3. Entrer dans la langue ou l’exigence philologique
Jullien se définit donc à la fois comme sinologue et philosophe. Cela lui impose de lire les textes chinois à la fois «de près» et «de loin».
Le point de départ d’une étude sur la spécificité chinoise doit être la langue et à ce sujet il rappelle deux choses. La première est que, quand il parle de la pensée chinoise, c’est la pensée qui s’est exprimée en chinois en ne présupposant pas d’essence particulière. La seconde, c'est que la langue chinoise «prédispose» à la pensée chinoise. Ce qu'il pose comme principe de départ de son travail, c'est le suivant : penser c’est d’abord exploiter les ressources de la langue dans laquelle on pense. Par exemple «chose» en chinois se dit «东西dongxi» (mot à mot est-ouest) ce qui fait apparaître une polarité et non pas une substance.
Pour ne pas effacer ce rôle de la langue, Jullien respecte les consignes importantes suivantes.
Il élabore son questionnement à partir d’un corpus de textes linguistiquement cohérents et défini.
Ensuite, il passe toujours par les commentaires chinois dont le rôle, selon Jullien est moins d'apporter leurs points de vue propres sur le texte que de l'expliciter en le développant, car la langue classique chinoise rend l'expression de départ très concise. Passer par les commentaires permet non seulement de ne pas projeter trop allègrement son phantasme, mais aussi d'entrer dans les jeux et les tensions sémantiques du texte.
Par ailleurs, comme on ne peut entrer dans un texte chinois que lorsqu'on l'apprend par coeur, Jullien respecte cette consigne.
Enfin, on ne peut isoler un texte de tout son contexte, même si l'on se sent une grande proximité avec lui.
lundi 25 février 2008
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