lundi 30 septembre 2013

Le chinois tel qu'il est, tel qu'il va : conférence


L’association Chinafi vous invite à une conférence donnée par Joël Bellassen
" Le chinois tel qu'il est, tel qu'il va "

Auditorium de la Bibliothèque de l’Alcazar (BMVR)
58 cours Belsunce 13001 Marseille

Vendredi 4 octobre 2013 à 17 h.30

(ouverte à tous et gratuite)

Joêl BELLASSEN est Inspecteur général de chinois au Ministère de l’éducation nationale et Directeur de recherche en didactique du chinois à l'Institut national des langues et civilisations orientales.

Cette conférence présentera :

- la langue et l’écriture chinoises telles qu’elles sont : le dépaysement qu’elles constituent au sein du paysage linguistique général, comment se présente concrètement une écriture non alphabétique, quelles en sont les incidences, les dimensions autres que linguistiques (culturelle, formatrice,etc.)
- la langue chinoise telle qu’elle va : le chinois est la langue qui connaît la plus forte progression dans l’enseignement secondaire et supérieur en France et s’affirme comme la langue émergente du XXIème siècle. Quelles sont les causes de ce changement au sein du paysage linguistique mondial? Peut-on parler de langue internationale ? Tout a-t-il été fait pour optimiser l’apprentissage du chinois?

samedi 28 septembre 2013

Musique chinoise



Corinne commence sa conférence en faisant vibrer un bol cérémoniel. Elle est accompagnée d’Olivier qui fait résonner un poisson chinois en bois. Merveilleuse introduction pour nous dire que la musique chinoise est avant tout vibration, résonance. Les mots sont complétés par la musique et par la vue de ces beaux instruments. Les notions évoquées ne sont pas accessibles seulement par l’esprit. Elles s’adressent à tous les organes de notre corps. Elles peuvent être ressenties, elles peuvent être vécues autant qu’elles peuvent être comprises.

Vibration, résonance. Quelle est l’origine de ces notions ? Quelle est l’origine de la musique ? Corinne nous raconte le mythe selon lequel le monde était à l’origine un œuf qui s’est un jour cassé et séparé en plusieurs éléments entrainant la nostalgie de l’unité première. Cette nostalgie se retrouve certainement dans toutes les cultures mais elle est particulièrement forte dans la culture chinoise. La civilisation chinoise va s’efforcer de retrouver cette unité première en mettant en résonance, en correspondance les différents éléments du monde, de la pensée et des arts. Vibration, résonance, harmonie ces notions, à la base de la pensée chinoise, sont musicales. La musique aura donc un rôle central dans la recherche de cette unité.

La conférencière nous montre la photo de l’un des plus vieux instruments de musique chinois retrouvé par les archéologues. Il s’agit d’un xun vieux de 7000 ans. Corinne nous explique la belle étymologie du caractère xun : la clef de la terre, une bouche qui surmonte un coquillage. De fait ces instruments sont façonnés en argile et leur son évoque parfois le bruit de la mer comme les coquillages. Olivier joue un air très ancien au xun qui évoque la séparation de deux personnes. Car la nostalgie de l’unité originelle trouve aussi son expression dans la séparation des êtres qui s’aiment. La plupart des poèmes ou des chansons chinoises que je connais évoquent ce thème. Olivier nous rappelle que nous avons vécu, il y a quelques jours, cette séparation en disant « au revoir » à nos amis qui rentraient en Chine.

Corinne projette ensuite de belles diapositives montrant les instruments chinois à différentes époques. Les carillons de pierre retrouvés dans la tombe du Marquis Yi (433 av. JC), une fresque représentant les 100 divertissements musiques et danse (dynastie des Han), un orchestre de femmes de la dynastie Tang où l’on retrouve les instruments que nous connaissons : xiao, pipa …Ces séquences sont merveilleusement illustrées musicalement par Olivier.

Parmi les photos qui m’ont le plus marqué, je voudrais citer ce musicien jouant du xin. L’artiste n’a pas sculpté les cordes du xin. Cette petite statue m’a rappelé certains tableaux chinois évoquant la musique où les instruments ne sont pas représentés. La musique se lit dans l’expression des visages. C’est dire que la musique ne s’adresse pas seulement à l’oreille mais au corps entier. Elle ne s’écoute pas seulement elle se vit dans l’auditeur. C’est déjà ce que disait Zhuangzi : « la musique ne s’écoute pas par l’oreille mais par l’esprit. Elle ne s’écoute pas par l’esprit mais par le souffle ».
Une autre photo qui explique beaucoup. Il s’agit d’un diapason. A chaque début de règne le diapason qui, si j’ose dire allait donner le « la » aux musiques de l’époque, était réglé sur la voix de l’empereur. L’empereur était garant de l’harmonie de son empire.

