dimanche 31 mai 2009

红楼梦, 第二十八回



Le début du chapitre 28 est à mon sens l'un des plus beaux passages du roman.

   话说林黛玉只因昨夜晴雯不开门一事,错疑在宝玉身上.至次日又可巧遇见饯花之期,正是一腔无明正未发泄,又勾起伤春愁思,因把些残花落瓣去掩埋,由不得感花伤己,哭了几声,便随口念了几句.不想宝玉在山坡上听见,先不过点头感叹,次后听到"侬今葬花人笑痴,他年葬侬知是谁","一朝春尽红颜老,花落人亡两不知"等句,不觉恸倒山坡之上,怀里兜的落花撒了一地.试想林黛玉的花颜月貌,将来亦到无可寻觅之时,宁不心碎肠断!既黛玉终归无可寻觅之时,推之于他人,如宝钗,香菱,袭人等,亦可到无可寻觅之时矣.宝钗等终归无可寻觅之时,则自己又安在哉?且自身尚不知何在何往,则斯处,斯园,斯花,斯柳,又不知当属谁姓矣!——因此一而二,二而三,反复推求了去,真不知此时此际欲为何等蠢物,杳无所知,逃大造,出尘网,使可解释这段悲伤.正是:花影不离身左右,鸟声只在耳东西.


La soubrette Nuée d'Azur ( Qingwen 晴雯), ayant donc, la veille au soir, refusé de lui ouvrir la porte de l'Enclos égayé de rouge, Lin Dayu (林黛玉) en avait à tort, imputé l'offense à Jia Baoyu (賈寶玉) lui-même. Par mauvaise coïncidence, avait suivi le jour des offrandes d'Adieu aux Fleurs. De sorte que rien n'avait fait lumière en elle, et qu'elle n'avait pu se soulager de son ressentiment. Prise, en outre, de tristesse et du regret du printemps à son déclin, elle était allée enterrer quelques corolles flétries et des pétales effeuillés. A force de pitié pour les fleurs, elle n'avait pas manqué de s'affliger de son propre sort et, gagnée par les sanglots, en était venue à moduler, au gré de l'inspiration, la lamentation qu'à son insu Jia Baoyu (賈寶玉) avait entendue. Il n'avait d'abord fait qu'en scander le rythme de signes de tête et soupirer d'émotion. Mais lorsque lui parvinrent aux oreilles des vers tels que :

Moi dont on raille la folie
Pour les fleurs que j'ensevelis,
Sais-je pour qui viendra le jour
De m'ensevelir à mon tour ?


Ou:

Un beau jour, leur printemps fini,
Et le clair visage flétri,
La belle meurt, la fleur périt,
D'elles plus rien n'est su ni dit


Il ne fut plus maître de sa douleur et se laissa choir à la renverse sur le versant de la colline, en répandant sur le sol, tout autour de lui, les pétales qu'il tenait amassés dans le creux de sa robe.
Qu'on y pense : à l'idée que viendrait un jour où, de l'éclat lunaire sur le beau visage en fleur de Lin Daiyu (林黛玉), ne resterait plus trace, pouvait il ne pas sentir son cœur se briser et se déchirer les entrailles ? Et puisqu'il devait y avoir un jour où de Lin Daiyu (林黛玉) ne resterait plus trace, pour toutes les autres, aussi bien sa propre camériste Bouffée de parfum (Xiren 襲人) que Grande sœur Joyau( Xue Baochai 薛寶釵) ou la petite épouse Parfum de Corniole( Xiangling 香菱), devrait aussi venir un jour où nulle trace n'en resterait. Et lorsque aucune trace d'aucune d'elles ne subsisterait, où serait il lui-même ? Et quand lui-même ne serait plus là, où donc demeuré? où donc allé? Qui sait à quelle autre famille appartiendrait ce palais, ce parc, ces fleurs et ces saules ?
Passant ainsi d'une première déduction à une seconde, d'une seconde à une troisième, et ainsi de suite, il en arriva à se demander quelle sorte de chose inerte, dépourvue de toute conscience, soustraite à la puissance créatrice, échappant aux pièges de ce bas monde de poussière, il lui faudrait devenir à cette heure, en ces instant mêmes, pour être à jamais délivré d'une telle trame de tristesses et de souffrances. C'est bien ici le cas de dire :

Leurs yeux ne quittent pas les ombres de ces fleurs
Il faut toujours des chants d'oiseaux à leurs oreilles.



