mercredi 29 octobre 2014

Marseille 2014, les photos de Wang Xinyi



Wang Xinyi vient de nous transmettre ces photos prises dimanche dernier. Xinyi est une étudiante dont la spécialité est la photographie. Elle s'est proposé de couvrir les évènements de Chinafi. Peut-être une expo photos dans quelques mois ?
Un grand merci à elle.
Jean-Louis

dimanche 26 octobre 2014

Marseille 2014 : des idées à ne plus que savoir en faire !



Comme l’année dernière, Danielle a la bonne idée de présenter Marseille aux étudiants chinois qui viennent d’arriver dans notre ville. Mais cette promenade s’adresse aussi à tous ceux qui veulent mieux connaître la Cité Phocéenne. Marseillais de longue date j’ai beaucoup appris aujourd’hui comme je vais essayer de le restituer dans ce compte rendu.

Nous avons rendez-vous à 9h30 en haut des escaliers de la Gare Saint Charles. Je constate avec plaisir que non seulement personne ne manque à l’appel mais que deux ou trois personnes supplémentaires sont venues nous rejoindre. Sur l’esplanade de la gare, Danielle retrace les grandes étapes de l’histoire de la ville la plus vieille de France.

Nous faisons une première étape devant les statues qui se trouvent tout en bas du grand escalier. Un groupe représente une princesse khmère qui symbolise les colonies asiatiques, vis à vis se trouve la statue d’une jeune femme noire, symbole des colonies africaines. Nous descendons le boulevard d’Athènes. Arrivés à la place des Capucines nous pouvons voir la plus ancienne fontaine de Marseille : la fontaine Fossati édifiée en 1778, quatre lions portant un obélisque dominent quatre dauphins qui à l’origine crachaient de l'eau. Nous empruntons la rue Tapis Vert devenue une rue de grossistes en vêtements. Au numéro 44 se trouve l’église de la Mission de France. Sa façade baroque cache un bel intérieur.

Nous arrivons bientôt devant un monument construit à l’image d’un temple antique. C’est la halle Puget édifiée par le grand architecte marseillais du même nom.

Nous nous arrêtons quelques instants devant l’Alcazar qui fut une salle de spectacles avant de devenir une bibliothèque. Francis nous rappelle que le public marseillais était réputé pour son exigence. Il n’hésitait pas à ne munir de cageots remplis de légumes avariés pour bombarder les artistes qui n’étaient pas à son goût.

Nous reprenons notre promenade pour arriver rue de la République. Cette voie fut construite sous le second Empire pour relier le Vieux Port au nouveau Port de La Joliette. Son percement nécessita la destruction d’un millier de maisons et de 61 rues. Il fallut aplanir une colline dont les parois sont encore visibles à certains endroits de la rue. Danielle nous montre les habitations de style haussmannien qui la borde. Elle nous indique qu’il s’agissait de faire venir la bourgeoisie marseillaise près du centre ville. Cependant, peut-être celle-ci n'appréciait-elle pas la proximité du port et les activités portuaires incessantes de cette époque qui vont avec, toujours est-il qu'elle ne s'y installa pas.

Nous empruntons le passage de Lorette et nous voici dans le sympathique quartier du Panier. Nous escaladons les ruelles aux noms si pittoresques, observons les publicités peintes sur les murs pour vanter le pastis marseillais, prenons des photographies des devantures de magasins couleur locale. Une pancarte indique la maison des artistes. Le Panier est un peu devenu le Montmartre marseillais. Il est vrai que certaines places ont des allures de place du Tertre.

Voici La Vieille Charité. A l’origine, c’est un hospice construit au XVII° siècle pour « l’enfermement » des pauvres et des vagabonds de Marseille. Nous montons aux étages composés de galeries dominant la vaste cour rectangulaire. Par les arcades nous pouvons voir la chapelle construite sur les plans de Pierre Puget. Elle est coiffée d’une coupole elliptique. Danielle nous dit qu’il n’en existe que deux de la sorte dans le monde, la deuxième se trouvant à Saint Pierre de Rome. A un moment notre guide nous montre par-dessus les toits de tuile rouge le clocher des Accoules et dans son prolongement Notre Dame de la Garde. Je prends la perspective en photo.


La Vieille Charité abrite de nombreuses expositions que nos amis voudront certainement découvrir pendant leur séjour à Marseille.

Nous voilà de nouveau dans les ruelles du Panier. Nous prenons en photo la pittoresque façade de « l’association des bien fêteurs » en face du restaurant japonais de Kaoru. Voici la « maison du petit canard », une maison d’hôtes qui a pour devise « vous dormez avec une œuvre d’art ». De jolis tableaux sont exposés devant l’entrée. L’endroit semble fort accueillant et l’on a bien envie d’y passer une nuit ou deux. Puisque nous en sommes aux bonnes adresses, Danielle me signale un restaurant « le Panier gourmand ». Le patron nous fait visiter la salle très sympathique. Il faudra revenir.

J’observe les noms des rues qui permettraient, à eux seuls, de faire l’histoire du quartier. La rue des « repenties » nous révèle que le Panier abritait jadis de nombreuses péripatéticiennes et de nombreuses congrégations religieuses. Les secondes s’efforçant de remettre les premières sur « le bon chemin ».

Nous arrivons à La Major, église cathédrale de Marseille. Francis nous fait remarquer les orgues restaurées il y a une dizaine d’années. Les tuyaux sont disséminés dans plusieurs lieux la nef produisant un son stéréophonique extraordinaire. Nous allons voir la crèche permanente installée au fond de l’église. Danielle initie nos amis à l’une des traditions provençales. En ressortant par une des nefs latérales nous avons la surprise et la joie de rencontrer Marie-Claude de Saint Zacharie qui fait visiter la Major à deux amis américains.

Nous voici maintenant sur une vaste esplanade qui offre une vue splendide sur la rade de Marseille et les installations réalisées pour MP 2013. Nous déjeunons sur les bancs qui dominent la mer. Nous avons de la chance. Il fait beau et chaud. Je prends consciencieusement les mails des nouveaux venus qui semblent très intéressés par nos activités.

Nous nous dirigeons maintenant vers le môle de l’ancien J4 (J comme Joliette). Danielle veut nous faire visiter la Villa Méditerranée. Malheureusement elle est fermée le dimanche. A revenir. Nous allons au MUCEM où s’ouvrent mercredi prochain deux expositions qui semblent fort intéressantes : une consacrée à Raymond Depardon et l’autre à la nourriture (Food). Nous visitons les parties en accès libre du MUCEM et contemplons le paysage à travers le feuillage en béton. Nous allons sur la terrasse et empruntons le chemin de ronde et la passerelle qui conduit au fort Saint Jean. Certainement une des plus belles promenades urbaines du monde. Nous nous promenons à travers de petits jardins présentant les plantes qui ont migrées et sont arrivées chez nous aux hasards de l’histoire, les plantes de la sorcellerie ou de la mythologie. En contrebas nous apercevons la vieille église des frères hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem qui soignaient les malades quelque soit leur religion (ce n’était peut-être pas évident à l’époque des croisades) et puis la vue magnifique sur le Vieux Port et Marseille. Dans une salle nous assistons à la projection en accès libre des grandes étapes de l’histoire de Marseille.
Nous nous séparons devant ces trois visages monumentaux qui renferment (le saviez vous ?) un petit théâtre de marionnettes.

Voilà, brièvement résumée une belle journée. Objectif rempli, je crois. Une belle introduction à Marseille. Nos amis chinois qui semblaient très intéressés par cette journée pourront revenir sur les lieux visités et en approfondir la connaissance.

Pour ma part, j’en ai rapporté une foule d’idées qui ne demandent qu’à être mises en pratique :
- Un concert d’orgues à la Major
- Une nuit à la « Maison des canards » avec un petit déjeuner dans le jardin entouré de tableaux
- Un repas au « Panier gourmand »
- Visiter la Villa Méditerranée
- Visiter les expositions de la Vieille Charité et du MUCEM.

