dimanche 20 janvier 2008

Shi



Shi, la poésie

L’esthétique chinoise est une invitation à croiser peinture, calligraphie, poésie, musique : arts qu’elle considère comme des moyens de perfectionnement de l’être humain, comme des moyens de « nourrir la vie. » Nous reviendrons longuement sur cette notion.

Peinture et calligraphie : nous avons vu qu’elle naissait du même trait du pinceau.

Peinture et poésie :
On est frappé lorsque l’on regarde des peintures chinoises par les inscriptions calligraphiées, par les poésies que l’on trouve en marge de celles-ci.
Li Zhongyao et Li Xiaohong, dans leur petit traité de la peinture chinoise nous en expliquent la signification : « Un poème n’explique pas la peinture par un commentaire qui en déchiffrerait la signification; il en fait glisser le sens d’une expression plastique à une autre. Les Chinois adorent ce genre de glissement sur l’approximatif, sur l’avoisinant …Les épigraphes de poèmes qui foisonnent sur les peintures sont les traces de ces glissements qu’un peintre lettré, un peintre poète, ne peut s’empêcher de faire des uns aux autres, augmentant l’élégance des uns par celle des autres. »

La dynastie des Tang a connu une éclosion de grands poètes, parmi ceux-ci les deux LI : Li Shangyin et Li Bo
Du premier voici un poème traduit par François Cheng que reconnaîtront les membres de notre petite chorale chinafienne :

« Les rencontres – difficiles
Les adieux – plus encore !
Le vent d’est a faibli
Et les cent fleurs se fanent.
Le vers à soie, tant qu’il vivra
Déroulera son fil ;
La bougie ne tarit ses pleurs
Que brûlée et réduite en cendres… »

Du second voici :
« Nuit au temple du Sommet
Lever la main et caresser les étoiles.
Mais chut ! Baissons la voix :
Ne réveillons pas les habitants du ciel. »

Peinture et musique.
Voici une peinture pleine d’humour de Shitao montrant un maître et son disciple. Le maître bombe le torse : l’air fier et satisfait, mais peut-être cache t-il son émotion devant la beauté du paysage. Le disciple, emprunté, tient une cythare…Est-ce le moment de la tendre au maître… ?





Mais à travers les siècles et le tableau, le petit apprenti a tendu la cythare à Bei Bei :


A suivre,
Jean-Louis

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce tableau est effectivement plein d'humour, le peintre ayant bien su rendre de cet instant éphémère de l'admiration du maître devant le paysage et de l'interrogation du disciple à ce même instant :-)
Certains auteurs de bande dessinée arrivent aussi avec talent à rendre une expression avec seulement quelques traits de crayon.
Le morceau de cithare est très beau. Merci de nous le faire connaître. J'aurais aimé que le cinéaste passe davantage de temps sur les mains de l'interprère que sur son visage.
Jean Louis, peux tu rappeler le pinyin des caractères ce ce message ?
Olivier