jeudi 4 septembre 2014

C'est la rentrée

La rentrée c’est une période pleine de promesses où l’on rencontre de nouvelles personnes, où l’on forme des projets. Et ceux-ci-sont nombreux pour Chinafi comme vous pourrez le constater en lisant les prochains articles du blog.

Mais la rentrée c’est aussi une période un peu nostalgique qui invite à une rêverie que je vous propose de partager. La rentrée c’est la fin des vacances, des rondes, des jeux avec les cousins et les cousines, du vert paradis des amours enfantines dont on garde le souvenir même lorsque l’on est plus enfant :

Mais le vert paradis des amours enfantines,
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,
- Mais le vert paradis des amours enfantines,

L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine ?
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l'animer encor d'une voix argentine,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs ?
Baudelaire, Les Fleurs du mal, Moesta et errabunda


Vert paradis plus loin que l’Inde et que la Chine. C’est ce que chantait Qing chun wu qu (La jeunesse) que connaissent bien les fidèles lecteurs de ce blog et les fans de notre chorale.



Jie m’a dernièrement transmis une chanson française de Guy Bontempelli qui fait un peu écho à La jeunesse. Je ne connaissais pas cette chanson. Comme quoi il faut parfois faire un détour par la Chine pour découvrir les chansons françaises. En voici un couplet :

Nous n'irons plus au bois 我们不再去树林
Chercher la violette 寻找紫罗兰
La pluie tombe aujourd'hui 今天下着雨
Qui efface nos pas 洗去了我们的脚步
Les enfants ont pourtant 可是孩子们
Des chansons plein la tête 满脑子都是歌
Mais je ne les sais pas 我却一无所知
Mais je ne les sais pas 我却一无所知



Cette chanson fait bien sûr allusion à une comptine que tous les Français connaissent. Mais ce que l’on sait peut-être moins c’est que Nous n’irons plus au bois les lauriers sont coupés aurait été écrit par la marquise de Pompadour.

Cette ronde a servi d’hypotexte à un grand nombre de poèmes et de chansons. En voici un que j’aime bien :

Nous n’irons plus au bois
Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés.
Les Amours des bassins, les Naïades en groupe
Voient reluire au soleil en cristaux découpés
Les flots silencieux qui coulaient de leur coupe.
Les lauriers sont coupés, et le cerf aux abois
Tressaille au son du cor ; nous n’irons plus au bois,
Où des enfants charmants riait la folle troupe
Sous les regards des lys aux pleurs du ciel trempés,
Voici l’herbe qu’on fauche et les lauriers qu’on coupe.
Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés.
Théodore de Banville, Les Stalactites,

Gérard de Nerval en route vers l’Orient écrivait :
"…N’ont-ils pas dans leur langue aussi quelque chanson naïve correspondant à cette ronde de nos jeunes filles, qui pleure les bois déserts et les lauriers coupés ?" (Gérard de Nerval, Voyage en Orient)

Comme Gérard de Nerval, je me pose cette question : « ami(e)s chinois(e)s existe-t-il dans votre langue une chanson correspondant à la ronde française qui pleure les bois déserts et les lauriers coupés ? »
Bonne rentrée à tous.
Jean-Louis

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