En liaison avec les messages précédents les termes "moduler, scander, rythme" du début de ce passage font apparaître les lamentation de Lin Daiyu comme une musique à laquelle répond en chœur Jia Baoyu.

A la beauté de ce texte s'ajoute sa richesse et ses prémonitions. Il y a là les disputes d'adolescents, mais aussi leurs angoisses devant le temps qui passe. Il y a aussi l'annonce du destin collectif (la chute de la famille) mais aussi l'annonce des destins individuels comme la mort de Lin Daiyu et le destin religieux de Jia Baoyu.

Les pièges, la tristesse et les souffrances de ce bas monde ne constituent ils pas l'analyse de départ du Bouddhisme ? Cette chose inerte dépourvue de toute conscience et détachée des souffrances du monde à laquelle veut ressembler Jia Baoyu n'est elle pas l'état d'Eveillé ayant atteint la délivrance ? Ne fait elle pas aussi référence à l'état de Roc dont il est issu, selon la légende du début du roman et auquel il aspire à retourner ?

Dans ce chapitre 28, qui est bien de Cao Xueqin (曹雪芹), on y voit en filigrane la fin du roman.

Olivier

jeudi 28 mai 2009

Flot d'arbres




Nous étions réunis, ce soir, autour d'un bon couscous pour fêter le départ de Shutao.
Chansons et danses étaient au rendez vous.
Merci Shutao pour ta gentillesse et ta bonne humeur. Tu vas nous manquer.




Et puis si tes pas te mènent vers le pont Mirabeau donne de notre part un coup de chapeau à l'Appolinaire.



Jean-Louis

mercredi 27 mai 2009

Docteur Wang



Une très bonne nouvelle à vous annoncer : après une brillante soutenance de thèse il y a trois semaines, l'accession au grade de Docteur de Xiaoxia Wang avec la mention "très honorable avec félicitations du jury", qui est la plus haute mention.

"Je suis beaucoup soulagée maintenant et je peux enfin avoir plus de temps pour rester avec ma fille. Elle a beaucoup grandi et devient de plus en plus adorable." dit elle.

Toutes mes félicitations Docteur Wang !

Olivier

mardi 26 mai 2009

De Pékin



d'où elle suit avec grand intérêt, n'en doutons pas, les articles sur le Rêve dans le Pavillon Rouge, Yan m'a envoyé le lien suivant pour illustrer l'article d'Olivier sur les effets du chant de la flûte
http://www.tianhan.com.cn/

Un grand merci à elle. Je suis certain qu'elle attend avec impatience un article sur Lin Dayiu, la belle aux sourcils froncés.

En attendant voici la fameuse chanson des pleurs :

Lien Chanson MP3

Les paroles de la chanson :

一个是阆苑仙葩
一个是美玉无瑕
若说没奇缘
今生偏又遇着他
若说有奇缘
如何心事终虚化碍…
一个枉自嗟呀
一个空劳牵挂
一个是水中月
一个是镜中
花想眼中
能有多少泪珠儿
怎经得秋流到冬尽
春流到夏

Ci dessous la traduction empruntée à l'édition de la Pléiade :

