lundi 23 mai 2016
Festival du cinéma chinois à Marseille
J'ai le plaisir de vous communiquer le programme du festival du cinéma chinois à Marseille qui aura lieu au cinéma Le Prado du lundi 30 mai au vendredi 3 juin.
Merci d'en faire une large publicité autour de vous.
Olivier
lundi 9 mai 2016
L'oiseau bleu, Dionysos, Un paria des îles
Pourquoi
rassembler dans un même article un conte chinois, un mythe grec et un roman
anglais ? C’est qu’ils ont un thème commun : l’Autre, l’altérité.
Le
conte chinois, L’oiseau bleu, est résumé par Françoise dans un commentaire à
son article sur le film The assassin.
Je vous y renvoie. Voici ce qu’elle écrit en conclusion de son commentaire :
l’homme ne peut pas vivre en se cherchant lui-même ou un double
identique mais bien dans le rapport à l’autre, dans l’altérité. Cette conclusion convient parfaitement aux deux autres récits : le mythe de Dionysos et le roman de Joseph Conrad : Un paria des îles.
De
Dionysos je savais qu’il était né de la cuisse de Jupiter et que c’était le
dieu de la vigne et du vin (voir Bacchus, son double romain). Je ne savais pas
que c’était la figure de l’Autre, de l’ailleurs et qu’il nous renvoyait à la
nécessaire présence de l’Autre. Dionysos est un dieu à part. Né des amours de
Zeus et d’une mortelle, Sémélé, on dit de lui qu’il a quelque chose d’oriental,
qu’il n’a pas l’allure d’un Grec de « pure souche » mais qu’il a l’air
de ce que les Grecs nomment un « métèque », un étranger. Pis encore,
pour échapper à la vengeance d’Héra, la femme de Zeus, il est déguisé en fille
dans un monde qui ne valorise que les hommes dans l’espace public (Voir Luc
Ferry, La sagesse des mythes). C’est
le dieu de l’illusion et donc du théâtre. Il cultive la folie, la « mania »
et l’excentrisme. A quoi sert ce mythe ? Que nous enseigne t-il ? Jean-Pierre
Vernant nous le révèle à la fin de l’entretien. Si l’on ne sait pas faire une
place à l’Autre, à la folie, à la transgression on est bientôt possédé par l’Autre,
par la folie, par la transgression. C’est ce qui arrive aux dignes matrones de
Thèbes qui s’en vont « battre la campagne ». C’est aussi ce qui
arrive au héros du roman de Joseph Conrad : Un paria
des îles.
Vous
noterez la singulière actualité des propos de Jean-Pierre Vernant. Pour la
petite histoire, vous noterez également qu’au
début de l’entretien l’helléniste rend hommage à son maître Louis Gernet. Ce
patronyme ne vous est pas inconnu. Louis Gernet est le père du sinologue
Jacques Gernet.
D’origine
polonaise, Joseph Conrad (1857-1924) partit à dix-sept ans pour Marseille afin de devenir marin. Il navigua sur des navires français avant d’obtenir ses
brevets d’officier dans la marine marchande britannique et de devenir l’un des
plus grands écrivains de langue anglaise. C’est le grand romancier de l’ailleurs. Peter
Willems, le héros d’un Paria des îles
est un Blanc de pure souche sûr de la supériorité de sa race. Mais voilà, il
tombe « en passion » pour une fille des îles, pour une sauvage. Il ne
saura pas faire une place à l’Autre, il sera possédé par l’Autre. Ce rejet des autres, ce rejet de la différence le
conduira à une folie proprement dionysiaque et à la mort.
Conrad
décrit en des termes très forts cette attirance/répulsion pour l’Autre : Il était emporté par une marée de haine, de
dégoût, par le mépris d’un Blanc pour un sang qui n’est pas le sien, pour cette
race qui n’est pas la sienne ; pour la peau noire, pour les cœurs faux
comme la mer, plus sombres que la nuit.
Ce sentiment de répulsion dominait sa raison lui donnait la certitude absolue qu’il
était impossible vivre dans l’entourage d’Aïssa. Il insista passionnément pour
qu’elle acceptât de s’enfuir avec lui, parce que, de tous ces gens abhorrés, il
ne voulait que cette seule femme, mais il la voulait loin d’eux, loin de cette
race d’esclaves et d’assassins dont elle était issue. Il la voulait toute à
lui, loin de tous, en sécurité dans une solitude sans bruit. Pendant qu’il
parlait, sa colère et son mépris s’exacerbèrent, sa haine tourna presque à la
peur ; et son désir pour Aïssa devint immense, brûlant, illogique
impitoyable, envahissant tout son être, plus fort que sa haine, plus fort que
sa peur, plus profond que son mépris –irrésistible et fatal comme la mort.
Voici
ce qu’écrit J-M G Le Clézio, un autre grand écrivain de l’ailleurs, à propos de
ce roman : Je sens ici, à un point
presque intolérable, cette quête incessante de l’autre. L’amour, la folie d’une
passion sont dans cette brûlure.
Jean-Louis
mercredi 4 mai 2016
La Bible, la Théogonie d'Hésiode, le Yi Jing
Hésiode
Ce petit article pour
donner une réponse à la question que nous nous posions dans les messages
précédents : pourquoi la pensée chinoise a relativement peu emprunté les
voies de la théologie et de la mythologie pour expliquer le commencement et le fonctionnement
du monde ?