Corinne nous montre ensuite comment la musique chinoise est en résonance avec la poésie, la calligraphie, la peinture, la nature.

Vibration dans une calligraphie de Fabienne Verdier répétant le vers de Bashô « le son des cloches du monastère éveille en mon cœur des résonances ».
Correspondance de la musique et de la peinture. Zhang Bing accordait son instrument au son d’une cascade avant de rentrer chez lui pour la peindre. Les peintres chinois, comme les peintres japonais ne peignent pas, en principe, sur le motif. La peinture est précédée d’une période de concentration où le sujet est intériorisé avant d’être projeté sur le support (voir article sur Sengaï.). Corinne projette ensuite de beaux tableaux de Shitao accompagnés de calligraphies de l’artiste. Celle-ci par exemple : « accéder au chant par le silence » qui nous rappelle que tout vient du Vide.

Corinne termine en indiquant que, s’il est difficile de reconstituer la musique des temps antiques, on peut constater la pérennité des instruments. Pérennité que l’on retrouve dans la langue et l’écriture chinoises. Elle souligne enfin que la musique chinoise n’est pas seulement la musique savante. C’est aussi la musique populaire, la musique des campagnes et des minorités que sait si bien jouer Olivier sur son hulusi dont la forme évoque peut-être celle de l'oeuf primordial.

La conférence est suivie d'une dégustation de thé et de gâteaux qui permet de continuer les échanges. Merci à ceux qui l'ont organisée.

Nous avons vécu, cet après-midi, un grand moment de bonheur. Merci à Corinne. Merci à Olivier. C’était un plaisir de voir leur complicité ou, pour utiliser le vocabulaire chinois, de ressentir, dans la résonance des mots et de la musique, l’harmonie qui régnait entre eux.
Jean-Louis

mercredi 25 septembre 2013

La rentrée


Nous avions le plaisir, ce mardi, d’accueillir les nouveaux choristes. Evelyne, mais aussi de nombreux amis chinois arrivés depuis peu en France. Je n’ai pas compté, mais je pense que nous étions plus de 30.

Nous avions également la joie d’accueillir quelques visiteurs venus nous entendre chanter : Danielle, Chantal et Olivier.

Bienvenue aux nouveaux. Nous espérons passer avec vous une année pleine de chansons, de rires et de découvertes des paysages de la Provence.

Je voudrais également remercier les « anciens » qui ont eu la gentillesse de nous présenter leurs nouveaux camarades. C’est grâce à ce « passage de témoins » que la chorale continue à vivre. J’en profite pour souhaiter, à nouveau, à ceux qui vont rentrer en Chine bon retour et bonne chance pour leur nouvelle vie. Grâce aux témoignages des anciens choristes nous savons qu’il existe maintenant un pont de chansons et d’amitié entre la France et la Chine. Je ne doute pas que, comme le Bouvier et la Tisserande de la légende, un jour nous ne puissions le franchir pour nous retrouver.
Jean-Louis

lundi 23 septembre 2013

Bon voyage

C’était hier. Nous avons dit : « au revoir » à quatre de nos plus fidèles choristes et amis : Alice, Ludivine, Emilie et Zhao qui vont rentrer en Chine dans les jours qui viennent.

Notre chorale vit un peu les rythmes et les émotions du temps scolaire. Je me souviens, lorsque j’étais écolier, j’appréhendais la rentrée des classes, les nouveaux camarades, les nouveaux profs. Par contre, je vivais toujours la fin des classes avec un peu de nostalgie et de tristesse : la séparation d’avec mes camarades et mêmes d’avec les professeurs qui finalement n’étaient pas si terribles et nous avaient beaucoup apporté. Hier, c’était la « sortie des classes » pour nos quatre amis. Beaucoup d’émotion donc surtout au moment de la remise des cadeaux ou lorsque le piano égrenait les notes de 长亭送别.

Nos amis ont beaucoup voyagé pendant cette année. Ils ont beaucoup appris et selon leur expression beaucoup « grandis ». Ils nous confiaient, hier, voir maintenant toutes les choses comme un voyage. Cette année ils ont voyagé à travers toute l’Europe. Ils vont maintenant aborder la vie professionnelle comme un nouveau voyage, comme une nouvelle aventure.

Et puis, cette année ce fut aussi un voyage en chansons qu’ils n’oublieront pas, que nous n’oublierons pas. Certaines sont même aller à Saint-Malo pour voir les feux que nous avons si souvent doublés avec le Santiano.
Bon voyage donc. Nous nous sommes promis de nous revoir et nous nous reverrons.
Jean-Louis

dimanche 22 septembre 2013

Le 22 septembre


Brassens-Le 22 septembre par kitsch

Pour les "amis de Georges".
On ne s'en lasse pas !
Jean-Louis

jeudi 19 septembre 2013

Bonne fête de la lune



La lune se lève, ce soir, dans le ciel de Provence. Avez vous aperçu Chang'e ?

