lundi 14 avril 2008

Le débat sur l'altérité

5. Sur le régime impérial

On peut trouver désolant de penser que la pensée chinoise ne soit que le résultat d’une politique impériale (position de Billeter) mais le problème mérite quand même d’être posé, surtout de nos jours.
Quand on pense à tous les interdits (interdiction de figuration du caractère représentant l’empereur) et les répressions terribles (massacre du fautif mais aussi de sa famille et descendance, élimination de toute trace) cela en a refroidi plus d’un de commentaires trop directs ou de pensées originales (voir le cas de Li Zhi).

Jullien d’ailleurs n’élude pas le problème quand il rend le régime impérial responsable de « frontalité de la remontrance émoussée, légitimité de la plainte érodée, critique de plus en plus allusive et cryptée ».
Billeter a donc raison de poser ce problème, mais en même temps il doit faire la démonstration de ce qu’il avance, ce qu’il n’a pas fait, ni dans ses travaux, ni dans son pamphlet.
Jullien ne fait pas non plus de démonstration convaincante du contraire. Que la Chine, avant le régime impérial, n’ai jamais conçu d’autre système que le monarchique n’empêche pas que ce dernier ait pu exercer une pression étouffante sur la pensée chinoise. Sa question du « comment croire cela ? » n’a pas non plus valeur de démonstration.

Au-delà de leur conflit intellectuel, les deux auteurs se rejoignent sur la nécessaire et déjà commencée évolution, oh combien chaotique ! de la Chine au regard de la question de la démocratie et des droits de l’homme.


Conclusion

Avec cette dernière réflexion personnelle se termine cette petite étude sur le débat sur l’altérité.
A l’heure où j’écris ces lignes, la Chine fait la une de l’actualité et la question de l’altérité est au cœur des débats et des controverses. Jamais les sinologues n’ont été autant sollicités par les politiques pour en savoir davantage sur ce thème. L’éditorial du « nouvel Observateur » de cette semaine est en partie consacrée à cette question de l’altérité chinoise.

D’avoir travaillé sur ce thème, d’avoir les idées en place sur les limites des travaux des deux protagonistes avant les importants événements actuels (quelle anticipation !), m’a permis, je pense, de jouir davantage de liberté de jugement par rapport aux arguments développés par les uns et les autres en France ou en Chine sur la question chinoise, devenue centrale dans le monde d’aujourd’hui.

Fin



Olivier.

Aucun commentaire: