samedi 26 janvier 2008
Xiang yi xing
Xiang yi xing, l’altérité
En contrepoint du débat lancé par Olivier, voici quelques considérations personnelles sur l’altérité.
C’est vrai, la rencontre de civilisations différentes a souvent donné lieu à des phénomènes de répulsion ou de fascination. Un des meilleurs exemples est la conquête des empires Aztèque et Inca par les Espagnols. Les Espagnols se demandaient si les Indiens étaient des hommes ou des animaux, les Indiens prenaient les Espagnols pour des dieux, ce qui explique sans doute que la conquête ait été possible avec une poignée d’hommes.
L’Autre est-il cet enfer dont parle Jean-Paul Sartre ? L’Autre est-il celui qui veut ce que je veux, celui dont le désir mimétique va s’opposer au mien comme l’explique René Girard dans un numéro récent de Télérama ? Au contraire, L’Autre va-t-il aider à me construire ? L’Autre est-il cet homme dont parle Valery (cité par Billeter) : « Le plaisir que me fait un homme par son être même, par son timbre, son abord, sa superficielle vie des yeux, son tour de parole, je lui en suis plus reconnaissant que d’un service rendu, et d’un bienfait volontaire. C’est un fait. Un tel homme communique la vie, augmente la mienne… »
Dans un numéro spécial du « Point » consacré à la pensée chinoise Pierre Ryckmans, alias Simon Leys fait remarquer que l’art chinois recherche moins la Beauté que le perfectionnement de l’individu. La poésie, la calligraphie, la peinture et la musique « avaient pour objet le plein accomplissement de leur humanité et l’établissement d’une harmonie intérieure, accordée aux rythmes de l’univers naturel…Les théories picturales chinoises …se sont développées sans faire référence à un concept de « beau »…L’objet de la peinture est tout autre : il s’agit de capter et de transmettre au moyen de l’encre et du pinceau l’influx du « souffle » qui informe monts et fleuves, et anime les dix mille créatures. » C’est en ce sens qu’il peut dire que « l’esthétique chinoise est une éthique. »
Ces différences de conception ont donné lieu à des méprises. « Pour les Chinois, les œuvres occidentales, dépourvues du graphisme calligraphique, ne méritaient pas le nom de peinture. Quant aux Occidentaux, ils estimaient que les Chinois étaient des décorateurs délicats et habiles. Mais comme ils ignoraient l’usage des couleurs à l’huile et la perspective géométrique, il fallait bien en conclure que ces gens n’avaient pas de peinture. »
Dans les articles précédents nous avons vu que, dans les peintures chinoises, les montagnes et les rivières tenaient la place réservée à la représentation du corps dans notre peinture. Les inscriptions calligraphiques remplacent les statues dans les jardins. Il parait que les visiteurs chinois s’étonnent du nombre de statues dans nos pays.
Au-delà du caractère anecdotique, il me semble que ces différences nous invitent à sortir de ce qui est pour nous une évidence, de ce qui va de soi, de l’ainséïté (notion qui revient souvent dans les livres traitant de la culture chinoise, cf ziran que nous dévelpperons peu-être dans un prochain article). Mais en acceptant de sortir de nos évidences cela nous amène à nous interroger sur l’origine, sur la signification, en un mot sur le sens de nos propres notions et en définitive à mieux nous connaître nous-mêmes et, espérons le, à plus de tolérance.
J'attends avec impatience les prochains articles d'Olivier qui compléteront ce débat.
A suivre,
Jean-Louis
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5 commentaires:
De loin, je suis neanmoins avec grand interet la suite des differentes contributions. j'en profite pour signaler qu'Anne Cheng a recemment publie :"La Pensee en Chine aujourdhui" que je commence a parcourir et ou elle parle entre autres du "mythe de l'alterite radicale d'une Chine essentialisee..."
Demain, je fais quelques visites de temple a Taiwan, j'essaierai de publier des photos.
Francoise
CELA NOUS FAIT TRES PLAISIR QUE DE SI LOIN TU PARTICIPES A NOTRE CHER BLOG
BONNE VISITE ET BONNE DELIVRANCE POUR TA FILLE
BISES
ON ESPERE TES PHOTOS SUR LE BLOG
Merci Françoise de nous donner des nouvelles de si loin.
Nous attendons avec impatience les photos de ton voyage.
Jean-Louis
Cher Jean Louis,
Pour préciser un peu le travail de Girard, il faut dire que celui ci a développé de l’Autre, non pas la seule vision d’un obstacle, mais la vision plus complète de modèle-obstacle. Selon lui, l’Autre est d’abord un modèle. Et comme nous n’avons que des désirs mimétiques, c’est donc l’Autre qui est la source de nos désirs que nous croyons propres. C’est cette dialectique qui est la source des cultures, des civilisations et des religions.
Olivier
PS Un petit lien Wikipedia sur Girad :
Salut Girard!!!
J'apprécie beaucoup que tu nous donne de tes nouvelles malgré la longue distance qui nous sépare.
Bonne visite et j'ai hâte de voir les photo de ton voyage!!!
P.S bonne chance pour ta fille
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