Aujourd'hui (2013.09.19) est la fête de la Mi-Automne!

Bonne fête de la Mi-Automne!

Le 15e jour de la 8e lune est une fête traditionnelle chinoise dite la fête de la Mi-Automne ou fête de la lune(zhongqiujie). La lune, cette nuit-là, est particulièrement brillante, plus ronde et plus belle que le reste de l'année. Les Chinois considèrent la pleine lune comme symbole de la réunion familiale, et c'est pour cette raison, le 15e jour de la 8e lune est aussi appelé "Fête de la Réunion".

Pour cette Fête de la Mi-Automne, on raconte diverses légendes au sujet de la lune, parmi lesquelles, l'histoire de Chang'e est la plus connue : Il y a très longtemps, la Terre était entourée de dix soleils, chacun illuminant à son tour la Terre. Mais un jour, les dix soleils sont apparus en même temps, bouillant les mers, desséchant les terres et la végétation. Les gens périssaient. Ce chaos fut sauvé par un courageux et habile archer nommé Hou Yin. A l'aide de son arc, il décrocha les neuf soleils, n'en laissant qu'un dans le ciel. Après cet exploit, Hou Yi devint roi. Il commença à boire et à se comporter comme un tyran. Un jour, Hou Yi vola l'élixir de longue vie de la Reine-Mère céleste, espérant ainsi devenir immortel et régner éternellement. Mais sa belle épouse Chang'e but elle-même l'élixir afin de sauver le peuple des lois tyranniques de son mari. Une fois la fiole vidée, Chang'e sentit son corps flotté et s'envola jusqu'à la lune. Hou Yin aimait tant sa femme qu'il ne décocha pas la lune.

La légende disait que la nuit de la Fête de la Mi-Automne, si on observait attentivement la lune, on pouvait apercevoir Chang'e dans son palais. A la nuit de la Fête de la Mi-Automne, chaque famille dressait une table couverte de fruits, de cacahuètes assaisonnées de poudre de cannelle, de taro... Au milieu de la table, il y avait encore une pyramide de Yuebing(gâteau de lune) ou un grand divisé en plusieurs parts, une pour chaque membre de la famille. Dans l'encensoir, on plantait un brin de soja représentant le laurier dans la lune. Quand tout était prêt, chaque membre de la famille s'inclinait face à la lune, afin de rendre hommage à Chang'e restée au palais lunaire. On disait aussi que comme Chang'e était une femme et qu'elle appartenait comme la lune au Yin (féminin), la cérémonie ne devait être célébrée que par les femmes.

Après la cérémonie, tout le monde s'asseyait autour de la table et se partageait les offrandes en bavardant. Puis les vieillards se mettaient à raconter des histoires sur la lune que les enfants, émerveillés, écoutaient attentivement.

Le plus important, manger des gâteaux de lune! hahaha~

Vous me manquez!

Cordialement

SUN Ge

lundi 16 septembre 2013

Conférences Chinafi

Voici les informations concernant deux conférences à venir :

Le samedi 28 septembre à 17 h 00, conférence " La Musique chinoise",
suivie d'un moment convivial d'échanges autour d'un thé chinois. Ouverte à tous et gratuite.

Lieu : Espace Seniors Jean Martin
10 rue Jean Martin,

13005 MARSEILLE (proximité Blancarde).

L'accueil sera assuré à partir de 16 h 30 afin de commencer à 17 h précises.

La Musique, Souffle Vibration, Intonation…

Les musicologues ont coutume de dire « Aujourd’hui, la musique chinoise est soit vivante, soit perdue ». Qu’en est-il ? Et nous, Occidentaux, qu’entendons nous de la musique, ou des musiques chinoises ?

L’association YIN-Echos, depuis 2007, souhaite nous familiariser avec des pièces classiques et traditionnelles, dans leur authenticité, en les replaçant dans l’Histoire et dans leur contexte culturel, en résonance avec la Poésie, la Calligraphie, la Peinture.

La Musique, souffle, vibration, intonation, est un des arts premiers de la culture millénaire chinoise. Elle est encore à même d’être la source de la plus haute harmonie."

Par Corinne Nouvel (professeur de chinois), avec la participation d’Olivier Guédon (hulusi, flûte chinoise).




Le vendredi 4 octobre 2013 à 17 h 30, conférence exceptionnelle de M Joël BELLASSEN, Inspecteur général de chinois (Ministère de l’éducation nationale) et Directeur de recherches à l'INALCO :

" Le Chinois tel qu'il est, tel qu'il va "


suivi d'échanges conviviaux, ouverte à tous et gratuite .

