mardi 15 janvier 2008
Wu
Wu, la danse.
Vous connaissez ce caractère, il figurait dans émouvante vidéo proposée par Olivier dans un message précédent.
Bientôt, nous espérons pouvoir vous montrer les rapports entre la danse et le chant (mais chuuuuut, c’est encore un mi mi).
Ce soir je vous propose de nous attarder sur les rapports entre la danse et la calligraphie ou la peinture.
Pour ce faire je vous invite à regarder derrière la lucarne d’une vieille chaumière. Un vieil homme, un des plus grands calligraphes des Tang, est assis à une table, un pichet de bai jiu à portée de main.
Il écrit : « Comme je l’ai déjà dit, moi l’ivre fou, c’est en regardant la danseuse Gongsun que j’ai pris compris mon art …Ecrit par Zhang Xu, dans l’ivresse, le 15ème jour du 8ème mois de de l’an 2 de l’ére Kaiyuan".
Le même Zhang Xu eut une autre révélation de la calligraphie en voyant une altercation entre une princesse et un porteur. Jean-François Billeter commente : « Dans l’esclandre qui en résulte, le calligraphe est frappé par les gestes et les postures. Il les sent en lui et l’animation qui se saisit de lui révèle l’objet propre de son art : la calligraphie a pour vocation d’exprimer l’essence dynamique des évènements. »
Observation des différents spectacles de la vie, captation et restitution : on trouve très souvent ces notions dans les textes qui traitent de la calligraphie ou de la peinture chinoise.
Déjà Cang Jie, inventa l’écriture en observant les signes de la tortue et les traces des oiseaux. D’ailleurs, pour mieux observer il avait quatre yeux. Un texte d’époque Tang rapporte le mythe ainsi : « Il recueillit tous les motifs qui avaient une vertu expressive et, les combinant, créa les caractère d’écriture. Il captait les figures de tous les phénomènes dans leur totalité mouvante ».
Ivan Kamenarovic écrit : « C’est la vertu d’observation qui est la plus haute qualité d’un esprit chinois ». Je ne sais si c’est vrai. Mais je me souviens d’un cours où notre chère Dan nous fit remarquer comment l’écriture chinoise et le sens des proportions qu’elle implique pour réaliser un caractère équilibré développait l’esprit d’observation.
Observation, captation et restitution : Jean-François Billeter cite Shitao : Les peintres chinois s’efforçaient "de laisser entrer en eux les monts et les fleuves et de les faire ensuite renaître d’eux.» En les recréant selon leur imagination, ils cherchaient à exprimer le sentiment de vie qu’ils avaient en eux.
Parfois cette captation des formes peut aller jusqu’à l’assimilation avec l’objet observé. Su Dongpo écrit dans ses propos sur l’art : « avant de peindre un bambou, il faut qu’il pousse dans votre for intérieur. »
Capter la beauté, la saveur du monde pour la restituer et la faire partager. Se promener le matin dans les chemins, observer le balancement des fleurs, une branche couverte de givre scintillant dans le soleil ou le vol d’un oiseau et les restituer dans son écriture ou sa peinture. « L’alchimie de la perception mène à une réappropriation simultanée de soi et du monde. »
Il n’est, bien sûr, pas donné à tout le monde d’être un peintre ou un calligraphe. Par contre, avec un peu de pratique, il est possible de retrouver ces formes dans les calligraphies ou les peintures.De la même manière, comme le disait Baixue, on ne regarde plus les rochers de la même manière après avoir contemplé les tableaux de Shitao.
A suivre,
Jean-Louis
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