mardi 8 avril 2014

Van Gogh à Saint Paul de Mausole

La chambre de Van Gogh à Saint Paul de Mausole
 
A la suite de plusieurs crises liées à des troubles psychiques, Van Gogh est admis à la maison de santé de Saint Paul de Mausole en mai 1889. L’hôpital est installé dans un monastère de style roman qui doit son nom à la proximité du mausolée de Glanum. Ce monastère est situé dans un des plus beaux lieux de Provence, au pied des Alpilles, non loin des ruines romaines des Antiques et du village de Saint Rémy de Provence.

On peut visiter à Saint Paul de Mausole: le beau cloître roman classé, la reconstitution de la chambre d'hospitalisation de Van Gogh, la galerie d'Art Valetudo, le champ que Van Gogh contemplait de sa fenêtre et qu’il peignit à quatorze reprises, le parcours botanique, l'historique des soeurs de l'institut Saint Joseph qui œuvrent dans l'établissement depuis le 19ème siècle, les agrandissements des tableaux de Van Gogh peints en ces lieux.


Plus d’informations et de photos sur le site de Saint Paul de Mausole :
Pendant l’année de son séjour à Saint Paul, Van Gogh réalisa plus de 150 peintures ou dessins. Le peintre considérait son art comme « un paratonnerre pour sa maladie ». Cette idée est mise en application aujourd’hui dans l’institut Valetudo de Saint Paul qui a pour mission de soigner les personnes souffrant d’affections psychiatriques à l’aide d’ateliers d’art-thérapie.
J’ai choisi  de vous présenter deux des œuvres les plus célèbres peintes par Van Gogh à Saint Paul de Mausole : Iris et La nuit étoilée.
Iris
 

 
 
Pendant les premiers temps de son séjour, Van Gogh ne peut sortir de l’ancien couvent. Le peintre s’attache alors à l'étude détaillée des moindres recoins du monastère, notamment du jardin. Il faut imaginer Van Gogh plantant son chevalet dans l’allée menant au cloitre. Les autres malades viennent le voir. Le peintre écrit : « Quand je travaille dans le jardin, ils viennent tous me regarder, et je vous assure qu'ils sont d’une discrétion et d’un savoir vivre  - plus que les bonnes gens de la ville d'Arles ». Van Gogh arrive à Saint Paul au mois de mai. C’est la saison des iris qui, avec les tournesols, seront un des thèmes préférés de l’artiste. Les critiques voient dans ce tableau l’influence de la peinture japonaise, ukiyo-e, peinture du monde flottant. Ici les iris sont représentés en pleine terre. La scène est une symphonie de couleurs vibrantes avec les magnifiques pétales d'iris violets dominent le riche sol rouge et les soucis de couleur orange vif dans le fond. Monet disait « Comment un homme qui aimait les fleurs et la lumière à ce point et les rendait si bien a-t-il pu être aussi malheureux ? » Notez l’iris blanc sur la gauche du tableau. Il a donné lieu a bien des spéculations. Peut-être Van Gogh au milieu des autres pensionnaires ? Il est amusant de savoir que le peintre considérait ce tableau comme une esquisse alors que c’est maintenant une des toiles les plus reproduites dans le monde. Elle a atteint l’enchère la plus élevée de l’histoire (54 millions de dollars).
 
La nuit étoilée.

 
Dès son arrivée à Arles, le 8 février 1888, la représentation des "effets de nuit" constitue une préoccupation constante pour Van Gogh. Au cours de l'été 1888, alors qu’il se promène de nuit aux Saintes-Marie-de-la-mer, le peintre est attiré par le spectacle insolite des lumières des lampadaires qui se reflètent dans l’eau. Il a alors l’idée de peindre et représenter des paysages nocturnes juste éclairés par la lumière des étoiles et celle artificielle des lampadaires. La représentation de scènes nocturnes peut sembler paradoxale pour un peintre passionné de couleurs franches comme l’était Van Gogh. Il en donne la raison dans une lettre à sa sœur  "Souvent, il me semble que la nuit est encore plus richement colorée que le jour"
Il réalise alors une série de tableaux de nuit La terrasse d'un café sur la place du forum à Arles, La nuit étoilée sur le Rhône et la fameuse Nuit étoilée peinte à Saint Paul présentée ici.
      Au premier plan, sur la gauche, un cyprès s’élève comme une flamme et fait le lien entre la terre et le ciel.
      Au second plan, au centre et à droite  un petit villageSaint Rémy en Provence, un clocher, des habitations, des arbres et la colline des Alpilles.
      Au troisième plan un beau ciel étoilé où les astres tourbillonnent.
On a parfois dit que cette œuvre était morbide et annonçait le suicide de Van Gogh. En fait ce que souhaite le peintre avec ces volutes et tourbillons c’est nous aspirer dans la nature comme lui-même se sent aspirer «  jusqu’à l’extrême point où le vertige est inévitable » (lettre de Théo à Vincent) car il perçoit la force cosmique qui y réside.
En contemplant ce tableau on comprend la remarque de Van Gogh « la nuit, le ciel est « d’un bleu profond », les nuages « d’un bleu encore plus profond », les étoiles « sont claires et diamantées ». L’œuvre est censée représenter une vue de la chambre de l’artiste. Elle doit, en fait, beaucoup à son imagination.  « Au lieu d'essayer de reproduire exactement ce que je vois devant moi, je me sert arbitrairement de la couleur pour m'exprimer avec plus de force. »
Ce faisant il ouvre la voie au fauvisme et à l’expressionnisme. (Voir par exemple, la proximité de cette œuvre avec Le Cri de E. Munch)
Cette toile a inspiré une pièce musicale au compositeur Henri Dutilleux : « Timbres, espaces et mouvement ou la nuit étoilée » créée en 1978 par Rostropovitch. Vous trouverez une analyse intéressante des rapports entre ce tableau et la pièce musicale dans le blog « musiquethomasmann » :
Je vous laisse apprécier cette pièce (en deux parties)  à écouter en regardant les étoiles, musique qui traduit la sensation de vertige dont parlait Théo Van Gogh.
Jean-Louis



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