dimanche 26 juin 2011

Jun Jun et Victor



Nous nous étions donc réunis, ce samedi 25 juin, pour entendre Jun Jun nous parler des grands courants de la pensée chinoise et pour célébrer le départ de Victor.
Tout d’abord un grand merci à Françoise et aux responsables de la mairie du 6°/8° pour avoir trouvé cet espace sympathique situé au 36 de la rue Falque et un grand merci à Dan de l’avoir loué.

Mais venons-en au programme de la journée.
Jun Jun eût raison de commencer son intervention par cette phrase du Laozi :
Le Dao qui peut se dire n’est pas le Dao constant
Le nom qui peut se nommer n’est pas le nom constant


Cette phrase explique beaucoup de choses. Notamment qu’il est difficile d’appréhender la pensée chinoise avec nos catégories. Contrairement au discours philosophique hérité des penseurs grecs qui éprouve le besoin constant de rendre compte de ses fondements et propositions, la pensée chinoise préférera s’exprimer sous forme d’aphorismes comme on peut le voir dans les Entretiens de Confucius. On comprend pourquoi Hegel, champion de la pensée discursive, se méprenant du tout au tout sur le projet de Confucius, a pu s’exclamer à la lecture des Analectes « Voilà un Monsieur qui aurait gagné à ne pas être traduit ».

Jun Jun a brossé les grandes lignes des trois enseignements : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. A cet habituel tiercé gagnant il a ajouté un outsider : Maître Mo, Mozi. Sur la forme, une introduction très vivante bourrée d’anecdotes avec peut-être quelque chose d’inachevé. Qu’on ne se méprenne pas sur ce terme. L’inachèvement a toujours été une valeur prônée par les peintres chinois car elle permet à l’imagination des spectateurs de s’exercer. Et là, le caractère un peu inachevé de cette intervention à permis un flot nourri de questions, ce que ne permettait pas mes conférences sans doute trop travaillées (du genre gongbi), en quelque sorte un peu fermées.
En tout cas bravo à Jun Jun et à son intervention qui donne envie d’aller plus loin avec lui.

Finalement, en y réfléchissant, nous critiquons parfois l’aspect un peu « inachevé » de l’organisation de Chinafi. Nous avons besoin d’être rassurés par une planification. Mais cet « inachèvement » ne permet-il à tous les talents de s’exprimer ?

Puis, ce fut un petit moment d’émotion avec le cadeau offert à Victor, une belle peinture chinoise. En six mois, Victor, tu as su te faire apprécier par ton efficacité, ta gentillesse et ta disponibilité. Tu as su t’adapter aux fortes personnalités contrastées de Chinafi et tu étais devenu un interlocuteur qui risque de nous manquer dans les prochains mois. Bon vent à toi et suivant la jolie formule chinoise « calme au long de la route » qui dans un premier temps va te mener à Lyon, une étape, je n’en doute pas, avant la Chine. J’espère que les projets que tu as initiés, notamment la plateforme interactive sur le site de Chinafi, seront poursuivis malgré ton départ.

Vint ensuite le temps des ateliers qui connurent un vif succès. Atelier du thé animé par Françoise, atelier de mahjong animé par Tingting, atelier du jeu de go animé par Kao Ke, atelier de calligraphie animé par Weiyi. Là aussi ces ateliers ont donné envie d’aller plus loin dans certaines activités.

Puis une place a été réservée à la musique. Ce fut d’abord notre chère chorale qui interpréta deux chansons chinoises et deux chansons françaises. Mon Dieu, je crois que nous n’avons pas été trop ridicules puisque j’observais du coin de l’œil les signes approbateurs de Danielle, pourtant tours très exigeante. Il est vrai que nous avions reçu le renfort de nouveaux talents qui nous l’espérons viendront nous rejoindre lors de nos prochaines répétitions.
Ce fut ensuite un petit mais très agréable concert de hulusi que nous ont offert Olivier et Su Xiaoqi. Nous avons pu mesurer les progrès de Xiaoqi. Il est vrai qu’elle a un bon professeur.
Olivier nous a signalé deux dates importantes : le 18 août un concert à Saint Saturnin d’Apt dans le cadre des musiques du monde et le 18 septembre pour un second concert. Je n’ai pas retenu le lieu. Mais Olivier ne manquera pas de donner toutes les précisions voulues le moment venu.

Nous avons terminé la soirée dans l’agréable cour intérieure du tempo, autour d’un sympathique buffet offert par Chinafi auquel s’étaient ajoutés quelques plats et boissons amenés par les participants. Ce fut l’occasion de faire de nouvelles connaissances, de voir ou revoir certaines personnes qui se font trop rares.

Cette journée fut un peu un condensé de la vie de Chinafi. Beaucoup de rencontres. Mais Jun Jun nous l’a rappelé une chose ne va pas sans son opposé complémentaire. La rencontre ne va pas sans la séparation. C’est ce que nous dit ce poème de Li Shangyin venu du fond des âges : Les rencontres difficiles, les adieux plus encore.
On peut d’ailleurs se demander si l’art et les chansons n’ont pas été inventés pour conserver le souvenir :
hao zai ceng jing yong you nimen de chun qiu he dongxia
heureusement il reste les souvenirs passés avec vous


Qu’on me permette un vœu, au terme de cet article trop long. Que Chinafi puisse toujours rester le lieu des copains de Victor, des copains d’abord.
Jean-Louis

4 commentaires:

Françoise a dit…

Merci Jean-louis pour ce compte rendu auquel il n'y a vraiment rien à rajouter, sinon espérer que cela inaugure d'autres rencontres de ce type.

bzh a dit…

Cher Jean-louis, ta description exhaustive me fait encore regretter davantage d'avoir "raté" les deux premières heures de cette agréable et toujours enrichissante rencontre..

Nicole a dit…

Je vais revenir sur la notion d'inachevé et plus encore d'inorganisé.
J'ai constaté dès la sortie de dimanche que laisser une (grande) place à l'improvisation est notre spécificité et sans elle effectivement Chinafi ne serait plus vraiment Chinafi.
On prévoyait de partir à 29 et finalement nous étions 43...

Victor a dit…

Merci Jean-Louis pour cet article et tes encouragements.
Je tiens moi aussi a remercier CHINAFI et l'ensemble des personnes que j'ai pu croiser lors de ce stage. Cette expérience a été très enrichissante, et je dois dire que le coté "improvisation" a donné du piquant a cette expérience et est loin de me déplaire.
Quoi qu'il en soit, je ne manquerai pas de suivre l’évolution de CHINAFI, de la-bas, a Lyon, dans le "nord" de notre midi. Je ne manquerai pas non plus de repasser vous voir a l'occasion de mes séjours sur Marseille.
Encore un grand merci a tous pour votre accueil très chaleureux dans cette structure, et bon vent a tous sur ce qui n'est pas - loin de la - le radeau de la méduse!
Victor

PS: comme d'habitude, vous m'excuserez pour les accents omis de-ci de-la...ce bon vieux clavier americain...