vendredi 14 septembre 2007

在中国生活怎么样? La vie en Chine, c'est comment ?

(Rue de la démocratie)

Il semble qu'en Chine tout sondage d'opinion soit très étroitement contrôlé par le pouvoir et considéré comme secret d'état. En l'absence d'informations objectives sur ce que pensent les chinois, nous avons voulu profiter de ce petit voyage pour faire notre petit sondage personnel. Lorsque le contact était bien établi et la confiance installée avec des interlocuteurs chinois, nous nous autorisions à leur poser la question : la vie en Chine, c'est comment ?
Par deux fois nous avons eu la même réponse de nos interlocuteurs masculins : « Cela peut aller ( 还可以 hai keyi ) » dit sans hésitation et sans plus de commentaires.
Sans qu'on lui pose la question, un chauffeur d'un taxi de Kunming, apprenant que nous sommes français se met à nous faire un éloge du président Chirac, le pouce levé bien haut vers le haut et un large sourire sur le visage. Nous lui demandons alors ce qu'il pense du président de la Chine. Son visage se renfrogne et le pouce tourné vers le bas nous dit qu'il n'est pas bien (不好Bu hao). Nous lui demandons pourquoi mais il nous répète 不好 !不好 ! Nous n'en saurons pas plus.
Comme dans beaucoup d'autres pays, les femmes sont plus communiquantes que leurs compatriotes masculins et nous avons pu avoir des réponses un peu plus détaillées de deux interlocutrices.
Tout d'abord la réponse de Yun Tao (运桃) âgée d'une cinquantaine d'années, rencontrée dans un train quelque part entre Wuhan et Wenzhou. « Comment voulez vous que cela puisse aller bien pour moi avec un revenu de 200 yuans (20 euros) par mois ? De plus je commence à avoir des problèmes de santé et les soins médicaux coûtent trop cher ici ».
Enfin en guise de réponse, un résumé de la conversation que nous avons eu avec Xiao Chun (晓春), dans la petite boutique de qui nous allions pour donner un coup de téléphone. Xiao Chun est mariée, la cinquantaine, elle a une fille unique qui travaille déjà, et elle travaille comme comptable dans une entreprise de Yichang (宜昌). Elle a ouvert une petite échoppe et après son travail elle vient tenir sa petite boutique jusqu'à 22 heures.
Elle n'avait encore jamais eu de clients français et comme il était tard et qu'il n'y avait plus d'autres clients elle était ravie de pouvoir échanger avec nous. Elle lit beaucoup et donc connaît pas mal de choses sur la France. Elle a lu notamment « La dame aux camélias » (茶花女) et à l'évocation de Marseille cite « le comte de MonteCristo ». Elle est très admiratrice de la littérature classique française. Nous lui avons exprimé à notre tour que nous sommes aussi de grands admirateurs de la littérature chinoise. Elle a bien entendu lu le « Rêve dans le pavillon rouge » et les autres grands romans classiques. C'est alors qu'avec une expression un peu triste elle nous dit que ce sont des textes classiques qui commencent maintenant à dater. Nous lui répondons qu'il existe de nombreux écrivains chinois modernes qui écrivent très bien : Gao Xinjian (高行健), MoYan (莫言), Chi Li (池莉 ) et certains ont même reçu de prestigieuses récompenses internationales. Toujours avec son expression un peu triste, elle nous répond qu'elle n'a pas entendu parler de ces écrivains modernes et qu'en Chine, il n'y en a pas beaucoup car il n'y a pas de liberté ni de démocratie, alors qu'un pays comme les USA qui n'ont que trois siècles d'histoire en ont plus que la Chine qui a 5000 ans d'histoire. Pour lui faire retrouver son sourire, nous lui avons dit que cela changerait peut être un jour en Chine, ce à quoi elle nous a répondu que le gouvernement n'avait pas trop envie que cela change.
Nous retirons de ce petit sondage que comme souvent, les intellectuel(le)s associés aux exploité(e)s ont envie de changement en Chine. N'était-ce pas déjà ces personnes qui ont déjà fait bouger la Chine dans le passé ?

Cécile et Olivier

A suivre ...

A lire « Les paysans chinois aujourd'hui » (中國農民調查) de Chen Guidi (陳桂棣) et Wu Chuntao (吳春桃) chez Bourin Editeur. C'est un très intéressant reportage écrit par des chinois sur la condition dramatique des paysans de la province de l'Anhui (安徽), écrasés sous les impôts et exploités par les petits chefs locaux en dépit des consignes du gouvernement central, mais comme le dit un dicton chinois : « le ciel est haut et l'empereur est loin !». La chronique d'une révolte en germe ?

3 commentaires:

lotus a dit…

xie xie ni men pour nous faire partager votre voyage.
une question:comment c'est possible que XIAO chun ne connaisse pas les 2 écrivains modernes 莫言,池莉? ils sont bien connus, surtout la dernière, vu qu'elle écrit en particulier la vie des peuples moyens. pour 高行健, j'avoue que c'est en france que j'entend pour la première fois son nom ainsi que l'ame de la montagne.
la vie en chine est surement pas facile pour pas mal de gens, et les chinois sont un peuple qui n'ont pas d'habitude de se révolter: tant qu'ils peuvent survivre, ils ne causent pas d'ennuis au gouvernement. leur manière de demander au secours s'exprime beaucoup par se mettre à genou devant les gens puissants.....
cela dit, j'aime bien mon pays, malgré ces problèmes. au sujet de changement, j'en sais pas trop. je ne sais pas si c'est une bonne idée de changer, et d'abord, changement vers quel chemin?
lotus

Anonyme a dit…

tous ces témoignages recueillis en Chine sont fort interessants j'espère quant à moi que la Chine connaisse rapidement la démocratie

mais comme Lotus j'aime bien la Chine
je suis admirative devant la connaissance des auteurs français en Chine néanmoins je pense que la réciproque n'est pas vraie

Anonyme a dit…

Puisse notre petit monde chinafien et les liens qu'il contribue à tisser faire bouger les choses. A sa mesure bien sûr. Mais l'océan n'est-il pas fait de gouttes d'eau ?
Jean-Louis