Un grand merci à Danielle pour cette belle présentation de Marseille. Pour terminer un souhait pour les étudiants chinois : profitez bien de Marseille et de la Provence pendant votre séjour. Nous nous efforcerons de vous aider dans cette découverte.
Jean-Louis

mardi 21 octobre 2014

Aux origines de la poésie chinoise et française


Poursuivant une lecture conjointe des poésies chinoises et françaises, je vous propose aujourd’hui d’en explorer les origines.

Les plus anciens poèmes chinois connus sont recueillis dans le Livre des odes, le Shi jing (詩經). La Séquence de Sainte Eulalie est le plus ancien poème en langue française (ou proto française).

J’en ferai une brève présentation en deux articles. Le premier sera consacré au recueil de poèmes chinois, le second au poème français.

Le Livre des odes est un recueil de 305 poèmes composés approximativement entre les IX° et IV° siècles avant J.C. Selon la tradition, Confucius serait intervenu dans le choix des poèmes Sous le patronage du Sage, le Shi jing est devenu un texte canonique, l’un des six Classiques. On y trouve des règles de conduite mais aussi des « leçons de choses » : par le Livre des odes on connaitra beaucoup de plantes et d’animaux.

Jacques Gernet indique que les plus anciens poèmes sont des hymnes de cérémonies rituelles telles que banquets ou rite du tir à l’arc. Ils étaient chantés à la cour des rois de Zhou avec un accompagnement de danse et de musique où dominaient les carillons de cloches et de pierres sonores. Les thèmes semblent être devenus plus variés aux VII° et VI° avec des odes dont l’inspiration paraît provenir des chants d’amour alternés de jeunes paysans et paysannes lors des fêtes de printemps.

Il est intéressant de noter que l’usage qui a été fait de ces textes antiques permet de cerner quelques uns des traits dominants de la culture chinoise :
- L’esprit rituel
- L’efficacité quasi magique des mots, des proverbes d’où découle le goût pour les citations
- Le jeu subtil et infini des allusions

D’où provient l’efficacité, le pouvoir quasi magique des rites, des caractères d’écriture, des textes canoniques ? Anne Cheng nous donne la réponse : ils sont la transcription humanisée des forces naturelles à l’œuvre dans l’univers.

Concernant les rites, elle nous rappelle qu’il y a une connivence des deux homophones LI (ordre naturel) et li (esprit rituel), ce dernier n’étant pas une grille apposée de l’extérieur à l’univers, mais la nervure même de l’univers qu’il s’agit de retrouver, de faire réapparaitre, de révéler au sens photographique du terme

Concernant les caractères d’écriture : Ils ont un lien originel avec la divination : ils épousent sans médiation les lignes naturelles de l’univers .

Il en va de même des textes canoniques : le texte, comme texture, se contente de faire apparaître les motifs fondamentaux de l’univers…Dans ce sens les Classiques représentent la trame de l’univers
Ils sont à l’image du Ciel et de la Terre, se modèlent sur les esprits et les divinités, participent de l’ordre des choses et règlent les affaires humaines
(Anne Cheng, Histoire de la pensée chinoise P. 88).

Dans le même ordre d’idées Marcel Granet (La pensée chinoise). L’efficacité des poèmes du Shi jing provient du fait qu’ils correspondent exactement aux signaux que répète la nature en fête. On trouve dans le Livre des odes des principes de conduite visant à assurer l’harmonie de la société mais aussi l’harmonie des hommes avec la nature. Ces poèmes se soucient médiocrement des nouveautés d’expressions. Les mêmes images reviennent sans cesse se rapportant surtout aux périodes du printemps et de l’automne, époques où se tenaient de grandes fêtes ayant pour objet de renouveler l’accord entre les hommes et la nature. Hommes et choses, plantes et bêtes semblent unis par le désir d’obéir de concert à un ordre valable pour tous.

