dimanche 1 septembre 2013
Du Chan au Zen
De retour du Japon on me demande souvent de comparer ce pays avec la Chine. On attend de moi que je donne des préférences. Plutôt que de faire un classement entre ces deux pays je préfère dire comment un voyage au Japon permet de retrouver certains aspects de la culture chinoise, de les aborder sous un angle nouveau et peut-être de mieux les comprendre.
Bien entendu, je n’ai pas les compétences pour traiter de l’influence de la culture chinoise sur la culture japonaise et de voir comment celle-ci a adapté celle-là. Je voudrais me borner à un aspect qui concerne l’école chinoise du Chan devenue au Japon l’école du Zen.
Lorsque l’on voyage au Japon, particulièrement à Kyôto, on peut visiter de nombreux temples Zen qui sont toujours un ravissement pour les yeux. Dans cet article je voudrais vous inviter à découvrir le Kennen-ji, le plus ancien temple Zen de Kyôto.
Par ailleurs, en préparant mon voyage j’ai consulté un livre présentant les peintures de Sengaï, un moine Zen qui vécu de 1750 à 1837. Ces peintures sont précédées d’une préface de Claude Lévi-Strauss qui éprouva un intérêt fort vif pour le Japon où il donna plusieurs conférences. La lecture de cette préface, la découverte des peintures de Sengaï m’ont permis de retrouver certaines notions découvertes en lisant l’Histoire de la pensée chinoise d’Anne Cheng ou encore les livres consacrés à la peinture chinoise étudiés dans le cadre de ma conférence. J’en rendrai compte dans un prochain article.
Commençons donc par la visite du Kennin-ji. Aborder le bouddhisme Zen et particulièrement le Kennen-Ji, c’est découvrir un art de vivre qui couvre de nombreux domaines évoqués lors des conférences Chinafi : l’art des jardins, la peinture et la calligraphie mais aussi la Voie du thé.
Transmettre l’esprit du Zen et les vertus du thé.
Le fondateur du Kennen-ji, Yôsai ou Eisai, qui vécu au XII°/XIII° siècle s’est rendu à deux reprises en Chine. Il fut l’un des moines qui transmit le Chan devenu le Zen au Japon. Il est également connu comme « Père du thé » pour avoir rapporté de Chine des graines de thé, encouragé sa culture au Japon et diffusé la façon de l’utiliser. De nos jours encore chaque année, au printemps, une grande cérémonie du thé est organisée en l’honneur de son fondateur.
Le visiteur du Kennin-ji est accueilli par un magnifique paravent, classé trésor national, représentant le dieu du vent et le dieu du tonnerre. Il peut ensuite de promener dans une enfilade de belles salles ornées de peinture et de calligraphies. Dans un bâtiment on peut admirer une représentation de Shâkyamuni assis ayant atteint l’éveil. Et puis c’est le merveilleux jardin sec, le Daiô-en qui met en scène sable blanc, mousse et gros rochers. Je suis peu réceptif aux techniques de relaxation. Pourtant je dois avouer avoir été touché par la sérénité des lieux. Peut-être est-ce dû à la fatigue, j’ai beaucoup marché pendant ce voyage. Mais certainement la beauté du jardin où je suis presque seul y est pour quelque chose. Je m’assois pour le contempler. Une cloche sonne. Un office a lieu dans un pavillon voisin.
Assis devant ce jardin, je suis au point d’aboutissement du cheminement des idées vers l’Orient. Le Dhyâna de la doctrine indienne est devenu le Chan en Chine puis le Zen au Japon. Chaque peuple a su adapter ces idées à son propre génie pour en faire une culture originale. C’est cette merveilleuse alchimie que nous retrouverons dans les peintures de Sengaï.
A suivre,
Jean-Louis
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1 commentaire:
Quel plaisir de lire ces articles. On attend la suite! Merci
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