C'est avec un grand plaisir que nous avons pu revoir notre ex chef de chorale et toute sa petite famille.
A cette occasion on a apprécié de revoir des "anciens" avec également des enfants présents ou à venir.
Et puis voilà comme quoi une joie peut en cacher une autre, nous avons appris l'arrivée de Mathilde petite soeur de Diane.
Sachons d'ores et déjà que 2015 sera une excellente année puisque nous fêterons l'arrivée de l'année de la chèvre de bois entourés de nombreux pitchouns.
Bises et bon bout d'an à tous
Nicole
mardi 30 décembre 2014
dimanche 21 décembre 2014
Gestuelle chinoise
Comme vous avez pu le
lire dans le précédant article, dimanche dernier nous étions à la Sainte Baume.
Une photo du diaporama a peut-être attiré votre attention. En voici l’explication.
Je venais de verser un peu
de vin à ma voisine. Elle me montra comment on pouvait remercier, en Chine, la
personne qui vous a servi à boire. Vous pliez l’index et le majeur de
la main droite une fois ou deux.
Utile pour ceux qui auraient oublié 谢谢
Jean-Louis
dimanche 14 décembre 2014
samedi 13 décembre 2014
Le Dragon chez Edmond
C'était samedi dernier au Café Edmond. J'ai eu l'opportunité de présenter le service du thé traditionnel avec du Pu er particulièrement recommandé en cette saison.

Un salon de thé accueillant, des participants attentifs
du thé de Taiwan de qualité exceptionnelle
Et l'ébauche de projets pour l'année prochaine à cette adresse : club de mah jong, cercle de poésie...
Qu'en pensez-vous?
Françoise
mardi 9 décembre 2014
Comment les différents noms donnés au colchique éclairent le poème
Médée, peinture romaine
Le
poème « Les colchiques » de Guillaume Apollinaire a donné lieu à de
nombreuses études parfois fort érudites je pense notamment à celle de
Jean-Claude Coquet (in Sémiotique littéraire), à celle de Claude Lévi-Strauss
(in Le regard éloigné) ou encore à celle
de Bernard Mirgain : http://bmirgain.skyrock.com/1416015969-COMMENTAIRE-LES-COLCHIQUES-APOLLINAIRE.html
. Le lecteur curieux pourra s’y reporter.
Dans
le cadre de cet article, je me contenterai de puiser dans ces études les
informations concernant les différents noms donnés au colchique au fil des
siècles et dans différents pays. Outre
le charme des mots, nous verrons que ces noms éclairent le poème et permettent
de résoudre la petite énigme posée par la locution « Mères filles de leurs
filles ».
Le
colchique était parfois appelé veillote parce que sa floraison a lieu à
l’époque où commencent les longues veillées. Les
anciens botanistes le nommaient Filius ante patrem (le fils avant le père) car
l’apparition des fleurs précède de plusieurs mois celle des feuilles : la
première se produit à l’automne, la seconde au printemps de l’année suivante.
Cette particularité suffirait pour éclairer l’épithète « mère fille de
leurs filles ». Apollinaire était assez érudit pour avoir choisi de
remployer ces vieux termes. Il connaissait probablement aussi leur lointaine
origine mystique qui leur donne plus de saveur et les rend éminemment propres à remplir une fonction poétique. On
retrouve, par exemple, l’expression chez Chrétien de Troyes parlant de la
Vierge Marie : « Puisse vous l’accorder le glorieux père qui fit de sa
fille sa mère ! »
Venons
en maintenant à l’étymologie du mot colchique. Ce nom est dérivé de Colchide,
une région d’Asie mineure, actuelle Georgie. C’est là que vivait Médée. L’histoire
de Médée, particulièrement sombre, est
ponctuée de meurtres et de fuites. Médée, était
la fille d'Æétès, roi de Colchide. Très tôt, Médée, comme sa tante Circé,
devint une magicienne habile et une prêtresse d'Hécate. Quand les Argonautes
débarquèrent en Colchide, pour conquérir la Toison d'or, ils se heurtèrent à
l'hostilité d'Æétès, gardien du trésor. Cependant ils reçurent l'appui de Médée
qui s'était éprise de Jason. Experte en magie, elle donna à son amant un
onguent dont il devait s'enduire le corps pour se protéger des flammes du
dragon qui veillait sur la Toison d'or. Elle lui fit aussi présent d'une
pierre, qu'il jeta au milieu des hommes armés, nés des dents du dragon:
aussitôt, les guerriers s'entre-tuèrent et le héros put s'emparer de la Toison
Pour remercier Médée, Jason lui proposa de l'épouser. La magicienne s'enfuit
alors avec lui, et, afin d'empêcher Æétès de les poursuivre, elle tua son frère
Absyrtos, dont elle sema les membres sur sa route pour retarder les
poursuivants Selon la légende les colchiques seraient nés d’une goutte de poison détenu par Médée et
tombée au sol. D’Euripide à Anouilh, de Charpentier à Darius Milhaud, de
Pasolini à Lars von Trier le mythe de Médée a donné naissance à un nombre
impressionnant de tragédies, d’opéras et de films.