Dans les jardins des immortelles,
La Fleur divine, ce fut elle ;
Le Jade sans tare, parfait,
Autrefois, c’est lui qui l’était.
Niera-t-on qu’ils fussent, entre eux,
Liés par un sort merveilleux ?
Il advient pour autant que cette existence
Les mit l’un et l’autre en présence !
Convient-on qu’il y eut, entre eux,
Les liens d’un sort merveilleux ?
Comment dès lors s’est-il pu faire,
Que leur attente la plus chère,
Finit par être mensongère ?
Tandis qu’elle soupire et gémit vainement,
Lui, vainement, s’épuise à traîner leur tourment.
L’un, dans une onde, au soir, le reflet de la lune,
L’autre, dans un miroir, l’image d’une fleur.
Comptez combien deux yeux peuvent pleurer de pleurs.
Et s’il en peut assez perler,
Pour d’automne en hiver couler,
Et puis de printemps en été ?




Cette chanson rappelle les origines de la prédestination de l'amour que se portent Jia Baoyu et Lin Dayiu.

Dans le Jardin des Immortelles Jia Baoyu qui était alors le Page au divin Jade protégea Lin Dayiu qui avait revêtu la forme de la plante aux perles pourpres

« Ainsi remarqua-t-il, un jour, près du Rocher des Trois Avatars, un pied de la merveilleuse plantes aux Perles pourpres, dont la délicatesse et la grâce lui parurent à tel point charmantes qu’il vint, par la suite, quotidiennement l’arroser de rosée d’ambroisie, ce qui permis à la plante de prolonger très longtemps son existence… Elle allait, tout au long du jour, muser aux abords du Ciel des Regrets abolis. Pour apaiser sa faim, elle mangeait les fruits des secrètes amours, et pour désaltérer sa soif, buvait de l’eau qui noie les chagrins. Mais n’ayant pas encore pu récompenser de sa bonté celui qui l’avait naguère arrosée, elle en était venue à sentir s’incruster au plus profond de ses cinq viscères une idée dont elle ne cessait de sentir l’obsession. »

Le Page au Divin Jade exprima l’intention de descendre dans le bas monde et se fit enregistrer pour le départ auprès de l’Immortelle veillant aux Mirages. La plante vit l’occasion de s’acquitter de sa dette.
« Je lui dois …les bienfaits de la rosée d’ambroisie, mais je ne possède aucune liqueur analogue dont je puisse le récompenser. Comme il va être précipité dans le bas monde, sous forme humaine, j’irai moi-même l’y rejoindre sous la même forme. Et si je verse pour lui, à titre de rétribution, toutes les larmes de ma vie, peut-être cela suffira-t-il à m’acquitter. »
Jean-Louis

lundi 25 mai 2009

Jiang Etui de Jade


Cet extrait du "Rêve dans le pavillon rouge", en lien avec le précédent, est à destination des membres de la chorale de Chinafi, nombreux et passionnés mais aussi à Lou Ye, réalisateur chinois qui a reçu à Cannes le prix du meilleur scénario pour "Nuit d'ivresse printanière", film dont le thème est sous jacent dans l'extrait suivant.

La maisonnée Jia reçoit une troupe de théâtre et un comédien retient l'attention de Jia Baoyu.

Jia Baoyu considéra ce visage qu'on eût dit légèrement poudré de blanc et de rose ; ces lèvres qui semblaient teintes du plus pur carmin ; cette fraîcheur et ce velouté de fleur de lotus à peine émergée de l'onde ; cette sveltesse et ce léger balancement d'un arbre de jade caressé par la brise : ce n'était personne d'autre que le beau comédien Jiang Etui de Jade…

La troupe joue une pièce dans la quelle un vendeur d'huile fait la conquête d'une courtisane.