Lieu : Auditorium de la Bibliothèque de l'Alcazar, 58 cours Belsunce 13001 Marseille .

- la langue et l’écriture chinoises telles qu’elles sont, le dépaysement qu’elles constituent au sein du paysage linguistique général : comment se présente concrètement une écriture non alphabétique, quelles en sont les incidences, les dimensions autres que linguistiques (culturelle, formatrice, etc.)

- la langue chinoise telle qu’elle va : le chinois est la langue qui connaît la plus forte progression dans l’enseignement secondaire et supérieur en France et s’affirme comme la langue émergente du XXIème siècle. Quelles sont les causes de ce changement au sein du paysage linguistique mondial ? Peut-on parler de langue internationale ? Tout a-t-il été fait pour optimiser l’apprentissage du chinois ?


MENG Dan

dimanche 15 septembre 2013

Légendes, poésie et émotion dans le parc de Saint Pons, la nuit



Nous avons rendez-vous, ce samedi, dans le cadre magnifique de la maison forestière du parc de Saint Pons pour la fameuse randonnée nocturne attendue depuis longtemps. Sur le parking nous retrouvons des amis que nous n’avions pas vus de tout l’été. Nous échangeons nos souvenirs de vacances.

Jean-Marc nous propose une première promenade avant le repas. Il est environ 19h00, les visiteurs sont partis, le parc est à nous. Nous avons de la chance. Le vent qui soufflait ces derniers jours s’est calmé, la soirée est délicieuse. Nous voilà partis sur le petit chemin de terre longeant la rivière traversée par des jolis ponts de bois. Jean-Marc nous propose une première halte pour nous présenter le « lac » de Saint Pons. Il s’agit d’un grand bassin assez profond peuplé de nombreux poissons et de canards. Nous avons effrayé un héron qui se réfugie dans un arbre. Il s’agit de la réserve d’eau de l’ancienne blanchisserie qui occupait les locaux de l’actuelle maison forestière. Il y a une vingtaine d’années un courageux pilote d’hélicoptère n’a pas hésité à contourner les obstacles pour venir puiser l’eau permettant d’éteindre un incendie qui menaçait le parc. Jean-Marc nous montre un balai de sorcière. Sur certains arbres, notamment les résineux, une partie du feuillage forme une boule. Ce phénomène, sans danger pour l’arbre, est dû à des insectes qui parviennent à bloquer la sève.

Nous repartons en continuant à longer la rivière et les cascades. Notre guide nous montre une liane ornée de fleurs qui se nomme clématite. Les chèvres en raffolent et elle remplaçait parfois le tabac du temps de Pagnol. Puis Jean-Marc nous fait arrêter devant une formation rocheuse que l’on appelle le crâne. On peut effectivement reconnaître des orbites dans deux cavités rocheuses. Au néolithique, il y a environ 12 000 ans, ces grottes étaient habitées. On a retrouvé des fragments de poteries, des bijoux et des peintures rupestres.

Nous voici maintenant devant une petite chapelle du XIII° siècle qui fut la première église de Gémenos. En effet avant que les marais de la plaine soient asséchés, le village se trouvait à cet emplacement. Tout à l’heure Jean-Marc nous en montrera quelques vestiges. Nous pénétrons dans la chapelle où l’on a découvert il y a quelques années un trésor conservé, aujourd’hui, à l’Hôtel des Monnaies de Marseille. Mais le véritable trésor de cette chapelle c’est une espèce de chauve-souris rare et en voie de disparition qui vient nicher ici toutes les années en pénétrant par la petite lucarne que vous pouvez voir sur une des photos. Une chapelle transformée en maternité pour chauve-souris, voilà une bien jolie histoire qui me rappelle la nouvelle de Marguerite Yourcenar « Notre Dame des hirondelles ». Peut-être ces chauve-souris, comme les hirondelles de la nouvelle, sont d’anciennes divinités païennes protégées par la Vierge. On se plait à imaginer que les anciennes croyances que l’on célébrait ici sont maintenant réconciliées dans ces petits animaux.
Nous arrivons dans un autre lieu chargé d’histoire qui sera la future entrée du parc. Entre autre chose, ce lieu fut une ancienne tannerie. Il est maintenant en voie de réhabilitation grâce à un chantier de réinsertion. Nous étions venus ici, il y a environ deux ans et nous pouvons mesurer l’avancée des travaux.

Mais il est temps d’aller diner. Nous rejoignons la maison forestière en longeant un parc où gambadent des chevaux. Jean-Marc les appelle par leurs noms. Ils accourent pour manger le pain que leur distribuent nos jeunes amis.
Pour nous restaurer nous nous installons sous le figuier. Jean-Marc apporte des petites bougies. C’est romantique à souhait. Comme d’habitude c’est un véritable festin où victuailles et boissons ne manquent pas.