Guillaume Apollinaire grand connaisseur de la mythologie a
certainement pensé à cette légende en écrivant son poème. Sans doute savait-il
également que les Anglais désignent le colchique par le mot "meadow
saffran" (le safran des prés, aux vertus aphrodisiaques) et le surnomment
"naked lady »" (femme nue). Les Allemands le nomment couramment
"Herbstzeitlos" (ce qui signifie automne éternel). Dans certains
parlers dialectaux ou régionaux, le colchique se dit "nakte Jungfer"
(la vierge nue) ou bien « Nackte Hur » (la prostituée nue). La notion de nudité
associée au colchique que l’on retrouve en Angleterre et en Allemagne s’expliquant
par l'absence de feuilles vertes autour de la fleur puisque comme on l’a vu
plus haut les feuilles apparaissent après les fleurs.
J’ai maintenant une question pour
nos amis chinois : comment dit-on colchique en chinois ? Y a-t-il des
légendes attachées à cette fleur ?
Ce poème est peut-être un peu dérangeant car l’amour y rime avec
souffrance, Eros avec Thanatos. Cela s’explique par des éléments biographiques :
placé juste après “La chanson du mal aimé”, il appartient au
« Cycle d’Annie » en souvenir de son amour malheureux pour Annie Playden.
Mais maintenant, toutes choses apaisées et sublimées et pour reprendre les mots
de Marguerite Yourcenar et d’Aragon peut-être peut-on pardonner aux colchiques
et à Médée comme « on pardonne à l’amour qui fait tant souffrir » car
« la souffrance engendre les songes comme une ruche ses abeilles » :
un poème, un air de guitare, un opéra.
Pour terminer cet article revenons à notre question :
faut-il expliquer un poème ? Les différents noms donnés au colchique nous
ont conduits à ouvrir les livres des anciens botanistes, à rencontrer les
Argonautes à la recherche de la Toison d’or, à nous promener dans les prairies
d’Angleterre et d’Allemagne. Dans son étude sur le poème d'Apollinaire, Claude
Lévi-Strauss écrit : « Si une figure mythique, poétique ou plus
généralement artistique nous émeut, c’est parce qu’elle offre à chaque niveau
une signification spécifique qui reste néanmoins parallèle aux autres
significations, et parce que, de façon plus ou moins obscure, nous les
appréhendons toutes en même temps ». C’est pourquoi personnellement j’aime
les commentaires, les notes qui nous aident à mieux comprendre un poème et d’une
manière plus générale une œuvre d’art.
Cela est vrai pour les poèmes français, cela l’est encore
plus pour les poèmes chinois pour lesquels il faut non seulement expliquer le
contexte culturel mais où l’on se heurte également à des problèmes de
traduction. Ce soir, Marie-Claude et Michel m’ont prêté une anthologie de poèmes
chinois. J’y ai retrouvé un poème de Tao Yuanming que j’avais déjà lu dans une
autre anthologie. Mais entre les deux anthologies la traduction est
sensiblement différentes. C’est ce que nous verrons dans un prochain article en
espérant qu’un membre de notre chère chorale pourra nous aider à mieux comprendre
le poète chinois.
Jean-Louis
jeudi 4 décembre 2014
Faut-il expliquer les poèmes ?
Temps
pluvieux, brumeux. Pas de doute c’est bien l’automne. A chaque saison ses
traditions et ses plaisirs. C’est
aujourd’hui la Sainte Barbe. N’oubliez pas de planter votre blé dans trois
coupelles en rappel de la trinité.
