mercredi 14 avril 2010

Rencontres


Je cheminais sur les sentiers de Fontblanche avec une amie chinoise et un ami américain. La jeune femme nous disait son admiration pour l’œuvre de Sartre et de Camus. Elle venait de lire avec enthousiasme les Mots.
Cet hommage rendu par une chinoise au philosophe français m’a semblé particulièrement intéressant car, hasard des rencontres, hasard des lectures, je découvrais récemment un passage du Confucius de Jean Lévi où celui-ci parle également de l’autobiographie de Jean-Paul Sartre.

Pour Jean Lévi, Sartre est l’aboutissement et Confucius le point de départ de deux traditions antithétiques. La tradition dont Sartre est l’héritier est, pour reprendre les termes d’Anne Cheng, la tradition du « savoir quoi » alors que Confucius est la point de départ d’une conception du « savoir comment ».

La première, inaugurée par Platon, vise à la recherche de la vérité (savoir quoi) à travers la construction de systèmes philosophiques. La seconde, directement branchée sur l’action (savoir comment), vise à diriger sa vie et à aménager l’espace social et cosmique à bon escient. La première valorise le langage, le raisonnement discursif, elle divinisera le Logos et assimilera le Verbe à Dieu. La seconde placera dans le silence son idéal. « Je voudrais ne plus parler », « Le Ciel parle t-il ? » dit Confucius dans les Entretiens préférant, comme système pédagogique, l’exemple au discours.

Confucius exprime sa hantise à voir ses mots excéder ses actes : « Les Anciens étaient avares de mots par crainte de ne pouvoir les confirmer dans leurs actes » Les Entretiens, IV.22. Il ira jusqu’à donner sa nièce en mariage à un certain Nan-Jong parce qu’il avait pris pour devise ces vers du Livre des Odes : « un défaut dans une tablette de jade peut être corrigé, mais non un écart de langage ». Les Entretiens, XI,5.

Voilà. J’ai trouvé particulièrement émouvant de voir se croiser les chemins du philosophe français et du sage chinois comme nous croisons avec Chinafi, à l’occasion de rencontres éphémères, des amis qui sont partis ou vont partir vers de nouveaux horizons mais qui nous ont beaucoup apporté et continuerons, nous en sommes sûrs, à le faire.
Et puisque nous parlons d’amitié, je voudrai profiter de ce message pour envoyer un amical bonjour à la lectrice assidue du blog qui fait grandir le point rouge au dessus de la Corée et qui se reconnaitra.
Jean-Louis

1 commentaire:

Nicole toujours aussi curieuse a dit…

Oui ils arrivent et repartent et les départs sont difficiles.
les interventions ou les visites de nos chers amis partis SUR NOTRE BLOG nous les rendent présents le temps d'une lecture.
Mais qui est donc cette lectrice mystère?