C'est avec un grand plaisir que nous avons pu revoir notre ex chef de chorale et toute sa petite famille.
A cette occasion on a apprécié de revoir des "anciens" avec également des enfants présents ou à venir.
Et puis voilà comme quoi une joie peut en cacher une autre, nous avons appris l'arrivée de Mathilde petite soeur de Diane.
Sachons d'ores et déjà que 2015 sera une excellente année puisque nous fêterons l'arrivée de l'année de la chèvre de bois entourés de nombreux pitchouns.
Bises et bon bout d'an à tous
Nicole
mardi 30 décembre 2014
dimanche 21 décembre 2014
Gestuelle chinoise
Comme vous avez pu le
lire dans le précédant article, dimanche dernier nous étions à la Sainte Baume.
Une photo du diaporama a peut-être attiré votre attention. En voici l’explication.
Je venais de verser un peu
de vin à ma voisine. Elle me montra comment on pouvait remercier, en Chine, la
personne qui vous a servi à boire. Vous pliez l’index et le majeur de
la main droite une fois ou deux.
Utile pour ceux qui auraient oublié 谢谢
Jean-Louis
dimanche 14 décembre 2014
samedi 13 décembre 2014
Le Dragon chez Edmond
C'était samedi dernier au Café Edmond. J'ai eu l'opportunité de présenter le service du thé traditionnel avec du Pu er particulièrement recommandé en cette saison.

Un salon de thé accueillant, des participants attentifs
du thé de Taiwan de qualité exceptionnelle
Et l'ébauche de projets pour l'année prochaine à cette adresse : club de mah jong, cercle de poésie...
Qu'en pensez-vous?
Françoise
mardi 9 décembre 2014
Comment les différents noms donnés au colchique éclairent le poème
Médée, peinture romaine
Le
poème « Les colchiques » de Guillaume Apollinaire a donné lieu à de
nombreuses études parfois fort érudites je pense notamment à celle de
Jean-Claude Coquet (in Sémiotique littéraire), à celle de Claude Lévi-Strauss
(in Le regard éloigné) ou encore à celle
de Bernard Mirgain : http://bmirgain.skyrock.com/1416015969-COMMENTAIRE-LES-COLCHIQUES-APOLLINAIRE.html
. Le lecteur curieux pourra s’y reporter.
Dans
le cadre de cet article, je me contenterai de puiser dans ces études les
informations concernant les différents noms donnés au colchique au fil des
siècles et dans différents pays. Outre
le charme des mots, nous verrons que ces noms éclairent le poème et permettent
de résoudre la petite énigme posée par la locution « Mères filles de leurs
filles ».
Le
colchique était parfois appelé veillote parce que sa floraison a lieu à
l’époque où commencent les longues veillées. Les
anciens botanistes le nommaient Filius ante patrem (le fils avant le père) car
l’apparition des fleurs précède de plusieurs mois celle des feuilles : la
première se produit à l’automne, la seconde au printemps de l’année suivante.
Cette particularité suffirait pour éclairer l’épithète « mère fille de
leurs filles ». Apollinaire était assez érudit pour avoir choisi de
remployer ces vieux termes. Il connaissait probablement aussi leur lointaine
origine mystique qui leur donne plus de saveur et les rend éminemment propres à remplir une fonction poétique. On
retrouve, par exemple, l’expression chez Chrétien de Troyes parlant de la
Vierge Marie : « Puisse vous l’accorder le glorieux père qui fit de sa
fille sa mère ! »
Venons
en maintenant à l’étymologie du mot colchique. Ce nom est dérivé de Colchide,
une région d’Asie mineure, actuelle Georgie. C’est là que vivait Médée. L’histoire
de Médée, particulièrement sombre, est
ponctuée de meurtres et de fuites. Médée, était
la fille d'Æétès, roi de Colchide. Très tôt, Médée, comme sa tante Circé,
devint une magicienne habile et une prêtresse d'Hécate. Quand les Argonautes
débarquèrent en Colchide, pour conquérir la Toison d'or, ils se heurtèrent à
l'hostilité d'Æétès, gardien du trésor. Cependant ils reçurent l'appui de Médée
qui s'était éprise de Jason. Experte en magie, elle donna à son amant un
onguent dont il devait s'enduire le corps pour se protéger des flammes du
dragon qui veillait sur la Toison d'or. Elle lui fit aussi présent d'une
pierre, qu'il jeta au milieu des hommes armés, nés des dents du dragon:
aussitôt, les guerriers s'entre-tuèrent et le héros put s'emparer de la Toison
Pour remercier Médée, Jason lui proposa de l'épouser. La magicienne s'enfuit
alors avec lui, et, afin d'empêcher Æétès de les poursuivre, elle tua son frère
Absyrtos, dont elle sema les membres sur sa route pour retarder les
poursuivants Selon la légende les colchiques seraient nés d’une goutte de poison détenu par Médée et
tombée au sol. D’Euripide à Anouilh, de Charpentier à Darius Milhaud, de
Pasolini à Lars von Trier le mythe de Médée a donné naissance à un nombre
impressionnant de tragédies, d’opéras et de films.