Nous sommes partis d’une
remarque de Françoise signalant le caractère corrélatif (la couleur bleu/vert
est associée au printemps et à l’élément bois) et changeant de toute réalité (les couleurs
sont des étapes de transformation)
Caractère corrélatif :
Les réalités au lieu au
lieu d’être conçues comme des substances stables indépendantes les unes des
autres sont perçues dans un système de correspondances. Les réalités sont
corrélées à d’autres en fonction d’une analogie de structure ou de
fonctionnement.
Ainsi
« l’élément/agent bois » est corrélé au printemps et à la couleur
vert/bleu car ils évoquent tous les trois la vitalité et le renouveau. Ces
correspondances s’étendent à d’autres domaines de la réalité. A chaque saison
correspond une bonne pratique de la médecine, de l’hygiène, de l’alimentation.(Une personne plus versée que moi dans ces pratiques pourraient peut-être développer).
Ce
caractère corrélatif de toute réalité est clairement souligné par Anne Cheng dans
son Histoire de la pensée chinoise : Il
résulte (du caractère corrélatif de toute réalité) une vision du monde, non pas
comme un ensemble d’entités discrètes et indépendantes dont chacune constitue
en elle-même une essence, mais comme un réseau continu (un continuum) de
relations.
Caractère changeant
Ces systèmes de correspondances « s’emboitent » dans un cycle d’engendrement/mutation/transformation.
Ainsi
le système de correspondances Bois/printemps/est/Bleu-vert engendre le système
de correspondances Feu/été/sud/rouge. On le voit les « éléments/agents »,
les saisons de l’année, les directions, les couleurs sont bien, comme l’indiquait
Françoise, des étapes de transformation. Le modèle (paradigme) de toutes ces
mutations/transformations est le couple Yin/Yang. Le couple Yin/Yang
est le modèle des opposés complémentaires qui s’engendrent et se succèdent l’un
à l’autre.
Nous
en savons maintenant assez pour répondre à la question posée au début de cet
article. La solution chinoise apportée au problème de l’apparition des êtres et
au fonctionnement du monde apparaîtra dans son originalité si on la compare à
celles fournies par la Bible et la mythologie.
La Bible, la Théogonie
d’Hésiode, le Yi Jing
La Bible commence par
la fameuse phrase : « Au commencement, Dieu créa les cieux et le terre ».
Ainsi est posée l’existence d’un Dieu, Sujet créateur extérieur à la création.
La réponse de la
mythologie grecque à la question du commencement et de l’ordonnancement du
monde se trouve principalement dans la Théogonie d’Hésiode (VII° siècle avant
J.C). La Théogonie (mot qui signifie naissance des dieux) est un poème où
Hésiode raconte la naissance des dieux, leurs combats, leur rapports avec les hommes
et après bien des aventures l’ordonnancement du monde par Zeus le roi des dieux.
Si vous souhaitez découvrir facilement ces récits magnifiques qui sont, comme
la Bible, au fondement de notre culture vous pouvez le faire à travers les DVD
de Jean-Pierre Vernant déjà cités ou grâce au livre de Luc Ferry La
sagesse des mythes.
Venons en à la vision chinoise. En tête du Yi Jing,
deux figures. La première est composée uniquement de traits yang : c’est
qian, l’initiateur, la capacité initiatrice. La seconde, composée uniquement de
traits yin, se nomme kun, la capacité réceptrice. Par le jeu et l’alternance de
ces deux capacités les dix mille êtres vont sortir du vide et de l’indétermination pour entrer dans le plein et
le déterminé, vont passer, selon la terminologie chinoise, du virtuel au
manifeste. Ce passage se fait spontanément, de soi-même (notion de ziran traduit
en général par « de soi-même ainsi ») sans l’intervention d’un Dieu ou
de dieux.
Anne Cheng résume
parfaitement la vision chinoise : La
conception chinoise de la réalité comme continuum tend à privilégier la notion
de rythme cyclique…plutôt que celle d’un commencement absolu ou d’une création
ex nihilo. Si les textes chinois font occasionnellement référence à des
représentations cosmogoniques (mythologiques) de l’origine ou de la genèse du
monde, celui-ci est représenté de manière prédominante, comme allant « de
soi-même ainsi » suivant un processus de transformation. La réflexion
sur les fondements ne se pose guère la question des éléments constitutifs de l’univers
et encore moins celle de l’existence d’un Dieu créateur : ce qu’elle
perçoit comme premier est la mutation, ressort du dynamisme universel qu’est le
souffle vital.
Ces différences de
représentations entre la Bible, la Théogonie, le Yi Jing ne sont pas anecdotiques.
Elles ont des répercussions dans tous les domaines : philosophique, scientifique, politique,
moral, artistique…
Ainsi, par exemple, prenons le domaine de l’art. La conception d’un Dieu créateur extérieur à sa
création favorisera la représentation de l’artiste créateur extérieur à sa
création, condition, dans le domaine de la peinture de l’apparition de la
perspective linéaire longtemps ignoré dans la peinture chinoise qui lui préfère
la perspective cavalière. Cela mériterait de nombreux développements. Ne pensez-vous pas ?
Jean-Louis
mardi 3 mai 2016
Retour à Marseille
Zichun était de passage en coup de vent à Marseille la semaine dernière. Accompagnée de son mari ses parents et beaux parents, elle faisait un tour de France en 10 jours : Paris, les châteaux de la Loire, Marseille, la côte d'Azur etc...
Depuis son départ de France en 2012 elle est toujours en forme comme on peut le voir sur la photo.
Olivier
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