Tout au long de ces scènes, Jia Baoyu, totalement insoucieux de la courtisane n'avait d'yeux que pour le vendeur d'huile. Il lui semblait sentir ses esprits vitaux et son âme éthérée s'envoler et flotter dans l'air avec le chant de l'acteur, dont la voix admirablement timbrée et la parfaite articulation s'ajustaient, avec une extrême précision, aux rythmes de l'orchestre, rigoureusement scandés par les battements de la claquette faite de lames de bois sonore. La pièce une fois terminée, il n'en comprit que mieux de quelle puissance d'amour pouvait s'émouvoir le cœur du beau comédien, ce qui le mettait, dans un tel rôle, incomparablement au-dessus du commun des acteurs.
De fait, pensa-t-il après un instant de réflexion, c'est fort justement qu'il est dit dans "Le Livre des mémoires sur la musique" : "L'agitation des passions, au fond du cœur, se manifeste grâce aux sons émis par la voix. Quand les sons émis par la voix s'ordonnent comme un texte, ils prennent valeur de notes musicales".


Olivier

lundi 18 mai 2009

L’effet du chant de la flûte



Ci-dessous un extrait du "Rêve dans le pavillon rouge" dont vous comprendrez aisément pourquoi il m'a particulièrement touché.

Tout à coup, là bas, du côté des osmanthes, les modulations plaintives d’une flûte commencèrent à s’épancher sous la pure haleine de la brise, dans la clarté limpide de la plansélène, dont s’illuminait l’immensité de l’espace céleste, et dans le sommeil paisible de la terre. Uniformément transportée d’admiration, le cœur soudainement libéré de tout souci et de toute inquiétude, religieusement silencieuse et profondément recueillie, toute la petite compagnie suivit jusqu’à la fin, avec émotion, le déroulement de la mélodie.
……
De nouveau s’éleva le chant de la flûte, en lentes volutes beaucoup plus langoureuses, en effet, que celles de la mélodie précédente, mais d’une langueur si profondément mélancolique, qu’un froid glacial semblait s’en dégager. Cette fois, toute la petite compagnie demeura comme figée dans un sombre silence, et, en dépit du calme de la nuit et de l’éclat du clair de lune, l’Aïeule, succombant autant au poids des ans qu’aux ravages de l’arak, ne put se défendre de la tristesse qui la navrait subitement jusqu’au plus profond du cœur, et dut donner libre cours à ses larmes ; cependant que toutes ses commensales demeuraient comme gelées sur place et confinées dans une amère solitude, par la lamentation de plus en plus poignantes de la flûte.



Olivier.

dimanche 17 mai 2009

Tournoi de chansons

La journée commença par quelques étirements sous la direction de Muriel et Shutao.
Et nous partîmes à l’assaut du mont Saint Cyr. Une surprise nous attendait non loin du sommet : « la grande muraille de Chine ». C’est en tout cas la mention qui figurait sur le panneau des « Eaux et Forêts ».

Après déjeuner nous nous lançâmes dans un véritable tournoi de chansons et de danses qui dura bien deux heures ou trois heures. Quelle ambiance !!! Quelle équipe !!!
Comme me le disait Lan sur le chemin du retour : ces sorties sont bonnes pour la santé du corps et de l’esprit.

Merci à Muriel, Francis et Nicole pour cette belle randonnée
Jean-Louis




Et maintenant quelques vidéos pour tenter de restituer, l'ambiance. Sur la première Shutao était en grande forme et Eole soufflait fort au sommet du Mont Saint Cyr :



Et Michel ramait ...

mercredi 13 mai 2009

PHOTO NON CONTRACTUELLE


N’oublie pas
Le DIMANCHE 17 MAI 2009
On va grimper tout en haut du
MONT SAINT CYR

Rendez-vous
9 h00 parking du terminus du métro Sainte Marguerite DROMEL
ou
8h30 office du tourisme à AIX EN PCE

Rendez vous avec
Le soleil
L’amitié
Le paysage provençal unique
Pour une journée splendide


A dimanche donc,


Nicole

mardi 12 mai 2009

dimanche 10 mai 2009

Chronique d'une transformation annoncée.


