vendredi 13 août 2010

Les nuages filants ...


Chinafi nous réserve toujours de belles surprises. Hier, nous n’avons pas vu d’étoiles mais de beaux nuages que le soleil couchant parait de belles couleurs roses. Nous avons, par contre, apprécié le talent de conteur de Jean-Pierre qui nous a raconté de nombreuses anecdotes, par exemple la représentation de Mireille dans le théâtre d’Orange. Nous attendons avec impatience sa conférence.
Grâce aux connaissances astronomiques (dans tous les sens du terme) de Jean-Pierre, Olivier et Loïc, nous en savons un peu plus sur les trois belles de l’été, la constellation du Cygne, Orion et bien d’autres …Faute de les contempler dans le ciel nous les avons regardés sur l’ordinateur de Jean-Pierre qui nous a fait découvrir un site fort intéressant qui montre les différentes étoiles et constellations que l’on peut voir (s’il fait beau) dans un lieu et une heure donnés. Peut-être cher Jean-Pierre pourrait tu nous donner les coordonnées de ce site. Cette nuit m’a donné envie d’en savoir un peu plus sur les étoiles et d’être capable de les reconnaitre.
Bref une soirée fort sympathique où nous avons partagé la pâte de coing d’Olivier, le vin blanc de Jean-Pierre et le Grand Marnier de Nicole. Heureusement les gendarmes étaient allés se coucher …
Jean-Louis

PS. La photo et un extrait d'une nouvelle d’Alphonse Daudet m’ont été communiqués par Jean-Pierre


Les étoiles.