Le Shi Jing constitue un trésor d’exempla (Anne Cheng), un fonds commun de référence pour l’élite lettrée. Marcel Granet et François Jullien rappellent que dans l’Antiquité chinoise les entrevues diplomatiques prenaient la forme d’un échange de citations canoniques tirées du Livre des Odes. Ces citations permettaient de faire valoir allusivement un point de vue.

Je vous propose maintenant d’examiner un des poèmes du Shi jing

J’ai trouvé ce poème dans L’anthologie bilingue de la poésie chinoise classique de Maurice Coyaud paru dans l’excellente collection Les belles lettres.

Maurice Coyaud rappelle que de nombreux poèmes du Shi jing ont des vers de quatre pieds


Les pêchers
Pêcher touffu luxuriant
Aux fleurs brillantes
Cette enfant va se marier
Sera la joie du foyer

Pêcher touffu luxuriant
On croule sous les fruits
Cette enfant va se marier
Sera la joie du foyer

Pêcher touffu luxuriant
Ses feuilles abondent
Cette enfant va se marier
Sera la joie de la famille.

Il s’agit d’une chanson de mariage, l’idée du mariage est associée à celle de l’essor de la végétation, et, particulièrement, à la belle venue d’un jeune pêcher.
Ce poème est largement commenté par Marcel Granet dans Fêtes et chansons anciennes de la Chine, ouvrage auquel je renvoie.

Voilà, un très bref aperçu de ce que l’on peut dire sur le Livre des odes.

Quelques pistes de lecture pour ceux qui veulent aller plus loin :
- Marcel Granet : Fêtes et chansons anciennes de la Chine
- Marcel Granet : La pensée chinoise
- Anne Cheng : Histoire de la pensée chinoise (notamment chapitre 2)
- François Jullien : Le détour et l’accès
- Maurice Coyaud : L’anthologie bilingue de la poésie chinoise classique
- Jacques Gernet : Le monde chinois

Jean-Louis

samedi 18 octobre 2014

Opéra de Pékin à Marseille

Il y aura un spectacle d'opéra de Pékin "LA LÉGENDE DU SERPENT BLANC" à l'opéra de Marseille!

Dans le cadre du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine

La Compagnie Nationale de Chine d’Opéra de Pékin
Ambassadrice de la culture chinoise à travers le monde
présente :
La Légende du Serpent Blanc
Une production contemporaine et populaire basée sur une légende traditionnelle chinoise avec la troupe de comédiens, musiciens et chanteurs de la Compagnie Nationale de Chine d'Opéra de Pékin

Sous la forme de jeunes femmes magnifiques, le serpent Blanc et le serpent Bleu rencontrent un jeune homme du nom de Xu Xian. Le serpent Blanc reconnaît en lui l’enfant qui l’avait tant charmé autrefois. Inexorablement attirés l’un vers l’autre, ils finissent par se marier et vivent heureux. Jaloux de leur amour, le Moine Fahai du Temple de la Montagne d’Or, échafaude un plan pour séparer le couple. Sous l’emprise du Moine, Xu prépare un vin herbé. Après l’avoir bu, sa femme reprend sa forme de serpent et Xu meurt sous le choc de cette vision. Désespéré, le Serpent Blanc se rend à la Montagne Kunlun pour cueillir une herbe magique qui permettrait à son mari de ressusciter. Il perdra la vie dans cette entreprise. Après une série de péripéties, le mari et la femme seront finalement réunis sur le Pont Brisé.C'est une production contemporaine et populaire basée sur une légende traditionnelle chinoise avec la troupe de comédiens, musiciens et chanteurs de la Compagnie Nationale de Chine d'Opéra de Pékin.


Vendredi 24 Octobre 2014 > 20h00
Samedi 25 Octobre 2014 > 14h30

Infos et réservations sur le site de l'opéra de Marseille.

Merci à An Qier (Sylvie) qui nous a transmis cette info.

mardi 14 octobre 2014

谢谢 Shengnan et Xiuxiu



Pour la plupart des étudiants chinois d'Euromed (Kedge Business School), le mois d’octobre est le mois de la soutenance finale. C'est aussi le mois du retour en Chine. Mardi dernier nous avons fêté le départ de Joséphine, aujourd'hui nous célébrons celui de Shengnan et de Xiuxiu.

