dimanche 2 décembre 2007
wang
Pour aller plus loin dans notre découverte de la culture chinoise nous allons nous rendre au Japon à la rencontre du moine Kûkai, surnommé « Océan de Vacuité », né en 774. Le détour par le Japon n’est pas étonnant dans la mesure où la diffusion de l’écriture chinoise dans les pays limitrophes, Corée, Japon, Vietnam a fondé une communauté, non seulement de communication, mais aussi d’esthétique.
Le moine Kukai demeure aujourd’hui encore d’une popularité tout à fait exceptionnelle. De nombreux épisodes plus ou moins légendaires relatent les pouvoirs de sa calligraphie sur les hommes et les choses. Dans sa jeunesse, Kûkai parcourut longuement son pays afin de se livrer à l’ascèse, et la tradition rapporte qu’un soir, il découvrit une pauvre cabane où il demanda l’hospitalité pour la nuit à une vieille femme. La vieille femme lui fait don d’un bol en fer contenant du riz.
Voici la suite du récit raconté par Claire Akiko Brisset (in "Du visible au lisible") :
"Avant de repartir, le Grand Maître écrivit …sur un des piliers de la cabane les trois caractères « ciel », « terre », « union », et ces signes imprégnèrent si profondément le bois qu’on avait beau gratter l’inscription, elle demeurait toujours. Les malades qui souffrant de fièvres chroniques, buvaient de l’eau versée sur ces caractères se voyaient sans coup férir délivrés de tout mal."
On peut retenir de cette courte citation trois indications :
- la pénétration profonde de l’écriture dans le bois. Jean-François Billeter revient souvent sur cette notion de force en calligraphie qui est l'un des premiers critères d'appréciation de l'écriture. Comme le veut l'adage, il faut que la pointe du pinceau "pénètre d'un tiers de pouce dans le bois de la table", ru mu san fen.
- le caractère magique, miraculeux de l’écriture que l’on retrouve ici dans le fait qu’elle guérit les malades,
- l’union du Ciel et de la Terre, c'est-à-dire du yin et du yang et plus généralement de tous les éléments de l’univers.
Cette union du Ciel et de la Terre, de tous les éléments de l’univers est symbolisée par le caractère wang. Il est composé de trois traits parallèles dont le premier représente le Ciel, le second, les hommes, et le troisième la Terre. Le trait vertical représente le souverain qui réunit ces trois éléments.
Remarquez comme la calligraphe a varié les trois yi du caractère pour éviter la monotonie.
A suivre ...
Jean-Louis
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4 commentaires:
à l'image des trois yi du caractère wang qui ont évolué pour éviter la monotonie, c'est vraiment bien que le blog propose des articles de nature si variée !
merci Jean Louis pour cet éclairage vraiment passionnant sur "l'envers" de l'écriture chinoise....d'ailleurs, aurais-tu une explication à propos du caractère désignant "l'envers" ?
Vraiment très intéressante cette approche de la culture chinoise! Par contre, je n'ai pas encore vraiment compris les modalités de travail sur ce projet mais je pense que cela ne saurait tarder et je me réjouis de pouvoir bientôt rencontrer tous ces mystérieux pseudonymes. Si je peux participer à une contribution en rapport avec le Tai Ji Quan ou le Qi Gong, ce sera très volontiers.
Françoise
Il est amusant, Baixue, que tu parles "d'envers" de l'écriture.
J'avais pensé donner comme sous titre à cette petite introduction : "une invitation à regarder derrière le miroir".
Je ne connais pas le caractère "l'envers". Mais je vais me renseigner et en publier, pourquoi pas, une belle calligraphie.
Je me réjouis, Françoise, que vous offriez de participer à une contribution en rapport avec le Tai Ji Quan ou le Qi Gong.
Le projet est simple. Il consiste à écrire une introduction à la culture chinoise en rassemblant les contributions de différents membres de Chinafi.
Nous pourrions ensuite en imprimer quelques exemplaires que nous mettrions à disposition dans la bibliothèque de Chinafi.
Nous aurons peut-être l'occasion d'en discuter jeudi soir
Jean-Louis
pour "envers" je proposerai 倒
qu'en pensez vous ?
OU ENCORE 倒影
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