...
Cependant la nuit était venue tout à fait. Il ne restait plus sur la crête des montagnes qu’une poussière de soleil, une vapeur de lumière du côté du couchant.
Je voulus que notre demoiselle entrât se reposer dans le parc. Ayant étendu sur la paille fraîche une belle peau toute neuve, je lui souhaitai la bonne nuit, et j’allai m’asseoir dehors devant la porte… Dieu m’est témoin que, malgré le feu d’amour qui me brûlait le sang, aucune mauvaise pensée ne me vint; rien qu’une grande fierté de songer que dans un coin du parc, tout près du troupeau curieux qui la regardait dormir, la fille de mes maîtres –comme une brebis plus précieuse et plus blanche que toutes les autres reposait confiée à ma garde. Jamais le ciel ne m’avait paru si profond, les étoiles si brillantes.
Tout à coup la claire-voie du parc s’ouvrit, et la belle Stéphanette parut. Elle ne pouvait pas dormir. Les bêtes faisaient crier la paille en remuant, ou bêlaient dans leurs rêves. Elle aimait mieux venir près du feu.
Voyant cela, je lui jetai ma peau de bique sur les épaules, j’activai la flamme, et nous restâmes assis l’un près de l’autre sans parler. Si vous avez jamais passé la nuit à la belle étoile, vous savez qu’à l’heure où nous dormons, un monde mystérieux s’éveille dans la solitude et le silence. Alors les sources chantent bien plus clair, les étangs allument des petites flammes. Tous les esprits de la montagne vont et viennent librement; et il y a dans l’air des frôlements, des bruits imperceptibles, comme si l’on entendait les branches grandir, l’herbe pousser. Le jour, c’est la vie des êtres; mais la nuit c’est la vie des choses. Quand on n’en a pas l’habitude ça fait peur… aussi notre demoiselle était toute frissonnante et se serrait contre moi au moindre bruit. Une fois, un cri long, mélancolique, parti de l’étang qui luisait plus bas, monta vers nous en ondulant. Au même instant une belle étoile filante glissa par-dessus nos têtes dans la même direction, comme si cette plainte que nous venions d’entendre portait une lumière avec elle.
-Qu’est-ce que c’est? me demanda Stéphanette à voie basse.
-Une âme qui entre en paradis, maîtresse; et je fis le signe de la croix. Elle se signa aussi, et resta un moment la tête en l’air, très recueillie. Puis elle me dit
-C’est donc vrai, berger, que vous êtes sorciers vous autres?
-Nullement, notre demoiselle. Mais ici nous vivons plus près des étoiles et nous savons ce qui s’y passe mieux que les gens de la plaine. Elle regardait toujours en haut, la tête appuyée dans la main, entourée de la peau de mouton comme un petit pâtre céleste:
-Qu’il y en a! Que c’est beau! Jamais je n’en avais tant vu… Est-ce que tu sais leurs noms, berger?
-Mais oui, maîtresse…Tenez! Juste au dessus de nous, voilà le Chemin de saint Jacques (la Voie lactée). Il va de France droit sur l’Espagne. Plus loin, vous avez Le Char des âmes (La Grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois étoiles qui vont devant sont les Trois Bêtes, et cette toute petite contre la troisième, c’est le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie d’étoiles qui tombent ? Ce sont les âmes dont le Bon Dieu ne veut pas chez lui… Un peu plus bas, voici le Râteau ou Les Trois Rois (Orion). C’est ce qui nous sert d’horloge, à nous autres. Rien qu’en les regardant, je sais maintenant qu’il est minuit passé. Un peu plus bas, toujours vers le Midi, brille Jean de milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette étoile là, voici ce que les bergers racontent. Il paraît qu’une nuit Jean de Milan, avec les Trois Rois et la Poussinière (la Pléiade), furent invités à la noce d’une étoile de leurs amies. La Poussinière, plus pressée partit dit-on la première, et prit le chemin haut. Regardez-là, là-haut, tout au fond du ciel. Les Trois Rois coupèrent plus bas et la rattrapèrent; mais ce paresseux de Jean de Milan, qui avait dormi trop tard, resta tout à fait derrière, et furieux, pour les arrêter, leur jeta son bâton. C’est pourquoi les trois rois s’appellent aussi le Bâton de Jean de Milan… Mais la plus belle de toutes les étoiles, maîtresse, c’est la nôtre, c’est l’étoile du Berger, qui nous éclaire à l’aube quand nous sortons le troupeau et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court après Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans.
-Comment! Berger, il y a donc des mariages d’étoiles?
-Mais oui, maîtresse.
-Et comme j’essayais de lui expliquer ce que c’était que ces mariages, je sentis quelque chose de frais et de fin peser légèrement sur mon épaule. C’était sa tête alourdie de sommeil qui s’appuyait contre moi avec un joli froissement de rubans, de dentelles et de cheveux ondés. Elle resta ainsi sans bouger jusqu’au moment où les astres du ciel pâlirent, effacés par le jour qui montait. Moi, je la regardais dormir, un peu troublé au fond de mon être, mais saintement protégé par cette claire nuit qui ne m’a jamais donné que de belles pensées. Autour de nous, les étoiles continuaient leur marche silencieuse, dociles comme un grand troupeau, et par moments je me figurais qu’une de ces étoiles la plus fine, la plus brillante, ayant perdu sa route était venue se poser sur mon épaule pour dormir…


Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin. (1869). Ecrivain français né à Nîmes

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je te remercie Jean Louis pour ton commentaire qui parle beaucoup de moi. Pour voir les étoiles sur un ordinateur dans la nature j'utilise un CD "Redshift3" qu'il faut acquérir. On peut chez soi avec la liaison internet charger un autre logiciel sur www.stellarium.org. On peut ainsi connaitre où sont les planètes et où en est la Lune. J'espère que nous aurons encore l'occasion de nous retrouver sous les étoiles.
JP Lançon

jinfang a dit…

Coucou ,

Comment s'était passé hier? Je suis restée sur la route de crète de cassis jusqu'à 21h30 mais tjs pas de étoiles filantes.
Par contre, j'ai vu une merveilleux couche de soleil! Et vous?

Bisous,

你可乐 a dit…

我知道流行但是我不挖哦流云
有没有
你可乐