup d’intérêt et de questions.
Voici donc quelques pistes :
Voie du thé : Cha dao ou culture (au sens culturel) du thé : Cha wen hua, ce sont les expressions qui rendent compte de l’importance du thé pour les chinois et de la richesse de sa signification.
J’ai trouvé sur le site du Monde diplomatique un article de Nicolas Zufferey (Celui qui ne boit pas de thé peut-il être Chinois ?), écrit en 2004 et auquel je me permets de faire quelques emprunts
D’abord, l’importance du thé dans l’histoire et la tradition chinoise : « La Chine a fait du thé un des « sept trésors » avec la cithare, les échecs, la calligraphie, la peinture, la poésie et l’alcool »
Pour plus d’éléments historiques, lire son article, on y apprendra entre autres que le thé est d’abord localisé dans le Sichuan pour être ensuite véhiculé par le bouddhisme vers le nord de la Chine.
C’est au VIIIème siècle que l’on trouve un ouvrage important, le Classique du thé par Lu Yu

Pour comprendre la façon d’appréhender, d’apprécier le thé des connaisseurs chinois, il faut plutôt se référer à nos œnologues français aussi bien pour la richesse du vocabulaire concernant les saveurs, les parfums… que pour les méthodes de vieillissement et de stockage et aussi pour les prix faramineux que peuvent par exemple atteindre de vieux Pu Er.

Comme on a pu le voir dans d’autres domaines, le thé est aussi en résonance avec tous les aspects de la façon chinoise de voir le monde : spiritualité, santé, vie sociale etc.

« En Chine, le thé partagerait avec la peinture et la poésie anciennes le fait d’être « fade » ou « sans saveur » , mots français trop péjoratifs pour décrire l’état de subtile indifférenciation que les spécialistes de l’esthétique chinoise considèrent comme une qualité essentielle de l’œuvre d’art »

Ye Yu : La Voie du thé : « Normalement, eau et feu ne se tolèrent pas. Dans la voie du thé, non seulement ils se tolèrent, mais ils profitent l’un de l’autre », donc harmonisation des contraires.

« L’idée d’une « Voie du thé » associant des dimensions techniques (le bon thé, la bonne eau, les bons ustensiles, la bonne préparation) et des dimensions spirituelles » se retrouve déjà dans le Classique du thé de Lu Yu : « Lorsqu’en se consacrant au thé on s’imprègne de sagesse, de principes moraux, de vertu, qu’au moyen du thé on cultive sa nature et développe une bonne conduite, qu’on réfléchit à l’existence, qu’on médite et cherche la vérité, de façon à trouver bien-être spirituel et pureté morale, alors on atteint le royaume supérieur du thé : la Voie du Thé ».


Dès la récolte du thé, la tradition est importante : pour les meilleurs thés, seules les trois plus hautes feuilles sont coupées et ceci par des femmes qui chantent en même temps des chansons d’amour.

La cérémonie du thé chinoise est – à la différence de celle pratiquée au Japon – volontairement simple quoique pleine de sens.
Son déroulement suit des règles, tout en gardant un caractère de spontanéité et de convivialité
L’eau sera d’abord amenée à ébullition et servira dans une 1ère phase à ébouillanter la vaisselle et le thé (en bonne quantité) que l’on aura mis dans la théière, cette 1ère eau est jetée.
Il s’agit là à la fois de nettoyage et de réchauffage des ustensiles, politesse envers les convives et purification.
Ensuite – selon la qualité du thé employé – on fera plusieurs infusions sur les mêmes feuilles (5 à 7).
Lors de la 1ère dégustation, le thé est d’abord servi dans un gobelet haut qui permet de mieux sentir l’arôme du thé, puis versé dans le petit bol pour le boire.
Comme dans toute pratique traditionnelle, on n’oublie pas de marquer un petit temps de recueillement pour remercier les ancêtres (parents, enseignants, ceux qui nous précédent et nous forment)






Toute la vaisselle est petite ; la théière classique rentre dans un carré (cf. idéogrammes)

Principales catégories de thés :

Thé vert :
Oolong (à Taiwan) : thé vert très légèrement chauffé au four, saveur plutôt froide (caractéristique de médecine chinoise)
Thé noir
Pu Er : en galettes, peut vieillir longtemps, prend beaucoup de valeur, peu de théine, saveur tiède/chaude, rare, en voie de disparition.






Il ne nous manque plus qu'à nous retrouver pour une dégustation.


A suivre...






Françoise


电影 AUX VARIETES A MARSEILLE

Les Larmes de Madame Wang
库奇的奴人





Jiayne Zhu, Xingkun Wei, Liao Qin
Réalisateur Liu Bingjian
Durée01:30:00
Date de sortie26.mars.2008
GenreDrame

"LES LARMES DE MADAME WANG" Synopsis
Artiste au chômage, Madame Wang, vend des cd et dvd au marché noir. Mais elle doit quitter Pékin, lorsque son mari est arrêté afin de renflouer ses dettes de jeu. Accompagnée d'une enfant abandonnée, elle retourne dans sa ville natale située dans la province de Guizhou. Elle demande alors de l'aide à son ancien petit ami, Youming, qui lui conseille de devenir pleureuse professionnelle lors des cérémonies funéraires.Après un mauvais départ, elle devient bientôt la pleureuse la plus populaire de la région.


MERCI DE DONNER VOS IMPRESSIONS SUR CE FILM

Nicole

jeudi 3 avril 2008

RAPPEL : TOUS à ST PONS DIMANCHE



Pour une journée à la fois culturelle et sportive, sous le signe de l'amitié comme d'habitude!
Nicole