Nos années sauvages (Days of being wild)
sorti en 1990 est le second long métrage de Wong Kar-Way.
Son héros, Yuddy, jeune homme désœuvré dans le
Hong Kong des années soixante, est de ceux qui ne peuvent pas vivre dans la
durée, particulièrement un amour. Comme l’oiseau sans patte de Tennessee Williams : « il ne s’arrête jamais de voler et
s’endort dans le vent. Il ne se pose qu’une seule fois dans sa vie …pour
mourir ».
Il
multiplie les aventures féminines. Il demande à Su Li Zhen, la première que
nous voyons dans le film, de regarder sa montre avec lui pendant une minute,
une minute d’amitié, le 16 avril 1960 à 15h00. C’est tout ce qu’il pourra lui
offrir. Lorsque Yuddy refusera sa demande en mariage, Su s’enfuira, promettant de ne jamais revenir. Elle reviendra pourtant abandonnant sa fierté, son amour
propre, ses rêves de mariage car « l’orgueil sort du cœur le jour où
l’amour y entre ». Mais ce sera pour trouver sa remplaçante, Mimi, que
Yuddi abandonnera à son tour pour partir aux Philippines à la recherche de ses
origines. Ni Su Li Zhen, ni Tide le policier
confident, ni Mimi, ni Sab l'ami de Yuddy ne concrétiseront leurs rêves de
réciprocité. L’amour est aveugle à ce qui n’est pas son objet et la douleur ne
rend pas toujours compatissant à celle d’autrui. Su Li Zhen rejetée, rejettera
à son tour violemment Sab en lui criant : « ne m’aime pas ! »
Alors que reste-t-il à ceux qui, comme Yuddy, ne peuvent pas vivre
dans la durée ? Si ce n’est à élever l’instant, l’éphémère au niveau de l’éternité.
A faire tenir l’éternité dans un instant. Yuddy se souviendra de la minute d’amitié
qu’il a donnée à Su quand il se posera pour mourir. Su en conservera aussi la
mémoire : « Je croyais qu’une minute passait vite. Parfois ça dure
longtemps. Un homme m’a dit en regardant sa montre : « je n’oublierai
jamais cette minute ». C’était si doux à entendre ».
Cette minute d’éternité on la retrouvera dans les films
ultérieurs de Wong Kar-Way : In the mood for
love, 2046 et plus récemment The
Grandmaster : dans un frôlement de mains ou de visages, ébauche d’une
histoire d’amour qui n’aura pas lieu. Beauté de ces vues : Hong-Kong
sous la pluie, un téléphone qui ne sonne pas, ou encore le visage de cette
jeune fille s'offrant à un inconnu dans une chambre d'hôtel : "Monsieur vous êtes seul ?" Prostitution, peut-être, mais certainement aussi, et ce n'est pas incompatible, recherche désespérée d'un rempart contre la solitude et le temps qui passe.
Voilà. Le DVD est disponible à l’Alcazar. Enfin, à partir de
mardi quand je le rendrai.
Jean-Louis
-4
1 commentaire:
J'ai enfin compris le -4, il s'agit du compte à rebours!!!
donc -3 ce sera le compte rendu de la conf de demain, -2 la sortie du 23 et -1 le... et enfin explosion pour le 1000ème article.
Allez champagne!!!
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