Ah !Shengnan et Xiuxiu. Nous les appelions les deux amies de Montredon. C'est, en effet, dans ce quartier qu'elles ont habité pendant la plus grande partie de leur séjour à Marseille. La distance ne les empêchait pas d'être présentes à pratiquement toutes les répétitions de la chorale et de participer à presque toutes nos sorties. Des liens ont pu ainsi se créer. Ce qui est remarquable c'est l'enthousiasme qu'elles manifestaient à chacune de nos rencontres. Elles adoraient les paysages provençaux :

Chaque fois pour la sortie, il y a des surprises pour moi. Les paysages sont trop jolis. Je suis sous le charme de Marseille…

les réunions chez Nicole ou chez Françoise, les fêtes que nous organisions pour le Nouvel an, pour les 10 ans de Chinafi ou encore pour le festival du cinéma chinois. Elles nous demandaient les photos pour partager leur plaisir avec leur famille ou leurs amis restés en Chine. Leur enthousiasme était communicatif et nous qui sommes parfois peut-être un peu blasés nous finissions par redécouvrir la Provence avec leurs yeux. Dernièrement elles nous ont présenté quelques uns des étudiants de la nouvelle promotion et elles ont dû se montrer convaincantes car ils sont venus nombreux. Grâce à elles la chorale continue.

Pour les remercier et pour qu'elles partent sur un bon souvenir nous avons organisé ce soir une fête en leur honneur. Des gâteaux, des cadeaux, le verre de l’amitié et bien sûr des chansons. Entre autres, une nouvelle chanson chinoise La petite pomme, une chanson d’amour pleine d’entrain comme on les aime. Ruby a commencé à nous apprendre à danser sur cette chanson. Regardez l’ambiance ! Même Eric un peu dubitatif au début s’y est mis.

Voilà Shengnan et Xiuxiu bon retour. Beaucoup de bonheur dans votre vie personnelle et de réussite dans votre vie professionnelle. J'espère que vous garderez un bon souvenir de votre séjour en France. Sans doute en parlerez-vous à vos parents et à vos amis. C'est peut être une goutte d'eau dans la mer, mais si ténu soit-il c'est un petit pont d'amitié entre nos deux pays.

Et maintenant tous les amis de Chinafi se joignent à moi pour souhaiter

Qu’éternellement
Il y ait dans vos yeux
Tout le ciel bleu


Jean-Louis

dimanche 12 octobre 2014

Chez Anne de Bouc Bel Air et du monde



Les amis d’Anne connaissent bien sa signature : « Anne de Bouc Bel Air et du monde ». Et ce soir cette appellation convient aussi à sa maison : "maison de Bouc Bel Air et du monde" tant cette demeure, comme sa propriétaire, est accueillante et ouverte à tous. Anne nous avait dit « aujourd’hui, c’est portes ouvertes » et de fait nous sommes une bonne quarantaine à avoir répondu à son invitation. J’arrive un peu en avance et je remarque pour la première fois, attenante au portail, une peinture un peu naïve (mais je crois que notre hôtesse aime bien la peinture naïve) portrait bien sympathique d’une enfant au beau sourire qui souhaite la bienvenue aux visiteurs. Chantal, Christiane, Francis, Mahmoud, Aïda sont déjà là. Aïda se balance dans un hamac. Mahmoud aperçoit un grenadier aux beaux fruits rouges et va cueillir une grenade.

Petit à petit les invités arrivent. Voici le gros de la troupe en provenance du Prado. Voici Michel avec Yan et Diane. Les Aixois conduits par Béatrice et voici Danielle qui s’était perdue. Un peu plus tard arriveront encore d’autres invités. Beaucoup de nouveaux étudiants chinois qui se souviendront longtemps, je pense, de leur première invitation dans une maison française. Quelques anciens aussi qui viennent de passer leur soutenance. Pour eux aussi, sur le point de rentrer en Chine, ce sera un beau souvenir.

