lundi 23 juin 2014

Danse au clair de lune


Il ya quelque temps je vous proposais le rapprochement d’un poème français et d’un poème chinois ayant le même thème : l’apparition de la femme aimée.

On trouvera peut-être ces rapprochements hasardeux. Ce n’est qu’un prétexte pour découvrir ou redécouvrir des chefs d’œuvre de nos deux cultures.

Aujourd’hui, je vous propose un nouveau thème : la danse au clair de lune. Dans le poème français, Clair de Lune de Paul Verlaine, on imagine les personnages de la Commedia dell’arte : Pierrot, Arlequin, Colombine dansant au clair de Lune. Debussy, sans doute inspiré par Verlaine, a écrit la Suite bergamasque dont le troisième célébrissime mouvement se nomme Clair de lune.

 Clair de lune
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques 

Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune.

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.
                        Paul Verlaine, Fêtes galantes
 

Claude Debussy, Clair de lune interprété par Angela Hewitt
 
Comme  poème chinois j’aurais pu choisir  Ming yue ji shi you que nous connaissons bien où l’on voit Su Shi danser au clair de lune et longtemps après lui, notre amie Vicky. Mais pour changer un peu je vous propose un poème de Li Bai (traduit par F. Cheng) qui a sans aucun doute inspiré Su Shi.









« Buvant seul sous la lune
Pichet de vin, au milieu des fleurs,
Seul à boire, sans un compagnon.
Levant ma coupe, je salue la lune :
Avec mon ombre nous sommes trois.
La lune pourtant ne sait point boire.
C’est en vain que l’ombre me suit
Honorons cependant ombre et lune :
La vraie joie ne dure qu’un printemps !
Je chante et la lune musarde
Je danse et mon ombre s’ébat
Eveillés, nous jouissons l’un de l’autre;
Et ivres, chacun va son chemin…
Retrouvailles sur la voie lactée :
A jamais randonnées sans attaches ! »

 
e viens de lire un savoureux poème de Marc-Antoine Girard de Saint Amant ayant pour thème la solitude. Si des amis chinois me proposent un poème chinois traitant ce sujet ce pourrait être l’occasion d’un prochain article.
Jean-Louis
 

1 commentaire:

Françoise a dit…

J'espère qu'il y aura une suite, je trouve ces rapprochements fort intéressants : une occasion de relire des poèmes français et de découvrir ou redécouvrir de la poésie chinoise. Que nos amis chinois qui nous lisent mais ne pensent pas trop à commenter n'hésitent pas à faire des propositions !