lundi 26 mai 2014

A propos du péril jaune


Il y a quelques temps, Jean Louis a évoqué le péril jaune dans un de ses commentaires. Voici quelques données sur la façon dont cette représentation est née en France et sur les effets immédiats qu’elle a produits.
Comme une réplique du discours colonial présentant les peuples colonisés comme des races inférieures auxquelles il convenait d’apporter la civilisation, une abondante littérature ouvertement raciste à prétention scientifique ou destinée à un large public vit le jour à la fin du XIXème siècle.
La France juive d’Edouard Drumont, publiée en 1886 réunit ces deux caractéristiques. Diffusé à plus de 80 000 exemplaires et réédité à maintes reprises, cet ouvrage rassemble tous les préjugés traditionnels dont furent victimes les juifs et est considéré par les spécialistes comme le point de départ de l’antisémitisme moderne en France.

Les asiatiques ne furent pas oubliés. Fréquemment dépeints comme fourbes, féroces et d’une grande cruauté, ils ne pouvaient provoquer que le plus grand dégout. Ainsi, Paul Giffard s’offusquait de « l’infecte odeur  caractéristique du Chinois et de la Chinoise », et Jules Leclercq ne voyait à Shanghai qu’un « immonde grouillement chinois […] une cité moyenâgeuse  où six cent mille  jaunes grouillent dans la saleté la plus abjecte ».
Pour autant, ce que redoutaient le plus ces auteurs, c’était la propension des chinois, embrigadés par les japonais à se répandre et à vouloir détruire la civilisation occidentale, ce que leur permettait leur masse innombrable. Aussi certains auteurs se mirent-ils en charge de mettre en garde contre la terrible menace que représentaient à leurs yeux les peuples d’Asie.
En 1900, Iwan Gilkin signait un poème dramatique intitulé Jonas dans lequel il mettait en garde ses lecteurs : «En Orient, nos machines dociles obéissent au bras de l’ouvrier lointain qui se vêt d’un pagne et se nourrit d’une poignée de riz. Travail pacifique, croient les imbéciles ? Assassinat de la race noble ! Chaque ouvrier de la Chine ou de l’Inde enfonce un invisible couteau dans la gorge d’un ouvrier d’Europe. Le couteau est invisible, mais il tue » s’empresse d’ajouter l’auteur au cas où l’avertissement ne serait pas suffisamment clair et d’exhorter l’Europe. « Vide l’Asie de ses habitants comme on retourne un seau plein d’eau. Nettoie-la de ses derniers hommes, comme on après le repas on lave la vaisselle » clamait-t-il.
Si la diffusion du poème de Gilkin resta confidentielle, « L’invasion jaune » roman fleuve du Capitaine Danrit (anagramme du Lieutenant-Colonel Driant, gendre du Général Boulanger) édité en 1909 et réédités jusqu’en 1926 connut un grand succès. Danrit révèle le vaste complot ourdi par les japonais qui, avec la masse chinoise embrigadée, veulent détruire la civilisation blanche. L’Amérique naïve a signé un contrat et doit livrer au « Dragon dévorant » cinq millions de fusils. Les jaunes ont décidé de faire périr tous les blancs. Ils y parviennent presque, et ce ne sont ni les russes, ni les fourbes anglais, ni les français avachis qui leur résisteront. L’espoir réside dans l’Allemagne de Guillaume II, et dans une fière américaine, fille d’un milliardaire de San Fransisco et fiancée à un jeune français nationaliste.
L’auteur marqua toute une génération de français. Il savait habilement user de tout ce qui peut ravir un grand public avide d’histoires d’amour et de descriptions de tortures raffinées, les Blancs s’aimant, les Jaunes les étripant.
Les images d’Attila et de Gengis Khan furent abondamment convoquées et plusieurs auteurs, tels le Marquis de Nadaillac, Féli-Brugière, Louis Gastine ou Pierre Giffar rappellaient à leurs lecteurs la terreur provoquée par ces envahisseurs et n’hésitaient pas à multiplier les descriptions des scènes de torture les plus horrifiantes.
La révolte des boxeurs en 1900, dont la violence fut exagérée par cette littérature à sensation, renforça les stéréotypes qui montraient la Chine sous un jour barbare. Même si la répression qui s’ensuivit fut autrement plus sauvage avec son cortège de villages incendiés, de massacres, de viols et de pillages, que les exactions commises contre les missionnaires, les chinois chrétiens et les attaques des légations étrangères à Pékin, la terreur qu’elle inspira alimenta le racisme des Occidentaux, et la hantise du « péril jaune ».
 C’est ainsi qu’en 1912,  Fu Manchou (traduction anglaise de Mandchou), mystérieux docteur d’origine asiatique naquit sous la plume de Sax Rohmer, de son vrai nom Arthur Henry Sarsfield Ward. Grand Maître de la secte du Si Fan, ce sinistre personnage nourrissait les plus noirs desseins à l’égard de l’Occident puisqu’avec ses amis jaunes il ne visait pas moins que la destruction de la civilisation occidentale. Les obsessions de Sarsfield Ward se répandirent dans 13 romans et 4 nouvelles et inspirèrent plus tard cinéastes et auteurs de bandes dessinées.
Certains livres, tel l’ouvrage de Fèvre et Hauser (programme de 1905) utilisé dans les écoles normales primaires ou celui de Gaston Doder intitulé Europe et Asie destiné à l’enseignement secondaire des jeunes filles, reprennent à leur compte de façon plus policée les préjugés concernant les chinois et les craintes qu’ils inspirent.