A
chaque saison ses traditions mais aussi ses poèmes. Les éditions Moudarren ont eu l’excellente idée de publier un recueil de poèmes chinois pour chaque saison
(On peut les trouver à l’Alcazar). Ces poèmes sont illustrés de belles
calligraphies. Le poème chinois que je vous présente aujourd’hui est de Yang
Wan Li, un poète de la dynaste des Song. Comme poème français j’ai choisi Les colchiques de Guillaume Apollinaire car il contient une petite énigme qui nous conduira à nous poser cette question : faut-il expliquer un poème ?
Le poème chinois
Le bananier de Yang Wan
Li
Quand
le bananier rencontre la pluie aussitôt il se réjouit
Toute
la nuit il produit un son clair, joli de surcroît
Les
notes aigües imitent ingénieusement les mouches heurtant le papier
Les
notes graves résonnent comme une source descendant la montagne
Trois
gouttes, cinq gouttes, je les entends toutes distinctement
Les
dix mille bruits se sont tus, cette nuit d’automne est tranquille
Le
bananier seul se réjouit, l’homme seul s’attriste
Je
préférerai que le vent d’ouest cesse et que la pluie cesse aussi
Traduit
par Cheng Wing fun et Hervé Collet
Le poème français
On
pourrait surnommer Guillaume Apollinaire "le poète de l’automne".
Dans
Signe, il déclare être soumis au signe de cette saison :
Mon
Automne éternelle ô ma saison mentale
Dans
Automne malade il écrit :
Et
que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les
fruits tombant sans qu’on les cueille
Le
vent et la forêt qui pleurent
Toutes
leurs larmes en automne feuille à feuille.
Aujourd’hui pour illustrer l'automne, j’ai choisi Les colchiques un poème très connu qui contient dans ses vers 10 et 11 une petite
énigme mythico-littéraire :
Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire « Alcools » 1913
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire « Alcools » 1913
Apollinaire
déclare que les colchiques sont comme des « mères filles de leurs filles ».
Que signifie cette expression ? S’agit-il d’une licence poétique ? Ou
peut-on l’expliquer par des considérations botaniques, historiques, mystiques ou
mythologiques. Si oui ces explications renforcent-elles l’émotion esthétique
que nous ressentons en lisant ce poème ?
Je vous propose d'aborder ces questions dans un prochain article.
Jean-Louis
dimanche 30 novembre 2014
Quand l'enthousiasme rencontre la fadeur
![]() |
Quand le Pérou rencontre la Chine |
Les articles de Jean-Louis sur notre blog ont eu un retentissement qui nous ouvre des perspectives : une des élèves de Pan Jie du cours de peinture "confirmés" de Chinafi a été enthousiasmée par la mise en relation de poèmes de Verlaine et de l'Eloge de la fadeur de François Jullien
![]() |
Quand la poésie rencontre la peinture |
Et...c'est parti! Une 1ère réunion
sur le thème de la fadeur en poésie et en peinture s'est tenue pendant le cours
de Pan Jie à l'initiative de Maritza (merci à eux, à tous les élèves et à Dan).
Le thème a été développé à partir de
la lecture d'un poème de Verlaine et des apports des livres de Jean-Pierre
Richard, François Jullien et Claude Roy.
![]() |
sans oublier la "dilution" |
Pan Jie nous a aidés à relier
tout cela à la peinture chinoise, à l'imprécision des formes, à la dilution de l'encre...
Nous continuerons et prévoyons
d'organiser des rencontres plus larges, des expositions, publications, etc.
A suivre...Françoise
vendredi 28 novembre 2014
2 concerts à Marseille et Aix en Provence les 4 et 5 décembre 2014
2 concerts au profit d'un petit village en Haïti « l’ANSE PIROGUE » que l’association GLISSANDO soutient depuis plusieurs années.
"Les journées de la harpe " se déplaceront pour la 1ere fois en Haïti fin décembre 2014 pour offrir un concert au village de l'Anse Pirogue et aux habitants de Port au Prince .
2014 commémore 50 ans de relations diplomatiques entre la France et la Chine . A cette occasion nous mêlerons les musiques de Chine, des Antilles et d' Amérique du sud en soutien en Haïti .
Au programme :
• des airs traditionnels chinois joués à la flûte traditionnelle chinoise (hulusi), au steel pan , à la harpe, au piano ou à la clarinette,
• des compositions de Madame Bun Ching LAM (prix de Rome)
• des valses, biguines et mazurkas des Antilles ,
• des musiques du Vénézuéla et du Paraguay,
• des oeuvres de Villa Lobos, Machado, Piazzola et
• des compositions d'Eddy Gustave et de Guy Louiset
Un grand rendez vous à ne pas manquer avec plusieurs invités surprise !
