mercredi 27 octobre 2010

Devinette


Voici une petite devinette humoristique.
Que signifie ce caractère formé de la triple répétition du caractère de la femme ?
Pour vous donner un indice, voici un poème de Liu Yong extrait du recueil Chansons du monde flottant paru aux éditions You-Feng et merveilleusement traduit par Muriel Detrie


Sishi est en amour vraiment la plus experte,
Xiangxiang celle qui a le plus de sentiments,
Mais c’est avec An’an que je m’entends le mieux.
Ensemble à nous quatre nous ne faisons plus qu’un.

Pour que le Ciel de mes paroles ne s’offense,
Je vais m’efforcer d’en écrire de nouvelles.
Mais j’ai beau déchirer et chiffonner ma feuille,
Toujours je me retrouve au cœur du mot débauche.


Liu Yong était un poète de la dynastie des Song. Il a écrit essentiellement des ci ou poèmes à chanter et l’on voudrait bien écouter les poèmes de ce recueil avec les airs originaux. On ne sait pratiquement rien de la vie de Liu Yong. Mais l’on raconte une anecdote qui aurait, j'en suis certain, ravi Georges Brassens. Lorsque Liu Yong mourut, ce fut les courtisanes et non pas sa famille qui payèrent les frais d’enterrement.

Je ne voudrais pas que cette petite devinette me fasse taxer de misogynie. Pour moi, je ne sais pourquoi, ce poème m’a fait penser à la chanson Le fantôme de Georges Brassens qui se désignait lui-même comme le pornographe, le polisson de la chanson, mais qui aimait tendrement les femmes d’aujourd’hui et de jadis et qui le disait avec beaucoup d’humour:

Et bien messieurs qu’on se le dise
Ces belles dames de jadis
Sont de satanées polissonnes
Plus expertes dans le déduit
Que certaines femmes d’aujourd’hui
Et je ne veux nommer personne…


Jean-Louis

6 commentaires:

Anonyme a dit…



繁体字:姦
拼音:jiān
部首:女,部外笔画:3,总笔画:6
1. mauvais; méchant; perfide; traître
~计
machination
complot
mauvais desseins

2. rusé; finaud; astucieux


1. traître
内~
traître camouflé
agent de l'ennemi

2. rapports sexuels illicites; adultère; viol
通~
adultère
commettre l'adultère
avoir des rapports sexuels illicites


SWY

Anonyme a dit…

Merci à notre cher Rougeologue pour cet intéressant article de la littérature comparée. Encore une fois je suis surprise que tu comprends si bien la pensée des lettrés chinois. Les courtisanes en Chine étaient moitiées artistes, qui pouvaient apprécier le talent des lettrés. Les courtisanes et les lettrés étaient à la fois confident et admirateur les uns pour les autres. Les poèmes 词 (Ci) de Liu Yong pouvaient être chanté, et certains avait été considéré comme des chansons paillardes, y compris celle que tu nous présentes. Je ne connais pas les chansons de Georges Brassens, par contre je voie bien un point commun entre Liu Yong et Georges Brassens. On dit souvent « les lettrés se méprisent » 文人相轻 (Wen ren xiang qing), mais ici c'est la cas « les lettrés se rapprochent », même un chinois de XIème siècle et un français de notre époque.

Yang Zhihong

Nicole illettrée a dit…

Bravo aux 2 intervenantes.
Quant à moi je mène l'enquête mais sans succès, je suis hyper déçue, je ne trouve pas la solution de la devinette.
J'espérais tant remporter la récompense promise.

juju a dit…

bonjour,

bravo Jean Louis tu nous évoque de temps en temps des sujets intéressants.

A la première vue, cette devinette m'a fait peur: un caractère avec 3 femme signifie un sens tellement mauvais. A ha, un vrai misogyne!!

mais... sachant que le sens évolue. son équivalent d'aujourd'hui "奸" n'est plus le même que son ancêtre 姦.