Ces représentations et les appels à la vigilance qui les accompagnaient ont imprégné l’imaginaire collectif et ont contribué à alimenter une xénophobie latente qui s’exprimera de multiples manières et provoquera bien des crispations. La venue en France de plusieurs dizaines de milliers d’indochinois et de chinois pendant la première guerre mondiale en fournit l’occasion.
Ainsi au printemps 1917, une rumeur selon laquelle les tirailleurs annamites tiraient à la mitrailleuse sur les ouvrières parisiennes en grève lorsqu’elles manifestaient dans la rue, a parcouru certains régiments. Dès le 20 mai, elle circulait au sein du 129ème régiment d’infanterie, puis a rapidement gagné d’autres unités. Or, le 4 juin 1917, près de la Porte de Saint Ouen à Paris,  un incident mineur a vite dégénéré. Un annamite voulant acheter du tabac a été pris à partie par un civil français  qui s’est vite répandu en insultes xénophobes. Après une petite bousculade, l’Annamite revint avec quelques un de ses camarades et une altercation les opposa au client ainsi qu’à quelques civils et militaires français. Rentrés au bastion où ils tenaient garnison à la suite de l’intervention de deux policiers, ils ressortirent plus nombreux et, armés de leur fusil  baïonnette au canon, chargèrent ceux à qui ils s’étaient opposés. Il s’agissait en effet  de tirailleurs chargés d’assurer la garde des usines de guerre parisiennes. La police les fit rentrer dans le bastion,  bientôt assiégé par une foule de plusieurs centaines de personnes qui tenta de le prendre d’assaut. Des coups de feu tirés par des annamites tuèrent une jeune femme et blessèrent sept personnes. Le calme revint après l’arrivée de policiers, de gendarmes et de militaires en nombre suffisant.
Ainsi les annamites tiraient bien sur les femmes, ou plutôt sur « nos » femmes pour reprendre le vocable utilisé par certains protagonistes. L’affirmation de ce lien familial réel ou imaginé exprimait certes la colère et l’indignation, mais aussi le besoin de susciter l’adhésion et de bien marquer l’altérité des agresseurs.
Les  craintes étaient donc  justifiées et la colère légitime. Ses effets n’ont pas tardé à se manifester. Des automobilistes et des travailleurs annamites ont été l’objet d’insultes et de coups dans les cantonnements et sur les voies de chemin de fer déplore une note de l’Etat-Major, datée de juillet 1917, destinée sans doute à être diffusée largement pour tenter d’y mettre un terme.