Après le repas nous repartons pour la randonnée nocturne proprement dite. Notre guide nous recommande le silence et de n’éclairer nos lampes de poche que lorsque c’est nécessaire. Nous pourrons ainsi mieux sentir le charme de la forêt. En route, il nous montre les lieux particulièrement porteurs d’énergie. En voici un, par exemple, où se trouve un arbre dont le tronc s’est diversifié en neuf rameaux. Par les soirs de pleine lune on peut voir une fée en robe blanche venir y danser. Dernièrement on a pu apercevoir deux loups dans le parc. Un délicieux frisson de peur parcourt les participants. Voici les fameux arbres jumeaux que nous connaissons bien. Si l’on assoit entre eux on trouvera dans l’année son promis ou sa promise.

Nous nous arrêtons. Jean-Marc nous demande d’écouter en silence le bruit de l’eau. Combien de sources entendons-nous ? Il y en a au moins trois ou quatre provenant de lieux différents.

Nous arrivons à l’Abbaye et pénétrons dans sa magnifique nef. Des chaises ont été installées pour le concert de demain. Jean-Marc nous raconte l’histoire de l’Abbaye que l’on ne se lasse pas d’entendre. Chaque fois je pense au courage de ces moniales qui durent faire face à tant d’adversité. L’Abbaye ne fut jamais terminée. Ce fut pourtant une Abbaye mère qui eût, entre autres « filles», l’Abbaye du Thoronet. Il semble que la raison de l’inachèvement soit des problèmes dûs à une source qui jaillit par temps de pluie et inonde les soubassements de l’Abbaye. Jean-Marc nous fait remarquer, avec raison, que les magnifiques monuments que nous pouvons admirer ont été édifiés après de nombreux échecs, de nombreuses déconvenues. Pourquoi avoir choisi un endroit si peu propice à la construction ? Peut-être, comme le dit Françoise, a-t-on voulu conserver l’emplacement d’un ancien lieu de culte.

Notre ami éclaire l’estrade où se produisent les artistes. Notre chère chorale, peut-être un peu troublée par la beauté du lieu, fait de son mieux sous les applaudissements d’un public bienveillant. Olivier et Feng nous ferons ensuite le plaisir d’interpréter deux airs de hulusi. Nous terminons notre randonnée par un petit tour dans le cloître. Notre sortie fut couverte par de nombreux reporters : Jean-Mi, bien sûr, mais aussi la maman de Fan Lu qui prit au moins 300 photos pendant notre soirée qui se trouvera peut-être bientôt exposée à Shangaï.

Sur le chemin du retour, Alice et Cui Dian me disent que nous aurons de nombreux nouveaux venus à la chorale ce mardi. Au moins huit qui viennent d’arriver en France qui seront nos nouveaux compagnons de chant et de randonnées pour l’année qui vient.

Voilà. Ce fut "top" comme me dit Anne, dans la voiture, en rentrant.

Un grand merci à Jean-Marc pour sa disponibilité malgré un emploi du temps très chargé. Comme toujours il sait nous faire partager ses connaissances de la faune et de la flore. Il nous raconte les histoires et les légendes qui donnent tout leur charme aux lieux que nous parcourons. Un grand merci à Françoise qui sait s’accommoder avec efficacité des surprises et des aléas inévitables dans l’organisation de nos rencontres.

Pour terminer un petit rappel de nos prochains rendez-vous :
- Le 22 septembre la journée de la Paix à Aubagne. Allez nombreux sur le stand de « Volontariat en Inde » tenu par Françoise, Cécile et Olivier
- Le 28 septembre : conférence sur la musique chinoise par Corinne Nouvel et Olivier
- Le 4 Octobre conférence par Joël Bellassen sur la langue chinoise
A bientôt,
Jean-Louis

samedi 7 septembre 2013

Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes ...

Sengaï : Crapaud en méditation

On a vu l’importance accordée à la méditation par le zen. Le zen aspire, par l’éveil, à un état où les distinctions s’abolissent entre la vacuité et la plénitude, le moi et l’autre, le beau et le laid. Tous les moyens sont bons pour atteindre cet état et le zen n’établit aucune hiérarchie entre la méditation transcendantale, le calembour et la dérision.
L’humour bien compris commence par soi-même comme on peut le voir sur cette peinture de Sengaï représentant un crapaud en méditation. La calligraphie nous dit : « Si on peut devenir Boudhha grâce à la méditation assise…Moi (crapaud) qui suis assis toujours…"
Ce dessin m’a fait penser à ma devise préférée : « Heureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes, ils n’ont pas fini de s’amuser ».



Voici une autre peinture représentant avec humour la maxime chinoise : « les trois enseignements ne font qu’un ». Bouddha, Confucius et Lao-Tseu dégustent ensemble le vin des fleurs de pêcher acides. Tous trois, comme des hommes ordinaires, ont les mêmes réactions et froncent les sourcils à cause de l’acidité, symbole de l’unité des trois enseignements.

