mardi 8 janvier 2008
Yuan Lin
Yuan Lin, jardin
Commençons notre visite des jardins avec Cao Xueqin, Jia Le Politique, ses conseillers et son fils. La première tâche que s’assigne Jia le Politique en visitant le Parc aux Sites Grandioses construit pour accueillir sa fille devenue compagne impériale est de nommer les lieux du jardin car précise t-il : « il est bien certain que, privés de toute inscription, et même avec l’appoint des fleurs, des saules, des coteaux et des bassins, les divers sites si grandioses soient-ils …ne seront guère mis en valeur ».
Et bien entendu, pour nommer les lieux, les héros du Rêve dans le Pavillon Rouge vont puiser leur inspiration dans la Tradition, dans les grands textes des siècles passés.
Comme dans le Shanshui, c’est l’inscription calligraphiée qui va permettre au jardin d’exprimer tout son charme.
Continuons notre promenade avec Yolaine Escande qui nous fait remarquer que : « Le jardin, lieu clos, caché derrière un mur, incarne un monde en soi…Il n’est pas un simple aménagement de la nature, mais la recréation d’un microcosme, d’un tout. La fabrication du jardin est simple : un trou est creusé pour réaliser une pièce d’eau, la terre qui en est retirée sert à créer des collines ou montagnes …Les deux éléments fondamentaux de l’eau et de la montagne sont ainsi donnés…Montagnes et rochers représentent la force créatrice du monde…L’eau en tant qu’élément féminin, englobant, représente une ouverture vers l’infini puisqu’on en voit ni le début ni la fin. Le cours d’eau qui traverse le jardin s’assimile au cheminement de la pensée vers l’infini. »
Dans ce microcosme « Le paysage se vit comme une expérience ; le jardin se savoure pas à pas…L’avantage d’une telle représentation du paysage, qu’elle soit picturale ou jardinière, est qu’elle recentre sans cesse l’humain au sein d’un parcours, lui redonnant sa place dans le microcosme et, par analogie dans le macrocosme. »
Quittons les jardins des lettrés pour aller avec Shitao dans un jardin potager. François Cheng nous dit qu’aux yeux de Shitao « comme à ceux de tous les artistes de son pays, la Beauté – et la Grandeur …loge aussi bien au sommet du plus haut mont que sur le sol boueux où rampe une tige de pois Le moine Citrouille-amère peint avec la même ferveur le modeste melon, la débonnaire aubergine, l’insecte gracile qui joue avec le brin d’herbe …et la falaise altière qui semble trouer les nuées. Il faut avoir longtemps rêvé au mouvement ascensionnel qui préside au développement des bourgeons et des tiges pour comprendre celui qui soulève jusqu’au ciel escarpements, pics et cimes enneigées…Apprendre à voir de tout près, pour avoir une chance ensuite de découvrir ce qui est au-delà de tout horizon…Son pinceau a constamment de nous avouer que l’Infime et l’Immense sont deux divinités farceuses qui se font un malin plaisir d’intervertir leurs rôles. »
A suivre,
Jean-Louis
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