Cette rumeur affecta également certaines usines de guerre comme à Toulouse où travaillaient plusieurs milliers annamites.
Il s’agissait des annamites mais il régnait alors parmi les contemporains une grande confusion entre annamites (d’ailleurs ils ne l’étaient pas tous puisqu’ils pouvaient aussi bien être tonkinois, cochinchinois ou cambodgiens) et chinois comme en témoignent notamment de articles de la presse de l’immédiat après-guerre. Cette confusion traversa même certains services de l’administration. Elle perdura puisqu’on peut lire sur la carte IGN (R 18) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur un site intitulé « Le camp chinois » situé à quelques kilomètres au nord-est d’Aix en Provence, que nous avons d’ailleurs traversé au cours d’une sortie Chinafi. Ce camp n’a abrité aucun Chinois mais des travailleurs indochinois réquisitionnés en 1939 et envoyés après la débâcle de juin 1940 dans cette zone forestière pour produire du charbon de bois afin de fournir du carburant aux véhicules équipés de moteur gazogène.
Comme l’atteste une lettre du Préfet de la Nièvre datée du 9 juillet 1917 adressée au Ministre de l’Intérieur, cette rumeur affecta également les travailleurs chinois. Le Général commandant la 8ème région militaire craignant un débarquement ennemi par engins aériens autour des usines de guerre et ne disposant pas d’effectif suffisant pour assurer leur garde fit, en mars 1916, distribuer des fusils aux industriels. Cette mesure passa inaperçue jusqu’à ce que les ouvriers des aciéries d’Imphy eurent connaissance début juillet 1917 de l’affectation dans leur usine de travailleurs chinois dont le nombre correspondait approximativement au nombre de fusils entreposés. Cette nouvelle provoqua de l’agitation dans les ateliers  d’autant que se déroulaient à ce moment des négociations salariales. Les ouvriers ne manquèrent pas de faire le rapprochement entre leur démarche revendicative, l’arrivée des chinois, les fusils et « la répression féroce   des ouvrières en grève perpétrée par les annamites ».
Ainsi cette rumeur avait largement circulé et englobait dans les mêmes ressentiments et les mêmes peurs les annamites et les chinois.

Yves

vendredi 16 mai 2014

Festival du film chinois du 10 au 15 juin 2014 au cinéma Le Prado à Marseille




Ci dessus le programme du festival du film chinois 2014 au cinéma Le Prado à Marseille.
Ci dessous le résumé des films (désolé pour nos amis chinois, tous les noms chinois sont en pinyin) 

A bientôt
Olivier



1. SILENT WITNESS (Fei Xin)
La fille du puissant businessman Lin Tai est accusée d’avoir assassiné Yang Dan, la célèbre jeune fiancée de ce dernier. Lin engage un ténor du barreau afin de faire disculper sa fille en tentant de prouver qu’il s’agit d’un accident. Mais cette brillante avocate sera confrontée à un procureur aussi déterminé qu’elle à faire éclater la vérité. Les accusations révéleront des secrets de famille choquants. Qui est le véritable meurtrier de Yang Dan ?
Ce brillant thriller juridique, sorti en Septembre 2013, a obtenu un grand succès tant public que critique. Interprété par trois acteurs très connus (Sun Honglei, Aaron Kwok et Yu Nan), le réalisateur (Fei Xin) est nouveau. Le film a été récompensé à l’édition 2013 du « China Image Film Festival » de Londres (meilleur film, meilleur acteur et meilleur nouveau réalisateur)