Les participants déposent boissons et plats sur la terrasse qui devient une table qui aurait réjouit Gargantua.

Nous avons de la chance. Après les orages de la nuit nous avions craint le pire pour cette soirée. Mais non, il fait une douceur extraordinaire pour la saison et nous sommes tous en chemisette.

Les plats et bouteilles circulent. Décidemment le pastis n’a pas encore convaincu nos amis chinois. Les conversations vont bon train. Nous échangeons des nouvelles, parlons des prochaines sorties et évoquons les voyages de cet été ou les voyages à venir Diane nous chante « une souris verte » et d’autres chansons qu’elle vient d’apprendre à l’école.Aîda esquisse des pas de danse sur la terrasse.

La nuit tombe rapidement en cette saison. Mais il fait toujours aussi doux. Les étoiles apparaissent dans le ciel et les guirlandes éclairent maintenant la terrasse la transformant en scène de spectacle pour accueillir notre chorale et la musique d’Olivier. Du haut de la terrasse j’aperçois les spectateurs qui reprennent nos chansons : A la claire fontaine, Santiano, la Jeunesse, Ni wen wo ai. Olivier interprète plusieurs très beaux morceaux au hulusi. J’ai laissé mon appareil photo à Anne qui prend plusieurs portraits ou photos de groupe donnant une bonne idée de l’ambiance de notre réunion.

Comme pour nous dire au revoir la lune se lève au moment où se termine la fête. Anne me dit sa joie d’avoir vu tous ces sourires. C’est vrai. Ce fut une très belle soirée. Un grand merci à Anne pour son accueil toujours aussi chaleureux. Un grand merci à tous pour votre participation.
A bientôt,
Jean-Louis

jeudi 9 octobre 2014

Hommage aux travailleurs indochinois


Le 5 octobre 2014 eut lieu à Salin de Giraud une cérémonie très émouvante pour l’inauguration de la stèle érigée à la mémoire des 20 000 travailleurs indochinois venus en France en 1939, recrutés de force pour la plupart. En présence de plus de 400 personnes, descendants de ces travailleurs et sympathisants, les élus représentant les communes avoisinantes, le Conseil Général et le Conseil Régional ont tour à tour rendu un vibrant hommage à ces travailleurs. Les responsables de la filière rizicole ont reconnu leur apport décisif dans l’amélioration de la culture du riz qui auparavant n’était destinée qu’à l’alimentation animale. Le Ministre des Anciens Combattants, dans un message lu par le Sous- Préfet, reconnut officiellement que 20 000 travailleurs indochinois avaient été arrachés à leur terre natale, et estimait que l’hommage et la reconnaissance de la France devaient être à la hauteur du sacrifice de ces hommes
Yves

mardi 7 octobre 2014

Une belle fête pour Joséphine



Ce soir, notre chorale presque au complet est venue dire au revoir à Joséphine (Hongye) qui rentre demain en Chine. Nous avons le plaisir d’accueillir quelques invités Cécile, Olivier et Ariana. On perçoit entre eux et Joséphine une grande complicité. Christiane, venue en voisine, nous apporte son délicieux gâteau au chocolat. En outre, nous avons la joie de recevoir de nouveaux choristes : Marie-Claude et deux jeunes chinois.

Au programme des chansons bien sûr, un petit goûter et le verre de l’amitié. Mais aussi un peu de musique. Un enregistrement de Joséphine au pipa et « en live » Olivier au hulusi et à la flute xiao.

Voilà, Joséphine s’en va. Nous avons pu apprécier son grand talent de musicienne, mais aussi sa gentillesse et sa discrétion. Nous avons eu la chance de l’entendre dans notre chorale, je crois aussi qu’elle allait avec Olivier (qu’ils me pardonnent cette indiscrétion) faire connaître la musique chinoise dans les maisons de retraite.

