dimanche 25 septembre 2016

Pop Philo

Le bouddhisme, comme on le sait, fait partie avec le confucianisme et le taoïsme des « trois Enseignements" (san jiao) fondateurs de la pensée chinoise.

Dans son Histoire de la pensée chinoise Anne Cheng signale que "notre plus grande illusion et c’est l’intuition centrale du bouddhisme – est la conviction que nous avons de constituer chacun un moi permanent". Elle cite Bernard Faure qui souligne que "La notion d’absence de moi…est la plus difficile à saisir tant elle contredit notre conviction intime….C’est l’ontologie tout entière, la croyance en l’être et en la substance qui défaille" Bernard Faure, Bouddhismes, philosophies et religions.

Comment comprendre et faire comprendre cette notion d’absence de moi, de vacuité du moi, cette notion d’anatman, fondement du bouddhisme ?

Jeudi dernier l’émission télévisée "La grande Librairie" était consacrée à Tintin. Marianne Chaillan, professeur de philosophie dans un collège de Marseille, parlait de la pop philo. Ce concept inventé par Gilles Deleuze dans les années 70 repose sur l’idée d’une connexion possible entre la philosophie et la « pop culture » entendue comme l’ensemble des productions culturelles de masse du monde contemporain. A titre d’exemple Marianne Chaillan expliqua comment le diptyque Le Secret de la Licorne et Le trésor de Rackham Le Rouge pouvaient nous ouvrir à une certaine conception philosophique du bonheur

Jeudi dernier également, mon prof. de guitare me montrait une vidéo de Thomas Dutronc sur sa chanson « Qui je suis ? ». Ce fut l’illumination subite. Je venais à la fois de comprendre la notion d’anatman et le Chan (Zen au Japon).

Voici quelques paroles de cette chanson :

Je suis qu'un reflet pour la glace.
Un CV pour la place,
Un ange pour ma grand-mère,
Un grain de poussière pour l'univers.
Je suis qu'un compte pour ma banque,
X pour la file d'attente
.
Toutes ces étiquettes
Qu'on me colle sur le dos, ça m’inquiète...
Oh, j'aimerais tant savoir si un jour,
Je pourrais savoir qui je suis...

J'aimerais tant savoir si un jour,
Je pourrais savoir qui je serons, qui je fus,
Qui je suis quand je ne suis pas dans ton lit !
Je suis qu'un beauf' pour ta sœur

Qui je suis quand je ne suis pas,
Qui nous sommes quand je ne suis pas,
Qui tu es quand je ne suis pas dans ton lit ...


On ne peut mieux décrire la notion d’impermanence du moi, d’absence, de vacuité du moi. La vidéo renforce cette compréhension. On voit plusieurs Thomas illustrant le pluriel « qui je serons ... ».

Je vous invite à écouter cette chanson qu’aurait aimée Gautama Sâkyamuni. En plus pour les amateurs de guitare un beau solo de cet instrument.




Si vous n’avez pas pu voir l’émission télévisée vous trouverez ci-dessous un extrait où Marianne Chaillan nous parle de la pop philo et de Tintin.



Jean-Louis


4 commentaires:

Françoise a dit…

Merci, c'est très riche tout çà, je le lirai plus attentivement mais je pense dès maintenant qu'il y a de quoi creuser. Quand animes-tu un café philo? ou plutôt un thé philo chinois?

Jean-Louis a dit…

A réfléchir ...Mais y aurait-il des personnes intéressées ?
Jean-Louis

Françoise a dit…

On va voir...

Jean-Louis a dit…

Je signale aux personnes intéressées que la semaine prochaine (du 17 au 22 octobre) aura lieu, à Marseille, la semaine de la pop philosophie avec la magie pour thème central.
Dans ce cadre une conférence sera donnée à l'Alcazar le 19 Octobre par Gérard Berry, professeur au Collège de France.
Jean-Louis