Eddy Gustave de Guadeloupe et Guy Louiset de Martinique seront à l'honneur
A bientôt
Olivier
mercredi 26 novembre 2014
samedi 22 novembre 2014
Sainte Cécile, musicienne du silence
Pour toutes les Cécile et les musiciens que nous connaissons, un poème de Stéphane Mallarmé dédié à Sainte Cécile.
Le caractère énigmatique, voire hermétique de ce poème, l’oxymore du dernier vers « musicienne du silence » ont de quoi surprendre. Ils raviraient pourtant un lettré chinois.
Dans les deux premiers quatrains Sainte Cécile est entourée de livres anciens et d’instruments qui composent un orchestre Renaissance : viole, flute, mandore. Ces instruments terrestres font place dans les deux derniers quatrains à un instrument céleste : une harpe formée par les ailes d’un ange. Les éléments matériels : vieux livres, instruments anciens sont remplacés par des gestes presque imperceptibles. La présence est sentie seulement par le mouvement : le vol de l’ange. La délicate phalange de la Sainte effleure le plumage instrumental. La musique devient de plus en plus éthérée pour aboutir au silence. Dans sa quête d’absolu, Mallarmé a la même intuition que les penseurs chinois. C’est le Vide, le silence qui contient tous les possibles.
Le poème se présente comme un diptyque où s’opposent passé (jadis deux fois) et présent, situation figée et mouvement, musique et silence. Mais dans la pensée chinoise les opposés Plein et Vide, musique et silence sont complémentaires et c’est de leur mise en perspective que naît leur valeur réciproque. Il en va pour moi ainsi dans ce poème.
Sainte a été mis en musique par Maurice Ravel.
Bonne fête aux Cécile, aux Célia. A nos amies, à nos cousines.
Jean-Louis
Sainte
A la fenêtre recélant (1)
Le santal vieux qui se dédore (2)
De sa viole étincelant
Jadis avec flûte ou mandore (3) ,
Est la Sainte (4) pâle, étalant
Le livre vieux qui se déplie
Du Magnificat ruisselant
Jadis selon vêpre et complie :
A ce vitrage d’ostensoir
Que frôle une harpe par l’Ange
Formée par son vol du soir
Pour la délicate phalange
Du doigt que, sans le vieux santal
Ni le vieux livre, elle balance
Sur le plumage instrumental,
Musicienne du silence.
1 Cacher et contenir
2 Perd son placage d’or, ses incrustations dorées, pour l’instrument de musique
3 Ancien instrument de musique à cordes, proche du luth
4 Sainte Cécile, patronne des musiciens
Pour aller plus loin : http://philo-lettres.fr/litterature_francaise/mallarme.html
vendredi 21 novembre 2014
Le Poète
Dans le film La Petite Venise, le poète c’est Bepi, l’ami de Li Shun, c’est aussi Qu Yuan, le poète chinois dont on célèbre la mémoire le jour de la fête des bateaux dragons.
J’ai particulièrement aimé la scène du début où deux jeunes chinoises font flotter des petites lanternes dans une baignoire en demandant la protection du poète. Plus tard, sans doute le jour du double cinq, Li Shun fera flotter une lanterne dans le canal de Chioggia.
Pour prolonger ces scènes émouvantes et esthétiquement belles je vous propose extrait du Lisao, poème de Qu Yuan. On peut traduire Lisao par Tristesse de la séparation, tristesse que devait certainement ressentir Li Shun séparée de son fils, de sa famille, de ses amis.
A l’aurore, je bois la rosée tombée sur les fleurs de magnolia,
Au crépuscule, je mange les pétales tombés des chrysanthèmes,
Il suffit de jouir d’une nature simple et belle
Je ne serai pas hâve, triste même avec un visage blême.
In Anthologie de la poésie chinoise classique (Les belles lettres)
Jean-Louis
jeudi 20 novembre 2014
Chorale
Notre chorale s'adjoint de nouveaux talents : flûtiste et prof. de danse et comme l'on sait depuis longtemps que le ridicule n'a jamais tué personne (enfin, moi!), on se lance!
Le prochain spectacle sera plein de surprises.