Voilà Joséphine. Demain à ces heures tu seras dans les airs en route vers ton pays. J’espère que tu emporteras le souvenir de nos chansons.
Jean-Louis

dimanche 5 octobre 2014

La longue marche du cinéma chinois

 
Luisa Prudentino nous a présenté ce samedi, dans l’auditorium de la Maison de la Région, la longue marche du cinéma chinois. Comme son titre l’indique, cette conférence était une introduction historique au cinéma chinois en Chine continentale (Hong Kong et Taiwan occupant une place très importante dans le cinéma de culture chinoise). Mais, et c’est ce qui faisait tout l’intérêt de son intervention, Luisa Prudentino ne s’est pas contentée de dresser un exposé événementiel. A chaque étape importante elle posait les questions dont les réponses permettaient de cerner les spécificités du cinéma chinois.
 
Le cinéma est né en 1895 avec le film La sortie des usines Lumière. Ce film fut rapidement projeté en Chine et seulement dix ans plus tard sortait le premier film chinois : La Montagne Dingjun. Pourquoi cette affinité entre la culture chinoise et le cinéma ? Sans doute en raison de la proximité trouvée par les Chinois entre cet art et l’opéra et aussi avec le théâtre d’ombres, d’où son nom : (.diàn yǐng : ombre électrique) Ce rapport étroit va influencer le contenu et le style du cinéma chinois. On trouve ici une idée importante sur laquelle la conférencière reviendra à plusieurs reprises : il n’y a pas de contradiction entre la modernité et le respect de la tradition.
 
Ainsi La Rose de Pushui (1927)  est l’adaptation d’une célèbre pièce de théâtre qui servit de trame à de nombreux opéras. Respect de la tradition donc mais le film contient aussi un message moderne : « Il faut en finir avec les mariages arrangés ». Le cinéma chinois emprunte à l’opéra mais aussi à d’autres formes d’art autochtones. En 1928 sort L’Incendie du monastère du Lotus rouge, le premier film d’arts  martiaux. La Chine a donc su assimiler cet art nouveau venu de l’étranger qu’est le cinéma en le conjuguant avec ses formes d’art traditionnelles que sont l’opéra et les arts martiaux.


Affiche du film La Rose de Pushui, entre tradition et modernité

On retrouve cette proximité entre l’opéra et le cinéma même pendant les heures sombres de la Révolution Culturelle. Lorsque Jiang Qing, l’épouse de Mao, veut réformer le cinéma et le soumettre à l’idéologie, elle commanditera des films qui empruntent la forme de l’opéra mais en vident le contenu pour les transformer en produit de propagande. Luisa Prudentino introduit ici  une remarque réconfortante. Jiang Qing aurait voulu asservir l’art à l’idéologie. Mais si l’on fait abstraction du contenu idéologique, ces « opéras modèles » sont souvent une réussite sur le plan esthétique. L’art a donc fini par triompher même pendant la révolution culturelle  ce qui explique qu’un cinéma d’auteur ait pu réapparaitre dés le début des années 80.  

Qu’en est-il aujourd’hui du cinéma chinois ? Un essor sans précédent avec un chiffre d’affaires de dix mille milliards de yuans dont la moitié issue de la production domestique. Cependant le cinéma d’auteur a un peu de mal à trouver une place, pris entre une censure toujours présente et le goût du public pour un cinéma de divertissement.  

Voici très rapidement résumé un exposé très riche et très clair accompagné de nombreux extraits de films souvent émouvants. Ainsi celui où l’on voit Ruan Lingyu jouer le rôle d’une femme qui se prostitue pour échapper à la misère.  