Voilà quelque temps que j’ai terminé la lecture du « Rêve dans le pavillon rouge » et je me suis toujours promis de faire un petit article suite à cette lecture.
Il y eu une très belle et très complète conférence Chinafi sur ce sujet par le trio Yan, Daniel et Jean Louis et je me demande ce que je peux y rajouter. Toutefois, ce roman est si riche (plus de trois mille pages, nombreuses descriptions de personnages, de lieux, de mœurs et de coutumes ainsi que de nombreux poèmes) que chacun va y trouver des résonnances personnelles, retrouver une part de soi même.
Quand on vient de lire les romans chinois tels que « Au bord de l’eau », « La pérégrination vers l’ouest » et « Les trois royaumes », « Le rêve dans le pavillon rouge » est à la fois en continuité mais aussi en rupture avec ces romans classiques.
En continuité car chacun des romans précédents est une illustration d’un âge de la vie : enfance pour « La pérégrination », adulte pour « Au bord de l’eau » et vieillesse pour « Les trois royaumes ». Avec « Le rêve » c’est l’adolescence qui est illustrée de façon magistrale. On est aussi dans la continuité car on y retrouve un style de roman avec une succession de nombreux chapitres (parfois répétitifs), de nombreux poèmes, une interpellation directe du lecteur. Dans la continuité car chacun de ces romans par delà la répétition des chapitres, mettent en scène une transformation. Transformations politiques dans les « Trois royaumes », transformation (naissance vie et mort) d’un groupe de rebelles à l’empire, transformations géographiques dans « La pérégrination ». Pour « Le rêve » qui traite de l’adolescence, la transformation est bien entendu omniprésente.
En rupture aussi car, aux univers guerriers et valeurs essentiellement masculines des autres romans, on pénètre avec « Le rêve » dans un univers où les valeurs qui y sont reconnues sont exclusivement féminines. Le héros du roman d’ailleurs ne se plaît dans un monde peuplé de femmes et de jeunes filles et son passage dans une école avec d’autres garçons se solde par un échec.

Le roman peut se décomposer en deux grandes parties. La première partie (en gros les deux tiers du livre) raconte la vie dans la famille Jia, une famille d’un riche mandarin dans laquelle vivent de nombreuses jeunes filles entourant un jeune garçon (Jia Baoyu) qui se plait en leur compagnie. A première vue voici un univers qui ressemble au paradis, et vu à travers les yeux de Jia Baoyu, c’en est un effectivement. Des lieux magnifiques, une grande aisance de vie où chaque membre de la famille se voit octroyer domestiques, soubrettes et femme de chambre, un temps qui dure longtemps (et d’ailleurs le roman s’y attarde aussi), tout n’y est qu’insouciance. Il y va comme du temps de l’enfance. Comme ce serait bien si cet état pouvait se prolonger indéfiniment, mais ce serait aller contre la propension naturelle des choses à se transformer.
Et l’auteur du roman Cao Xueqin va s’employer à semer dans ce paradis des petits ferments de transformation. Ainsi le père de Jia Baoyu ne semble pas du tout accepter ce fils si efféminé au point même une fois de le faire sévèrement bastonner. Mais ce père est très occupé et donc il repart bien vite pour longtemps et la belle vie reprend son cours sous la protection de l’Aïeule.
De temps en temps, les protagonistes sont pris de très forts sentiments nostalgiques par rapport au temps qui passe, mais les larmes sèchent vite et les jeux de poésie reprennent bien vite. Le demi-frère de Jia Baoyu est issu d’une concubine et lui voue une haine féroce qui n’a d’égal que la haine de cette concubine pour l’épouse légitime.
Bien que riche, il faut malgré tout tenir les comptes et il n’est pas facile de concilier la réputation de la famille avec la trésorerie. Sans compter les nombreux intendants qui volent dans la caisse et les pots-de-vin qu’il faut verser pour corrompre les juges. Mais à force d’arrangements qui ne font pas que des heureux, on finit par boucler les fins de mois.