Le prochain spectacle sera plein de surprises.
mercredi 19 novembre 2014
La petite Venise
Ce soir sur Arte à 20h50 un film très attachant : La Petite Venise (Le titre italien est Io sono Li)
Sur la lagune vénitienne, une jeune immigrée chinoise sympathise avec un pêcheur local. Ce lien qui les unit sème bientôt le trouble dans leurs communautés respectives.
Cécile et Olivier avaient signalé ce film le 16 juin 2012 sur un article du blog qui avait donné lieu à plusieurs commentaires. Je vous invite à vous y reporter et à voir ou revoir ce beau film.
Jean-Louis
Sur la lagune vénitienne, une jeune immigrée chinoise sympathise avec un pêcheur local. Ce lien qui les unit sème bientôt le trouble dans leurs communautés respectives.
Cécile et Olivier avaient signalé ce film le 16 juin 2012 sur un article du blog qui avait donné lieu à plusieurs commentaires. Je vous invite à vous y reporter et à voir ou revoir ce beau film.
Jean-Louis
lundi 17 novembre 2014
dimanche 16 novembre 2014
dimanche 9 novembre 2014
Le plus ancien poème français
Dans un article récent, je rappelai que les Serments de Strasbourg avaient été prononcés puis rédigés non pas en latin mais en langues « vulgaires » pour être compris par tous devenant ainsi les premiers textes écrits en français et en allemand.
La Séquence ou Cantilène de Sainte Eulalie qui est le plus ancien texte poétique et littéraire français qui nous soit parvenu s’inscrit dans la même symbolique. Le texte de ce poème se trouve dans un manuscrit conservé à la bibliothèque de Valenciennes après avoir appartenu et peut-être rédigé à l’Abbaye de Saint-Amant-Les-Eaux. Le manuscrit comporte des sermons de Saint Grégoire de Naziance pour le jour de la Pentecôte ainsi que des textes latins et un texte allemand le Rithmus Teutonicus. Ce n’est peut-être pas un hasard si la Séquence est associée à des textes en diverses langues et à un texte destiné à être prononcé le jour de la Pentecôte. On se souvient que, pour la tradition chrétienne, l’Esprit Saint est descendu, le jour de la Pentecôte, sur les apôtres pour leur permettre d’être compris par tous les peuples qu’ils iraient évangéliser. Selon la linguiste Renée Balibar, la Pentecôte abolit la notion de langue sacrée, dont la connaissance est réservée à une caste religieuse et érudite. Toute langue peut apporter la parole du Christ mais aussi produire des monuments littéraires.
Il est, en outre, significatif qu’Eulalie vient du grec eulalos qui signifie « celle qui parle bien ». Eulalie parle bien parce qu’elle sait repousser les tentations de ceux qui veulent la détourner du Christ. N’est-il pas remarquable que la poésie française soit née sous le patronage d’une Sainte qui parle bien ?
La Séquence a été composée vers 880 peu après la découverte des reliques de la Sainte à Barcelone. La Cantilène est un hymne religieux destiné à être chantée dont la musique s’est perdue. Elle raconte comment, au cours de la persécution des Chrétiens ordonnée dans tout l’empire romain par Dioclétien, une jeune fille de treize ans appartenant à une riche famille de Mérida refusa de renier sa foi. C’était aller au-devant du martyre qu’Eulalie subit avec un courage exemplaire. Au moment où Eulalie expira, on vit une colombe blanche sortir de la bouche de celle-ci et s’élever vers le ciel. C’est par cette image, suivie d’une prière, que s’achève le texte de la Séquence. Sainte Eulalie est la patronne de Barcelone.
Voici le texte de la Séquence en proto français suivie de sa translation en français moderne. Il est difficile de comprendre le texte sans la translation. Pourtant lorsque l’on s’aide de celle-ci on reconnait la plupart des mots.
Texte en roman
Buona pulcella fut Eulalia.
Bel avret corps bellezour anima.
Voldrent la veintre li Deo inimi.
Voldrent la faire diaule servir.
Elle nont eskoltet les mals conselliers.
Qu’elle Deo raneiet qui maent sus en ciel.
Ne por or ned argent ne paramenz.
Por manatce regiel ne preiement.
Niule cose non la pouret omque pleier.
La polle sempre non amast lo Deo menestier.
E por[ ]o fut presente de Maximiien.
Chi rex eret a cels dis soure pagiens.
Il[ ]li enortet dont lei nonque chielt.
