dimanche 9 mars 2014

Nos années sauvages (Days of being wild)


Nos années sauvages (Days of being wild) sorti en 1990 est le second long métrage de Wong Kar-Way.

Son héros, Yuddy, jeune homme désœuvré dans le Hong Kong des années soixante, est de ceux qui ne peuvent pas vivre dans la durée, particulièrement un amour. Comme l’oiseau sans patte de Tennessee Williams : « il ne s’arrête jamais de voler et s’endort dans le vent. Il ne se pose qu’une seule fois dans sa vie …pour mourir ».

Il multiplie les aventures féminines. Il demande à Su Li Zhen, la première que nous voyons dans le film, de regarder sa montre avec lui pendant une minute, une minute d’amitié, le 16 avril 1960 à 15h00. C’est tout ce qu’il pourra lui offrir. Lorsque Yuddy refusera sa demande en mariage, Su s’enfuira, promettant de ne jamais revenir. Elle reviendra pourtant abandonnant sa fierté, son amour propre, ses rêves de mariage car « l’orgueil sort du cœur le jour où l’amour y entre ». Mais ce sera pour trouver sa remplaçante, Mimi, que Yuddi abandonnera à son tour pour partir aux Philippines à la recherche de ses origines. Ni Su Li Zhen, ni Tide le policier confident, ni Mimi, ni Sab l'ami de Yuddy ne concrétiseront leurs rêves de réciprocité. L’amour est aveugle à ce qui n’est pas son objet et la douleur ne rend pas toujours compatissant à celle d’autrui. Su Li Zhen rejetée, rejettera à son tour violemment Sab en lui criant : « ne m’aime pas ! »

Alors que reste-t-il à ceux qui, comme Yuddy, ne peuvent pas vivre dans la durée ? Si ce n’est à élever l’instant, l’éphémère au niveau de l’éternité. A faire tenir l’éternité dans un instant. Yuddy se souviendra de la minute d’amitié qu’il a donnée à Su quand il se posera pour mourir. Su en conservera aussi la mémoire : « Je croyais qu’une minute passait vite. Parfois ça dure longtemps. Un homme m’a dit en regardant sa montre : « je n’oublierai jamais cette minute ». C’était si doux à entendre ».

Cette minute d’éternité on la retrouvera dans les films ultérieurs de Wong Kar-Way : In the mood for love, 2046 et plus récemment The Grandmaster : dans un frôlement de mains ou de visages, ébauche d’une histoire d’amour qui n’aura pas lieu. Beauté de ces vues : Hong-Kong sous la pluie, un téléphone qui ne sonne pas, ou encore le visage de cette jeune fille s'offrant à un inconnu dans une chambre d'hôtel : "Monsieur vous êtes seul ?" Prostitution, peut-être, mais certainement aussi, et ce n'est pas incompatible, recherche désespérée d'un rempart contre la solitude et le temps qui passe.

Voilà. Le DVD est disponible à l’Alcazar. Enfin, à partir de mardi quand je le rendrai.

Jean-Louis

-4

1 commentaire:

Nicole a dit…

J'ai enfin compris le -4, il s'agit du compte à rebours!!!
donc -3 ce sera le compte rendu de la conf de demain, -2 la sortie du 23 et -1 le... et enfin explosion pour le 1000ème article.
Allez champagne!!!