jeudi 17 mars 2011

Fête du double cinq : histoire, légendes, traditions


Cérémonie en l’honneur du souverain de l’Est, illustration des Elégies de Chu, fin du XIII° siècle

Qu Yuan (340-278 av. J.C) est le premier poète chinois dont nous connaissons le nom. Dans le livre qu’elle lui a consacré, Lisa Bresner nous dit que sa place dans la littérature chinoise est comparable à celle d’Homère dans l’histoire de la littérature européenne.

Comme Laozi (selon la légende) et Zhuangzi, il était originaire de la culture méridionale de Chu, riche et raffinée, à l’imaginaire luxuriant, très différente de la culture de la plaine centrale ritualiste et confucéenne. Alors que celle-ci se développe dans le bassin du fleuve Jaune, le royaume de Chu occupe le Sud de la Chine des Zhou, autour du bassin moyen du fleuve Bleu. Cet imaginaire luxuriant, influencé par le chamanisme, se retrouve dans Les Elégies de Chu, un recueil de poésies composé entre le IV° et le III° siècle av. J.C. Dans ce recueil, on attribue à Qu Yuan Le Li Sao (Tristesse de l’éloignement) qui raconte à la fois le voyage d’un homme à la recherche d’ne femme qu’il veut épouser, la déception d’un sage en quête du souverain idéal et l’expérience religieuse du chaman dont l’esprit quitte le corps pour errer à travers des régions irréelles.

Comme de nombreux lettrés, Qu Yuan était également un homme d’Etat. Exilé par son souverain, il se jeta dans la rivière Miluo. La légende raconte que les habitants du pays partirent à sa recherche montant et descendant le fleuve sur des barques, recherche commémorée depuis par les courses de bateaux dragons. Un vieux guérisseur jeta dans la rivière une jarre de vin jaune pour enivrer le dragon du fleuve protégeant ainsi Qu Yuan de ses agressions. On jeta également des gâteaux de riz pour le protéger des poissons.

C’est pourquoi, la tradition veut, que pour la fête du double cinq, on mange des gâteaux triangulaires de riz glutineux (les zongzi) enveloppés dans une feuille de bambou ou de roseau et que l’on consomme du vin jaune.

La fête des bateaux dragons marque l’entrée dans les chaleurs de l’été. De nombreuses pratiques visent à conjurer le démon des maladies :
- la confection de petits sachets de tissus ((xiāng bāo 香包) remplis d’une poudre censée protégé l’enfant qui le porte au cou
- la décoration des portes d’entrée avec des herbes protectrices comme l’armoise et l’effigie d’un dieu pourfendeur des démons, Zhong Kui.

L’énergie yang culmine le jour du double cinq au moment où le soleil parvient à son zénith. C’est, parait-il, le seul moment de l’année où l’on peut faire aisément tenir un œuf sur sa pointe, jeu auquel se sont essayé des générations d’enfants chinois. Parviendrons nous, chers amis de Chinafi, à réaliser cette prouesse lors de notre randonnée ?
Jean-Louis

Les sources de cet article sont :
- l’article de Chine info consacré à la fête du double cinq
- le livre de Lisa Bresner, Pouvoirs de la mélancolie, Albin Michel
- Histoire de la pensée chinoise, Anne Cheng

Aucun commentaire: