vendredi 4 décembre 2015

Un prof doit employer plusieurs synonymes

Je vois qu’en bon pédagogue Olivier use (et il a raison) de la répétition pour présenter le concert de Jiang Nan.

La répétition et l’écart de formulations sont certainement une des bases de la pédagogie. C’est ce que me rappelait hier mon prof. de guitare en me disant : « un enseignant doit employer plusieurs synonymes ». C’est en effet, me semble t-il, dans l’écart des formulations d'une même idée que jaillit souvent la joie, le plaisir de la compréhension. (voir article sur le bouddhisme et l'ethnologie). Cette joie qui est le plus solide rempart, sur le plan personnel contre la dépression, sur le plan politique contre l’obscurantisme. Pour paraphraser Confucius, je dirais volontiers « une journée sans apprendre, une journée sans comprendre est une journée perdue ».

Cela me rappelle une conférence sur Matteo Ricci qui fut lui aussi un formidable passeur de savoirs et de la joie de comprendre. Passionné par les échanges, il déclara : « je crois que nous n’ouvrirons plus d’église, mais une maison à prêcher et nous dirons la messe en privé dans une autre chapelle …car on prêche davantage par des conversations que par des sermons. »

Cela me rappelle aussi l’enthousiasme avec lequel une de nos amies peintres évoquait « L’éloge de la fadeur » de François Jullien qui a influencé sa manière de peindre ou encore le même enthousiasme avec lequel fut évoqué sur ce blog l’œuvre de René Girard.

Un beau sujet de conférence ne serait-il pas : "En quoi peuvent nous concerner, que peuvent nous apporter les trois enseignements : le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme ?"

Jean-Louis

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Serait l'annonce d'une prochaine conférence?
Par avance je m'en réjouis!!!
Nicole

Françoise a dit…

Ce serait certainement une conférence passionnante et une bonne occasion d'échanges.
Tu parles de lutte contre l'obscurantisme, c'est d'une actualité aiguë et urgente. L'écart de formulations, le changement de systèmes de références me semblent en effet en lien avec l'ethnologie et permettent de ne pas aborder les 3 enseignements de la pensée chinoise comme quelque chose d'"exotique" mais comme un tiers autre pouvant nous amener à sortir des dualités redoutables, yin et yang s'engendrant perpétuellement et créant le 3, la vie.
Il y a une phrase qui me parle particulièrement chez Confucius : "Si les noms ne conviennent pas aux choses, il y a confusion dans le langage. S’il y a confusion dans le langage, les choses ne s’exécutent pas". C'est aussi un enseignement plus qu'indispensable.

Jean-Louis a dit…

Si cette conférence devait se faire il ne s’agirait effectivement pas vraiment d’un exposé du contenu des « trois enseignements » en eux-mêmes et encore moins de les considérer comme des objets exotiques mais bien au contraire comme tu le dis de voir comment ils nous parlent, d’examiner les rapports qu’ils entretiennent avec nous, de voir en quoi ils nous concernent, en quoi ils peuvent nous aider à réfléchir.

Les problèmes que se posent les hommes sont probablement semblables dans toutes les sociétés et ont sans doute peu évolués au cours des siècles (à part peut-être les questions liées au développement technique et industriel et encore ça se discute car l’inquiétude de voir l’homme constitué en règne séparé de la nature ne date pas d’hier et les peuples premiers ont sans doute beaucoup à nous dire là dessus). Ils ont, par contre, été formulés de façon originale dans chaque culture. Et, à mon avis, c’est dans ces écarts différentiels et non dans une quelconque altérité que réside la richesse de la diversité des cultures. Ce sont ces écarts différentiels, la diversité des « synonymes » plus que le contenu d’une doctrine qui sont éclairants et qui peuvent nous aider le mieux à réfléchir.

Tu parlais d’échanges, peut-être en écho à la belle phrase de Matteo Ricci, aux différentes manières d’aborder un problème souhaitons qu’ils reprennent sur ce blog ou ailleurs.
Jean-Louis

Oivier a dit…

Cher Jean Louis, pédagogue j'ai été, pédagogue je reste, on ne se refait pas....
As tu vu que René Girard, grand critique de Levi Strauss nous a quitté tout dernièrement, le 4 novembre dernier.
A la conférence sur la peinture chinoise mercredi dernier à Manosque, le public a noté l'absence de représentation de Dieux dans les peintures chinoises et on a bien entendu évoqué les 3 piliers religieux de la spiritualité chinoise que sont le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme mais il nous manquait des éléments sur ce point. Concernant le bouddhisme, son succès auprès du public occidental montre qu'il lui apporte énormément. C'est sans doute pareil pour le taoïsme et le confucianisme mais peut être moins visible.
Une conférence sur ce sujet m'intéresserait au plus haut point.
Olivier

Jean-Louis a dit…

Cher Olivier, j'ai noté la disparition de René Girard dans un article de Télérama qui m'a fait pensé à certaines de tes interventions sur le blog. Je suis allé voir sur internet pour en savoir plus sur cet auteur mais le mieux sans doute est de lire ses livres.

Effectivement, il serait sans doute difficile de trouver la représentation de dieux dans la peinture chinoise. Une des explications tient peut-être au fait que la notion de Ciel, dont il serait difficile de faire une représentation anthropomorphe, a remplacé très tôt la notion de Dieu et a évacué la mythologie et les dieux dans l'imagerie populaire.
On peut, par contre, trouver dans cette même peinture les notion de yin et de yang (et leur engendrement réciproque dont parlait Françoise) et bien sûr la notion de Vide.

Je pense, comme toi, que non seulement le bouddhisme mais aussi le taoïsme et le confucianisme peuvent nous concerner.
Jean-Louis