Sengaï : Trois sages dégustant l'acidité

La littérature zen abonde en historiettes comiques. En voici une que j’aime bien. Elle est évoquée par la peinture ci-dessous. Un aveugle s’éclaire la nuit avec une lanterne, on s’en étonne : « c’est pour qu’on ne me bouscule pas », explique-t-il. Pourtant il l’est. On lui dit que sa lanterne était éteinte, il la rallume. A nouveau bousculé, il gourmande le coupable. « Mais », répond celui-ci, « je suis aveugle ».
Un moyen de nous dire que la vie empirique nous enferme dans des contradictions et qu’il est vain de croire qu’on pourra y échapper en multipliant les précautions.

Sengaï : l'aveugle

Ainsi la sagesse zen nous enseigne qu’il faut savoir se déprendre de nos précautions qui ne servent à rien, de nos questionnements sans réponse pour accueillir la vie comme elle vient. Claude Lévi-Strauss rapproche cette sagesse des écrits de Montaigne. Elle conduit à atteindre « l’état qui convient le mieux au sage pour vivre sereinement parmi ses semblables, partager leurs petites joies, compatir à leur tristesses et, pour s’accommoder du monde. »

J’ai beaucoup évoqué l’influence de la culture chinoise sur le Japon. On connait également l’influence de la civilisation occidentale sur ce pays depuis l’ère Meiji.
Réciproquement le japonisme qui commença en France (les premières expositions d’estampes japonaises eurent lieu à Paris) influença les artistes européens : les Nabis mais aussi Manet, Renoir, Pissaro, Van Gogh et tant d’autres. Regardez le visage de l’aveugle, ne dirait-on pas certains visages peints par Picasso. En littérature : Pierre Loti, Mallarmé, Baudelaire, Marguerite Yourcenar …

Plus récemment s’est développée au Japon une pop culture que j’ai pu rencontrée en se promenant dans des quartiers comme Harajuku. Cette pop culture contrebalance l’image d’un Japon productiviste et homogène. Elle rencontre un écho important dans la jeunesse asiatique. Tingting me disait récemment en avoir constaté les effets sur le campus de l’université du Yunnan. Elle se traduit par un rapprochement entre l’archipel et ses voisins. Puisse cela constituer un message d’espoir.
Jean-Louis

vendredi 6 septembre 2013

De la peinture lettrée chinoise à Sengaï


Sengaï : les moines Kanzan et Jittoku

Dans l’article précédant consacré au Kennen-Ji, Nous avons vu que son fondateur, Yosaï, faisait partie de ses moines qui au XII° siècle, après avoir visité la Chine introduisirent le zen au Japon et répandirent la vogue du thé, en même temps que la technique chinoise de la peinture monochrome au lavis.

Sengaï (1750-1837) a sa place dans cette lignée. Quelques unes de ses peintures sont réunies dans un petit livre paru aux Editions « Pavillon des Arts » intitulé Sengaï, Traces d’encre. Les peintures présentées ici sont tirées de ce livre qui contient, en outre, plusieurs excellentes introductions dont une de Claude Lévi-Strauss.

En parcourant ce livre j’ai trouvé reformulé certaines notions que j’avais découvertes en préparant ma conférence sur la peinture chinoise. Or il me semble que rien ne vaut pour comprendre une idée, surtout si elle est difficile ou inhabituelle, que de la trouver formuler sous différentes formes. Il y a dans la reformulation à la fois un effet de reconnaissance et de surprise. Reconnaissance puisque l’on retrouve une idée déjà connue, surprise car elle est formulée dans des termes nouveaux qui permettent parfois, si j’ose dire (mais c’est un article sur le bouddhisme) l’illumination de la compréhension.

La lecture de ce petit livre permet de retrouver quelques grands principes du zen et de voir comment ils ont été traduits en peinture. On connait la jolie légende qui fait remonter l’école du zen jusqu’au Bouddha lui-même. Un jour, sur le mont des Vautours, le Bouddha historique ne donna pas à ses disciples son habituel sermon verbal, mais se tint simplement une fleur à la main. Un seul disciple, Kâsyapa, comprit ce message silencieux, le dhyâna (transcription chinoise chan, prononciation japonaise zen) qui place la méditation et la concentration avant l’étude des textes était né. Cette primauté de la méditation sur l’étude des textes est illustrée par deux dessins de Sengaï qui mettent en scène deux moines bouddhistes qui vivaient en Chine à l’époque des Tang : Kanzan (Han-Chan) et Jittoku (Che-Tô). Les calligraphies figurant sur ces dessins en donnent la signification : « Il est aussi difficile de saisir le Sens à la lecture des textes sacrés que de supprimer la poussière avec un balai ».

