lundi 9 juin 2008

"Jour et Nuit" de Wang Chao



Mercredi 11 juin 2008 à 22h35 sur Arte, sera diffusé le film "Jour et Nuit" de Wang Chao, un beau film sur la perte et la déréliction.

Olivier

1 commentaire:

Anonyme a dit…

VOICI LA CRITIQUE DE TELERAMA :
Après Blind Shaft, la mine de charbon est décidément une mine d'or pour le cinéma chinois. Mais cette fois, on ne descend jamais au fond. On reste à la surface, sur un terrain plus poétique que réaliste. Un jour, le jeune Guangsheng, masque impénétrable, réchappe in extremis d'une explosion dans la mine, mais laisse dedans son patron vieillissant. Guangsheng éprouve dès lors une culpabilité d'autant plus écrasante que l'épouse de celui-ci était sa maîtresse. Surmonter ce drame - punition du ciel ou opportunité divine ? -, tel sera le chemin initiatique tra- cé par cette fable à la tristesse sourde, avare de dialogues. Tableaux soignés, les scènes exposent des épreuves et des rites de passage sur un rythme envoûtant. Il y a quelque chose de l'ordre du sortilège dans ce film de Wang Chao, auteur remarqué de L'Orphelin d'Anyang. Un mouvement circulaire obsédant autour d'un point central, ce trou obscur qu'est le puits, cette brèche un temps obstruée par l'explosion, qui rappelle de loin une sépulture. Plus tard, Guangsheng revient sur le lieu et, sous la neige, dans le brouillard, commence à déblayer, comme on purge le mal. Scène qui condense une entreprise titanesque, a priori insurmontable. Creuser son sillon, combler un manque, amasser de l'argent, voi- là le destin de Guangsheng. De simple mineur, il va devenir, à force de ténacité, un patron fortuné. Mais toujours hanté par une dette. A mesure qu'il s'élève, il déchoit aussi. A travers son héros, Wang Chao brosse un portrait inquiet de son pays, engagé dans une profonde mutation . La jeune fille qui marche à la fin sur le fleuve glacé, c'est la Chine insolente de jeunesse, mais qui se risque à un énorme krach.
Jacques Morice