mardi 27 mai 2008
Visa difficile et préhistoire du tourisme en Chine
Attention, on n'est certes pas revenu à la préhistoire du tourisme en Chine mais pour cet été 2008, le visa pour la Chine n'est pas facile à obtenir. Il faut apporter ses billets d'avion et ses justificatifs de domicile tels certificats d'hébergement ou réservations d'hôtel.
A propos de préhistoire du tourisme en Chine, en 1982 pour avoir un visa (uniquement Canton et Pékin), nous avions dû nous entretenir avec les autorités de l'ambassade chinoise à Paris sur les motifs de notre voyage et pour nous promener en Chine, nous avions dû nous faire faire un "Permis de voyage pour étrangers" (voir ci dessus) à l'agence de voyage officielle (旅行社) de Beijing. Nous avions aussi dû siniser nos noms.
C'était aussi le temps où il y avait encore les deux monnaies : le 元 (yuan) convertible (la monnaie pour étrangers) et le 人民币 renminbi (la monnaie du peuple). Il n'y avait aucune voiture à Pékin. C'était le bon temps !!
Olivier
dimanche 25 mai 2008
Chanson du fils qui part en voyage
Weiyi m’a dit que tous les Chinois connaissent ce poème, en tout cas les premiers vers qu’ils apprennent à l’école primaire.
Ce poème qui célèbre les mères et l’amour maternel a été écrit par Meng Jiao au début de la dynastie des Tang.
En voici la traduction :
Chanson du fils qui part en voyage
Fil entre les doigts de la mère qui coud :
Habit pour le fils qui part au loin.
Plus le départ est proche, plus le point est serré,
Et plus serré encore le coeur craignant l’absence.
Qui dit que la couleur d’un brin d’herbe
Puisse payer en retour la chaude lumière du printemps ?
Et pour les anglophones :
A Poem By A Leaving Son
The thread in the hand of a kind mother
Is the coat on the wanderer's back.
Before he left she stitched it close
In secret fear that he would be slow to return.
Who will say that the inch of grass in his heart
Is gratitude enough for all the sunshine of spring?
La littérature chinoise ou consacrée à la Chine contient de nombreux livres honorant les mères ou la maternité.
Parmi ceux-ci citons trois beaux livres :
- « La Mère » de Pearl Buck (Livre de poche).
Pearl Buck, prix Nobel en 1938, a écrit de nombreux romans consacrés à la Chine, notamment : « Vent d’Est, Vent d’Ouest », « Terre Chinoise » et bien sûr « La Mère », qui décrit le personnage admirable d’une mère chinoise.
- « Beaux seins, belles fesses » de Mo Yan. (Gallimard).
Ce livre dominé par la figure de Shangguan Lushi, mère de neuf enfants (huit filles et un garçon) est un hymne aux femmes. C’est une vaste fresque de la Chine du XX ème siècle.
- « Soleil Levant » de Chi Li (Actes Sud). L’arrivée d’une petite fille va bouleverser et rendre adulte un jeune couple. Rien ne sera trop beau pour la petite « Soleil Levant » même le lait Nani pourtant bien cher pour les jeunes parents :
« Quand le vendeur s’entendit demander dix boites de Nani, il regarda les clients qui lui faisaient face avec une considération non dissimulée et s’empressa de les servir.
- les utilisateurs de cette poudre de qualité supérieure aiment l’associer à un jus de fruit, lui aussi de qualité supérieure ;
Et il attrapa une boite de jus de fruits en poudre importé des Etats-Unis …et la posa à côté des dix boites de lait en poudre, comme on place une selle d’or sur un cheval précieux.
- Tenez, voyez celui-ci a reçu l’agrément de la NASA.
Zhao Shengtian déchiffra l’étiquette à voix haute :
- La boisson de l’espace, soif d’aujourd’hui.
- Exactement, monsieur. Vous le prenez aussi ?
Un attroupement de curieux s’était formé devant le comptoir : on voulait voir la tête de celui à qui on donnait du « monsieur ».
C’était la première fois qu’on s’adressait à Zhao Shengtian avec autant de déférence dans un lieu public. Li Xiaolan était très fière de lui :
- Oui répondit-elle au vendeur, nous le prenons aussi. »
A suivre,
Jean-Louis
vendredi 23 mai 2008
Patrice,n'oublie pas de nous donner de tes nouvelles
mercredi 21 mai 2008
柏 ou 杉 ???
samedi 17 mai 2008
vendredi 16 mai 2008
LA FORET DE CEDRES DANS LE LUBERON
mercredi 14 mai 2008
jeudi 8 mai 2008
Su Dongpo : Le vieil homme et le miel
Il y a quelques semaines je consultais le lien mis en ligne par Olivier permettant d’accéder au site, très intéressant, du département chinois de l’Université d’Aix en Provence.