Ruan Lingyu, La divine


Center stage (1992) , Maggie Cheung interprète le personnage de Ruan Lingyu

Cette conférence donne envie d’en savoir plus et de voir les films mentionnés. Luisa Prudentino nous a dit pouvoir traiter encore de nombreux sujets concernant le cinéma chinois. Souhaitons qu’elle puisse revenir. Un grand merci à elle pour cette conférence passionnante. Un grand merci à Françoise pour l’avoir organisée.
Jean-Louis

mercredi 1 octobre 2014

Rêves d'hiver

C’est bien connu, la meilleure façon d’apprendre est de partager ses connaissances. En  partageant notre patrimoine culturel (paysage, chansons ….) avec nos jeunes amis chinois nous le découvrons.
Ainsi ce dimanche, j’ai découvert les beaux paysages que l’on peut admirer en allant au refuge de Roquefort La Bédoule, j’ai découvert le hameau de Roquefort et la fête des vendanges célébrée à l’occasion de la Saint Vincent. Il en va de même pour les chansons de la chorale. Je connaissais Belle Ile en Mer de Laurent Voulzy, mais je n’avais jamais fait vraiment attention aux belles paroles qui parlent d’isolement, de solitude et du racisme ordinaire.

Peut-être, notre blog peut-il compléter cette démarche en proposant de découvrir ou de redécouvrir quelques poèmes français et chinois. Bien sûr, il est plus facile pour nous Français d’apprécier les poèmes écrits dans notre langue. Il nous manque les références culturelles qui nous permettraient de ressentir à leur juste valeur les poèmes chinois. Il serait donc souhaitable de compléter ces quelques articles par des échanges plus approfondis. Peut-être un jour …Oremus.

Faisant suite à un précédent article, je vous propose aujourd’hui deux nouveaux poèmes sur le thème du rêve inspiré par l’être aimé. Le poème chinois est de Jiang Kui (1155-1221). Le poème français est d’Artur Rimbaud (1854-1891). Les deux poètes rêvent, dehors c'est l'hiver.

Le poème chinois



Un rêve à la fête des lanternes  Sur l’air du « Ciel de perdrix » (1)

Un rêve à la fête des lanternes
Le fleuve coule à l’est sans trêve ;
Le flot n’emporte pas les graines d’amour semées
Dans nos cœurs.
Son visage paraissait vague dans mon rêve,
Mais le cri de l’oiseau m’a soudain réveillé,
Tout en pleurs. 

Le printemps pas verdi
Mes cheveux déjà gris,
Séparés si longtemps
Nous ne sentons plus le chagrin intense.
Mais quand la fête vient an par an,
Chacun de nous sait ce que l’autre pense.
 
Le 15 du premier mois lunaire 1197, le poète rêva de sa bien-aimée dont il était séparé depuis 20 ans.

J’ai trouvé ce poème dans une anthologie de 300 poèmes chinois classiques parue aux Editions de l’Université de Pékin. Cette anthologie comporte malheureusement peu de commentaires.

- Qui était Jiang Kui ?
- Quel est le symbole attaché à l’image du fleuve qui coule à l’est ?
- Que signifie "sur l’air du Ciel de perdrix" ?
- Et bien d’autres questions que j’aimerais poser…

Le poème français
Un train file dans l’hiver. Au dehors, le froid, la neige, la barbarie de la guerre (le poème a été écrit en 1870). A l’intérieur du wagon, un cocon douillet abrite les jeux amoureux de deux adolescents.
                                                          Claude Monet 1875

Ce poème a fait l’objet de très nombreuses analyses. Vous en trouverez une excellente en suivant le lien :

J’en cite un court extrait : «  les deux quatrains marquent la rupture avec le sonnet traditionnel. Il s’agit d’un sonnet hétérométrique (alternance entre les alexandrins et les hexasyllabes) et les rimes sont croisées et non pas embrassées. Peut-être pouvons-nous y voir le désir de reproduire le mouvement saccadé d’un train ? »

Voici le poème :

Rêvé pour l'hiver
A... Elle
L'Hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
 
Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
 
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
 
Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...
            Arthur Rimbaud, Poésies Rêvé pour l’hiver (7 octobre 1870)


 


Ce poème me touche par la mise en perspective de l'intérieur et de l'extérieur et puis surtout
le  deuxième quatrin :
      Tu fermeras l'œil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

qui me rappelle l'attitude de ceux, qui comme moi, n'écoutent plus les informations pour ne pas entendre les atrocités déversées par les radios et la télé.


 Jean-Louis