2. VIVRE ET MOURIR A ORDOS (Ning Ying)
Ordos est une agglomération située en Mongolie Intérieure. Hao Wenzhang, chef de la police locale, décède subitement le 14 Mai 2011, à l’âge de 41 ans. Il était considéré comme un héros local avec une réputation d’incorruptibilité. Hua Wei, le journaliste d’investigation le plus réputé de cette province, entreprend d’écrire l’histoire de Hao . Peu à peu le portrait d’un homme hors du commun va émerger. A travers ce portrait, le film brosse une étude de caractère d’un policier efficace et probe au sein d’une région confrontée à un développement économique rapide. Le titre chinois du film signifie tout simplement « Journal d’un policier ». Cette étude résume en fait les tensions sociales et éthiques auxquelles la police est régulièrement confrontée.
Ning Ying est une réalisatrice connue et appréciée des cinéphiles français. Sa « Trilogie de Pékin » est un classique. Il s’agit de son tout dernier film, dont la première eut lieu lors du Festival International du Film de Tokyo en Octobre 2013.

3. EINSTEIN ET EINSTEIN (Cao Baoping)
A Xian, de nos jours, Li Wan, une adolescente de 13 ans est élevée par ses grand parents. Son père qui est divorcé et remarié, n’a jamais été proche de Li Wan. Trop occupé par son travail et par sa nouvelle vie, il n’a jamais osé dire à sa fille qu’elle avait un demi- frère. Le père offre un petit chien à Li Wan. Celle-ci, d’abord hostile à l’animal, va progressivement s’attacher à lui. Un jour Einstein (c’est le nom qu’elle a donné au chien) s’enfuit…..
Ce film d’auteur est le premier d’un binôme consacré à l’enfance. L’exclusion et les difficultés d’intégration d’une adolescente sont les thèmes principaux de cette histoire dramatique contemporaine. Pertinent dans son propos, le film permet également de mieux comprendre certains aspects de la Chine urbaine d’aujourd’hui. Ce beau film a été présenté dans une section parallèle du dernier Festival de Berlin (Février 2014) où il a reçu une récompense. Cao Baopin est le réalisateur de « The Equation of Love and Death » (2008) avec Zhou Xun qui avait enchanté tant le public que la critique. 


4. FLY WITH THE CRANE (Li Ruijun)
Un village dans la province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine. Lao Ma, 73 ans, et son ami Lao Cao furent autrefois des fabricants de cercueils réputés. Mais la loi a changé et la crémation est désormais obligatoire. Ma passe désormais son temps en compagnie de ses petits- enfants. Lorsque Ma revient au village après la fête de la mi automne, il apprend que son ami Cao est décédé et que son cercueil a été secrètement enterré près d’un lac. Plus tard, Ma prétend avoir aperçu une grue blanche près du lac mais personne ne le croit. Il va donc y attendre tous les jours le retour de la grue malgré les rires et les moqueries de ses voisins. Son petit- fils s’en étonne et son grand père lui confie alors son désir secret. Il a travaillé dur pour élever ses enfants et ceux –ci ont l’intention de le faire incinérer comme l'exige la loi alors que lui souhaite être transporté au paradis par une grue blanche. Ses petits enfants vont alors prendre les choses en main.
Ce magnifique film d’auteur est le plus « ancien » de cette sélection. Présenté pour la première fois à la Mostra de Venise en Septembre 2012 , il a vite acquis une réputation de film culte dans les différents festivals internationaux où il a été présenté. Il est totalement inédit en France. Un film bouleversant sur la vie, l’ancienne, la nouvelle et l’abandon des traditions à la campagne. Il s’agit d’une réflexion sur la disparition progressive des coutumes ancestrales dans la Chine moderne parallèlement à celle des personnes âgées qui en étaient les dépositaires et les gardaient vivantes.