J’y découvrais notamment les références d’un livre de Claude Roy sur Su Dongpo : « L’ami qui venait de l’an mil ».
Yan et Weiyi m’ayant dit que Su Dongpo était un de leurs poètes favoris, je commandai le livre qui bientôt arriva par la Poste.
Je l’ouvrai un peu machinalement prêt à le refermer. Pris d’un excès d’esprit critique, j’avais du mal à me trouver en sympathie avec un écrivain.
Je parcourais quelques lignes et j’eu tout d’abord la surprise de découvrir un livre bien écrit, ce qui n’est pas si fréquent. Je continuai donc ma lecture.
Dans un livre on trouve ce que l’on cherche ou en tout cas ce que l’on connaît.
Au détour des poèmes je retrouvais donc Montaigne ou Le Clézio. Ainsi dans ce poème :
« Le vieux moine-poète vivait en ermite
Se nourrissant seulement du miel de ses abeilles
Personne ne savait que dans chaque goutte de miel
Né de la beauté des herbes et des fleurs
Se cachaient les secrets des poèmes naissant
Quand le vieil homme mangeait son miel
Et crachait en retour de nouveaux poèmes
Il savait qu’il était un enfant du monde
Où le miel est poème et les poèmes miel. »
Pendant que Weiyi cherchait les caractères pour calligraphier un extrait du poème et qu'elle me montrait la ruche et l'insecte dans le premier caractère de la colonne de droite qui signifie miel, une phrase évoquait en moi un écho,
« Personne ne savait que dans chaque goutte de miel
Né de la beauté des herbes et des fleurs
Se cachaient les secrets des poèmes naissant »
mais je n’arrivais pas à trouver ce que ces vers évoquaient. Et puis, brusquement, je me suis souvenu. C’était une phrase de Le Clézio qui écrira bien des années plus tard en contemplant la mer « Elle était là, on la côtoyait tous les jours…mais on ne savait pas ce qu’elle voulait dire. Mais la mer, elle, savait…Ce qu’on découvre alors, un jour, comme cela, rien qu’en étant assis sur un rocher devant la mer, vous comprenez, c’est que l’expérience des hommes est incluse dans l’expérience de l’univers. »
Je retrouvai la vision un peu désespérée de Claude Lévi-Strauss, les deux auteurs savent « que tout n’est rien qu’un rêve rêvé en vain ». Pourtant ils ont le même courage d’être des sauveurs d’instants. « La bonne poésie et le vrai courage ont ceci de commun que leur exercice fait oublier la mort. Les centaines de poèmes de Su Dongpo sont autant d’étincelles de vie qui échappent à la mort. » Tous deux ils pratiquent la mise en perspective. A la fin de sa vie Su Dongpo est exilé dans l’île tropicale de Hainan. Pour résister à la chaleur malsaine, il relit « un grand poème de gel, de neige et de froid pur :
« Le froid a dévalé jusque sur la rivière…
Je vois les montagnards qui transportent des bûches
Ils n’ont pas le temps de boire un peu de vin
Ni de chanter des poèmes
Le pinceau est durci par le gel
Et risque de casser net
Les rideaux ne sont pas tirés
Et je vois dans la nuit une jeune fille
Penchée sur son métier à tisser …
Un autre moine balaie la neige sur son seuil
Il a la goutte au nez et elle a gelé »
Courage aussi de reconnaître sa lâcheté devant les injustices et la fureur des hommes :
« J'ai devant moi de pauvres bougres
Chaînes aux mains chaînes aux pieds
Petites gens qui avaient faim
Tombés dans les pièges des lois sans comprendre ce qui leur arrive...
Dans l'ancien temps
On les aurait libérés pour le Nouvel An
Est-ce que j'oserais le faire ?
Je garde le silence et j'ai honte."
Voilà, il faudrait tout citer. Les poèmes consacrés au souvenir de sa femme trop tôt disparue, à ses enfants, à son frère.
Dans ses poèmes, il est souvent question de continuer à savoir rêver :
« Vivre Rêver Rêver sa vie »
De la recherche du temps perdu :
« Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté »
« J’ai rêvé que j’étais à l’école primaire
mes cheveux en deux petits chignons comme les gosses… »
Et c’est certainement une des plus grandes missions des poètes que de nous rappeler les rêves nous sont aussi nécessaires que le contact avec la réalité et la sympathie que l’esprit critique.
A suivre,
Jean-Louis
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