Qued elle fuiet lo nom christiien.
Ellent adunet lo suon element
Melz sostendreiet les empedementz.
Quelle perdesse sa virginitet.
Por[ ]os suret morte a grand honestet.
Enz en l fou la getterent com arde tost.
Elle colpes non avret por o no s coist.
A[ ]czo nos uoldret concreidre li rex pagiens.
Ad une spede li roueret tolir lo chief.
La domnizelle celle kose n[on] contredist.
Volt lo seule lazsier si ruouet Krist.
In figure de colomb volat a ciel.
Tuit oram que por[ ]nos degnet preier.
Qued avuisset de nos Christus mercit
Post la mort et a lui nos laist uenir.
Par souue clementia.
Translation en français moderne
Bonne pucelle fut Eulalie.
Beau avait le corps, belle l'âme.
Voulurent la vaincre les ennemis de Dieu,
Voulurent la faire diable servir.
Elle, n'écoute pas les mauvais conseillers :
« Qu'elle renie Dieu qui demeure au ciel ! »
Ni pour or, ni argent ni parure,
Pour menace royale ni prière :
Nulle chose ne la put jamais plier
À ce la fille toujours n'aimât le ministère de Dieu.
Et pour cela fut présentée à Maximien,
Qui était en ces jours roi sur les païens.
Il l'exhorte, ce dont ne lui chaut,
À ce qu'elle fuie le nom de chrétien.
Qu'elle réunit son élément [sa force],
Mieux soutiendrait les chaînes
Qu'elle perdît sa virginité.
Pour cela fut morte en grande honnêteté.
En le feu la jetèrent, pour que brûle tôt :
Elle, coulpe n'avait : pour cela ne cuit pas.
Mais cela ne voulut pas croire le roi païen.
Avec une épée il ordonna lui ôter le chef :
La demoiselle cette chose ne contredit pas,
Veut le siècle laisser, si l'ordonne Christ.
En figure de colombe, vole au ciel.
Tous implorons que pour nous daigne prier,
Qu'ait de nous Christ merci
Après la mort, et qu'à lui nous laisse venir,
Par sa clémence.
A suivre,
Jean-Louis
mardi 4 novembre 2014
Que faire quand il pleut ?
Que faire de soi-même et du temps, quand il pleut
Comme pour un nouveau déluge, et qu'on ne peut
Aller voir ses amis et qu'il faut qu'on demeure ?
Comme Théophile Gautier, je n’ai pu aller voir mes amis aujourd’hui, Zeus, le dieu de la pluie et du tonnerre, ayant décidé d’arroser la Provence.Alors que faire quand il pleut ? Comme l’auteur du Capitaine Fracasse, on peut écouter le son de l’eau :
Moi, j'écoute le son de l'eau tombant dans l'eau.
Mais l’on peut aussi écrire des articles sur notre blog, par exemple en comparant des poèmes français et chinois écrits sur la pluie. C’est une chose facile et l’on a que l’embarras du choix tant la pluie a inspiré les poètes.
J’en ai choisi deux aujourd’hui. Le poème chinois est de Mo-qi Yong (XI° siècle). Le poème français est Marc-Antoine Girard de Saint-Amant. Au départ je voulais citer un magnifique poème de Paul Claudel. J’ai finalement opté pour le poème de Saint-Amant car il contient presque mot pour mot la même image que le poème chinois : celle de la pluie tombant sur le feuillage. Mais pour le poème de Claudel, ce n’est que partie remise. Je ne doute pas que Zeus ressorte bientôt sa foudre et la pluie pour me permettre de vous le présenter.
Voici le poème chinois :
Il est difficile pour un Français qui ne parle pas chinois d’apprécier à sa juste valeur un poème chinois. Pourtant ici même sans comprendre la langue on peut être sensible à la répétition, à la musique des sons que l’on trouve dans les premiers vers :
Yi sheng sheng
Yi geng geng
Qui me semble t-il évoque bien le goutte à goutte de la pluie.
La pluie sur l’air de « On languit d’amour » de Mo – qi Yong (11° siècle)
Ronde après ronde
Et goutte à goutte,
La pluie inonde
La belle voûte de feuillage frêle.
Quel crève-cœur
De se mettre
A la fenêtre
A la lueur
De la chandelle !
Je ne peux m’endormir
Ni endormir mes chagrins.