L’examen de ces deux dessins est fort instructif.
Si l’on fait une comparaison entre la peinture des lettrés chinois et les pentures de Sengaï, on constate une différence au niveau des thèmes. Le thème privilégié de la peinture lettrée chinoise qui est la peinture de paysage (Shanshui) ne se retrouve pas chez Sengaï qui préfère représenter des personnages de la tradition chinoise ou japonaise, des petites historiettes illustrant la sagesse zen, des masques de divinités ou encore des scènes de la vie quotidienne.

On peut toutefois trouver une certaine parenté par exemple au niveau de l’importance accordée à la calligraphie indissociable de la peinture comme chez les lettrés chinois ou encore de la période de méditation qui précède l’acte de peindre faisant de la peinture ce que Simon Leys appelle, dans le Bonheur des petits poissons, une « cosa mentale »

Considérons les deux moines représentés par Sengaï. Le comportement un peu farfelu de ces deux ermites, leur air insouciant et détaché était particulièrement prisé dans le monde du zen qui se rapproche par là du taoïsme qui affiche son mépris des conventions sociales. A l’attitude des deux personnages correspond la facture du dessin rapide et apparemment débraillée. Ces peintures sont réalisées après une période de méditation d’un tracé rapide et sans retouche comme les calligraphies et les peintures des lettrés chinois. On peut, peut-être, trouver une équivalence, une correspondance entre la réalisation de ces peintures et l’Eveil qui intervient également subitement après une période de méditation.

Les anecdotes racontant ces périodes de méditation qui précédent l’acte de peindre son innombrables dans la littérature chinoise. Simon Leys dans le Bonheur des petits poissons en raconte que l’on doit à Zhuang Zi : « un prince voulait faire exécuter des peintures dans son palais ; une foule de peintres répondirent à son invitation et, après avoir présenté leurs respects, ils s’affairèrent aussitôt devant lui, léchant leurs pinceaux et broyant leur encre. Un seul toutefois, arriva après tous les autres ; sans se presser, il salua le prince au passage, puis disparut en coulisses. Intrigué, le prince chargea un serviteur d’aller voir ce qu’il faisait. Le serviteur revint tout perplexe : « Cet individu s’est déshabillé et il s’est assis demi-nu, à ne rien faire. – Splendide ! s’écria le prince, celui-là fera l’affaire : c’est un vrai peintre ». Simon Leys conclut en soulignant l’importance, dans la peinture lettrée, de l’exercice de l’écriture idéographique et de la pratique de la méditation enseignée par le taoïsme et le bouddhisme chan.

La peinture de Sengaï comme la peinture lettrée chinoise ne repose pas sur l’imitation d’un modèle, ne repose pas sur la mimesis (Voir Su Shi « rechercher la ressemblance en peinture est un enfantillage »). Claude Lévi-Strauss le souligne : « Elle résulte de la rencontre impromptue de la réalité et d’un geste. Elle célèbre la coïncidence, mieux vaudrait dire la fusion de deux phénomènes transitoires : une forme, une expression ou une attitude, et l’élan donné au pinceau. A sa façon, la peinture zen exprime l’essence de la pensée bouddhique qui refuse toute réalité permanente aux êtres et aux choses. »

Ainsi un détour par les peintures de Sengaï m’a permis de retrouver et de mieux comprendre la peinture lettrée chinoise.

Un autre trait caractéristique des peintures de Sengaï et d’une manière plus générale du zen c’est l’humour. Ce trait est si important et sympathique qu’il mérite bien que l’on consacre un article à l’humour et …à la pédagogie oblique.
A suivre,
Jean-Louis

mercredi 4 septembre 2013

Autour du berceau



Venir à la chorale c’est un peu comme partir en voyage. Il n’est pas toujours facile de se décider et de s’extraire de sa maison. On se dit « qu’est ce que je vais faire là bas ? Il n’y aura personne aujourd’hui ». Il faut pourtant un peu se forcer car les bonnes surprises sont souvent au rendez-vous. Ainsi ce mardi nous avons la joie de retrouver, Martine, une amie de longue date, nouvelle choriste. Puis M. Gao et Mme Chen, bientôt rejoints par Emilie et Ludivine, toutes souriantes, revenues d’un long périple en Europe qu’elles nous raconteront dans la voiture.

Nous nous dirigeons vers la plage du Prado, à proximité de la grande roue. Bientôt arrivent HongYuan, Nicolas et leur petite famille suivis de Renaud, les bras chargés de bouteilles.

