vendredi 26 novembre 2010

Traduire l’humour des langues et des littératures asiatiques



Ce 26 novembre, nous avons été accueillis par le corps enseignant du département de chinois et la jeune équipe LEO2T pour un colloque fort intéressant sur la traduction de l’humour des langues et littératures asiatiques.

La matinée était consacrée à la littérature chinoise.

Les participants nous ont montré la difficulté de traduire l’humour particulièrement lorsqu’il s’agit d’un humour reposant sur le graphisme de l’écriture chinoise ou sur les jeux phonétiques. La langue chinoise ne comporte que 300 phonèmes et seuls les tons ou l’écriture les distinguent. Huang Chunli a, par exemple, cité la phrase : « maman monte sur un cheval, le cheval va lentement ; maman insulte le cheval » qui, en chinois, se traduit par une succession du phonème « ma ». Solange Cruveille a lu un curieux poème composé de 92 fois le phonème shi. Dès lors, pour traduire l'humour chinois il faut souvent avoir recours à des notes de bas de page ou à des animations graphiques telles que montrées par Solange Cruveille où l'on voit les éléments d'un caractère se déplacer pour en former un autre.

Stéphane Feuillas nous a parlé de l’usage de l’humour dans la culture de soi chez Su Dongpo.

Huang Chunli nous a montré comment traduire les jeux de caractères de Ji Yun (1725-1805). Ce fut un grand plaisir de l’entendre citer des textes chinois de manière fort expressive et exposer des trouvailles originales de traduction.

Patrick Doan a évoqué l’art typiquement chinois du xiangsheng, sorte de sketch très en vogue à Pékin. Le xiangsheng présenté mettait en scène deux personnages. L’un des personnages devait toujours inclure le chiffre 4 dans les réponses aux questions posées. Très souvent ce n’était possible que par des jeux graphiques ou des similitudes phonétiques. Noël Dutrait a raconté comment, à Pékin, il avait vu rire aux larmes des salles entières à l’audition de xiangsheng.

Maganin Paolo nous a parlé de l’humour chez Zhu Wen en expliquant, notamment comment l’humour scatologique pouvait servir d’antidote au « politiquement correct » symbolisé par la propreté.

Enfin, Muriel Finetin a souligné le rôle des citations, des allusions, du fond commun dans l’humour chinois chez un jeune auteur Shu Hanbing, ce qui a fait dire à Pierre Kaser que pour comprendre l’humour chinois, il fallait être non seulement sinisant, sinophone mais aussi sinologue. Muriel Finetin tient un blog très intéressant intitulé lectures chinoises dont voici l’adresse : http://lectureschinoises.blogspot.com/
Je l’ai également mis dans la rubrique liens amis.

Je n’ai pas pu assister aux communications de l’après midi. Mais celles du matin me suffisent pour remercier l’équipe LEO2T de nous avoir offert un colloque aussi intéressant, même si mon faible niveau de chinois ne m'a pas permis d'en saisir toutes les subtilités.
Jean-Louis

4 commentaires:

Nicole a dit…

oui réellement ce colloque sur l'humour fut enrichissant.
la part de l'humour dans le développement de soi fut abordé au travers de SU DONG PO par S Feuillas.
Puis notre amie Huang Chun Li nous régala avec des jeux de mot difficilement traduisible voir impossible à traduire.
Tel le 义 YI yi, quant à lu et ma qui partagent le même âne elle l'a judicieusement traduit par Anne et Ness qui possèdent la même anesse.
Patrick Doan nous fit un exposé sur le 湘声 (XIANG SHENG)qui m'a donné envie d'en savoir plus sur le sujet.
Puis nous eumes droit à de nombreux jeux de mots dont le mandarin offre des possibilités incroyables, j'entrevoie là un instrument subversif par excellence, je me souviens du jeu de mot entre GI et Dollar :
美jin 美军
Bravo à tous les intervenants!!!

Anonyme a dit…

Voici le bloge d'equipe:

http://jelct.blogspot.com/

Et j'ai tous enregistré
en mp3, si qq intéresse。。。

惟一

Chunli a dit…

Je voudrais remercier à tous ceux qui sont venus écouter le colloque. Je suis ravie que ma communication et celles des autres vous aient régalé. C’est également un grand plaisir pour moi de partager mon exposé avec vous. En ce qui concerne les jeux de mots humoristiques que j’ai mentionnés, il y en a trois.
(1) Sur la prononciation « yi » : yi 義, yi 义 et yi 乂.
(2) Sur la composition des caractères : jiao 乔,che 车 et jiao 轿 ; lu 卢, ma 马 et lü 驴.
(3) Sur la signification : shi lang shi gou是狼是狗(shilang shi gou侍郎是狗)shang shu shi gou 上竖是狗(shangshu shi gou尚书是狗)et Yushi chishi 遇屎吃屎(Yushi chishi 御史吃屎)
Par ailleurs, voici deux petites remarques sur les écritures : xiangsheng 相声 ; meijin 美金et meijun美军.

Anonyme a dit…

Très bon résumé que je vais indiquer à mon assistante, professeur, élève Mlle Song. Elle doit rédiger un commentaire résumé.
J'ai écouté les enregistrementd de Solange Cruveillé qui parle très vite, Patrick Dohan qui m'a fait penser que j'ai tout un cd de Xiangsheng que je ne comprends pas mais que je tiens à disposition.Su Dongbo me parait plus être philosophe qu'humoriste.
J'en conclue personnelllement que l'essentiel est que les chinois fassent de l'humour et que les français fassent aussi de l'humour et si par chance on trouve ce qui fait rire tout le monde il faut s'en réjouir.
JLP