vendredi 7 juin 2013

Marseille, capitale de la culture : du MUCEM au festival du film chinois





J’espère que notre amie Anne me pardonnera cette comparaison, mais il me semble qu’elle a plusieurs points communs avec Tintin, mon héros préféré de bandes dessinées. Comme lui infatigable globe-trotter, comme lui un grand reporter. C’est à elle que nous devons les photos du Mucem et de la digue du large.

La journée commença en effet par la visite de ces lieux splendides. Je vous parlerai peu du Mucem et de son environnement certainement l’un des plus beaux que j’ai jamais vus. Nous sommes montés jusqu’à la place d’armes du fort Saint Jean qui sera le lieu de futurs concerts, avons fait le tour du chemin de ronde d’où l’on a une vue exceptionnelle sur Marseille et le Vieux-Port. On ne peut que féliciter les architectes, les paysagistes qui ont eu cette vision d’ensemble et qui ont su intégrer les nouveaux bâtiments dans les ressources existantes. Le Mucem, vous irez bien sûr. Prévoyez plusieurs visites tant sont riches les expositions (qui raviront l’ethnologue) dont nous n’avons eu qu’un bref aperçu. Ce qui m’a frappé, lors de la présentation de la programmation, c’est le formidable lieu de vie que va devenir le musée avec un nombre impressionnant de concerts, de conférences, de rencontres diverses. L’après midi nous avons pris la petite navette qui conduit à la digue du large enfin rendue au public. Un beau lieu de promenade entre mer et ville orné des sculptures de Kadder Attia sur lesquelles on peut marcher comme sur les terrasses d’une ville.

Et puis, en fin de journée, ce fut bien sûr la soirée de gala du festival du film chinois à l’UGC Prado avec la présentation d’un beau film inédit en France : Feng shui, en présence du réalisateur et de l’une des actrices du film. Avant de vous parler du film, je voudrais vous dire deux mots concernant nos amis qui ont participé à l’animation de cette soirée. Cécile et Olivier tout d’abord qui ont été pour beaucoup dans l’organisation et la communication de ce festival, communication efficace cette année comme on a pu le mesurer au taux de remplissage de la grande salle pratiquement complète. Françoise avait bien fait les choses pour nous présenter le thé : une table fort joliment décorée et deux charmantes assistantes : Emilie et Ludivine. Nous avons retrouvé avec plaisir nos musiciens favoris : Olivier et Zhou Feng au hulusi et Wang Zhao au pipa. Tingting a effectué une merveilleuse danse du Yunnan.

Alors le film. Je pense que le réalisateur a bien remplit son objectif : ne pas noircir mais aussi ne pas enjoliver une certaine réalité sociale. On retrouve l’ambiance des rues lorsque l’on se promène dans une ville chinoise. On retrouve l’atmosphère, la réalité décrite dans les romans contemporains : je pense, par exemple, aux livres de Mo Yan ou à ceux de Chi Li, cette grande romancière originaire elle aussi de Wuhan, ville où se passe le film. Le film c’est avant tout le portrait d’une mère chinoise avec ses défauts mais aussi son exceptionnel courage et son abnégation pour son fils. En comparaison, un peu paradoxalement dans ce pays fortement imprégné par le machisme (mais ce n’est pas le seul), les hommes apparaissent un peu falots. On retrouve ce paradoxe notamment dans l’admirable Beaux seins, belles fesses de Mo Yan.

Dans la voiture, Tingting nous demandait ce qui nous avait choqués dans ce film. Ce qui m’a choqué ou plutôt ce qui m’a surpris c’est la tension qui existe chez l’héroïne du film, tension qui va engendrer la tragédie plus sûrement que la position de l’appartement au regard du feng shui. Tingting explique cette tension par la compétition qui existe en Chine entre les individus. Bien sûr la compétition existe dans tous les pays. Elle est aggravée dans les pays émergeants où la fracture sociale est plus importante. Le caractère de Baoli s’explique sans doute par ce combat pour la vie. Elle voulait le meilleur pour sa famille jusqu’en en devenir obsessionnelle. Sans doute a-elle voulu pousser son mari un peu mou, comme elle a poussé son fils. Elle deviendra manutentionnaire pour payer des études à son fils mais n'aura plus le temps de lui offrir l'affection dont il a besoin. Mais a trop vouloir gagner elle a tout perdu. Son mari se suicide, son fils la rejette avec brutalité. Peut-être la carapace qu’elle a dû se forger pour ce combat va se fissurer au contact d’un groupe de jeunes fêtant un anniversaire. Alors qu’elle a tout perdu elle va encore rebondir. On la voit dans la dernière image pousser une lourde camionnette en panne, comme elle continuera à surmonter les difficultés de la vie.

Après le film, le réalisateur et l’actrice ont répondu avec précision aux nombreuses questions de l’assistance. Un grand merci à l’équipe du film. Un grand merci aux organisateurs de ce festival et au sympathique directeur du Prado (Fred, je crois). A l‘année prochaine.

Une belle journée très riche comme peut en offrir désormais Marseille à l’égal des grandes capitales culturelles.
Jean-Louis

1 commentaire:

pascale a dit…

Très jolies photos du Mucem Merci à Anne!