5. MY LUCKY STAR (Dennie Gordon)
Sophie (Zhang Ziyi) s’ennuie dans l’agence de voyage pékinoise où elle travaille. Pour se distraire elle réalise des bandes dessinées d’aventures imaginaires dont le héros est toujours un très beau jeune homme. Sa vie va changer lorsqu’elle gagne un concours dont le premier prix est un séjour de rêve dans un palace de Singapour. Un jour, elle y rencontre par hasard le héros de ses dessins et de ses rêves. David (le garçon en question) est un agent secret américain interprété par Wang Leehom. Sophie se retrouve par hasard piégée par un vol de diamants et d’un complot international qui de péripétie en péripétie l’entraine respectivement de Singapour à Hong-Kong puis à Macau.
Mélange de comédie romantique et de film d’action “à la James Bond”, ce film est un « festival » Zhang Ziyi. Productrice du film, la star est présente dans pratiquement chaque plan. Le film est un prequel de « La Revanche de Sophie » (2009) déjà produit par Zhang Ziyi et programmé lors de la première édition du FCCF. Sorti sur les écrans chinois en Septembre 2013 , « My Lucky Star » fait partie des blockbusters de l’année. La réalisatrice est américaine et c’est la première fois qu’un metteur en scène américain réalise un film 100% chinois. Il est également rare de voir Zhang Ziyi star d’une comédie.

6. BEIJING LOVE STORY (Chen Sicheng)
Différentes générations sont confrontées à l’amour et à l’engagement dans cette comédie romantique choral. Le point commun de chaque histoire est Pékin. Une femme enceinte doit choisir entre son mari et un ancien grand amour qui revient dans sa vie. Un jeune couple est face au dilemme classique : la raison confronté aux sentiments. Un autre décide de partir en vacances en Grèce afin de faire le point suite à des infidélités réciproques, etc.
Inspirée d’une série télévisée homonyme écrite et mise en scène par le réalisateur de ce film choral (sa première réalisation au cinéma), cette comédie romantique est sortie sur les écrans chinois pour la St Valentin 2014. Son succès commercial a été immédiat, réalisant l’un des plus beaux démarrages de ces derniers mois. Quelques acteurs très connus sont au générique (Tony Leung Ka-fai, Carina Lau, Wang Xuebing, Yu Nan, etc).

7. THE WHITE STORM (Benny Chan)
A Hong-Kong trois amis d'enfance sont devenus des policiers d'élite. Deux ont rejoint le Bureau des Narcotiques. Quant au troisième, il a été désigné pour infiltrer l'une des plus importantes triades locales. A eux trois, ils vont mener une guerre implacable aux réseaux et au florissant business de la drogue. Leur quête les mènent jusqu'en Thaïlande et à un dangereux parrain surnommé le "Bouddha aux huit bras ". La confrontation finale sera terrible
Trois stars du cinéma hongkongais (Sean Lau, Louis Koo et Nick Cheun) sont à l'affiche de ce blockbuster policier au budget important. Pendant 137 minutes, c'est une festival de scènes d'action spectaculaires avec poursuites en hélicoptères, crash de voitures, explosions en tout genre, le tout mis en scène de façon époustouflante. C'est un film d'action dans la pure tradition de ceux qui ont fait la réputation du cinéma de Hong-Kong. Sorti en Décembre 2013, ce film a également été présenté au Festival de Rome en Novembre.

8. AMERICAN DREAMS IN CHINA (Peter Chan)
Comment trois camarades d'université ont construit un empire en enseignant l'anglais à leurs compatriotes ! En 1985, Chen Dongqing, Wang Yang et Meng Xiaojun sont candidats à l'obtention d'un visa afin d'aller compléter leurs études aux États Unis. Finalement un seul partira. Après moult péripéties, au début des années 1990, aux prémices du développement de l'économie chinoise et pour répondre à une demande de plus en plus importante, les deux qui sont restés créent une école enseignant l'anglais. En 1994 le troisième ami revient rejoindre les autres apportant l'expérience acquise localement. "New Dream" devient alors l'école privée la plus importante de Chine. Mais trop d’argent et des conceptions de gestion différentes vont progressivement semer la discorde entre les trois amis.
Sorti en Mai 2013, ce film tout à fait dans "l'air du temps" fut l'un des plus importants succès du box- office de l'année. Célébration des "self made" jeunes entrepreneurs, il fait sans aucun doute partie de cette vague de films de plus en plus populaires s'adressant à un public jeune. Le réalisateur est Peter Chan ("Perhaps love", The Warlords", "Wu Xia") et les trois protagonistes sont trois des jeunes étoiles montantes du cinéma chinois d'aujourd'hui (dont Deng Chao et Tong Dawei).

