mercredi 3 juillet 2013

La chorale à l'Estaque



Georges BRAQUE, Viaduc de l'Estaque, 1908



Voici l’été, voici les vacances pour notre chère chorale aussi. Le tempo de la rue Falque a fermé ses portes jusqu’au mois de septembre. C’est le moment de profiter des plaisirs de la mer : la plage et les sorties en bateau.
Ce mardi nous avons décidé de prendre la navette de la RTM qui conduit à l’Estaque. Lorsque l’embarcadère ouvre ses portes notre petit groupe de 19 chanteurs envahit l’avant du bateau. Et nous voici partis traversant le Vieux-Port dépassant ou croisant de petites embarcations. Nous doublons le fort Saint Jean, le Mucem et la digue à la mer sur notre droite, le Pharo sur notre gauche. Nous passons devant le port de la Joliette où les gros ferrys attendent de lever l’ancre pour la Corse ou l’Afrique du Nord et nous longeons la côte en direction de l’Estaque. Le paysage est magnifique. Nicole avait eu la bonne idée d’emmener un bocal de carottes qui circule de mains en mains. Une petite fille veut aussi en goûter en échange de quelques popcorns. L’ambiance maritime nous inspire et nous reprenons tous en chœur Santiano.

Nous approchons de notre destination, nous apercevons le clocher de l’Estaque. De belles grues se dressent pour nous accueillir. Nous dépassons le port et nous accostons dans un endroit bien aménagé orné de petits palmiers. Des enfants s’en donnent à cœur joie sous les jets d’eau. Nous partons en direction du sentier des peintres saluant au passage la villa Palestine. Nous gravissons les rues étroites du village jusqu’à la place de l’église où une plaque signale la maison que Cézanne occupa pendant ses séjours à l’Estaque de 1870 à 1882. De cette place on découvre la baie de Marseille et l’on comprend ce qui fascina Cézanne, Braque, Derain, Dufy et tant d’autres. Un peu plus haut on trouve de vieilles bastides aux noms évocateurs : « La Souvenance »… Nous remarquons l’enchevêtrement des maisons et des toits aux formes géométriques qui explique que ce paysage ait pu inspirer les premiers tableaux cubistes. Un arrêt devant l’ancien hôtel de la Falaise où séjournèrent George Sand, Paganini. Braque et Marquet y travaillèrent. J’ai voulu faire découvrir à nos amis le viaduc peint par Braque en 1908 que j’avais vu au mois de septembre dernier avec Olivier. En regardant ce paysage, je me souviens de ma visite à la fondation Regards de Provence. La conférencière nous avait expliqué que l’école des peintres provençaux dont Emile Loubon fut un des chefs de file, avait résolument tourné le dos à la modernité refusant, par exemple, de peindre le pont transbordeur, préférant représenter les paysages traditionnels de la Provence : les bergers avec leur troupeaux, les garrigues … Les impressionnistes, les cubistes, au contraire, choisissent leurs motifs dans le monde industriel naissant tel qu’on peut le voir à l’Estaque au tournant du XIX° et du XX° siècle : les cheminées d’usines, les viaducs, les chemins de fer, les carrières …

Mais après les nourritures spirituelles, il faut penser aux nourritures terrestres et nous nous dirigeons vers la seule échoppe de chichis ouverte où une queue impressionnante nous attend. Mais le temps passe vite en se demandant comment nous allons agrémenter nos chichis. Au sucre, au nutella ou à la chantilly ? Je conseille un mélange des trois. J’assiste au combat entre la gourmandise et l’élégance (la peur de prendre du poids). Mais il faut pouvoir dire, quand on rentrera, en Chine wo che chichis le… et nous emportons chichis et panisses.

Le voyage du retour fut encore, si c’est possible, plus beau qu’à l’aller. Nous occupons cette fois l’arrière du bateau. Quelle ambiance ! Il faut avoir vu Eric, Jacques et Michel assis côte à côte, se balançant de droite à gauche. Tandis que les lumières de l’Estaque s’éloignent dans le sillage du bateau nous offrons une véritable aubade aux passagers qui viennent nous voir intrigués et reprennent avec nous les chansons françaises. L’arrivée sur le port est magnifique. Le Mucem scintillant de lumières bleues, le Pharo illuminé en jaune et en rouge. C’est à couper le souffle. En descendant une passagère nous remercie pour notre concert.

Il y a quelques années une collègue de travail, une amie était venue me trouver dans mon bureau. Elle venait me montrer un petit encart de Marseille-hebdo où l’on parlait d’une association d’amitié franco-chinoise. Pour la première fois je lisais le nom de Chinafi. Ce soir je la remercie.
Jean-Louis

PS le second diaporama m'a été transmis par Yixin. Un grand merci à elle.

3 commentaires:

Françoise a dit…

Il me semble que, si cela est possible, les reportages sont de plus en plus réussis, ils peuvent servir de guides si l'on refait ces sorties avec d'autres personnes, en tout cas, je ne m'en priverai pas (avec ton autorisation, Jean-Louis!)
La mer, les chants, le patrimoine culturel de l'Estaque et ...les chichis, tout cela fait une super soirée. Merci à tous et à bientôt.

Nicole a dit…

Le talent de reporter et chroniqueur de JLC ne sont plus à démontrer.
Mais on se demande parfois à quoi il pense, hier il avait oublié non seulement son portable mais également de recharger la batterie de son appareil photo!!!
Qu'à cela ne tienne une étudiante photographe nous passera ses photos, c'est la magie de Chinafi, que des solutions, pas de problèmes.

Jean-Louis a dit…

C'est vrai ! Je n'ai pas pu prendre de photos de la magnifique arrivée au Vieux-Port ni de vidéos de notre petit concert ou encore d'Eric et Jacques chantant "Petit papa Noël" un grand moment.
J'attends les photos de l'étudiante photographe. Dès qu'elles me parviendront je les ajouterai à mon message pour compléter le diaporama.
Jean-Louis