姦: à l'origine signifie un excès de plaisir sensuel (très juste terme "ébauche" par Muriel Detri). Jusqu'à la dynastie Song, ce n'était pas un si mauvais crime, surtout dans les lettrés. "风流" se lie souvent avec "才子" pour signifie des grands talents (poètes, peintres, calligraphes) qui traine avec des belle femmes ,dont certaines étaient aussi talenteuses (talented and romantic scholar ). c'est une valeur apprécié et des modèles suivis, qu'on peut en citer quelques uns: 唐寅 (TANG Yin), et 柳永 (LIU Yong). Pour Rougelogue, 贾宝玉 (Baoyu) peut en être un aussi, plutôt un suiveur de modèle. 姦 était coquin, rusé et polisson peut être, mais n'était pas si mauvais que 奸 d'aujourd'hui.

Mais avec l'évolution de confucianisme et les règles de plus en plus rigides des meurs pour les hommes et femmes dans les dynasties Ming et Qing* et même dans les années de la révolution culturelle, il se perd dans les mauvais côté. Donc maintenant 奸 est forcément mauvais, très mauvais (l'explication de SWY est tout à fait juste). + Un petit exemple: 奸笑 sont forcément les ris/souris des "mauvais gens". Mais quelqu'un de bien peut émaner "bad smile", un ri/souri de mauvaise fois par exemple, ou simplement un souri coquin, mais on dit "坏笑" (坏 signifie déjà "mauvais", mais quand même moins mauvais que 奸).

voilà comme quoi on ne peut pas "décomposer un caractère pour restituer son sens" (拆文解字) à tous les coups. Et la plupart des cas "non"!

Sinon, ça fait provoquer des manifestations de grande envergure des féministes :)

Le chinois n'est pas une langue si parfaite que ça. Et tous les exemples qu'on voit au cours si intelligents si subtiles sont choisis et rechoisis par les lettrés et professeurs de langues: ce sont des belles exceptions.

小官

*乾隆 Qian Long l'empereur de la période la plus prospecte de Qing est aussi un "talented and romantic scholar".

Jean-Louis a dit…

Je suis, une fois de plus, émerveillé par la culture de nos amies chinoises.
La remarque suivant laquelle le sens d’un mot varie en fonction du contexte dans lequel il est placé que ce soit le contexte de la phrase ou le contexte historique me semble très pertinente. L’analyse historique de l’évolution des mœurs et de la différence d’interprétation entre le contexte des Song puis des Ming et les Qing est très intéressante. Bravo à toutes les trois.
Cela démontre bien la difficulté de la traduction et particulièrement de l’humour. Aussi, je suis impatient d’entendre la communication de notre amie Huang Chunli qui devrait traiter ce sujet le 26 novembre à Aix.
J’ai beaucoup hésité à publier cet article car j’avais peur de me faire traiter d’antiféministe. Mais bien sûr être rougeologue et être antiféministe c’est absolument impossible et je suis content que les commentaires viennent de quatre amies.
Muriel Detrie, se replaçant dans le contexte des Song, choisit de traduire le caractère « jian » par « débauche » ce qui, à l’époque, n’avait pas forcément, comme le rappelle Jingping, une valeur négative. Muriel Detrie, faisant l’analyse du poème, ajoute dans une note que « le poète veut donc dire qu’il est ramené malgré lui à la situation licencieuse évoquée dans la première strophe et dont il prétendait vouloir ne pas parler ».
Il est amusant de voir que ce poème trouve un lointain écho dans la chanson de Georges Brassens « le pornographe ». Georges Brassens, dans cette chanson, prétend lui aussi ne plus vouloir parler d’obscénité mais y être ramené malgré lui. Ainsi dans la strophe :
Tous les samedis, je vais à confesse
M’accuser d’avoir parlé de fesses
Et je promets de faire mon marabout
De les mettre tabou.
Mais craignant, si je n’en parle plus,
De finir à l’armée du Salut,
Je remets bientôt sur le tapis,
Les fesses impies.

Je n’ose pas proposer de mettre cette chanson au répertoire de notre chère chorale.
Jean-Louis

Anonyme a dit…

Voilà, on s'absente quelques jours et au retour, quelle effervescence!
Tout a été dit, avec talent, le rappel de Brassens est toujours un plaisir