Sans souci de l’ennui
Qu’elle apporte,
La pluie
Tombe jusqu’au matin
Devant la porte.
Extrait de l'anthologie 300 poèmes chinois classiques (Edition de l'Université de Pékin)
Voici un extrait du poème de Saint-Amant
La pluie
Payen, sauvons-nous dans la salle,
Voilà le nuage crevé ;
Ô Comme à grand flots il dévale,
Déjà tout est abreuvé ;
Mon Dieu ! quel plaisir incroyable !
Que l’eau fait un bruit agréable
Tombant sur ces feuillages verts !
Et que je charmerais l’oreille,
Si cette douceur non pareille
Se pouvait trouver en mes vers.
A bientôt,
Jean-Louis
Comme pour un nouveau déluge, et qu'on ne peut
Aller voir ses amis et qu'il faut qu'on demeure ?
Comme Théophile Gautier, je n’ai pu aller voir mes amis aujourd’hui, Zeus, le dieu de la pluie et du tonnerre, ayant décidé d’arroser la Provence.Alors que faire quand il pleut ? Comme l’auteur du Capitaine Fracasse, on peut écouter le son de l’eau :
Moi, j'écoute le son de l'eau tombant dans l'eau.
Mais l’on peut aussi écrire des articles sur notre blog, par exemple en comparant des poèmes français et chinois écrits sur la pluie. C’est une chose facile et l’on a que l’embarras du choix tant la pluie a inspiré les poètes.
J’en ai choisi deux aujourd’hui. Le poème chinois est de Mo-qi Yong (XI° siècle). Le poème français est Marc-Antoine Girard de Saint-Amant. Au départ je voulais citer un magnifique poème de Paul Claudel. J’ai finalement opté pour le poème de Saint-Amant car il contient presque mot pour mot la même image que le poème chinois : celle de la pluie tombant sur le feuillage. Mais pour le poème de Claudel, ce n’est que partie remise. Je ne doute pas que Zeus ressorte bientôt sa foudre et la pluie pour me permettre de vous le présenter.
Voici le poème chinois :
Il est difficile pour un Français qui ne parle pas chinois d’apprécier à sa juste valeur un poème chinois. Pourtant ici même sans comprendre la langue on peut être sensible à la répétition, à la musique des sons que l’on trouve dans les premiers vers :
Yi sheng sheng
Yi geng geng
Qui me semble t-il évoque bien le goutte à goutte de la pluie.
La pluie sur l’air de « On languit d’amour » de Mo – qi Yong (11° siècle)
Ronde après ronde
Et goutte à goutte,
La pluie inonde
La belle voûte de feuillage frêle.
Quel crève-cœur
De se mettre
A la fenêtre
A la lueur
De la chandelle !
Je ne peux m’endormir
Ni endormir mes chagrins.
Sans souci de l’ennui
Qu’elle apporte,
La pluie
Tombe jusqu’au matin
Devant la porte.
Extrait de l'anthologie 300 poèmes chinois classiques (Edition de l'Université de Pékin)
Voici un extrait du poème de Saint-Amant
La pluie
Payen, sauvons-nous dans la salle,
Voilà le nuage crevé ;
Ô Comme à grand flots il dévale,
Déjà tout est abreuvé ;
Mon Dieu ! quel plaisir incroyable !
Que l’eau fait un bruit agréable
Tombant sur ces feuillages verts !
Et que je charmerais l’oreille,
Si cette douceur non pareille
Se pouvait trouver en mes vers.
A bientôt,
Jean-Louis
dimanche 2 novembre 2014
Une double naissance
Les Serments de Strasbourg
Dans un article récent j’ai évoqué le Livre des Odes, le plus ancien recueil de poèmes chinois connus. J’avais prévu, dans un deuxième article, de traiter du plus ancien poème français : La Séquence de Sainte Eulalie. Toutefois, toutes les anthologies qui présentent cette poésie parlent d’un texte antérieur de quelques années qui serait le premier texte en français (ou proto français). Ce n’est pas un texte littéraire. On pourrait plutôt le qualifier de document « politique ». Il s’agit des Serments de Strasbourg. Intrigué par ce qu’en disaient les anthologies j’ai fait quelques recherches qui intéresseront peut-être ceux qui, comme moi, ne connaissaient pas les Serments et leur importance symbolique puisque ce sont les premiers textes officiels écrits non pas en latin mais en langue dite vulgaire : en roman ancêtre du français et tudesque ancêtre de l’allemand.
