vendredi 28 décembre 2007

Shanshui


Shanshui : Montagnes et Eaux
C’est une des expressions utilisées en Chine pour désigner le paysage et plus particulièrement le paysage littéraire et pictural.
Les citations de cet article sont extraites du livre de Yolaine Escande « Montagnes et Eaux, la culture du shanshui » paru aux éditions Hermann.
Elles vont nous permettre de retrouver de nombreuses notions déjà abordées, par exemple, dans l’article de Françoise sur le Tai Ji Quan.

Le Yin et Yang :
« Les deux éléments de la montagne et de l’eau incarnent le principe universel de vie et correspondent par analogie aux pôles cosmologiques à l’œuvre dans l’univers en constante mutation des Chinois, l’eau relevant du principe yin (l’ubac, l’ombre, la lune, la terre, la féminité, la souplesse, etc.) et la montagne du yang (l’adret, la lumière, le soleil, le ciel, la masculinité, la rigidité, etc.). De même, l’association entre corps humain et corps cosmique ne peut se concevoir que dans la montagne : les rochers composent son squelette, les rivières, son sang, les arbres et les plantes, ses cheveux, les brumes et les vapeurs, sa respiration etc. Inversement, il est courant que le corps humain soit représenté sous la forme d’une montagne. »
Et l’on se souvient que Baoyu, avant de s’incarner dans le jeune garçon, héros du Rêve dans le Pavillon Rouge, fut d’abord un Roc doté de la parole et de la faculté de se promener le long de la rive du Fleuve des Eaux transcendantes, qui baigne les contrées d’Occident.

L’importance de l’écrit :
« C’est l’inscription calligraphiée qui transforme un site géographique en paysage, que ce soit dans la nature ou dans un jardin …ce qui caractérise le paysage chinois c’est qu’il porte systématiquement des inscriptions calligraphiées …qui indiquent ce que le promeneur doit ou peut ressentir ou percevoir, et non simplement ce qu’il doit voir. Ainsi, un paysage géographique non inscrit ne peut se reconnaître et demeure dans l’indifférencié ; un jardin sans tablette calligraphiée ne peut pas exprimer tout son charme. Il revient à l’homme d’établir une relation ordonnée entre terre et ciel, par le truchement de la trace inscrite à même les rochers et les falaises, ou sur des enseignes. »

Les inscriptions transforment le paysage en lieu de mémoire.
Anne Kerlan-Stephens nous a montré, dans l’article précédent que les commentaires rédigés sur les peintures transformaient celles-ci en lieu de mémoire. Il en va de même des inscriptions laissées par les visiteurs des générations successives.
« Le dicton populaire qui affirme que « voyager dans les montagnes revient à lire l’histoire » ne peut se comprendre sans le rôle des inscriptions. Leur accumulation sur un site contribue à instaurer une continuité historique, poétique, philosophique, qui permet au promeneur de dépasser ses limites temporelles. C’est pourquoi les paysages chinois sont vécus comme des voyages culturels, rituels et spirituels.»

L’année prochaine nous essayerons de poursuivre ce voyage dans la culture chinoise.
Nous visiterons, par exemple, les jardins chinois en compagnie de Yolaine Escande qui nous fera découvrir une notion particulièrement intéressante de la culture chinoise nous permettant de retrouver les thèmes évoqués par Françoise : "combat contre nous même, tracer notre voie" et qui nous invitera à réfléchir sur notre propre culture.

Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année et comme l’on dit en Provence : bon bout d’an …
A l’année prochaine…
Jean-Louis

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