Les problèmes de communication et de langage sont résolus lorsque nous commençons à chanter autour du berceau du petit Matisse. A la demande de la maman, nous commençons par « A la claire fontaine ». Le benjamin de notre chorale (un mois et demi) bat la mesure avec les pieds. Est-ce grâce aux ondes positives qui émanent du berceau ? Mais c’est un moment assez magique. Les visages sont éclairés par le soleil couchant et par le chant. Une bonne partie de notre répertoire y passe. En levant nos verres nous buvons encore "à l’amitié, l’amour, la joie" en l’honneur de Ludivine et d’Emilie qui vont bientôt rentrer en Chine. Elles repartent respectivement le 23 et le 28 septembre. Peut-être pourrons-nous faire une petite fête pour célébrer leur départ.

En partant, Nicolas, nous signale qu’il y aura, en septembre, à Marseille, de nombreuses activités liées à la mer. Il nous communiquera les informations que nous ne manquerons pas de vous faire suivre.

Quelle joie d’avoir trouver de nouveaux amis ! Quelle joie d’aborder cette rentrée qui s’annonce pleine de promesses. Chers lecteurs du blog, certes peu nombreux mais fidèles, n’hésitez pas à venir nous rejoindre pour partager avec nous ces petits moments de bonheur.
Jean-Louis

dimanche 1 septembre 2013

Du Chan au Zen



De retour du Japon on me demande souvent de comparer ce pays avec la Chine. On attend de moi que je donne des préférences. Plutôt que de faire un classement entre ces deux pays je préfère dire comment un voyage au Japon permet de retrouver certains aspects de la culture chinoise, de les aborder sous un angle nouveau et peut-être de mieux les comprendre.

Bien entendu, je n’ai pas les compétences pour traiter de l’influence de la culture chinoise sur la culture japonaise et de voir comment celle-ci a adapté celle-là. Je voudrais me borner à un aspect qui concerne l’école chinoise du Chan devenue au Japon l’école du Zen.

Lorsque l’on voyage au Japon, particulièrement à Kyôto, on peut visiter de nombreux temples Zen qui sont toujours un ravissement pour les yeux. Dans cet article je voudrais vous inviter à découvrir le Kennen-ji, le plus ancien temple Zen de Kyôto.

Par ailleurs, en préparant mon voyage j’ai consulté un livre présentant les peintures de Sengaï, un moine Zen qui vécu de 1750 à 1837. Ces peintures sont précédées d’une préface de Claude Lévi-Strauss qui éprouva un intérêt fort vif pour le Japon où il donna plusieurs conférences. La lecture de cette préface, la découverte des peintures de Sengaï m’ont permis de retrouver certaines notions découvertes en lisant l’Histoire de la pensée chinoise d’Anne Cheng ou encore les livres consacrés à la peinture chinoise étudiés dans le cadre de ma conférence. J’en rendrai compte dans un prochain article.

Commençons donc par la visite du Kennin-ji. Aborder le bouddhisme Zen et particulièrement le Kennen-Ji, c’est découvrir un art de vivre qui couvre de nombreux domaines évoqués lors des conférences Chinafi : l’art des jardins, la peinture et la calligraphie mais aussi la Voie du thé.

Transmettre l’esprit du Zen et les vertus du thé.
Le fondateur du Kennen-ji, Yôsai ou Eisai, qui vécu au XII°/XIII° siècle s’est rendu à deux reprises en Chine. Il fut l’un des moines qui transmit le Chan devenu le Zen au Japon. Il est également connu comme « Père du thé » pour avoir rapporté de Chine des graines de thé, encouragé sa culture au Japon et diffusé la façon de l’utiliser. De nos jours encore chaque année, au printemps, une grande cérémonie du thé est organisée en l’honneur de son fondateur.

Le visiteur du Kennin-ji est accueilli par un magnifique paravent, classé trésor national, représentant le dieu du vent et le dieu du tonnerre. Il peut ensuite de promener dans une enfilade de belles salles ornées de peinture et de calligraphies. Dans un bâtiment on peut admirer une représentation de Shâkyamuni assis ayant atteint l’éveil. Et puis c’est le merveilleux jardin sec, le Daiô-en qui met en scène sable blanc, mousse et gros rochers. Je suis peu réceptif aux techniques de relaxation. Pourtant je dois avouer avoir été touché par la sérénité des lieux. Peut-être est-ce dû à la fatigue, j’ai beaucoup marché pendant ce voyage. Mais certainement la beauté du jardin où je suis presque seul y est pour quelque chose. Je m’assois pour le contempler. Une cloche sonne. Un office a lieu dans un pavillon voisin.

Assis devant ce jardin, je suis au point d’aboutissement du cheminement des idées vers l’Orient. Le Dhyâna de la doctrine indienne est devenu le Chan en Chine puis le Zen au Japon. Chaque peuple a su adapter ces idées à son propre génie pour en faire une culture originale. C’est cette merveilleuse alchimie que nous retrouverons dans les peintures de Sengaï.
A suivre,
Jean-Louis