mardi 2 juin 2009

Jean Ferrat chante pour Jia Baoyu

Le dernier article d'Olivier m'a donné envie de vous faire partager ce beau poème d'Aragon sur le temps qui passe mis en musique par Jean Ferrat.
Il me semble que Jia Baoyu aurait aimé ...

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger

Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux

Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus

Peu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps

C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie

C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux

O mer amère, ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger




Jean-Louis

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelques réflexions sur le temps, prises en vrac sur un site dont j'ai perdu les références :

En Chine s’est développé un concept du temps cyclique et non pas linéaire, ce qui constitue l’une des différences fondamentales avec la philosophie occidentale
Dans la pensée chinoise ancienne c’est l’idée de mutation (yi) qui prime.
La pensée chinoise n'ignore pas le "moment" (le saisonnier, l'opportun) ni la "durée". Mais elle n'a pas forgé la catégorie abstraite du temps, englobant la totalité des expériences de la durée et leur succession, pas plus qu'elle n'oppose, comme nous ne cessons de le faire, futur, passé et présent, la langue chinoise ne conjuguant pas.
Anne Cheng, dans son Histoire de la pensée chinoise, fait référence au concept de « Opportunité » (shi) « qui conçoit le temps non pas comme écoulement homogène et régulier, mais comme processus constitué de moments plus ou moins favorables. »
A partir du postulat que le futur est déjà dans le présent à l’état de germe, la pensée chinoise a toujours porté son attention à tout ce qui n’est encore qu’en gestation
Confucius :
"Connaître l’infime amorce (ji) ne tient-il pas de l’esprit à son comble (shen) ? […] L’infime c’est l’imperceptible commencement du mouvement, le tout premier signe visible du faste [ou du néfaste]. L’homme de bien, dès qu’il voit l’infime, passe à l’action, sans attendre la fin de la journée."

Laozi :
« L’agir se tient dans ce qui n’est pas encore
L’ordre s’instaure avant que n’éclate le désordre
Cet arbre qui remplit tes bras est né d’un germe infime »

Une autre version du temps...

le blog de chinafi a dit…

Merci Françoise. Très très intéressant.

Jean-Pierre avait le projet de contribuer à une conférence sur la notion du temps en Chine. Il avait d'ailleurs écrit un article fort intéressant qu'il m'avait communiqué. Il faut en reparler.
Jean-Louis

Olivier a dit…

Cela m'a fait bien plaisir de réentendre Ferrat chantant un poème d'Aragon. La sensibilité au temps s'accentue quand on franchit des étapes importantes de la vie et ces derniers "temps", ce doit être ton cas, cher Jean Louis.

Chère Françoise, après la version "linéaire" du temps et la version "cyclique" du temps (que l'on retrouve aussi dans la pensée indienne) je pense aussi à la version "relative" du temps de la pensée scientifique moderne (qui a déjà plus d'un siècle !).
Le temps n'est plus cet universel dans lequel se déroule les phénomènes naturels mais il est propre à chacun. Il varie selon la vitesse, la gravité. Il se dilate, il se contracte. Il y a eu un début du temps. Il est intimement lié à l'espace et à la matière sans lesquels il n'existerait pas.
Comme Anne Cheng a écrit "l'Histoire de la pensée chinoise", montrant par là que c'est une pensée évolutive, la vision du temps dans l'histoire a aussi évolué et il faudrait aussi écrire une "Histoire du temps" (Stephen Hawking a juste écrit "une brève histoire du temps).

Olivier

Nicole a dit…

Eh oui, le temps passe...20 ans déjà :
Le 4 juin 1989, le régime chinois réprimait violemment un vaste mouvement démocratique sur la place Tian An Men à Pékin. Vingt ans plus tard, une centaine de Chinois, arrêtés au cours des manifestations croupissent toujours en prison et nombre de dissidents sont toujours exilés. Les autorités censurent toute information concernant cet épisode de l’histoire chinoise, si bien que les moins de vingt ans n’ont aucune connaissance du drame de 1989.

Des citoyens chinois demandent le droit de pouvoir commémorer publiquement et pacifiquement la mémoire de leurs proches tués à l’époque; ils réclament la fin des persécutions subies par les familles des victimes de 1989 et notamment des Mères de Tian An Men. Ils veulent la libération de toutes les personnes encore incarcérées et l’ouverture d’une enquête publique indépendante sur les événements.
Nous n'avons pas le droit d'oublier.

Nicole

Anonyme a dit…

bonsoir,
Je pense que les chansons de FERRAT sont universelles. A travers des poèmes d'RAAGON ou sur ses propres textes, il a chanté beaucoup et exprimé tant de sentiments.
bien cordialement
Pierre
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