Après avoir mis les ferments dans la pâte ceux-ci vont faire leur effet et conduire à la chute de ce beau monde. La seconde partie raconte la fin de l’insouciance avec le mariage des jeunes, souvent contre leur gré, la disgrâce du mandarin et la perte des richesses. Jia Baoyu quittera définitivement ce monde de coutumes et de valeurs conventionnelles pour une recherche spirituelle.

J’ai souvent rencontré des lecteurs du « Rêve » qui voyaient dans cette œuvre un roman qui finit mal, dont ils auraient bien coupé la dernière partie, tout comme ils auraient coupé la dernière partie de « Au bord de l’eau » où la bande de rebelles commence à perdre des batailles, tout comme ils auraient coupé la dernière partie des « Trois Royaumes » où Zhu Ge Liang n’arrive pas à reconquérir le royaume du Wei. Je crois qu’il y a là un refus de la transformation des choses. Pourtant les états ne dont pas éternels et tout état porte en lui le germe de sa destruction (le langage chinois a même créé une particule spéciale pour le changement d’état). L’enfance n’est pas éternelle, la bande de « Au bord de l’eau » n’est pas éternelle, le régime impérial n’est pas éternel.
Quitter un état c’est toujours en redécouvrir un autre, c’est un horizon qui se dégage, un nouvel espoir. Après la pluie, le beau temps et vice versa, après l’adolescence vient l’âge adulte, après les préoccupations essentiellement matérielles viennent les recherches spirituelles. Voilà, à mon sens, le beau message d’espoir que Cao Xueqin a voulu transmettre dans son merveilleux « Rêve ».

Olivier

Pour ne pas faire trop long ici, je publierai dans de futurs messages quelques extraits du roman.

mardi 5 mai 2009

Pour un art de l'éloignement

La chanson de l’olivier de San mao célébrant les voyages m’a fait penser à une réflexion de Claude Lévi-Strauss : l’anthropologie est un art de l’éloignement.

Je me suis demandé si mon intérêt pour les voyages, pour l’ethnologie et pour la pensée chinoise n’avaient pas un point commun : une sensibilité particulière pour cet art de l’éloignement qui est aussi un art de la mise en perspective où chaque pôle de la perspective tire sa valeur de son opposé.
La mise en perspective peut être provoquée par l’éloignement géographique qui permettra de mieux percevoir les singularités du pays dont on s’est éloigné. Fernand Braudel nous dit : « une semaine à Londres pour un français ne lui fera pas mieux comprendre l’Angleterre, mais il ne verra plus la France de la même manière. »

La mise en perspective peut résulter de la succession des étapes de la vie. Ainsi lorsque l’on est proche de la retraite on commence à considérer son activité professionnelle du point de vue de la retraite. Et une activité professionnelle qui fut peut-être parfois lourde commence à devenir précieuse lorsque l’on sait que l’on va la quitter.

La mise en perspective peut consister à faire surgir l’aventure ou le merveilleux dans le quotidien. Hergé en donne de nombreux exemples. On se souvient des premières vignettes de Tintin au Tibet. Tintin descend un petit chemin des Alpes pour rejoindre le confortable hôtel où il a sa chambre. Cette image d’un chemin modelé par l’homme depuis des générations avec un havre de paix à l’étape contient déjà même si elle en est l’opposé les sommets de l’Himalaya, leur nature vierge et hostile.
L’aventure qui surgit dans le quotidien c’est l’appel téléphonique que reçu Claude Lévi-Strauss un dimanche matin de l'automne 1934 par lequel Célestin Bouglé alors directeur de l’Ecole Normale Supérieure lui proposait de suivre Georges Dumas au Brésil, appel téléphonique qui devait décider de la carrière de l’ethnologue et qui fit entrer dans son appartement parisien les feux de brousse, les savanes ruisselantes de pluie et les indiens du Brésil.

