mardi 4 novembre 2014

Que faire quand il pleut ?

Que faire de soi-même et du temps, quand il pleut
Comme pour un nouveau déluge, et qu'on ne peut
Aller voir ses amis et qu'il faut qu'on demeure ?


Comme Théophile Gautier, je n’ai pu aller voir mes amis aujourd’hui, Zeus, le dieu de la pluie et du tonnerre, ayant décidé d’arroser la Provence.Alors que faire quand il pleut ? Comme l’auteur du Capitaine Fracasse, on peut écouter le son de l’eau :

Moi, j'écoute le son de l'eau tombant dans l'eau.

Mais l’on peut aussi écrire des articles sur notre blog, par exemple en comparant des poèmes français et chinois écrits sur la pluie. C’est une chose facile et l’on a que l’embarras du choix tant la pluie a inspiré les poètes.

J’en ai choisi deux aujourd’hui. Le poème chinois est de Mo-qi Yong (XI° siècle). Le poème français est Marc-Antoine Girard de Saint-Amant. Au départ je voulais citer un magnifique poème de Paul Claudel. J’ai finalement opté pour le poème de Saint-Amant car il contient presque mot pour mot la même image que le poème chinois : celle de la pluie tombant sur le feuillage. Mais pour le poème de Claudel, ce n’est que partie remise. Je ne doute pas que Zeus ressorte bientôt sa foudre et la pluie pour me permettre de vous le présenter.

Voici le poème chinois :


Il est difficile pour un Français qui ne parle pas chinois d’apprécier à sa juste valeur un poème chinois. Pourtant ici même sans comprendre la langue on peut être sensible à la répétition, à la musique des sons que l’on trouve dans les premiers vers :
Yi sheng sheng
Yi geng geng
Qui me semble t-il évoque bien le goutte à goutte de la pluie.

La pluie sur l’air de « On languit d’amour » de Mo – qi Yong (11° siècle)
Ronde après ronde
Et goutte à goutte,
La pluie inonde
La belle voûte de feuillage frêle.
Quel crève-cœur
De se mettre
A la fenêtre
A la lueur
De la chandelle !

Je ne peux m’endormir
Ni endormir mes chagrins.
Sans souci de l’ennui
Qu’elle apporte,
La pluie
Tombe jusqu’au matin
Devant la porte.

Extrait de l'anthologie 300 poèmes chinois classiques (Edition de l'Université de Pékin)


Voici un extrait du poème de Saint-Amant
La pluie
Payen, sauvons-nous dans la salle,
Voilà le nuage crevé ;
Ô Comme à grand flots il dévale,
Déjà tout est abreuvé ;
Mon Dieu ! quel plaisir incroyable !
Que l’eau fait un bruit agréable
Tombant sur ces feuillages verts !
Et que je charmerais l’oreille,
Si cette douceur non pareille
Se pouvait trouver en mes vers.


A bientôt,
Jean-Louis

1 commentaire:

Nicole a dit…

Merci à la pluie qui nous permet d'apprécier ces poèmes.