dimanche 2 décembre 2007

Jing



Comme promis voici quelques extraits de la "Petite introduction à la culture chinoise à partir de quelques calligraphies."
Ce caractère se prononce Jing et signifie : "ouvrage classique" qui forme la tradition. Voir "Yi Jing" "le livre des mutations".
On reconnait à gauche la clef de la soie et à droite la trame d'un tissu.
Mais pourquoi Les Classiques, la tradition sont-ils représentés par la trame d'un tissu ?

Anne Cheng nous en fournit l'explication. La Tradition s'est formée par des dialogues entre les générations qui ont progressivement constitués la pensée chinoise. Ces dialogues sont symbolisés par le va et vient d’une navette tissant peu à peu une tapisserie (la Tradition) qui révèle au sens photographique du terme les motifs de l’univers.

"Le tissage au cours du temps d’une tapisserie de « dialogues internes » qui finissent par laisser apparaître des motifs en relief.

…Le plus souvent, le texte constitue au sens propre un tissu qui suppose chez le lecteur une familiarité avec les motifs récurrents. Alors qu’il donne l’impression de ressasser des énoncés traditionnels, à la manière d’une navette qui passe et repasse inlassablement sur la même chaîne, c’est au motif qui se dessine peu à peu qu’il faut être attentif, car c’est lui qui est porteur de sens.


Le texte, comme texture, se contente de faire apparaître les motifs fondamentaux de l’univers, il ne s’y superpose pas comme un discours sur l’univers…
Dans ce sens, les Classiques représente la trame de l’univers lui-même transcrite, mise en signes : au lieu de démarquer l’homme par rapport au monde, elle noue entre eux un lien intime…Les Classiques constituent un vaste réservoir de la sagesse des hommes accumulés tout au long des siècles, un trésor d’exempla qui peuvent s’appliquer en toute occasion…il s’agit en grande partie d’une littérature de commentaires

Cette notion de Tradition, de fonds commun occupe une place importante dans la pensée chinoise.
Par exemple les personnages du "Rêve dans le Pavillon Rouge" se réfèrent aux Classiques qu'il s'agissent pour eux de nommer les lieux d'un jardin, de composer un poème ou de règler leur conduite.
Dans la vie quotidienne on sait le goût des chinois pour les adages, les proverbes, les chengyu qui forment un fonds commun auquel on aime à se référer.

Voilà ...à suivre.

PS On a pu retrouver le nom de l'auteur des belles calligraphies qui servent de support à cette petite introduction. Il s'agit de Song Weiyi.

1 commentaire:

Anonyme a dit…


le même caractère mais simplifié

super interessant toutes tes explications sur le tissage

quand tu évoques la force de la calligraphie, je me souviens d'un film où on voit un mec qui écrit toute la nuit sur une île au milieu d'1 lac
c'était quoi ?
j'ai oublié...