Guillaume Apollinaire grand connaisseur de la mythologie a
certainement pensé à cette légende en écrivant son poème. Sans doute savait-il
également que les Anglais désignent le colchique par le mot "meadow
saffran" (le safran des prés, aux vertus aphrodisiaques) et le surnomment
"naked lady »" (femme nue). Les Allemands le nomment couramment
"Herbstzeitlos" (ce qui signifie automne éternel). Dans certains
parlers dialectaux ou régionaux, le colchique se dit "nakte Jungfer"
(la vierge nue) ou bien « Nackte Hur » (la prostituée nue). La notion de nudité
associée au colchique que l’on retrouve en Angleterre et en Allemagne s’expliquant
par l'absence de feuilles vertes autour de la fleur puisque comme on l’a vu
plus haut les feuilles apparaissent après les fleurs.
J’ai maintenant une question pour
nos amis chinois : comment dit-on colchique en chinois ? Y a-t-il des
légendes attachées à cette fleur ?
Ce poème est peut-être un peu dérangeant car l’amour y rime avec
souffrance, Eros avec Thanatos. Cela s’explique par des éléments biographiques :
placé juste après “La chanson du mal aimé”, il appartient au
« Cycle d’Annie » en souvenir de son amour malheureux pour Annie Playden.
Mais maintenant, toutes choses apaisées et sublimées et pour reprendre les mots
de Marguerite Yourcenar et d’Aragon peut-être peut-on pardonner aux colchiques
et à Médée comme « on pardonne à l’amour qui fait tant souffrir » car
« la souffrance engendre les songes comme une ruche ses abeilles » :
un poème, un air de guitare, un opéra.
Pour terminer cet article revenons à notre question :
faut-il expliquer un poème ? Les différents noms donnés au colchique nous
ont conduits à ouvrir les livres des anciens botanistes, à rencontrer les
Argonautes à la recherche de la Toison d’or, à nous promener dans les prairies
d’Angleterre et d’Allemagne. Dans son étude sur le poème d'Apollinaire, Claude
Lévi-Strauss écrit : « Si une figure mythique, poétique ou plus
généralement artistique nous émeut, c’est parce qu’elle offre à chaque niveau
une signification spécifique qui reste néanmoins parallèle aux autres
significations, et parce que, de façon plus ou moins obscure, nous les
appréhendons toutes en même temps ». C’est pourquoi personnellement j’aime
les commentaires, les notes qui nous aident à mieux comprendre un poème et d’une
manière plus générale une œuvre d’art.
Cela est vrai pour les poèmes français, cela l’est encore
plus pour les poèmes chinois pour lesquels il faut non seulement expliquer le
contexte culturel mais où l’on se heurte également à des problèmes de
traduction. Ce soir, Marie-Claude et Michel m’ont prêté une anthologie de poèmes
chinois. J’y ai retrouvé un poème de Tao Yuanming que j’avais déjà lu dans une
autre anthologie. Mais entre les deux anthologies la traduction est
sensiblement différentes. C’est ce que nous verrons dans un prochain article en
espérant qu’un membre de notre chère chorale pourra nous aider à mieux comprendre
le poète chinois.
Jean-Louis
jeudi 4 décembre 2014
Faut-il expliquer les poèmes ?
Temps
pluvieux, brumeux. Pas de doute c’est bien l’automne. A chaque saison ses
traditions et ses plaisirs. C’est
aujourd’hui la Sainte Barbe. N’oubliez pas de planter votre blé dans trois
coupelles en rappel de la trinité.
A
chaque saison ses traditions mais aussi ses poèmes. Les éditions Moudarren ont eu l’excellente idée de publier un recueil de poèmes chinois pour chaque saison
(On peut les trouver à l’Alcazar). Ces poèmes sont illustrés de belles
calligraphies. Le poème chinois que je vous présente aujourd’hui est de Yang
Wan Li, un poète de la dynaste des Song. Comme poème français j’ai choisi Les colchiques de Guillaume Apollinaire car il contient une petite énigme qui nous conduira à nous poser cette question : faut-il expliquer un poème ?
Le poème chinois
Le bananier de Yang Wan
Li
Quand
le bananier rencontre la pluie aussitôt il se réjouit
Toute
la nuit il produit un son clair, joli de surcroît
Les
notes aigües imitent ingénieusement les mouches heurtant le papier
Les
notes graves résonnent comme une source descendant la montagne
Trois
gouttes, cinq gouttes, je les entends toutes distinctement
Les
dix mille bruits se sont tus, cette nuit d’automne est tranquille
Le
bananier seul se réjouit, l’homme seul s’attriste
Je
préférerai que le vent d’ouest cesse et que la pluie cesse aussi
Traduit
par Cheng Wing fun et Hervé Collet
Le poème français
On
pourrait surnommer Guillaume Apollinaire "le poète de l’automne".
Dans
Signe, il déclare être soumis au signe de cette saison :
Mon
Automne éternelle ô ma saison mentale
Dans
Automne malade il écrit :
Et
que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les
fruits tombant sans qu’on les cueille
Le
vent et la forêt qui pleurent
Toutes
leurs larmes en automne feuille à feuille.
Aujourd’hui pour illustrer l'automne, j’ai choisi Les colchiques un poème très connu qui contient dans ses vers 10 et 11 une petite
énigme mythico-littéraire :
Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire « Alcools » 1913
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire « Alcools » 1913
Apollinaire
déclare que les colchiques sont comme des « mères filles de leurs filles ».
Que signifie cette expression ? S’agit-il d’une licence poétique ? Ou
peut-on l’expliquer par des considérations botaniques, historiques, mystiques ou
mythologiques. Si oui ces explications renforcent-elles l’émotion esthétique
que nous ressentons en lisant ce poème ?
Je vous propose d'aborder ces questions dans un prochain article.
Jean-Louis
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