Et de fait le sentiment de l’aventure et du merveilleux ne résulte t-il pas toujours de la mise en perspective de deux mondes éloignés ? Pour prendre un dernier exemple emprunté aux films de Wong Kar-Wai, le merveilleux au cœur du quotidien c’est une chambre dans un hôtel du Hong Kong des années soixante qui se transforme en fenêtre sur le futur et qui va permettre à l'étreinte de deux mains échangée dans un taxi de se répercuter dans l’avenir, de se mêler aux étoiles, l’éphémère rejoignant l’éternité.

Comme le fait remarquer la lettre du Collège de France consacrée au centième anniversaire de Claude Lévi-Strauss, l’œuvre de l’ethnologue est une réflexion sur l’éloignement, la mise en perspective, la bonne distance. Un de ses livres s’intitule d’ailleurs De près et de loin. « A bonne distance, les formes se dégagent du fouillis du réel ». On se souvient peut-être du poème où Su Dongpo disait que pour contempler la montagne il faut s’en éloigner.


Calligraphie du poème La montagne de Su Dongpo

« C’est le propre de l’anthropologie (pouvons nous ajouter de l’étude de la pensée chinoise ?) de parcourir les paysages les plus éloignés pour finalement observant le lointain nous éclairer sur le proche et nous parler de nous.

En se mettant à distance, en s’éloignant d’une culture qui est la sienne, en s’éloignant sans doute aussi de soi même c’est l’Homme tout entier que l’anthropologue tente d’embrasser du regard. »

Car cet art de l'éloignement est aussi un art du retour.

Et si nous suivons l’exhortation de Confucius : « étudier sans relâche » peut-être pourrons nous percevoir à la fois les ressemblances et les différences des différentes cultures, « percevoir la diversité comme variation et entendre le thème.»


Jean-Louis

samedi 2 mai 2009

NOTRE RENCONTRE DU 17 MAI 2009


Très beau panorama.
Une vue splendide dans un site sauvage

DIMANCHE 17 MAI 2009

LE MONT SAINT CYR

Rendez-vous sur le parking du terminus du métro Sainte Marguerite DROMEL à 9h00
Il s’agit du terminus de la ligne 2
Sur demande un départ pourra être prévu à partir d’Aix en Provence

C’est avec Muriel que nous ferons cette excursion, il faut prévoir comme d’habitude le pique nique dans un sac à dos.

Voici les recommandations de Muriel :

« Le dénivelé est de 600 m, il y a donc une bonne montée (sans aucune difficulté technique).
Au retour cela donne quelques passages un peu pentus (sans aucune difficulté) mais avec le risque de cailloux qui font déraper la semelle des chaussures.

Prévoir quelques énergies à absorber pendant la montée (barres de céréales, chocolats, abricots ou fruits secs) pour éviter les coups de pompe.

Compte tenu du dénivelé, il faut prévoir de bien se désaltérer, (1 litre d’eau),

Avec de bonnes chaussures, un beau soleil, et une bonne quantité d'eau cette ballade est très agréable. »

Le départ se fera du parc des Bruyères puis nous nous rendrons sur les hauteurs où un paysage extraordinaire s’offrira à nous, petit bonus, une sieste est prévue avant d’entamer la descente…super, non ?

Bon je crois qu’on a encore une splendide journée devant nous,

VIVE CHINAFI

Nicole

vendredi 1 mai 2009

Chanson : L'olivier - Gan Lan Shu

Ne demandez pas d'où je viens
Mon pays est loin, très loin
Pourquoi ai-je vagabondé jusqu'à présent ?
J’ai erré au loin, erré

Pour les petits oiseaux qui voltigent dans le ciel 
Pour les cours d'eau qui serpentent dans la montagne
Pour les vastes prairies
J’ai erré au loin, erré

