vendredi 30 août 2013
Le Japon entre modernité et tradition
Je reviens d’un court voyage au Japon.
Une des traits qui frappe le plus dans ce pays et qui en est pour moi un de ses plus grands charmes c’est un mélange de traditions et de modernité. Je consacrerai un premier article à ce thème.
La seconde chose qui va intéresser l’amateur de culture chinoise c’est qu’un détour par la culture japonaise m’a permis de retrouver sous un nouvel angle certaines notions chinoises, notamment celles que j’avais découvertes en travaillant à la préparation de mes conférences, et ainsi, peut-être, de mieux les comprendre. Ce thème fera l’objet d’un second article.
Le Japon entre modernité tradition.
La modernité, c’est bien sûr les buildings en verre, sièges des grandes compagnies qui font du Japon une des premières puissances économiques du monde ; c’est Harajuku, le quartier branché de Tôkyô où l’on peut voir des jeunes filles déguisées en personnages de mangas et où j’ai trouvé un restaurant fort sympathique dans une galerie d’art, c’est Akihabara, un autre quartier de la capitale, avec son Electric City, fief de l’électronique.
La tradition, ce sont ces femmes en kimono assez nombreuses dans les rues, dans les bus. Ce sont les ryokan, ces auberges japonaises traditionnelles où l’on marche sur des tatami, où l’on dort dans des futon et où l’on peut prendre des bains dans des oncen, des sources d’eau chaude. Après le bain vous serez invité à manger des udon dans une salle de relaxation. La tradition, ce sont les cérémonies du thé au rituel complexe où l’on boit un thé surprenant : le matcha. J’en ai ramené, nous pourrons le goûter pendant la chorale. La tradition, c’est une geisha aperçue furtivement dans une rue du quartier de Gion, ce sont ces magnifiques estampes vues à l’Ota Museum qui nous montrent des scènes de la vie quotidienne à l’époque Edo ou des acteurs du théâtre kabuki dont je voudrais tant voir une représentation.
Mais la tradition c’est surtout le maintien, à travers le shintoïsme, d’une religion animiste que l’on célèbre dans des milliers de sanctuaires.
Je voudrais raconter ma visite à l’un d’entre eux qui reste un de mes plus beaux souvenirs de mon voyage au Japon. Anne m’avait conseillé d’aller randonner sur le sentier des philosophes au Nord-Est de Kyôto ainsi nommé parce que les moines des temples environnants viennent y méditer depuis des siècles. Il s’agit d’un petit chemin ombragé longeant un ruisseau dont le caractère paisible invite effectivement à la méditation. Au bord du sentier des petites idoles en pierre habillées de robes, sans doute des kami. Bientôt nous arrivons au café « La Pomme » où j’invite mon guide bénévole à faire une petite halte. En savourant nos consommations nous écoutons de veilles chansons françaises d’Edith Piaf ou de Charles Trenet. La France est très tendance au Japon. On peut lire souvent des phrases en français comme celle-ci vue sur le sac d’une jeune femme : « vous n’avez pas les os en verre, vous pouvez vous cogner à la vie » ou cette autre, étonnante, vue sur une boulangerie : « donne nous aujourd’hui notre pain quotidien ».
Nous reprenons le chemin des philosophes. Sur la gauche un sentier orné de deux belles lanternes nous conduit à un petit sanctuaire, un jinja. A l’entrée nous rencontrons les statues de deux animaux fabuleux mi-chiens, mi-lions. L’un à la bouche fermée, l’autre la bouche ouverte. C’est l’Alpha et l’Oméga m’explique mon guide. A eux deux ils représentent l’ensemble des forces cosmiques régissant l’univers. Nous franchissons un petit torii rouge. Les torri sont des portiques marquant la séparation avec le monde profane. Ils évoquent le perchoir, les oiseaux étant des messagers entre les hommes et les divinités. Comme dans tous les sanctuaires nous trouvons un bassin de purification. De l’eau coule d’un tuyau en bambou dans une vasque en pierre. Mon guide me dit la signification des objets suspendus aux poutres. Les longues pailles représentent la pluie, les papiers blancs pliés en zigzags sont les éclairs. Si j’ai bien compris ce sont les éléments de fertilisation du sol. Nous voici au cœur du sanctuaire. Nous sommes entourés de statues d’animaux. Des souris qui ont dans leurs petites pattes des rouleaux ou des boules, des renards qui portent dans leur bouches les messages des hommes pour les divinités, un serpent, un aigle, un singe. Ces statues sont souvent enfouies dans la végétation ce qui accentue la proximité des règnes végétal, animal et minéral. Pendant un instant on se croirait transporté au pays des merveilles d’Alice ou au temps du Mythe lorsque les hommes, les animaux, les végétaux, les minéraux parlaient le même langage et se comprenaient.
Le soleil se couche. Nous regagnons le centre ville en prenant un bus avec trois jeunes femmes en kimono qui n'arrêtent pas de rire. Nous allons diner dans un petit restaurant traditionnel fréquenté, parait-il, par Kurosawa. Pourtant pas de touristes. Quelques Japonais. On nous emmène dans une salle à l’arrière du restaurant. Nous nous déchaussons. Des sièges avec un coussin blanc où l’on s’installe en croisant les jambes. Nous faisons coulisser les volets de paille et nous découvrons un petit jardin intérieur avec sa lanterne. Je commande une soupe avec des udon qui sont des pâtes de blé assez épaisses. Mon compagnon prend des soba, des pâtes de sarrasin. Il me montre comment on joint les mains avant le repas en signe de remerciement aux divinités. C’est délicieux.
Nous reprenons le chemin de l’hôtel. Sur la grande avenue bordée de buildings, devant nous, un homme et une femme vêtus d’une robe noire avec des caractères chinois dans le dos. L’homme fait claquer des morceaux de bois l’un contre l’autre et chante dans une veille langue que mon guide ne comprend pas.
A suivre,
Jean-Louis
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2 commentaires:
Merci de nous faire si tôt un reportage, on attend la suite avec impatience, les photos sont très belles, cela donne vraiment envie de découvrir ce pays.
BRAVO pour ce compte rendu qui est bien le reflet de ce pays UNIQUE que j'aime tant et que je rêve de parcourir à nouveau.
Merci d'avoir évoqué le petit salon de thé LA POMME que je t'avais conseillé d'aller voir... oui écouter PIAF et TRENET est un bonheur sans pareil........... Tu y retourneras j'en suis certaine car on ne reviens pas du JAPON sans penser à son prochain voyage.
ARIGATO GOSAIMAS TA /Anne
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