mercredi 22 avril 2015

Jardins


Ts'i Pai-che, Théier en fleurs

Stéphane Mallarmé, poète jardinier, consacra de nombreux poèmes aux jardins. Il aimait disait-il "faire la toilette des fleurs avant la sienne". Deux de ses plus beaux poèmes, deux des plus beaux poèmes de la langue française. 
Jean-Louis


Les fleurs
Premier et de la neige éternelle des astres
Jadis tu détachas les grands calices pour
La terre jeune encore et vierge de désastres,

Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,
Et ce divin laurier des âmes exilées
Vermeil comme le pur orteil du séraphin
Que rougit la pudeur des aurores foulées,

L'hyacinthe, le myrte à l'adorable éclair
Et, pareille à la chair de la femme, la rose
Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,
Celle qu'un sang farouche et radieux arrose !

Et tu fis la blancheur sanglotante des lys
Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure
A travers l'encens bleu des horizons pâlis
Monte rêveusement vers la lune qui pleure !

Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs,
Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes !
Et finisse l'écho par les célestes soirs,
Extase des regards, scintillement des nimbes !

Ô Mère qui créas en ton sein juste et fort,
Calices balançant la future fiole,
De grandes fleurs avec la balsamique Mort
Pour le poète las que la vie étiole




Soupir

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton œil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l'Azur !
- Vers l'Azur 
attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

dimanche 12 avril 2015

Cassis : de l'avenue Jean-Jacques Garcin à la traverse du Rompe cuou


Perdu dans les ruelles de Cassis, je cherche désespérément l’avenue Jean-Jacques Garcin, lieu de notre rendez-vous. Heureusement bientôt un appel téléphonique d’Olivier me remet sur la bonne route. Malgré tout j’arrive avec  vingt minutes de retard. Mais je suis sympathiquement accueilli par le groupe qui m’a attendu patiemment. Pour me remettre de mes émotions, Nicole m’offre un chamalow et Marie-Claude un gobelet de thé. Mais il est temps de rejoindre les calanques. Bientôt nous arrivons à Port-Miou. Olivier monte sur une pierre et prend la parole en chinois et en français. Il donne quelques explications sur les calanques et les règles de bonne conduite à tenir pour protéger le site.

Reprenant notre chemin nous longeons la calanque sur notre gauche. Le temps est magnifique. Pas un souffle de vent. L’eau transparente laisse voir les fonds marins avec toutes les nuances de bleu et de vert. Des centaines de voiliers sont là, au repos. Sur notre droite s’étend l’immense ancienne carrière de pierres. Francis nous indique que les pierres de cette carrière extrêmement compactes servaient au soubassement des maisons ce qui est confirmé par Philippe qui nous apprend que le socle de la statue de la Liberté à New-York est construit en pierres de Cassis. On aperçoit encore les rails qui servaient au transport des pierres et les rampes pour charger les bateaux. Un peu plus loin Francis nous montre des plants de garance dont le suc servait à teindre les vêtements des soldats. Le sentier s’élève peu à peu découvrant un magnifique panorama. Le cap Canaille plonge dans la mer qui scintille et en nous retournant nous découvrons dans toute sa longueur la calanque de Port-Miou et ses innombrables voiliers. Une pancarte nous explique l'importance de la posidonie, l'herbe de Neptune pour les fonds marins. Sans doute inspirée par l’information de Philippe, Nicole monte sur une roche et nous fait la statue de la Liberté. Nous arrivons à l’endroit où se cache le trou souffleur. Tout le monde se met à sa recherche. Mais il est difficile à trouver car le manque de vagues ne comprime pas suffisamment l’air pour l’expulser bruyamment. C’est finalement, je crois, le petit canard aux yeux télescopiques de Yumei qui est le premier à le découvrir.

Continuant notre chemin nous descendons vers la calanque de Port-Pin. Cette calanque possède une petite plage et quand nous arrivons quelques courageux baigneurs sont déjà à l’eau. Menglei et Xiaojing repèrent des pierres plates mi au soleil, mi à l’ombre qui feront une excellente table pour déjeuner. Nous surplombons la mer et sommes un peu à l’écart des autres visiteurs.En contrebas, dans la mer, un rocher aux formes curieuses me rappelle une pierre du lac Taï.  Comme il se doit nous commençons par l’apéritif et Philippe débouche une excellente bouteille de vin d’Alsace que nous accompagnons de chips ondulées bio. Sur la rive, en face, une belle fait des effets de toilette. Yumai nous offre des gâteaux, les uns pour les garçons, les autres pour les filles. J'ai mis un peu de temps à comprendre pourquoi ils étaient sexués.  A la fin du repas Nicole nous offre son toujours excellent café arménien et nous régalons la calanque par quelques chants tirés de notre ancien répertoire.

Nous descendons les rochers pour rejoindre la plage. Le nombre de baigneurs a augmenté. Hugo se joint à eux. Manifestement c’est un excellent nageur. Pourtant l’eau est froide comme nous le confirme nos amies chinoises qui ont retroussé le bas de leur pantalon pour aller chercher quelques oursins ou autres coquillages. Les chiens, les enfants; les adultes nagent ou s'éclaboussent et profitent des joies de l'eau d'autant plus vives que ce sont les premières de la saison.

Nous repartons pour faire une petite visite de Cassis. Les conversations vont bon train. Nous parlons avec Menglei et Xiaojing dont c’est peut-être la dernière sortie avec nous. Nous longeons de belles maisons avec des tonnelles d’où pendent des glycines et des bassins aux poissons rouges moult photographiés. Soudain, comme dans un poème chinois, un magnifique arbre tout en fleurs blanches. Est-ce un cerisier ou plutôt un prunier comme le pense Marie-Claude ? Une photo de groupe (nous sommes 19) sous la pancarte de l'avenue des calanques.  Nous descendons la traverse « Rompe cuou » sans heureusement nous le casser. Sur le port nous ne sommes pas seuls. Les gourmands se dirigent vers la boutique de glaces. Je crois que la palme de la gourmandise revient à Ruby comme le montre la dernière photo du diaporama.

Cécile et Olivier avaient bien préparé cette belle sortie. Un grand merci à eux.  Un grand merci également à Françoise pour en avoir assuré l’organisation administrative.

Jean-Louis

mercredi 8 avril 2015

Salon de poésie à la Kedge business school


Dans le cadre des projets qu’ils doivent conduire lors de leur cursus universitaire quatre étudiants de Kedge tenaient hier un salon de poésie dans un amphithéâtre de leur école avec un sympathique décor chinois. Ce projet était mené en partenariat avec Chinafi. Rien ne manquait ni le thé ni …les œufs de Pâques, ni bien sûr les poèmes.En accord avec la saison, le thème des poèmes était le printemps.

Voici à titre d’exemple un des beaux poèmes présenté lors de cette soirée.

春晚(左纬,宋)
Fin du printemps (ZUO Wei, Song)
池上柳依依,柳边人掩扉。
Autour de l’étang des saules graciles
Près des saules quelqu’un ferme son portail
蝶随花片落,燕拂水纹飞。
Les papillons suivent les pétales qui voltigent
Les hirondelles en volant frôlent les rides sur l’eau
试数交游看,方惊笑语稀。
J’essaie de compter les amis que je fréquente
M’étonnant que rires et conversations soient devenus si rares
一年春又尽,倚杖对斜晖。
Une année encore, le printemps déjà se termine
Je m’appuie à ma canne face aux rayons obliques

A la fin de la séance eût lieu une initiation à la calligraphie.




Souhaitons que ce partenariat entre Kedge et Chinafi se développe à l’avenir.

Jean-Louis