Encore et encore
Pour les oliviers que j’ai vus dans mon rêve
Les oliviers
Ne demandez pas d'où je viens
Mon pays est loin

Pourquoi ai-je vagabondé jusqu'à présent ?
Pourquoi ai-je vagabondé au loin ?
Pour les oliviers que j’ai vus dans mon rêve

Ne demandez pas d'où je viens
Mon pays est loin, très loin
Pourquoi ai-je vagabondé jusqu'à présent ?
J’ai erré au loin, erré

 橄榄树 齐豫 L'olivier - qíYù

不要问我从哪里来bùyào wènwǒ cóng nǎli lái
我的故乡在远方wǒde gùxiāng zài yuǎnfāng
为什么流浪wèishénme liúlàng
流浪远方liúlàng yuǎnfāng
流浪liúlàng

为了天空飞翔的小鸟wèile tiānkōng fēixiáng de xiǎoniǎo
为了山间轻流的小溪wèile shānjiān qīngliú de xiǎoxī
为了宽阔的草原wèile kuānkuò de cǎoyuán
流浪远方liúlàng yuǎnfāng
流浪liúlàng

还有还有hǎiyǒu hǎiyǒu
为了梦中的橄榄树wèile mèngzhōng de gǎnlǎnshù
橄榄树gǎnlǎnshù
不要问我从哪里来bùyào wènwǒ cóng nǎli lái
我的故乡在远方wǒde gùxiāng zài yuǎnfāng

为什么流浪wèishènme liúlàng
为什么流浪远方wèishènme liúlàng yuǎnfāng
为了我梦中的橄榄树wèile wǒmèngzhōng de gǎnlǎnshù
为了我梦中的橄榄树wèile wǒmèngzhōng de gǎnlǎnshù

VOCABULAIRE :
故乡       gùxiāng      ville ou région d'origine
流浪       liúlàng      vagabonder
飞翔       fēixiáng     planer
小溪       xiǎoxī       cours d'eau
宽阔       kuānkuò      large / vaste
草原       cǎoyuán      prairie
橄榄树     gǎnlǎnshù     olivier


SAN Mao est la romancière chinoise qui a écrit cette chanson sur une mélodie de LI Qinxiang. Elle a grandi à Taiwan, mais l'a quitté pour suivre son mari en Europe. Son inspiration pour cette chanson lui est venue par à un voyage au Sahara où elle s'est senti plus libre que jamais.

Comme décrit dans la chanson San Mao parcourait le monde entier à la recherche de sa propre maison. Dans la Chine des années soixante l’olivier était pratiquement inconnu. C’est donc le symbole de l’aventure, du voyage, de la liberté, des civilisations lointaines.Avec son mari espagnol, elle alla dans le Sahara.
San Mao a popularisé en Chine de nombreuses œuvres étrangères : « autant en emporte le vent », « le comte de Monte Christo ». Mais son roman préféré était « Le Rêve dans le Pavillon Rouge ». On raconte qu’a l’école, elle cachait le roman sous sa jupe et chaque fois que le maître écrivait au tableau elle en profitait pour lire quelques lignes.

San Mao a écrit de nombreux journaux de voyage où elle relate ses aventures.
* Sahala de gushi (Chroniques du Sahara)
* Daocao ren shouji (Mémoires d'un épouvantail)
* Kuqi de luotuo (Les Lamentations du chameau)
* Elle a traduit de l'espagnol Les Aventures de Mafalda de Quino

Malheureusement ces œuvres ne sont pas traduites en France.

Son pseudonyme « San mao », « trois cheveux» vient de l’histoire d’un jeune enfant des rues de Shanghai côtoie la misère et la faim. Sans famille et face à une société immorale, San Mao est tour à tour exploité, humilié, puis vendu à d’autres. Mais notre jeune compagnon gardera son honnêteté et son regard d’enfant… San Mao le vagabond comme notre romancière qui vagabondera de part le monde.




Weiyi
Jean Louis