Sachant
que je m’intéressais à la poésie chinoise, Yves a eu la gentillesse de me
transmettre et de m’autoriser à publier la calligraphie, œuvre de son père, qui
figure en illustration. Je l’en remercie vivement.
Grâce
à Xiaojing nous savons qu’il s’agit de la calligraphie d’un poème célèbre de
Meng Haoran (689 - 740) intitulé L’aube
printanière.
Xiaojing
nous a proposé la traduction que voici :
On dort à l'aube qu'il fait beau.
Pourquoi gémissent les oiseaux?
Hier vent et pluie ont fait du bruit.
Combien de fleurs tombées la nuit
Pourquoi gémissent les oiseaux?
Hier vent et pluie ont fait du bruit.
Combien de fleurs tombées la nuit
Un grand merci à elle d’avoir proposé sa propre traduction au
lieu de copier une des traductions que l’on trouve sur internet. Cette
traduction est un excellent point de départ mais elle soulève des
interrogations. Or ces interrogations loin de décourager invitent à aller plus
loin et à rechercher le sens. C’est parce que dans un premier temps j’ai eu du
mal à apprécier les jardins chinois que j’ai voulu entreprendre une recherche
sur leur signification.
J’ai trouvé la traduction et l’interprétation suivante dans
le blog Pérégrination vers l’Est :
http://florent.blog.com/2007/09/18/aube-du-printemps-un-poeme-de
« Dans mon sommeil, je n’ai pas senti l’aube de
printemps venir.
Partout autour s’entend le chant des
oiseaux.
La nuit est passée, bruissant de vent et
d’averses ;
Combien de rameaux ont dû perdre leurs fleurs !
Il faut savoir que le terme d’aube 晓 désigne en chinois à la fois le lever du jour, et l’éveil
spirituel, l’éveil à la connaissance (comme dans 晓得)
Je vois dans ce poème une nostalgie, celle d’un homme
empêtré dans son passé (la nuit de l’hiver) plutôt agité (pluie et vent). Les
choses changent autour de lui, mais il ne s’y éveille pas (le terme 不觉 signifie
aussi “inconscient”), et se rend compte trop tard qu’il a manqué la beauté d’un
instant fugace. »
Dans le blog La pierre à encre j’ai trouvé la traduction
suivante due à Paul Demiévelle
Au printemps le dormeur, surpris par l'aube,
Entend partout gazouiller les oiseaux.
Toute la nuit, bruit de vent et de pluie.
Qui sait combien de fleurs ont dû tomber!
L’auteur du blog ajoute et nous rejoignons ici la
calligraphie transmise par Yves:
« C'est également une
chorégraphie à laquelle nous assistons par le jeu des composants graphiques.
Avec quelle élégante sobriété, la forme et le fond s'enlacent. Les images,
très symboliques, nous invitent à
d'autres lectures où le paysage extérieur reflète le paysage
intérieur ou encore évoque une
situation politique... »
On aperçoit ici les discussions
passionnantes que pourraient ouvrir la traduction et l’interprétation des poèmes chinois.
Mais ce n’est pas tout. Grâce aux
références fournies par Xiaojing, j’ai appris et ce fut une surprise que Gustav
Mahler avait composé une symphonie Das
Lied von der Erde à partir de six poèmes chinois.
Pour ceux qui veulent en savoir
plus voici quelques références :
Le dernier poème de la symhonie L’adieu a été composé par Meng Haoran et Wang Wei et librement
adapté par Mahler.
Une traduction du poème
« Je
n'irai plus errer au loin,
Mon pas est las, mon âme est lasse.
La terre est la même partout,
Éternels sont les blancs nuages,
Éternellement… »
Mon pas est las, mon âme est lasse.
La terre est la même partout,
Éternels sont les blancs nuages,
Éternellement… »
et l’adaptation de Mahler :
« Où je vais ? Je vais, je vagabonde dans les montagnes.
Où trouver la paix pour mon cœur seul ?
Je cherche ma patrie, ma demeure !
Je n'irai plus jamais errer au loin.
Mon cœur est calme et attend son heure.
La terre bien-aimée fleurit partout au printemps et reverdit…
Partout et éternellement bleuit l'horizon lointain,
Éternellement, éternellement… »
Notez le
mot Ewig (éternellement) sept fois répété à la fin du morceau.
Voici un
exemple du travail passionnant qui, je l’espère, pourra être continué.
Bonne
écoute.
Jean-Louis
1 commentaire:
Au risque de me répéter, c'est vraiment très intéressant et cela donne envie de travailler ces poèmes.
Pour ma part et sans avoir eu la possibilité d'étudier les caractères chinois, j'aime bien la dernière traduction (celle de Paul Demiéville) et aussi celle de notre chère Xiaojing dont j'aime la concision, la sobriété qui font presque penser à un haiku.
Merci aussi à Yves pour ce partage qui donne une dimension personnelle et familiale à ce poème.
A suivre...
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