lundi 31 août 2009

Le petit examen


Savez vous ce que les Chinois appelaient (appellent ?) le petit examen ?
Il s’agit de la nuit de noces.
C’est dans le livre de Jacques Pimpaneau, Chine : mythes et dieux (Editions Philippe Picquier) que j’ai trouvé ce rapprochement amusant entre les examens impériaux (dont on connaît l’importance dans la Chine ancienne) et la nuit de noces : mêmes affres des candidats, même peur de l’échec, même joie en cas de succès.

Mais direz vous : « quel rapport entre les examens impériaux, la nuit de noces et les dieux de la Chine ? »
Les Chinois disaient qu’il existaient quatre joies dans la vie : la pluie en cas de sécheresse, la rencontre d’un ami en terre inconnue, la réussite aux examen et la nuit de noces.
Ces joies étaient présidées par un dieu de la Joie (xi shen) qui était souvent associé à l’amour d’où sa vénération par les courtisanes et son invocation dans la cérémonie du mariage.
Le dieu de la joie était un des dieux de la vie quotidienne. Ces dieux n’étaient pas les plus haut placés dans la hiérarchie céleste mais ils étaient les plus vénérés par le peuple.

Jacques Pimpaneau parle de bureaucratie céleste et c’est bien le sentiment que l’on a lorsqu’on lit le Xiyou Ji (Pérégrinations vers l’Ouest):

Au palais du ciel les fonctionnaires ne manquent pas : il y en a dans toutes les salles et bâtiments, coins et recoins.

Je reviendrai ultérieurement sur ce beau roman.

Jacques Pimpaneau nous explique que les Chinois ont conçu l’organisation du ciel et de la terre comme les deux faces d’un même univers qui se recouvraient exactement et dont chacune garantissait l’authenticité de l’autre. L’empire de la terre devait ressembler à celui du ciel pour fonctionner avec la même régularité qui est celle des mouvements de l’univers.
Au sommet de la hiérarchie : l’empereur de jade assisté d’un souverain par orient et de divers maréchaux.

Mais revenons aux dieux « populaires », certes au pied du panthéon, mais bien sympathiques.
Jacques Pimapaneau nous raconte leur histoire. Il y a le dieu du Sol, le dieu des chevaux, le dieu des portes, le dieu des richesses, la déesse des latrines, le dieu de la joie dont nous venons de parler, la donneuse d’enfants, parfois considérée comme une incarnation de Guanyin, (à Taïwan, à côté de cette donneuse d’enfants, on a une déesse qui est plutôt la protectrice des femmes, spécialement des femmes enceintes, c’est Chen Jinggu), les dieux du lit.
Je m’attarderai un moment sur un dieu bien sympathique : le dieu du foyer (Zao jun) qui figurait dans la cuisine de toutes les maisons. Selon une version, les aventures amoureuses de ce dieu avec les servantes de la Reine Mère d’Occident (Xi wang mu) avaient provoqué la colère de celle-ci. L’Empereur de Jade exila le coureur de jupons sur terre. Il choisit de devenir le dieu du foyer pour séjourner dans la cuisine et rester toujours en compagnie des femmes.
Le 24 du 12 ème mois, le dieu du foyer partait au ciel faire son rapport sur la famille. Ce soir là, pour qu’il ne dise que des mots doux, on mangeait des sucreries dont on enduisait la bouche du dieu.
Vivre en compagnie des femmes, manger des sucreries …ce dieu avait vraiment la bonne place. Ne trouvez vous pas ?

Jean-Louis

1 commentaire:

Nicole a dit…

Ton intervention est remarquable, merci de nous faire partager tous ces détails si croustillants.
Toutefois l'évocation de J Pimpaneau m'a fait penser immédiatement à notre regrettée Françoise Grenot Wang.
J'espère que son entreprise se poursuit malgrè son absence.