À la mort de Louis le Pieux (le fils de Charlemagne) en 840, son fils aîné Lothaire Ier revendique l'empire au détriment de ses frères Louis le Germanique et Charles le Chauve qui se liguent contre lui. Le 24 juin 841, Lothaire est défait lors de la bataille de Fontenoy.
Charles et Louis passent alors un traité d’alliance contre leur frère ainé. Ils se rencontrent à Strasbourg le 14 Février 842 pour sceller leur accord. Les organisateurs de la cérémonie avec un sens certain du spectacle ont voulu lui donner un éclat exceptionnel. Il était donc essentiel que tous entendent et comprennent les serments échangés. Ils seront donc prononcés puis rédigés en langue vulgaire.
Pour être compris des soldats de son frère, Louis prononce le serment en roman, langue dérivée du bas latin d’où procéderont la langue d’oïl et le français.
Réciproquement Charles prononcera le serment en langue tudesque pour être compris des soldats de Louis. Le mot tudesque est issu du germanique theudisk, qui donnera en ancien haut-allemand diutisc puis deutch. Il signifie « le peuple ». Deutchland est donc le pays du peuple. Ici une remarque qui intéressera l’ethnologue : « le peuple » : c'est la famille culturelle à laquelle on appartient. Dans les cultures anciennes (mais aussi chez les peuples premiers), il était très fréquent de se désigner par un mot qui signifiait tout simplement : les hommes, la tribu, le peuple, le clan, par opposition aux "autres". On donnait un nom aux "autres" quand ils étaient des voisins installés depuis plusieurs générations. Très souvent, les noms des peuples ont été donnés par "les autres" et non par les peuples eux-mêmes.
Voici un extrait du serment en langue romane :
« Pro Deo amur et pro christian poblo et nostro commun salvament, d'ist di en avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dift, in o quid il mi altresi fazet, et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai, qui meon vol cist meon fradre Karle in damno sit.
Soit en français moderne :
« Pour l'amour de Dieu et pour le peuple chrétien et notre salut commun, à partir d'aujourd'hui, en tant que Dieu me donnera savoir et pouvoir, je secourrai ce mien frère Charles par mon aide et en toute chose, comme on doit secourir son frère, selon l'équité, à condition qu'il fasse de même pour moi, et je ne tiendrai jamais avec Lothaire aucun plaid qui, de ma volonté, puisse être dommageable à mon frère Charles. »
Le serment en langue tudesque :
« In Godes minna ind in thes christianes folches ind unser bedhero gealtnissi, fon thesemo dage frammordes, so fram so mir Got geuuizci indi mahd furgibit, so haldih tesan minan bruodher, soso man mit rehtu sinan bruodher scal, in thiu, thaz er mig sosoma duo ; indi mit Ludheren in nohheiniu thing ne gegango, zhe minan uuillon imo ce scadhen uuerhen. »
Soit en français moderne :
« Pour l'amour de Dieu et pour le salut du peuple chrétien et notre salut à tous deux, à partir de ce jour dorénavant, autant que Dieu m'en donnera savoir et pouvoir, je secourrai ce mien frère, comme on doit selon l'équité secourir son frère, à condition qu'il en fasse autant pour moi, et je n'entrerai avec Lothaire en aucun arrangement qui, de ma volonté, puisse lui être dommageable. »
Les serments seront entérinés l’année suivante par le traité de Verdun qui divise l’empire en trois parties : à l’ouest la Francie occidentale attribuée à Charles, au centre une étroite bande de territoire revient à Lothaire et prend son nom : la Lotharingie (d’où vient le nom de Lorraine) ; enfin Louis le Germanique reçoit tous les territoires situés à l’est du Rhin (la Francie orientale ou Germanie).
Je prie le lecteur d’excuser cette digression qui nous a un peu éloignés de notre propos : la lecture comparée des poésies chinoises et françaises. Mais il m’a semblé intéressant de noter que les premières traces écrites du français (ou du proto français) et de l’allemand (ou du proto allemand).
se trouvaient sur le même texte. J'ai pu également relever quelques étymologies et remarques linguistiques et ethnologiques.
Je reviendrai à notre sujet dans un prochain article avec le second texte complet de la langue française qui est la Séquence de sainte Eulalie considérée comme le premier texte de la littérature française.
Jean-Louis
mercredi 29 octobre 2014
Inscription à :
Articles (Atom)