9. YOUNG STYLE (Liu Jie)
A Pékin en 2011, cinq jours avant le redoutable gaokao (examen d’entrée à l’université), Ju Ran tombe d’une fenêtre de son lycée et se blesse en tentant d’apercevoir Huang Jingjng, une lycéenne à laquelle il a déclaré sa flamme lors d’une séance de photos de classe. Pour la mère de Ju Ran, la réussite de son fils à l’examen signifie plus que tout. Suite à une dispute, Jingjing « quitte » Ran. Celui-ci, profondément blessé, échoue à l’examen. Sa mère est évidemment furieuse. Ran va donc recommencer l’année suivante avec un but ultime : réussir afin d’aller rejoindre Jingjing qui a été admise à l’université Fudan à Shanghai.
Changement de style pour Liu Jie (« Le dernier voyage du juge Feng») avec ce film qui est à la fois une comédie (divertissante) et également une excellente étude de société avec un très juste constat de ce qu’est et ce que représente le gaokao tant pour les enfants que pour les parents chinois. Le genre « film de lycée » est rare dans le cinéma chinois et celui-ci est tout à fait en phase avec la tendance actuelle du film pour « jeunes » comme l’était par exemple
« So Young » de Zhao Wei qui figurait dans la programmation de la troisième édition du FCCF. Ce film a été présenté pour la première fois au Festival du Film International de Shanghai en Juin 2013 et il est sorti en salles en Août 2013. A noter une courte apparition de Hou Hsiao Hsien à la fin.

10. LE ROI SINGE (Cheang Pou Soi)
Un renard des neiges rend visite au Roi Singe Sun Wukong alors qu’il est encore dans son œuf de pierre. Devenu adulte, il rencontre de nouveau le renard mais celui-ci est devenu une splendide jeune fille vêtue de fourrures. Ils tombent amoureux sans savoir que le démon Roi Taureau a d’autres projets pour eux. Pendant plus de 100 minutes, le film raconte les péripéties qui verront le Roi Singe se rebeller contre le dirigeant du ciel, l’Empereur de Jade.
Enorme blockbuster événement de ce début d’année. Sorti fin Janvier 2014, son box-office a dépassé le milliard de yuans en seulement un mois rejoignant ainsi le club très fermé des films ayant générer plus de 1 M (cinq films à ce jour dont trois chinois et deux américains). Il s’agit de l’adaptation de quelques chapitres du très long roman fantastique de Wu Cheng’en

« Le Voyage en Occident » connu de tous les Chinois. Mélange innovant de fiction, d’animation et d’effets spéciaux, le résultat est étonnant et spectaculaire, preuve évidente que le cinéma chinois est désormais tout à fait capable de rivaliser avec Hollywood en ce qui concerne la technologie. De nombreuses stars sont à l’affiche dont Donnie Yen (méconnaissable en Roi Singe) et Chow Yun Fat en Empereur de Jade. Ce film est présenté aux spectateurs français en 3D.
 
11. MY RUNNING SHADOW (Fang Gangliang)
A Guangzhou, de nos jours, Xiuzhi (17 ans) s’apprête à prendre l’avion pour les Etats Unis avec son père afin d’aller y compléter son éducation. Le père de Xiuzhi est parti lorsque celui n’avait que onze mois. Son épouse avait alors insisté pour rester à Guangzhou afin de s’occuper de leur fils. En effet, celui-ci n’était en effet pas un enfant ordinaire. D’une intelligence précoce, il vivait dans son monde, considéré en outre à l’école comme un enfant difficile à cause de son incapacité à s’entendre avec les autres .
Second volet de ce binôme consacré à l'enfance, ce très joli petit film a été présenté pour la première fois au Festival International du Film de Shanghai en Juin 2013. Quatre ans ont été nécessaires au réalisateur pour finaliser ce projet.