samedi 5 avril 2008

Cha Dao = Voie du Thé



La modeste démonstration de cérémonie du thé a soulevé beaucoup d’intérêt et de questions.
Voici donc quelques pistes :
Voie du thé : Cha dao ou culture (au sens culturel) du thé : Cha wen hua, ce sont les expressions qui rendent compte de l’importance du thé pour les chinois et de la richesse de sa signification.
J’ai trouvé sur le site du Monde diplomatique un article de Nicolas Zufferey (Celui qui ne boit pas de thé peut-il être Chinois ?), écrit en 2004 et auquel je me permets de faire quelques emprunts
D’abord, l’importance du thé dans l’histoire et la tradition chinoise : « La Chine a fait du thé un des « sept trésors » avec la cithare, les échecs, la calligraphie, la peinture, la poésie et l’alcool »
Pour plus d’éléments historiques, lire son article, on y apprendra entre autres que le thé est d’abord localisé dans le Sichuan pour être ensuite véhiculé par le bouddhisme vers le nord de la Chine.
C’est au VIIIème siècle que l’on trouve un ouvrage important, le Classique du thé par Lu Yu

Pour comprendre la façon d’appréhender, d’apprécier le thé des connaisseurs chinois, il faut plutôt se référer à nos œnologues français aussi bien pour la richesse du vocabulaire concernant les saveurs, les parfums… que pour les méthodes de vieillissement et de stockage et aussi pour les prix faramineux que peuvent par exemple atteindre de vieux Pu Er.

Comme on a pu le voir dans d’autres domaines, le thé est aussi en résonance avec tous les aspects de la façon chinoise de voir le monde : spiritualité, santé, vie sociale etc.

« En Chine, le thé partagerait avec la peinture et la poésie anciennes le fait d’être « fade » ou « sans saveur » , mots français trop péjoratifs pour décrire l’état de subtile indifférenciation que les spécialistes de l’esthétique chinoise considèrent comme une qualité essentielle de l’œuvre d’art »

Ye Yu : La Voie du thé : « Normalement, eau et feu ne se tolèrent pas. Dans la voie du thé, non seulement ils se tolèrent, mais ils profitent l’un de l’autre », donc harmonisation des contraires.

« L’idée d’une « Voie du thé » associant des dimensions techniques (le bon thé, la bonne eau, les bons ustensiles, la bonne préparation) et des dimensions spirituelles » se retrouve déjà dans le Classique du thé de Lu Yu : « Lorsqu’en se consacrant au thé on s’imprègne de sagesse, de principes moraux, de vertu, qu’au moyen du thé on cultive sa nature et développe une bonne conduite, qu’on réfléchit à l’existence, qu’on médite et cherche la vérité, de façon à trouver bien-être spirituel et pureté morale, alors on atteint le royaume supérieur du thé : la Voie du Thé ».


Dès la récolte du thé, la tradition est importante : pour les meilleurs thés, seules les trois plus hautes feuilles sont coupées et ceci par des femmes qui chantent en même temps des chansons d’amour.

La cérémonie du thé chinoise est – à la différence de celle pratiquée au Japon – volontairement simple quoique pleine de sens.
Son déroulement suit des règles, tout en gardant un caractère de spontanéité et de convivialité
L’eau sera d’abord amenée à ébullition et servira dans une 1ère phase à ébouillanter la vaisselle et le thé (en bonne quantité) que l’on aura mis dans la théière, cette 1ère eau est jetée.
Il s’agit là à la fois de nettoyage et de réchauffage des ustensiles, politesse envers les convives et purification.
Ensuite – selon la qualité du thé employé – on fera plusieurs infusions sur les mêmes feuilles (5 à 7).
Lors de la 1ère dégustation, le thé est d’abord servi dans un gobelet haut qui permet de mieux sentir l’arôme du thé, puis versé dans le petit bol pour le boire.
Comme dans toute pratique traditionnelle, on n’oublie pas de marquer un petit temps de recueillement pour remercier les ancêtres (parents, enseignants, ceux qui nous précédent et nous forment)






Toute la vaisselle est petite ; la théière classique rentre dans un carré (cf. idéogrammes)

Principales catégories de thés :

Thé vert :
Oolong (à Taiwan) : thé vert très légèrement chauffé au four, saveur plutôt froide (caractéristique de médecine chinoise)
Thé noir
Pu Er : en galettes, peut vieillir longtemps, prend beaucoup de valeur, peu de théine, saveur tiède/chaude, rare, en voie de disparition.






Il ne nous manque plus qu'à nous retrouver pour une dégustation.


A suivre...






Françoise


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu nous as déjà gaté lors du nouvel an chinois, merci pour toutes tes explications.

Une question toute personnelle, je souffre d'anémie (absence de fer) or mon médecin m'a dit que le thé empêche le fer de se fixer sans toutefois savoir me préciser de quel thé il s'agit.
Depuis je ne bois plus de thé, peut être pourrais tu me conseiller à ce sujet, d'avance merci
Nicole

le blog de chinafi a dit…

Réponse à Nicole :
Sans pouvoir donner d'avis médical, les infos que je peux avoir vont en effet dans le même sens : le thé fait baisser le taux de fer dans le sang ; une consommation raisonnable ne pose pas de problèmes quand on n'a pas d'anémie et d'ailleurs cet effet du thé est utilisé pour les personnes ayant la pathologie inverse (qui fixent trop le fer).
Plus le thé est vert et plus il a cette propriété. Il existe du "thé rouge" roiboos qui n'a rien d'un thé, pas de théine mais qui a très bon goût, cela te conviendrait peut-être.
A demain pour partager mon cake aux olives (sans thé!)
Françoise

Anonyme a dit…

Merci Françoise pour cet article très intéressant. On peut y voir le caractère analogique de la pensée chinoise. Déjà par le titre : la Voie du Thé et non la cérémonie du Thé, les contraires complémentaires (l'eau et le feu), la théière qui s'incrit dans un carré comme le caractère calligraphique (au fait la théière est ronde : voir les les développements sur le carré et le rond.

Les illustrations sont superbes.

Sur le blog de Françoise Grenot-Wang vous trouverez également un article sur le thé et son origine.

Je ne suis pas un grand amateur de thé (je dois avouer préférer la bière...hélas, trois fois hélas. J'ai un peu honte...)
Mais après ton article je ne boirais peut-être plus le thé tout à fait de la même manière. En tout cas j'observerai bien désormais la vaisselle et la manière de le servir.
D'accord donc pour une prochaine dégustation.
Jean-Louis

le blog de chinafi a dit…

Pour ceux qui veulent plus de renseignements sur le thé - en particulier à Taiwan, j'ai appris, avec un peu de retard, qu'une série d'émissions sur le thé (enregistrées par ma fille Béatrice)est actuellement diffusée le mercredi sur Radio Taiwan International (et pendant une semaine sur leur site : http://french.rti.org.tw/). Meme si vous vous ruez sur les ondes afin de tout savoir sur le thé a Taiwan, vous avez déjà raté deux émissions... La troisième est encore sur le site jusqu'à mercredi puis ce sera la quatrième et dernière pour cause de Clement.

Françoise

Anonyme a dit…

Il existe une alternative peu connue pour aider à augmenter son taux de fer, donc combattre l'anémie, c'est de consommer du Goji, un petit fruit chinois très riche en fer (3 fois plus que les épinards) et autres minéraux. Vous trouverez de l'information ici: http://www.encyclogoji.com/node/39

En ce qui me concerne, j'achète mon Goji séché sur http://www.buygojifruits.com depuis plusieurs mois et je suis très satisfait tant du service que de la qualité.